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Il y a des jours on ne sait pas pourquoi, on se sent un peu en porte-à-faux, à ne trop savoir quoi dire - ou plutôt à se demander comment expliquer les choses. Il y a quelques mois j'avais dit - et je maintiens - le bien que je pensais de l'EP des Rebels Of Tijuana, un peu rockab'-francophone-fendard, un peu garage-anglophone-nerveux. J'y suis revenu souvent, à ce quatre titres. Et j'étais très content de voir arriver un album.
Sauf que voilà : entre temps, le groupe a un peu changé. Pas énormément et pas suffisamment pour qu'on ne le reconnaisse plus, mais un peu quand même. Ce n'est paraît-il qu'une parenthèse. J'en prends bonne note. Mais la parenthèse me laisse malgré tout un brin perplexe. Ne fût-ce que parce qu'elle me place face à un étrange paradoxe : en abordant un registre - le garage psyché - auquel je suis dans l'absolu bien plus sensible, les Rebels Of Tijuana me plaisent un peu moins.
Il n'est pas interdit de penser que le choix de chanter en anglais y soit pour quelque chose ; en adoptant cette démarche, même temporairement et pour le fun, le groupe a indubitablement perdu une part de ce qui faisait sa singularité. Doublement, en fait, puisqu'en mettant les deux pieds dans le sot du revival psyché, les Rebels s'inscrivent délibérément dans une catégorie particulièrement surchargée en 2010, où la concurrence est rude et où les Anglais et les Américains n'ont aucun concurrent sérieux (contrairement au rockabilly ou, au hasard, à la folk-pop). Notez que ce n'est pas forcément un mal de voir des Français tenter de gravir cette montagne. Du moins dans l'absolu. Car dans le cas des Rebels Of Tijuana, dont la direction n'a rien de surprenant en soi (le dernier morceau de J'adore ce flic allait naturellement vers cela), on a du mal à voir autre chose qu'un exercice de style maîtrisé, un groupe respectant les codes d'un genre plutôt que d'y injecter sa touche personnelle. Ainsi "City Light Night", qui dans l'absolu n'est pas un mauvais morceau, semble évadé d'un vieil album Dogs - à cette nuance que si c'est efficace, ce n'est pas plus marquant que cela. Même commentaire, plus ou moins, pour "Sweet Black Angie", particulièrement péchu mais qu'on oublie hélas un peu vite.
De manière assez inattendue (du moins par rapport à ce que l'on connaissait du groupe), c'est dans les titres les plus pop que les Rebels s'en tirent le mieux. "War" est une chanson impeccable dont il est difficile de se lasser, "Fire 'till the Break of Dawn", une sucrerie qui n'aurait pas dépareillée chez Pete Doherty. Quant à "Johnny the Rat", c'est à Oasis qu'elle fait immanquablement penser. Ce qui rappelons-le serait infamant n'importe où ailleurs - pas ici. Ces trois titres suffisent largement à hausser le niveau de l'ensemble, mais le fait qu'ils fassent tous à un moment où un autre nettement penser à quelque chose (c'est encore plus vrai de "Valley Hotel", concernant cette fois The Coral) ne fait que renforcer le sentiment de figures imposées. Le pire, c'est que tout cela est écrit sans la moindre once d'objectivité. Where Dis this Trip Go Wrong?, dans l'ensemble, est un disque qui fonctionne vraiment pas mal, avec même quelques coups de génie à l'intérieur (le refrain de "War", la plupart des riffs). Simplement on est tout de même un poil déçu, sans doute parce qu'on attendait beaucoup plus, ou beaucoup mieux, de la part d'un groupe dont le précédent EP avait placé la barre très haut.
Where Did this Trip Go Wrong?, des Rebels Of Tijuana (2010)
Il y a des jours on ne sait pas pourquoi, on se sent un peu en porte-à-faux, à ne trop savoir quoi dire - ou plutôt à se demander comment expliquer les choses. Il y a quelques mois j'avais dit - et je maintiens - le bien que je pensais de l'EP des Rebels Of Tijuana, un peu rockab'-francophone-fendard, un peu garage-anglophone-nerveux. J'y suis revenu souvent, à ce quatre titres. Et j'étais très content de voir arriver un album.
Sauf que voilà : entre temps, le groupe a un peu changé. Pas énormément et pas suffisamment pour qu'on ne le reconnaisse plus, mais un peu quand même. Ce n'est paraît-il qu'une parenthèse. J'en prends bonne note. Mais la parenthèse me laisse malgré tout un brin perplexe. Ne fût-ce que parce qu'elle me place face à un étrange paradoxe : en abordant un registre - le garage psyché - auquel je suis dans l'absolu bien plus sensible, les Rebels Of Tijuana me plaisent un peu moins.
Il n'est pas interdit de penser que le choix de chanter en anglais y soit pour quelque chose ; en adoptant cette démarche, même temporairement et pour le fun, le groupe a indubitablement perdu une part de ce qui faisait sa singularité. Doublement, en fait, puisqu'en mettant les deux pieds dans le sot du revival psyché, les Rebels s'inscrivent délibérément dans une catégorie particulièrement surchargée en 2010, où la concurrence est rude et où les Anglais et les Américains n'ont aucun concurrent sérieux (contrairement au rockabilly ou, au hasard, à la folk-pop). Notez que ce n'est pas forcément un mal de voir des Français tenter de gravir cette montagne. Du moins dans l'absolu. Car dans le cas des Rebels Of Tijuana, dont la direction n'a rien de surprenant en soi (le dernier morceau de J'adore ce flic allait naturellement vers cela), on a du mal à voir autre chose qu'un exercice de style maîtrisé, un groupe respectant les codes d'un genre plutôt que d'y injecter sa touche personnelle. Ainsi "City Light Night", qui dans l'absolu n'est pas un mauvais morceau, semble évadé d'un vieil album Dogs - à cette nuance que si c'est efficace, ce n'est pas plus marquant que cela. Même commentaire, plus ou moins, pour "Sweet Black Angie", particulièrement péchu mais qu'on oublie hélas un peu vite.
De manière assez inattendue (du moins par rapport à ce que l'on connaissait du groupe), c'est dans les titres les plus pop que les Rebels s'en tirent le mieux. "War" est une chanson impeccable dont il est difficile de se lasser, "Fire 'till the Break of Dawn", une sucrerie qui n'aurait pas dépareillée chez Pete Doherty. Quant à "Johnny the Rat", c'est à Oasis qu'elle fait immanquablement penser. Ce qui rappelons-le serait infamant n'importe où ailleurs - pas ici. Ces trois titres suffisent largement à hausser le niveau de l'ensemble, mais le fait qu'ils fassent tous à un moment où un autre nettement penser à quelque chose (c'est encore plus vrai de "Valley Hotel", concernant cette fois The Coral) ne fait que renforcer le sentiment de figures imposées. Le pire, c'est que tout cela est écrit sans la moindre once d'objectivité. Where Dis this Trip Go Wrong?, dans l'ensemble, est un disque qui fonctionne vraiment pas mal, avec même quelques coups de génie à l'intérieur (le refrain de "War", la plupart des riffs). Simplement on est tout de même un poil déçu, sans doute parce qu'on attendait beaucoup plus, ou beaucoup mieux, de la part d'un groupe dont le précédent EP avait placé la barre très haut.
Where Did this Trip Go Wrong?, des Rebels Of Tijuana (2010)
Pas du tout écouté, mais c'est vrai que l'ep était sympatoche.
RépondreSupprimerVraiment pas d'accord ! je trouve cet album très chouette, les mélodies vraiment impeccables, le son correct (bon, garage). Ce n'est pas très juste, cette chronique.
RépondreSupprimerEn même temps je ne dis pas exactement le contraire, si tu relis bien...
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