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[Article précédemment publié sur Interlignage] Les voies de la hype sont parfois impénétrables. On a beau avoir un peu d’expérience, posséder suffisamment de connaissance du monde de la musique pour tirer quelques conclusions… on n’a jamais vraiment compris comment un groupe comme les Pernice Brothers avait pu rester dans l’ombre durant aussi longtemps. Douze ans après son premier album (remarquable Overcome by Happiness), on a presque l’impression que le faux duo (le groupe a connu une rimbambelle de membres depuis ses débuts, et si l’on y trouve bien deux frères Pernice dedans il demeure avant tout l’œuvre de Joe) est encore moins connu qu’avant. Cela fait d’ailleurs un bon bout de temps que ses disques ne sortent plus que très sporadiquement dans nos contrées.
On tient certes là le destin de nombre de valeureux groupes contemporains. Mais dans le cas des Pernice Brothers l’injustice est d’autant plus flagrante qu’ils constituent l’un des fleurons de l’indie-rock des années 2000, bien supérieur à la plupart des productions dont le genre nous a littéralement gavé durant la dernière décennie. On serait tenté de croire que n’importe quel groupe ayant publié un disque moitié aussi brillant que le superbe The World Wont’ End (2001) mériterait un minimum de considération, voire de respect ?… eh bien non : c’est à peine si ce disque déclencha un vague frétillement en France, et c’est aujourd’hui dans une indifférence quasi générale que les Pernice Brothers publient leur sixième opus. Il suffit pour s’en convaincre d’essayer d’en trouver une chronique, une seule, sur le Web francophone. Bon courage à ceux qui auraient envie de s’y essayer.
Alors certes, Goodbye, Killer ne paraît pas chez nous. Certes aussi, sa pochette a de quoi rebuter. Certes toujours, il n’est probablement pas le meilleur disque des p’tits gars de Dorchester, MA. Toutes ces objections sont recevables. Mais les bonnes objections font-elles les bonnes excuses ? A l’écoute de la magnifique "The Loving Kind", il est permis d’en douter. Notez que le groupe fait involontairement preuve d’une certaine lucidité : « I’ve been through this too many times to bullshit you », susurre un Joe tout en retenue… comme d’habitude, ne peut-on s’empêcher d’ajouter. Car un nouvel album des Pernice Bros, c’est toujours l’assurance d’une certaine qualité, d’un certain sens du goût, d’une forme de simplicité trop rare par les temps qui courent. Pas que leurs albums soient dépourvus de sophistication : deux notes de "We Love the Stage" démontrent le contraire. Mais il n’y a pas de surcharge, aucun trop plein. C’est court (une grosse trentaine de minutes), rammassé, tendre et pudique.
Et comme toujours, le résultat est un bon cran au-dessus de la moyenne. En fait, dans sa première moitié, ce Goodbye, Killer franchement pop est peut-être le meilleur album de Joe Pernice. Le mélange de légèreté et de mélancolie est particulièrement touchant ("Bechamel"), l’énergie savamment dosée ("Jacqueline Susann"), et le côté épars ne dérange pas trop. Le reste est plus convenu : Joe retourne à l’alt-country de ses premières amours ("Goodbye, Killer", "The Great Depression") et l’album se fait moins majestueux. Le groupe semble perdre un peu fil sur les trois ou quatre derniers morceaux, moins convaincants dans ce registre (il est vrai) assez casse-gueule tant il est balisé. Reconnaissons cependant que perdre le fil pour aboutir à une chanson aussi émouvante que "The End of Faith" donne envie de s’abandonner à toutes les errances.
[Article précédemment publié sur Interlignage] Les voies de la hype sont parfois impénétrables. On a beau avoir un peu d’expérience, posséder suffisamment de connaissance du monde de la musique pour tirer quelques conclusions… on n’a jamais vraiment compris comment un groupe comme les Pernice Brothers avait pu rester dans l’ombre durant aussi longtemps. Douze ans après son premier album (remarquable Overcome by Happiness), on a presque l’impression que le faux duo (le groupe a connu une rimbambelle de membres depuis ses débuts, et si l’on y trouve bien deux frères Pernice dedans il demeure avant tout l’œuvre de Joe) est encore moins connu qu’avant. Cela fait d’ailleurs un bon bout de temps que ses disques ne sortent plus que très sporadiquement dans nos contrées.
On tient certes là le destin de nombre de valeureux groupes contemporains. Mais dans le cas des Pernice Brothers l’injustice est d’autant plus flagrante qu’ils constituent l’un des fleurons de l’indie-rock des années 2000, bien supérieur à la plupart des productions dont le genre nous a littéralement gavé durant la dernière décennie. On serait tenté de croire que n’importe quel groupe ayant publié un disque moitié aussi brillant que le superbe The World Wont’ End (2001) mériterait un minimum de considération, voire de respect ?… eh bien non : c’est à peine si ce disque déclencha un vague frétillement en France, et c’est aujourd’hui dans une indifférence quasi générale que les Pernice Brothers publient leur sixième opus. Il suffit pour s’en convaincre d’essayer d’en trouver une chronique, une seule, sur le Web francophone. Bon courage à ceux qui auraient envie de s’y essayer.
Alors certes, Goodbye, Killer ne paraît pas chez nous. Certes aussi, sa pochette a de quoi rebuter. Certes toujours, il n’est probablement pas le meilleur disque des p’tits gars de Dorchester, MA. Toutes ces objections sont recevables. Mais les bonnes objections font-elles les bonnes excuses ? A l’écoute de la magnifique "The Loving Kind", il est permis d’en douter. Notez que le groupe fait involontairement preuve d’une certaine lucidité : « I’ve been through this too many times to bullshit you », susurre un Joe tout en retenue… comme d’habitude, ne peut-on s’empêcher d’ajouter. Car un nouvel album des Pernice Bros, c’est toujours l’assurance d’une certaine qualité, d’un certain sens du goût, d’une forme de simplicité trop rare par les temps qui courent. Pas que leurs albums soient dépourvus de sophistication : deux notes de "We Love the Stage" démontrent le contraire. Mais il n’y a pas de surcharge, aucun trop plein. C’est court (une grosse trentaine de minutes), rammassé, tendre et pudique.
Et comme toujours, le résultat est un bon cran au-dessus de la moyenne. En fait, dans sa première moitié, ce Goodbye, Killer franchement pop est peut-être le meilleur album de Joe Pernice. Le mélange de légèreté et de mélancolie est particulièrement touchant ("Bechamel"), l’énergie savamment dosée ("Jacqueline Susann"), et le côté épars ne dérange pas trop. Le reste est plus convenu : Joe retourne à l’alt-country de ses premières amours ("Goodbye, Killer", "The Great Depression") et l’album se fait moins majestueux. Le groupe semble perdre un peu fil sur les trois ou quatre derniers morceaux, moins convaincants dans ce registre (il est vrai) assez casse-gueule tant il est balisé. Reconnaissons cependant que perdre le fil pour aboutir à une chanson aussi émouvante que "The End of Faith" donne envie de s’abandonner à toutes les errances.
👍👍 Goodbye, Killer
Pernice Brothers | Ashmont Records, 2010
C'est vrai que je ne savais pas du tout que le groupe avait sorti un nouvel album. Je vais écouterça.
RépondreSupprimerIl est pourtant sorti depuis juin !
RépondreSupprimer(et je l'avais d'ailleurs chroniqué sur Interlignage en juin...)
Je n'ai pas écouté l'album en entier mais sur ce morceau on est quand même loin de The world won't end...
RépondreSupprimerJ'étais sûrement en vacances lol
RépondreSupprimermika >>> c'est sûr... mais c'est un très bon album quand même.
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