...
Histoire de boucler l'année en beauté (car oui, il est plus que temps...), ultime Speed Trials de 2010, soit donc un panorama rapide des albums dont il aurait fallu vous parler, sauf que je ne l'ai pas fait. Par manque de temps ou par paresse pure et simple.
I Am Not Insane, de Michael Gira (2010)
Sorti en toute discrétion en début d'année, le dernier album solo de Michael Gira ne pouvait par définition pas faire de bruit. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il est, à 70 % au moins, un énorme spoiler du formidable dernier Swans, dont il reprend tous les morceaux (à l'exception notable de "You Fucking People Make Me Sick") dans des versions acoustiques et hantées. D'un autre côté, en le découvrant après coup, on ne sait pas plus comment le prendre. Il fonctionne en tout cas incroyablement bien en tant qu'album à part entière, certaines chansons ("Jim", "Inside Madeline") étant même sans conteste supérieures à leurs versions Swans. Rugueux, très sombre, l'ensemble, qui contient également trois morceaux inédits, est souvent bluesy et paré d'un son remarquable donnant l'impression que le grand Gira chante dans votre salon. Un étonnant album, oui... mais un album absolument splendide que l'on écoute indéfiniment, fasciné.
Cats & Mice, de Kristin Hersh (2010)
Quoi ? Vous ne saviez pas que j'aimais Kristin Hersh ? Rassurez-vous : moi non plus. C'est un peu par hasard que ce live de l'ex-Throwing Muses m'est tombé dans les esgourdes, et j'ai été le premier surpris de le trouver excellent. Dix-neuf morceaux tendus à l'extrême, une folk rageuse, une incroyable intensité dans l'interprétation... je ne m'attendais vraiment pas à cela. Et pourtant les "Fortune" et autres "Snake Oil" m'ont laissé... oui, sur les fesses, chers lecteurs. Et le fait que j'emploie ici une expression que je n'utlise absolument jamais en dit beaucoup plus qu'un long discours. Je connais mal la discographie des Throwing Muses, presque pas celle de Madame Hersh en solo... mais une chose est sûre, nous n'en resterons pas là elle et moi. Et vous non plus, du coup, puisqu'il est assez rare que je sois fasciné par quelque chose sans vous casser les pieds avec.
It's the Falling that Counts, Not the Landing, de Crooked Mountain, Crooked Sea (2010)
[...] Crooked Mountain, Crooked Sea, qui n'est pas un tribute-band à Pavement, est un groupe de post-punk. C'est Myspace qui l'a dit. Alors les gars de deux choses l'une : soit vraiment, vous n'avez jamais écouté de post-punk de votre vie (et à ce moment-là pas la peine de dire que vous en faites juste pour faire comme tout le monde... d'autant que vous êtes beaucoup plus doués que tout le monde) ; soit on vous a menti et on vous a fait croire que Fugazi était un groupe post-punk et 31 Knots un collectif new-wave. Or donc, CMCS signe avec It's the Falling that Counts, Not the Landing l'EP au titre le plus piteux de l'année (la pochette est jolie, par contre, ce qui est rare ces temps-ci), mais sans doute aussi l'un des plus efficaces en matière de post-p... naaaaan, j'déconne. En matière de post-hardcore/math-rock qui louche méchamment sur le prog' par instants, mais pas trop non plus (les morceaux sont courts), mais un peu quand même (certaines descentes rappellent immanquablement Yes... ou 31 Knots). Chaudement recommandé, "Any Port in a Storm", premier titre meurtrier. A noter que le groupe a sorti un nouvel EP depuis celui-ci, I Watched It from the Roadside.
(Isn't It My Bedroom) A Masterpiece, de French Cowboy (2010)
La fin de l'année approchant vient l'heure du ménage, dans les disques non-écoutés bien sûr, mais aussi dans ceux dont on n'a pas eu le loisir de parler faute de place, de temps, d'envie ou d'inspiration. Le troisième album des improbables French Cowboy entre dans cette catégorie, à tout le moins celle de la place du temps de l'inspiration, car l'envie pour sa part ne manquait pas à l'appel. C'est que l'on tenait dès le 22 février le meilleur album de britpop de l'année, sans le savoir. A notre décharge à tous, personne n'aurait pu prévoir que le meilleur album de britpop de l'année serait publié par un groupe nantais. Et pourtant l'évidence a frappé l'auteur de ces lignes par un matin pluvieux, quand la platine en mode shuffle balança un réjouissant "It's a Question of Time" n'ayant rien à voir avec Depeche Mode, mais tout avec Pulp (et donc avec Bowie). Sévèrement barré et probablement trop long, (Isn't It My Bedroom?) n'est certes pas le masterpiece vendu par le sous-titre (on n'en demandait d'ailleurs pas), juste un putain de disque pop et coloré, arty et régressif, nerveux et planant. Un régal.
Life on Earth, des Moons (2010)
Par les temps qui courent, présenter les Moons est d'une facilité déconcertante : sur Life on Earth vous trouverez toute la pop et toute l'énergie qui sont absente du dernier The Coral. La vie est marrante, tout de même. Il y a quelques mois quand sortait cet album, personne ne pouvait raisonnablement considérer qu'il ferait de l'ombre à James Skelly et ses copains. Ce n'était qu'une bande d'héritiers traumatisés par "Dreaming of You" et "I Remember When", comme l'Angleterre en compte des centaines. On aurait écrit alors que les Moons sonnaient beaucoup comme The Coral (et parfois le blur des débuts), que c'était leur limite mais qu'au-delà de ça ils développaient tout de même un sens de la mélodie assez charmant (voir "Don't Go Changin'" ou "Torn Between Two"). Finalement, quelques mois plus tard, on retourne plus volontiers à leur disque qu'à celui de leurs idoles et modèles. Ouaip, la vie est marrante.
Wig!, de Peter Case (2010)
Auteur d'une dizaine d'albums depuis le milieu des années quatre-vingt, Peter Case n'est pas tout à fait un inconnu des amateurs de blues, de rock et de blues-rock. Ce qui signifie donc qu'il est tout à fait inconnu de 99,9 % de la population française, population qui comme de juste préfèrera toujours le sucre du dernier Black Keys ou le Canada Dry de Dead Weather, au boogie-rock endiablé de l'un des plus honnêtes artisans dont le genre ait accouché depuis vingt-cinq ans. Pas de fioritures, pas de bien inutiles poses, juste un bon groove ("House Rent Jump"), une voix rocailleuse et quelques lignes de piano ou d'harmonica ("Look out!") histoire de soutenir un propos certes vieux comme le monde, mais auquel le temps n'a rien ôté de sa pertinence. Autrefois un peu punk, un peu psyché, un peu tout, le Peter Case millésime 2010 a réduit sa musique à l'essentiel... c'est très bien comme ça.
Radiocasette, de Radiocassette (2010)
Que faire lorsque l'on vous présente l'EP d'un jeune groupe comme un croisement entre l'un de vos combos préférés de tous les temps (le Clash) et l'un de ceux qui vous ont le plus gavé les portugaises ces dernières années (Gorillaz) ? Écouter, bien sûr. Et se rassurer. Car si tout n'est pas ma came dans ces six titres et s'il faut bien avouer que l'influence de Gorillaz est relativement sensible (on apprendra donc par la même occasion que les plus grands escrocs de la pop contemporaine ont eu une influence), il faut reconnaître à Radiocassette un certain savoir-faire et, surtout, une bonne humeur communicative. L'efficacité tient parfois à peu de choses : comme l'indique son nom, le groupe a le côté bricolo, simple et fun que l'on pouvait effectivement apprécier chez Gorillaz à ses débuts, quand il ne s'agissait pas encore de signer des productions toujours plus clinquantes et des mélodies toujours plus artificielles - en somme quand la plaisanterie n'était pas encore devenue trop sérieuse pour être honnête. Sincères encouragements, donc... à ne surtout pas prendre la même voie que certains modèles.
Butterfly House, de The Coral (2010)
G.T., bien sûr, a dit tout ou presque. Le plus grand groupe de sa génération est revenu sur la pointe des pieds, avec un sixième album mineur dans lequel il semble avoir perdu beaucoup de sa superbe, qu'il s'agisse de la fluidité de ses mélodies pop ou de la virtuosité de ses embardées psychédéliques. Le duel prometteur face à l'ancêtre Kula Shaker n'a pas eu lieu : le dernier opus de pépé Crispian écrase la nouvelle livraison du petit James. Même les seconds couteaux Ganglians, dans le genre, ont fait mieux. Et pourtant : Butterfly House n'est pas un mauvais album. Si les commentaires auront été à la hauteur de la déception, le dernier album de The Coral renferme tout de même une belle série de mélodies sucrées, est bien composé et bien produit. Surtout, contrairement à ce qui lui a beaucoup été reproché, il n'est pas un vague décalque des précédents. La production n'a rien à voir, et l'écriture a beaucoup évolué depuis le départ du décorateur d'intérieur Bill Ryder-Jones. Alors oui, c'est un demi teinte. Mais combien de groupes aimeraient avoir sur leur un seul morceau comme "North Parade" ?
Japanese Dub, de Jah Wobble & The Nippon Dub Ensemble (2010)
Il est très probable que ce blog soit l'un des seuls à parler de cet album, ce qui ne peut que prêter à sourire : je n'aime généralement pas le dub, je ne connais pas grand-chose à la musique nippone et je ne suis même pas très fan de Jah Wobble (qui fut rappelons le formidable premier bassiste de PiL, et auquel First Issue et Metal Box doivent tant). Et pourtant... en écoutant ce Japanese Dub, je n'ai pu m'empêcher d'être immédiatement conquis. Parce que ce disque a quelque chose d'un parfait mélange de contemplation et d'énergie, qu'il ne fait aucune concession à l'air du temps et offre un brassage d'influences comme peu ont su le faire cette année. L'expression Japanese Dub est d'ailleurs très réductrice : Wobble creuse en parallèle du côté du côté du hip hop, du funk, du rock psychédélique... sans pourtant n'être qu'un vaste champ d'expérimentations (bien au contraire, le résultat est très fluide et immédiat), et surtout sans écraser l'aspect traditionnel, presque tribal, à côté de sonorités post-modernes. C'est ce qui en fait un disque tellement à part : les différents aspects se toisent, se rencontrent, se complètent plutôt que de s'opposer comme sur tant d'autres disques.
Burning Your House Down, de The Jim Jones Revue (2010)
Dans la série moi pas comprendre, je voudrais The Jim Jones Revue, groupe archi-rock'n'roll et archi-buzzé qui semble aspirer à être le Jon Spencer Blues Explosion de cette décennie balbutiantes (même les noms se ressemblent). Autrement dit : un groupe attachant, aux prestations scéniques ahurissantes, maîtrisant toutes les règles du bon goût RNR... mais dont les albums inégaux et finalement assez pauvres en grandes chansons peinent à tenir leurs promesses et/ou à justifier leur statut. Du bon, du sûr, de l'éprouvé, du terriblement efficace parfois. Rien à dire, mais impossible de dire non plus pourquoi donc on irait acheter cet album plutôt que d'aller au concert. Comme avec le Blues Explosion, quoi.
Try to Get Ready, de The Shake (2010)
Par-delà les frontières du revival se trouve une contrée étrange aux contours mal définis. C'est celle du pastiche, de la simili-reprise, peuplée de tribute-bands et de copistes appliqués. De toute évidence, les Espagnols de The Shake ambitionnent de se présenter à la présidence de ce pays. Rien d'original sur cet album, c'est presque un euphémisme. Chaque titre ressemble à un assemblage de plans cultes, on se demande très régulièrement si l'on est pas dans l'hommage goguenard, ici aux Stones, là aux Who, là aux Kinks. Mais le plus étrange, c'est que le résultat est loin d'être mauvais. Si l'on parvient à oublier que l'on a déjà entendu tout ça des centaines... parfois des milliers de fois, il faut reconnaître que l'album est des plus plaisants et qu'il contient très peu de mauvais titres. Une curiosité qui à sa manière méritait une petite place par-ici.
Wave of Heat, d'Izzy Stradlin (2010)
Pour finir, un mot du nouvel album de l'ex-Guns'N'Roses Izzy Stradlin, jadis crucifié sur l'autel de l'égo d'un certain Axl R...
... nan j'déconne. Évidemment il n'y a rien à dire d'un tel disque.
Tomorrow Morning, d'eels (2010)
Allez, un mini-TOTF pour finir... mais ça traînait déjà depuis l'album d'avant (j'ai oublié son titre... comme tout le reste, à part l'hideuse pochette). Tomorrow Morning est juste un album abominable, paresseux et prétentieux à en crever (d'ailleurs on a effectivement la sensation que le chanteur est mort). Le premier quart constitue quasiment ce qu'on aura entendu de plus mauvais en 2010. Une intro indigente, un second titre où E remporte la palme du plus mauvais chanteur de l'année (je passe sur les paroles navrantes et la non-mélodie), le troisième dure deux minutes que l'on jurerait une année entière, "Baby Loves Me" est encore plus crétin que le morceau de Kiss auquel il fait immanquablement penser, "Spectacular Girl" est le genre de titre qu'E fait lorsqu'il s'ennuie, soit donc avec le même gimmick de synthé éculé qu'il nous pond trois fois sur chaque album depuis 1996 (il faudrait vraiment lui conseiller les mots croisés). Ah, piste six, enfin le premier vrai morceau de l'album. Pas génial, mais touchant. Ouf ! La suivante pourrait être presque bien avec des paroles (quoi ? il y a des paroles ? non merci, non, je ne veux pas le savoir, en fait). Après on remet un petit instru insipide (facile de faire 19 morceaux...), puis un auto-plagiat, puis un morceau de pop gros-cul ("The Man", ah ce titre). "Looking up" peut être un morceau presque sympa si on n'a jamais entendu les Stones de toute sa vie. Ensuite deux autres auto-plagiats (même les Ramones connaissaient plus de riffs qu'E), un truc discoïde ringard, encore un petit interlude (courage E, plus que quatre morceaux pour remplir ton contrat). Allez hop, un petit auto-plagiat pour digérer cette horreur... oh merde ! Attention, là ! Un morceau presque bien. Presque parce que c'est tout de même un auto-plagiat, un de plus. Là, on se dit qu'il va quand même pas oser finir sur le grand final romantique poignant. Oui parce que c'est un album romantique, il faut le préciser... surtout si on s'appelle Michel Fourniret... oh et tiens, justement, Monique se met à chanter subitement... sur le grand final romantique poignant, qui est donc en plus un duo (la double peine, en somme). A fuir à toutes jambes.
Histoire de boucler l'année en beauté (car oui, il est plus que temps...), ultime Speed Trials de 2010, soit donc un panorama rapide des albums dont il aurait fallu vous parler, sauf que je ne l'ai pas fait. Par manque de temps ou par paresse pure et simple.
I Am Not Insane, de Michael Gira (2010)
Sorti en toute discrétion en début d'année, le dernier album solo de Michael Gira ne pouvait par définition pas faire de bruit. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il est, à 70 % au moins, un énorme spoiler du formidable dernier Swans, dont il reprend tous les morceaux (à l'exception notable de "You Fucking People Make Me Sick") dans des versions acoustiques et hantées. D'un autre côté, en le découvrant après coup, on ne sait pas plus comment le prendre. Il fonctionne en tout cas incroyablement bien en tant qu'album à part entière, certaines chansons ("Jim", "Inside Madeline") étant même sans conteste supérieures à leurs versions Swans. Rugueux, très sombre, l'ensemble, qui contient également trois morceaux inédits, est souvent bluesy et paré d'un son remarquable donnant l'impression que le grand Gira chante dans votre salon. Un étonnant album, oui... mais un album absolument splendide que l'on écoute indéfiniment, fasciné.
Cats & Mice, de Kristin Hersh (2010)
Quoi ? Vous ne saviez pas que j'aimais Kristin Hersh ? Rassurez-vous : moi non plus. C'est un peu par hasard que ce live de l'ex-Throwing Muses m'est tombé dans les esgourdes, et j'ai été le premier surpris de le trouver excellent. Dix-neuf morceaux tendus à l'extrême, une folk rageuse, une incroyable intensité dans l'interprétation... je ne m'attendais vraiment pas à cela. Et pourtant les "Fortune" et autres "Snake Oil" m'ont laissé... oui, sur les fesses, chers lecteurs. Et le fait que j'emploie ici une expression que je n'utlise absolument jamais en dit beaucoup plus qu'un long discours. Je connais mal la discographie des Throwing Muses, presque pas celle de Madame Hersh en solo... mais une chose est sûre, nous n'en resterons pas là elle et moi. Et vous non plus, du coup, puisqu'il est assez rare que je sois fasciné par quelque chose sans vous casser les pieds avec.
It's the Falling that Counts, Not the Landing, de Crooked Mountain, Crooked Sea (2010)
[...] Crooked Mountain, Crooked Sea, qui n'est pas un tribute-band à Pavement, est un groupe de post-punk. C'est Myspace qui l'a dit. Alors les gars de deux choses l'une : soit vraiment, vous n'avez jamais écouté de post-punk de votre vie (et à ce moment-là pas la peine de dire que vous en faites juste pour faire comme tout le monde... d'autant que vous êtes beaucoup plus doués que tout le monde) ; soit on vous a menti et on vous a fait croire que Fugazi était un groupe post-punk et 31 Knots un collectif new-wave. Or donc, CMCS signe avec It's the Falling that Counts, Not the Landing l'EP au titre le plus piteux de l'année (la pochette est jolie, par contre, ce qui est rare ces temps-ci), mais sans doute aussi l'un des plus efficaces en matière de post-p... naaaaan, j'déconne. En matière de post-hardcore/math-rock qui louche méchamment sur le prog' par instants, mais pas trop non plus (les morceaux sont courts), mais un peu quand même (certaines descentes rappellent immanquablement Yes... ou 31 Knots). Chaudement recommandé, "Any Port in a Storm", premier titre meurtrier. A noter que le groupe a sorti un nouvel EP depuis celui-ci, I Watched It from the Roadside.
(Isn't It My Bedroom) A Masterpiece, de French Cowboy (2010)
La fin de l'année approchant vient l'heure du ménage, dans les disques non-écoutés bien sûr, mais aussi dans ceux dont on n'a pas eu le loisir de parler faute de place, de temps, d'envie ou d'inspiration. Le troisième album des improbables French Cowboy entre dans cette catégorie, à tout le moins celle de la place du temps de l'inspiration, car l'envie pour sa part ne manquait pas à l'appel. C'est que l'on tenait dès le 22 février le meilleur album de britpop de l'année, sans le savoir. A notre décharge à tous, personne n'aurait pu prévoir que le meilleur album de britpop de l'année serait publié par un groupe nantais. Et pourtant l'évidence a frappé l'auteur de ces lignes par un matin pluvieux, quand la platine en mode shuffle balança un réjouissant "It's a Question of Time" n'ayant rien à voir avec Depeche Mode, mais tout avec Pulp (et donc avec Bowie). Sévèrement barré et probablement trop long, (Isn't It My Bedroom?) n'est certes pas le masterpiece vendu par le sous-titre (on n'en demandait d'ailleurs pas), juste un putain de disque pop et coloré, arty et régressif, nerveux et planant. Un régal.
Life on Earth, des Moons (2010)
Par les temps qui courent, présenter les Moons est d'une facilité déconcertante : sur Life on Earth vous trouverez toute la pop et toute l'énergie qui sont absente du dernier The Coral. La vie est marrante, tout de même. Il y a quelques mois quand sortait cet album, personne ne pouvait raisonnablement considérer qu'il ferait de l'ombre à James Skelly et ses copains. Ce n'était qu'une bande d'héritiers traumatisés par "Dreaming of You" et "I Remember When", comme l'Angleterre en compte des centaines. On aurait écrit alors que les Moons sonnaient beaucoup comme The Coral (et parfois le blur des débuts), que c'était leur limite mais qu'au-delà de ça ils développaient tout de même un sens de la mélodie assez charmant (voir "Don't Go Changin'" ou "Torn Between Two"). Finalement, quelques mois plus tard, on retourne plus volontiers à leur disque qu'à celui de leurs idoles et modèles. Ouaip, la vie est marrante.
Wig!, de Peter Case (2010)
Auteur d'une dizaine d'albums depuis le milieu des années quatre-vingt, Peter Case n'est pas tout à fait un inconnu des amateurs de blues, de rock et de blues-rock. Ce qui signifie donc qu'il est tout à fait inconnu de 99,9 % de la population française, population qui comme de juste préfèrera toujours le sucre du dernier Black Keys ou le Canada Dry de Dead Weather, au boogie-rock endiablé de l'un des plus honnêtes artisans dont le genre ait accouché depuis vingt-cinq ans. Pas de fioritures, pas de bien inutiles poses, juste un bon groove ("House Rent Jump"), une voix rocailleuse et quelques lignes de piano ou d'harmonica ("Look out!") histoire de soutenir un propos certes vieux comme le monde, mais auquel le temps n'a rien ôté de sa pertinence. Autrefois un peu punk, un peu psyché, un peu tout, le Peter Case millésime 2010 a réduit sa musique à l'essentiel... c'est très bien comme ça.
Radiocasette, de Radiocassette (2010)
Que faire lorsque l'on vous présente l'EP d'un jeune groupe comme un croisement entre l'un de vos combos préférés de tous les temps (le Clash) et l'un de ceux qui vous ont le plus gavé les portugaises ces dernières années (Gorillaz) ? Écouter, bien sûr. Et se rassurer. Car si tout n'est pas ma came dans ces six titres et s'il faut bien avouer que l'influence de Gorillaz est relativement sensible (on apprendra donc par la même occasion que les plus grands escrocs de la pop contemporaine ont eu une influence), il faut reconnaître à Radiocassette un certain savoir-faire et, surtout, une bonne humeur communicative. L'efficacité tient parfois à peu de choses : comme l'indique son nom, le groupe a le côté bricolo, simple et fun que l'on pouvait effectivement apprécier chez Gorillaz à ses débuts, quand il ne s'agissait pas encore de signer des productions toujours plus clinquantes et des mélodies toujours plus artificielles - en somme quand la plaisanterie n'était pas encore devenue trop sérieuse pour être honnête. Sincères encouragements, donc... à ne surtout pas prendre la même voie que certains modèles.
Butterfly House, de The Coral (2010)
G.T., bien sûr, a dit tout ou presque. Le plus grand groupe de sa génération est revenu sur la pointe des pieds, avec un sixième album mineur dans lequel il semble avoir perdu beaucoup de sa superbe, qu'il s'agisse de la fluidité de ses mélodies pop ou de la virtuosité de ses embardées psychédéliques. Le duel prometteur face à l'ancêtre Kula Shaker n'a pas eu lieu : le dernier opus de pépé Crispian écrase la nouvelle livraison du petit James. Même les seconds couteaux Ganglians, dans le genre, ont fait mieux. Et pourtant : Butterfly House n'est pas un mauvais album. Si les commentaires auront été à la hauteur de la déception, le dernier album de The Coral renferme tout de même une belle série de mélodies sucrées, est bien composé et bien produit. Surtout, contrairement à ce qui lui a beaucoup été reproché, il n'est pas un vague décalque des précédents. La production n'a rien à voir, et l'écriture a beaucoup évolué depuis le départ du décorateur d'intérieur Bill Ryder-Jones. Alors oui, c'est un demi teinte. Mais combien de groupes aimeraient avoir sur leur un seul morceau comme "North Parade" ?
Japanese Dub, de Jah Wobble & The Nippon Dub Ensemble (2010)
Il est très probable que ce blog soit l'un des seuls à parler de cet album, ce qui ne peut que prêter à sourire : je n'aime généralement pas le dub, je ne connais pas grand-chose à la musique nippone et je ne suis même pas très fan de Jah Wobble (qui fut rappelons le formidable premier bassiste de PiL, et auquel First Issue et Metal Box doivent tant). Et pourtant... en écoutant ce Japanese Dub, je n'ai pu m'empêcher d'être immédiatement conquis. Parce que ce disque a quelque chose d'un parfait mélange de contemplation et d'énergie, qu'il ne fait aucune concession à l'air du temps et offre un brassage d'influences comme peu ont su le faire cette année. L'expression Japanese Dub est d'ailleurs très réductrice : Wobble creuse en parallèle du côté du côté du hip hop, du funk, du rock psychédélique... sans pourtant n'être qu'un vaste champ d'expérimentations (bien au contraire, le résultat est très fluide et immédiat), et surtout sans écraser l'aspect traditionnel, presque tribal, à côté de sonorités post-modernes. C'est ce qui en fait un disque tellement à part : les différents aspects se toisent, se rencontrent, se complètent plutôt que de s'opposer comme sur tant d'autres disques.
Burning Your House Down, de The Jim Jones Revue (2010)
Dans la série moi pas comprendre, je voudrais The Jim Jones Revue, groupe archi-rock'n'roll et archi-buzzé qui semble aspirer à être le Jon Spencer Blues Explosion de cette décennie balbutiantes (même les noms se ressemblent). Autrement dit : un groupe attachant, aux prestations scéniques ahurissantes, maîtrisant toutes les règles du bon goût RNR... mais dont les albums inégaux et finalement assez pauvres en grandes chansons peinent à tenir leurs promesses et/ou à justifier leur statut. Du bon, du sûr, de l'éprouvé, du terriblement efficace parfois. Rien à dire, mais impossible de dire non plus pourquoi donc on irait acheter cet album plutôt que d'aller au concert. Comme avec le Blues Explosion, quoi.
Try to Get Ready, de The Shake (2010)
Par-delà les frontières du revival se trouve une contrée étrange aux contours mal définis. C'est celle du pastiche, de la simili-reprise, peuplée de tribute-bands et de copistes appliqués. De toute évidence, les Espagnols de The Shake ambitionnent de se présenter à la présidence de ce pays. Rien d'original sur cet album, c'est presque un euphémisme. Chaque titre ressemble à un assemblage de plans cultes, on se demande très régulièrement si l'on est pas dans l'hommage goguenard, ici aux Stones, là aux Who, là aux Kinks. Mais le plus étrange, c'est que le résultat est loin d'être mauvais. Si l'on parvient à oublier que l'on a déjà entendu tout ça des centaines... parfois des milliers de fois, il faut reconnaître que l'album est des plus plaisants et qu'il contient très peu de mauvais titres. Une curiosité qui à sa manière méritait une petite place par-ici.
Wave of Heat, d'Izzy Stradlin (2010)
Pour finir, un mot du nouvel album de l'ex-Guns'N'Roses Izzy Stradlin, jadis crucifié sur l'autel de l'égo d'un certain Axl R...
... nan j'déconne. Évidemment il n'y a rien à dire d'un tel disque.
Tomorrow Morning, d'eels (2010)
Allez, un mini-TOTF pour finir... mais ça traînait déjà depuis l'album d'avant (j'ai oublié son titre... comme tout le reste, à part l'hideuse pochette). Tomorrow Morning est juste un album abominable, paresseux et prétentieux à en crever (d'ailleurs on a effectivement la sensation que le chanteur est mort). Le premier quart constitue quasiment ce qu'on aura entendu de plus mauvais en 2010. Une intro indigente, un second titre où E remporte la palme du plus mauvais chanteur de l'année (je passe sur les paroles navrantes et la non-mélodie), le troisième dure deux minutes que l'on jurerait une année entière, "Baby Loves Me" est encore plus crétin que le morceau de Kiss auquel il fait immanquablement penser, "Spectacular Girl" est le genre de titre qu'E fait lorsqu'il s'ennuie, soit donc avec le même gimmick de synthé éculé qu'il nous pond trois fois sur chaque album depuis 1996 (il faudrait vraiment lui conseiller les mots croisés). Ah, piste six, enfin le premier vrai morceau de l'album. Pas génial, mais touchant. Ouf ! La suivante pourrait être presque bien avec des paroles (quoi ? il y a des paroles ? non merci, non, je ne veux pas le savoir, en fait). Après on remet un petit instru insipide (facile de faire 19 morceaux...), puis un auto-plagiat, puis un morceau de pop gros-cul ("The Man", ah ce titre). "Looking up" peut être un morceau presque sympa si on n'a jamais entendu les Stones de toute sa vie. Ensuite deux autres auto-plagiats (même les Ramones connaissaient plus de riffs qu'E), un truc discoïde ringard, encore un petit interlude (courage E, plus que quatre morceaux pour remplir ton contrat). Allez hop, un petit auto-plagiat pour digérer cette horreur... oh merde ! Attention, là ! Un morceau presque bien. Presque parce que c'est tout de même un auto-plagiat, un de plus. Là, on se dit qu'il va quand même pas oser finir sur le grand final romantique poignant. Oui parce que c'est un album romantique, il faut le préciser... surtout si on s'appelle Michel Fourniret... oh et tiens, justement, Monique se met à chanter subitement... sur le grand final romantique poignant, qui est donc en plus un duo (la double peine, en somme). A fuir à toutes jambes.
Le truc dramatique, c'est que comme je sais que les disques sont classés par ordre décroissant de notes... Je me rue direct sur les dernier décrits, dans chaque Speed Trial ;-)
RépondreSupprimerThom,
RépondreSupprimerJe connais de moins en moins les groupes dont vous parlez. Cela commence à m'angoisser !
BBB.
Si, si, j'ai parlé du Jah Wobble, mais en le prenant un peu par dessus la jambe!
RépondreSupprimer;-)
J'aime bien aussi la simplicité de The Moons...
le French cowboy contient l'un des titres les plus groovy et les plus sexy de l'année, "girl", dommage que tout le disque ne soit pas toujours à la hauteur
RépondreSupprimerTu ne connais pas bien Kristin Hersh ? Et bien il y a de très belles découvertes à faire... j'adore ce qu'elle fait en solo (surtout), certains morceaux sont à fleur de peau... et puis là, tu me donne envie de tout réécouter au plus vite !
RépondreSupprimerSinon, moi aussi, j'essaie de faire un rattrapage world (en plusieurs épisodes) sur mon blog !
Ca serait sympa de lire une chronique de ta part sur l'un de mes albums fétiches, "Hips and Makers" de Kristin Hersh... en attendant, je suis ravi de voir que tu encences son live, j'espère que grace à ca certains découvriront cette immense artiste....
RépondreSupprimerRien à dire sur le Eels, nous sommes là aussi en phase. ("Le premier quart constitue quasiment ce qu'on aura entendu de plus mauvais en 2010", c'est hélas très vrai).
et tu me rappelles Izzy Stradlin'! comme je suis un grand sentimental, je n'ai jamais détesté ce qu'il a fait. j'avais meme beaucoup aimé son premier album. je vais donc essayer de trouver celui ci, et voir s'il m'inspire plus que toi...
Guic' >>> ah ouais parce que les trucs que j'aime ne t'intéressent pas ?...
RépondreSupprimerBBB. >>> vous voulez me faire croire que vous ne connaissez pas Michael Gira ? eels ? les Guns ?...
Marsu >>> mince, désolé, j'ai loupé ce billet... ou peut-être même n'était-il pas encore sorti (j'écris les ST au fur et à mesure et je crois que celui-ci était le premier).
Arbobo >>> tout à fait.
Sunalee & Xavier >>> on a tous nos petites lacunes ^^
Nice !
RépondreSupprimerCa fait très plaisir !
On est bien d'accord sur le Eels et sur le French Cowboy (ce morceau très Pulp, oui, c'est très juste, je n'y avais pas pensé !)
RépondreSupprimerMais, moi, comme je l'ai déjà écrit ailleurs, je n'ai vraiment pas été déçu par The Coral. J'ai même eu le sentiment (paradoxal ?) qu'ils tournaient là un peu moins en rond que sur les deux précédents. Comme quoi...
oui, alors mal connaitre la discographie d Throwing Muses, c'est pas vraiment une lacune, c'est une chance ;) (non, je charrie, mais perd pas trop de temps la dessus...)
RépondreSupprimerVeinard, toute la disco de Hersh à découvrir...
RépondreSupprimerEt n'écoute pas Xavier, les Muses c'est du tout bon. Et il y a aussi le 50 Foot Wave
Laurent >>> tant mieux. Ça faisait longtemps que je voulais en toucher un mot, en plus.
RépondreSupprimerSka >>> oui, comme quoi ^^
Lyle >>> désolé mais je suis plutôt d'accord avec Xavier. Après avoir découvert ce live j'ai voulu (re)découvrir tout Hersh, j'ai commencé par les Muses... je me suis très vite arrêté :-)
Tu as commencé par quoi ?
RépondreSupprimerThrowing Muses, il y a de bonnes compos dans le tas, mais j'ai rarement écouté un groupe qui a autant vieilli... mieux vaut se contenter des reprises folk que fait Kristin Hersh de certains morceaux de son ex groupe...
RépondreSupprimerJe ne saurai que trop conseiler aux amateurs de Jim Jones Revue d'écouter le live de Jerry Lee Lewis au star club de Hamburg ( 1964 , je crois ). Je dois pour ma part cette découverte assez renversante à the Civil Servant .
RépondreSupprimerc'est bien simple, quand j'écoute jerry lee, je suis émoustillé comme si j'avais 14 ans ^^
RépondreSupprimerLyle >>> je ne sais plus, mais je suis de l'avis de Xavier quand même.
RépondreSupprimerDaniel & Bobo >>> ah oui, excellent live !
Merci pour la découverte des Moons. Bien sûr, ils frisent le mimétisme, mais cela reste très bien fait.
RépondreSupprimerDisons qu'occasionnellement, l'efficacité peut primer avant tout ;-)
RépondreSupprimerEn fait moi, à force, je trouve qu'ils sonnent en fait plus souvent comme les Zutons (je reconnais que ça se mord un peu la queue).
Télécharger PE libre de Crooked Mountain, Crooked Sea EP
RépondreSupprimerhttp://bit.ly/bIB9Tr
C'est vrai que je n'ai même pas précisé qu'on pouvait télécharger cet EP gratuitement ! Désolé ^^
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