...
Tout a commencé le 15 mars 2009. Bon, en fait j'imagine que tout a commencé bien plus tôt, quelque part pendant l'été 92 ou 93, mais disons que l'évènement déterminant a eu lieu le 14 mars 2009 et que le temps qu'il parvînt à mon cerveau, nous étions déjà le 15. Pourquoi cet évènement précis et pas un autre, je ne sais pas trop. Il faut croire que j'aimais Alain Bashung encore plus que ce que je pensais. Toujours est-il qu'en apprenant sa mort, j'ai été comme saisi de vertige. Comme si en filigranes, la journaliste était surtout venue m'annoncer la mienne. Bizarrement, mes clopes n'avaient plus le même goût. Ou plutôt je sentais, pour la première fois depuis plus de quinze ans, leur véritable goût. C'est débile, ce que je vous raconte : que j'ai arrêté de fumer parce qu'Alain Bashung était mort d'un cancer du poumon ? Si, c'est débile. Ça passe parce que la société considère comme une très bonne chose que le fumeur arrête de fumer, mais en vrai c'est à peu près aussi crétin que si je m'étais suicidé après la mort de Vic Chesnutt (qui m'a cependant, je ne peux le nier, durablement déprimé).
Je me suis donc juré d'arrêter de fumer avant mes trente ans, et bon an mal an, je n'ai jamais délaissé cette promesse durant les deux dernières années. Il faut bien comprendre que dans mon esprit, l'idée était surtout de ne pas mourir dans d'atroce souffrances. Je n'avais pas du tout envie d'arrêter de fumer, ce n'était pas le tabac en soi qui me posait problème - c'était la mort. Ce n'est d'ailleurs pas illogique si l'on considère que quelque part au fin fond de mon esprit malade, j'ai toujours plus aimé être fumeur que fumer en soi. Et même être un gros fumeur, j'avoue qu'assez puérilement, j'en étais assez fier. Je crois que c'était le plaisir de m'adonner à quelque chose que 90 % de mon entourage réprouvait, de le faire avec excès et sans le début d'un commencement de morale. Certains fument pour s'intégrer parmi leurs petits copains, moi j'ai fumer pendant presque vingt ans avec pour principale ambition, du moins les dix dernières années, de faire chier le monde. A commencer bien sûr par ma mère, puis mes différentes compagnes, etc, etc, etc. Un vrai chieur, quoi. Et plus la société devenait hygiéniste, plus j'ai fumé, beaucoup, passionnément, et même dans les lieux publics juste pour faire mon rebelle. Putain, je partais pour vous raconter mon problème avec la nicotine et voilà que je dévoile ma défiance maladive vis-à-vis de l'autorité...
Dans ces conditions on peut considérer qu'il y a dans le fait d'arrêter de fumer pour ne pas mourir une forme de petite lâcheté, comme de ne pas vouloir aller au bout du concept (alors que, soyons clairs, ma mort emmerderait beaucoup plus les gens que mon tabagisme (et j'imagine qu'à mon enterrement mères et compagnes secoueraient la tête, navrées : "Il n'a jamais voulu nous écouter")). Je le reconnais. Le truc, c'est que j'ai un autre problème : j'ai la phobie de la maladie, des microbes et, de manière générale, de toute souffrance occasionnant une situation où je ne serais pas maître de moi-même. Si j'étais honnête je devrais donc dire que ce qu'Alain Bashung m'a révélé en mourant, ce n'est pas tant qu'on mourait, mais qu'on avait très très mal avant de mourir, parfois pendant très très longtemps. J'avais beau savoir qu'à l'instar de toute personne ambitionnant de vivre au-delà de quarante-cinq ans j'aurais de toute façon, un jour ou l'autre, fatalement et inévitablement un cancer de quelque chose, quelque part, quelques jours... rien n'y fit : j'avais pris ma décision, je devais arrêter de fumer. J'aurais pu dire je vais diminuer drastiquement ma consommation de tabac, car j'aimais bien ça, le tabac. J'aurais pu le dire mais de la part d'un mec qui fume pour faire chier le monde, on attend quand même quelque chose d'un peu plus spectaculaire. Et spectaculaire, ma décision l'était : certes, je me laissais encore quelques années, mais gardez à l'esprit qu'il y a deux ans, ma consommation de tabac était infiniment supérieure à ce qu'elle était fin 2010. On parlait d'un paquet et demi, parfois deux par jour, et pas d'un demi, comme c'était plutôt le cas ces derniers temps.
Car oui, j'ai progressivement diminué par la suite, et ce n'était même pas vraiment voulu. Il est arrivé ce qui devait arrivé : j'ai fini par me lasser de faire chier le monde. Je ne faisais même plus chier personne. Et j'aimais de moins en moins fumer. Petit à petit, je me suis donc mis à ne plus acheter qu'un paquet par jour, fait particulièrement saugrenu quelques mois plus tôt. Les 100's ont pris une taille normale, et même ainsi je finissais de plus en plus rarement mes cigarettes. J'ai commencé à réellement m'inquiéter lorsqu'on m'a offert une cartouche et qu'elle a tenu plus de deux semaines. J'ai commencé à m'inquiéter car vous voyez, moi, je me suis toujours défini pas forcément par le tabac (ce serait tout de même un poil excessif), mais à tout le moins comme ce type dont le tabac faisait partie de l'existence, qui n'arrêterait jamais de fumer quoiqu'il arrive, et s'offrirait le plaisir de tous vous enterrer - en plus. Vous imaginez le cauchemar : je n'aimais plus fumer et j'avais des problèmes de dos ! Je ne pouvais plus tout à fait être moi-même.
Le bon côté des choses, c'est qu'il m'a semblé que j'étais psychologiquement prêt à faire le grand saut. Une vie sans tabac, sans toux hivernale et avec des performances sexuelles surnaturelles m'attendait, pas très loin, je n'avais qu'à me pencher et la ramasser. Deux semaines plus tard, le constat est sans appel : je suis un être au caractère faible, au physique misérable, dont la lâcheté et le manque de constance crèvent les yeux. Sans déconner : arrêter de fumer, enfin essayer d'essayer d'arrêter de fumer, c'est encore meilleur que le chômage pour vous faire sentir la pire des sous-merdes. Ce n'est pas compliqué : deux semaines plus tard, je n'ai toujours pas réussi à passer plus de vingt-quatre heures sans fumer. Pire, mon "dégoût" s'est métamorphosé en désir ardent, je ne pense qu'à fumer du matin au soir. Un exemple troublant : avant, je ne fumais jamais au réveil. Il fallait des heures avant que je n'allume ma première cigarette, que généralement je ne finissais même pas tant elle me filait la gerbe. Désormais chaque matin ma première pensée est pour la cigarette que je n'aurais jamais fumé à une heure pareille. Cela tourne à l'obsession. Et comme je me suis autorisé, histoire de ne pas m'imposer une discipline trop insupportable, à fumer lorsque je sors le soir... j'en viens limite à faire exprès de sortir juste pour être sûr d'en griller au moins une. A ce rythme et si mes calculs sont bons, d'ici un mois je fumerais plus en ayant arrêté 90 % du temps que lorsque j'étais un fumeur normal, libre de ses poumons toute la journée.
Mais le pire, c'est que tout ceci est extrêmement incapacitant. Je me suis aperçu que grossièrement, je ne fumais réellement que dans deux types de situations : l'activité intellectuelle intense (incluant aussi bien la rédaction d'un article que le stress) et, à l'exact opposé, l'ennui le plus profond. Comme ces deux situations sont probablement celles qui se présentent le plus régulièrement dans une de mes journées, le cauchemar est total. La première semaine, j'ai été quasiment incapable d'écrire une ligne, et j'en profite pour faire toutes mes excuses à Filip, auquel je n'ai franchement pas rendu hommage dans un récent article, principalement parce que je m'y suis attelé juste après avoir arrêté de fumer et que je ne pensais qu'à ça, infiniment plus qu'à son (pourtant très bon) disque. Je me suis rendu compte à quel point mes petits passages à la fenêtre pour cloper, souvent éclairs, étaient essentiels au bon fonctionnement de ce site. Et je ne ris même pas en l'écrivant. Ma technique d'écriture ? J'écris trois ou quatre notes grossières, je vais fumer à la fenêtre en y réfléchissant, les phrases s'enchaînent et lorsque je reviens m'asseoir, le papier coule tout seul (soit dit en passant je vous laisse imaginer le supplice pour ce qui est d'écrire un édito aussi long que celui-ci). Quant aux moments d'ennui sidéral... ce n'est pas compliqué, dans ces instants-là, je ne suis pas loin d'avoir envie de crever. Alors je sors, je fais trois fois le tour du paté de maison, je rentre, j'écris deux lignes sans intérêt, je sors, je fais trois fois... etc. Grâce soit rendue à Dieu, je ne travaille pas dans un bureau. Sinon je pense que je pourrais tout à fait abattre froidement chacun de mes collègues.
Là, je devine l'inquiétude sur vos visages : comment vont ma femme et mon chat ? Rassurez-vous, ils vont bien. Ma femme est une personne formidable, d'une patience d'ange et d'une capacité d'abstraction surréaliste lorsqu'elle parvient quasiment à ignorer que je viens de mettre un coup de pied dans un tabouret juste parce que mon ordinateur a bugué. Alors certes, des fois, elle me suspecte d'être allé fumer en cachette alors que je faisais trois fois le tour du pâté d'immeubles. Forcément, ça me donne doublement envie de la claquer. Mais je me maîtrise, tout de même, on n'est pas des bêtes. Je me contente d'une petite claque amicale sur les fesses. Je suis moins urbain avec le chat. L'autre soir il nous fout un bordel pas possible, nous réveille à cinq heures du mat'.... bon moi, évidemment, ma première pensée est pour la cigarette... autant vous dire que le chat a passé un sale quart d'heure, je l'ai aspergé de flotte dans la baignoire... il nous a plus fait chier après. Mais bon, impossible me rendormir, j'avais trop envie de fumer. Alors j'ai regardé le plafond et essayé de ne pas trop remuer la jambe (le manque de nicotine me fait remuer la jambe, oui, allez comprendre pourquoi).
Enfin bref. N'allez pas croire que j'éprouve un besoin impérieux de vous raconter tout ça. J'imagine bien que vous vous en foutez, seulement voyez-vous j'ai un gros problème : je suis incapable de penser à autre chose. INCAPABLE. Il était évident depuis deux semaines que le prochain édito porterait sur le sujet. J'ai essayé de me voiler la face. J'ai fait semblant de ne pas trop savoir quand Alf m'a, comme chaque fois, demandé il y a quelques jours sur quoi je comptais écrire. Je crois qu'au fond de moi, j'espérais trouver un autre sujet d'ici à aujourd'hui. Mais je ne suis même pas convaincu qu'une guerre nucléaire y aurait changé grand-chose. J'aurais tout de même été contraint (car c'est de contrainte qu'il s'agit... d'asservissement, même !) d'écrire sur mon arrête de tabac. Ne me jugez pas trop durement. Non que je craigne votre jugement, bien sûr. Je crains surtout de vous exploser la gueule dans les commentaires après. Et quand même, ça m'embêterait un peu, même si vous êtes tousdes connards... des gens sensés s'inquiétant de ma santé. Fort marri, je suis : je fumais pour faire chier le monde, depuis que je ne fume plus le monde me fait chier, comme jamais je n'aurais osé le faire chier. Même dans mes pires fantasmes.
Sur ce je vous laisse, j'ai un tour de pâté d'immeubles à faire...
Tout a commencé le 15 mars 2009. Bon, en fait j'imagine que tout a commencé bien plus tôt, quelque part pendant l'été 92 ou 93, mais disons que l'évènement déterminant a eu lieu le 14 mars 2009 et que le temps qu'il parvînt à mon cerveau, nous étions déjà le 15. Pourquoi cet évènement précis et pas un autre, je ne sais pas trop. Il faut croire que j'aimais Alain Bashung encore plus que ce que je pensais. Toujours est-il qu'en apprenant sa mort, j'ai été comme saisi de vertige. Comme si en filigranes, la journaliste était surtout venue m'annoncer la mienne. Bizarrement, mes clopes n'avaient plus le même goût. Ou plutôt je sentais, pour la première fois depuis plus de quinze ans, leur véritable goût. C'est débile, ce que je vous raconte : que j'ai arrêté de fumer parce qu'Alain Bashung était mort d'un cancer du poumon ? Si, c'est débile. Ça passe parce que la société considère comme une très bonne chose que le fumeur arrête de fumer, mais en vrai c'est à peu près aussi crétin que si je m'étais suicidé après la mort de Vic Chesnutt (qui m'a cependant, je ne peux le nier, durablement déprimé).
Je me suis donc juré d'arrêter de fumer avant mes trente ans, et bon an mal an, je n'ai jamais délaissé cette promesse durant les deux dernières années. Il faut bien comprendre que dans mon esprit, l'idée était surtout de ne pas mourir dans d'atroce souffrances. Je n'avais pas du tout envie d'arrêter de fumer, ce n'était pas le tabac en soi qui me posait problème - c'était la mort. Ce n'est d'ailleurs pas illogique si l'on considère que quelque part au fin fond de mon esprit malade, j'ai toujours plus aimé être fumeur que fumer en soi. Et même être un gros fumeur, j'avoue qu'assez puérilement, j'en étais assez fier. Je crois que c'était le plaisir de m'adonner à quelque chose que 90 % de mon entourage réprouvait, de le faire avec excès et sans le début d'un commencement de morale. Certains fument pour s'intégrer parmi leurs petits copains, moi j'ai fumer pendant presque vingt ans avec pour principale ambition, du moins les dix dernières années, de faire chier le monde. A commencer bien sûr par ma mère, puis mes différentes compagnes, etc, etc, etc. Un vrai chieur, quoi. Et plus la société devenait hygiéniste, plus j'ai fumé, beaucoup, passionnément, et même dans les lieux publics juste pour faire mon rebelle. Putain, je partais pour vous raconter mon problème avec la nicotine et voilà que je dévoile ma défiance maladive vis-à-vis de l'autorité...
Dans ces conditions on peut considérer qu'il y a dans le fait d'arrêter de fumer pour ne pas mourir une forme de petite lâcheté, comme de ne pas vouloir aller au bout du concept (alors que, soyons clairs, ma mort emmerderait beaucoup plus les gens que mon tabagisme (et j'imagine qu'à mon enterrement mères et compagnes secoueraient la tête, navrées : "Il n'a jamais voulu nous écouter")). Je le reconnais. Le truc, c'est que j'ai un autre problème : j'ai la phobie de la maladie, des microbes et, de manière générale, de toute souffrance occasionnant une situation où je ne serais pas maître de moi-même. Si j'étais honnête je devrais donc dire que ce qu'Alain Bashung m'a révélé en mourant, ce n'est pas tant qu'on mourait, mais qu'on avait très très mal avant de mourir, parfois pendant très très longtemps. J'avais beau savoir qu'à l'instar de toute personne ambitionnant de vivre au-delà de quarante-cinq ans j'aurais de toute façon, un jour ou l'autre, fatalement et inévitablement un cancer de quelque chose, quelque part, quelques jours... rien n'y fit : j'avais pris ma décision, je devais arrêter de fumer. J'aurais pu dire je vais diminuer drastiquement ma consommation de tabac, car j'aimais bien ça, le tabac. J'aurais pu le dire mais de la part d'un mec qui fume pour faire chier le monde, on attend quand même quelque chose d'un peu plus spectaculaire. Et spectaculaire, ma décision l'était : certes, je me laissais encore quelques années, mais gardez à l'esprit qu'il y a deux ans, ma consommation de tabac était infiniment supérieure à ce qu'elle était fin 2010. On parlait d'un paquet et demi, parfois deux par jour, et pas d'un demi, comme c'était plutôt le cas ces derniers temps.
Car oui, j'ai progressivement diminué par la suite, et ce n'était même pas vraiment voulu. Il est arrivé ce qui devait arrivé : j'ai fini par me lasser de faire chier le monde. Je ne faisais même plus chier personne. Et j'aimais de moins en moins fumer. Petit à petit, je me suis donc mis à ne plus acheter qu'un paquet par jour, fait particulièrement saugrenu quelques mois plus tôt. Les 100's ont pris une taille normale, et même ainsi je finissais de plus en plus rarement mes cigarettes. J'ai commencé à réellement m'inquiéter lorsqu'on m'a offert une cartouche et qu'elle a tenu plus de deux semaines. J'ai commencé à m'inquiéter car vous voyez, moi, je me suis toujours défini pas forcément par le tabac (ce serait tout de même un poil excessif), mais à tout le moins comme ce type dont le tabac faisait partie de l'existence, qui n'arrêterait jamais de fumer quoiqu'il arrive, et s'offrirait le plaisir de tous vous enterrer - en plus. Vous imaginez le cauchemar : je n'aimais plus fumer et j'avais des problèmes de dos ! Je ne pouvais plus tout à fait être moi-même.
Le bon côté des choses, c'est qu'il m'a semblé que j'étais psychologiquement prêt à faire le grand saut. Une vie sans tabac, sans toux hivernale et avec des performances sexuelles surnaturelles m'attendait, pas très loin, je n'avais qu'à me pencher et la ramasser. Deux semaines plus tard, le constat est sans appel : je suis un être au caractère faible, au physique misérable, dont la lâcheté et le manque de constance crèvent les yeux. Sans déconner : arrêter de fumer, enfin essayer d'essayer d'arrêter de fumer, c'est encore meilleur que le chômage pour vous faire sentir la pire des sous-merdes. Ce n'est pas compliqué : deux semaines plus tard, je n'ai toujours pas réussi à passer plus de vingt-quatre heures sans fumer. Pire, mon "dégoût" s'est métamorphosé en désir ardent, je ne pense qu'à fumer du matin au soir. Un exemple troublant : avant, je ne fumais jamais au réveil. Il fallait des heures avant que je n'allume ma première cigarette, que généralement je ne finissais même pas tant elle me filait la gerbe. Désormais chaque matin ma première pensée est pour la cigarette que je n'aurais jamais fumé à une heure pareille. Cela tourne à l'obsession. Et comme je me suis autorisé, histoire de ne pas m'imposer une discipline trop insupportable, à fumer lorsque je sors le soir... j'en viens limite à faire exprès de sortir juste pour être sûr d'en griller au moins une. A ce rythme et si mes calculs sont bons, d'ici un mois je fumerais plus en ayant arrêté 90 % du temps que lorsque j'étais un fumeur normal, libre de ses poumons toute la journée.
Mais le pire, c'est que tout ceci est extrêmement incapacitant. Je me suis aperçu que grossièrement, je ne fumais réellement que dans deux types de situations : l'activité intellectuelle intense (incluant aussi bien la rédaction d'un article que le stress) et, à l'exact opposé, l'ennui le plus profond. Comme ces deux situations sont probablement celles qui se présentent le plus régulièrement dans une de mes journées, le cauchemar est total. La première semaine, j'ai été quasiment incapable d'écrire une ligne, et j'en profite pour faire toutes mes excuses à Filip, auquel je n'ai franchement pas rendu hommage dans un récent article, principalement parce que je m'y suis attelé juste après avoir arrêté de fumer et que je ne pensais qu'à ça, infiniment plus qu'à son (pourtant très bon) disque. Je me suis rendu compte à quel point mes petits passages à la fenêtre pour cloper, souvent éclairs, étaient essentiels au bon fonctionnement de ce site. Et je ne ris même pas en l'écrivant. Ma technique d'écriture ? J'écris trois ou quatre notes grossières, je vais fumer à la fenêtre en y réfléchissant, les phrases s'enchaînent et lorsque je reviens m'asseoir, le papier coule tout seul (soit dit en passant je vous laisse imaginer le supplice pour ce qui est d'écrire un édito aussi long que celui-ci). Quant aux moments d'ennui sidéral... ce n'est pas compliqué, dans ces instants-là, je ne suis pas loin d'avoir envie de crever. Alors je sors, je fais trois fois le tour du paté de maison, je rentre, j'écris deux lignes sans intérêt, je sors, je fais trois fois... etc. Grâce soit rendue à Dieu, je ne travaille pas dans un bureau. Sinon je pense que je pourrais tout à fait abattre froidement chacun de mes collègues.
Là, je devine l'inquiétude sur vos visages : comment vont ma femme et mon chat ? Rassurez-vous, ils vont bien. Ma femme est une personne formidable, d'une patience d'ange et d'une capacité d'abstraction surréaliste lorsqu'elle parvient quasiment à ignorer que je viens de mettre un coup de pied dans un tabouret juste parce que mon ordinateur a bugué. Alors certes, des fois, elle me suspecte d'être allé fumer en cachette alors que je faisais trois fois le tour du pâté d'immeubles. Forcément, ça me donne doublement envie de la claquer. Mais je me maîtrise, tout de même, on n'est pas des bêtes. Je me contente d'une petite claque amicale sur les fesses. Je suis moins urbain avec le chat. L'autre soir il nous fout un bordel pas possible, nous réveille à cinq heures du mat'.... bon moi, évidemment, ma première pensée est pour la cigarette... autant vous dire que le chat a passé un sale quart d'heure, je l'ai aspergé de flotte dans la baignoire... il nous a plus fait chier après. Mais bon, impossible me rendormir, j'avais trop envie de fumer. Alors j'ai regardé le plafond et essayé de ne pas trop remuer la jambe (le manque de nicotine me fait remuer la jambe, oui, allez comprendre pourquoi).
Enfin bref. N'allez pas croire que j'éprouve un besoin impérieux de vous raconter tout ça. J'imagine bien que vous vous en foutez, seulement voyez-vous j'ai un gros problème : je suis incapable de penser à autre chose. INCAPABLE. Il était évident depuis deux semaines que le prochain édito porterait sur le sujet. J'ai essayé de me voiler la face. J'ai fait semblant de ne pas trop savoir quand Alf m'a, comme chaque fois, demandé il y a quelques jours sur quoi je comptais écrire. Je crois qu'au fond de moi, j'espérais trouver un autre sujet d'ici à aujourd'hui. Mais je ne suis même pas convaincu qu'une guerre nucléaire y aurait changé grand-chose. J'aurais tout de même été contraint (car c'est de contrainte qu'il s'agit... d'asservissement, même !) d'écrire sur mon arrête de tabac. Ne me jugez pas trop durement. Non que je craigne votre jugement, bien sûr. Je crains surtout de vous exploser la gueule dans les commentaires après. Et quand même, ça m'embêterait un peu, même si vous êtes tous
Sur ce je vous laisse, j'ai un tour de pâté d'immeubles à faire...
:))))
RépondreSupprimerC'est tellement ça... Et c'et cyclique, hélas, dans mon cas. N'en suis encore jamais sortie pour de bon.
Entre mes 40 et mes 50 ans, j'ai dû arrêter six fois et reprendre autant, avant, enfin, d'arrêter définitivement. Un cauchemar. Mais, le bon côté, c'est que je peux vous rassurer, vous avez encore de la marge, droit à l'erreur et, surtout, vous avez au moins cette sagesse, que de vous y prendre lorsque vous êtes encore jeune (même si 20 ans ! vous avez vraiment attaqué tôt...)
RépondreSupprimerAllez, courage mon ami, et à bientôt.
BBB.
"Une vie sans tabac, sans toux hivernale et avec des performances sexuelles surnaturelles m'attendait ..."
RépondreSupprimer--> malgré ton dos ?
Mince, Thomas arrête de fumer. Le monde va s'arrêter. Et j'apprends ça le jour de mon anniv en plus ! Le jour de mon anniv coïncide avec la fin du monde, mince alors :)
RépondreSupprimerMoi j'en reste à la phase 1: je sais qu'il faudrait, mais.... manque de courage, et grosse flemme. 'Videment.
RépondreSupprimerMais le jour ou j'ai réalisé que ça faisait 10 ans que je fumais, ça m'a quand même fait un sérieux choc.
Te voilà de l'autre côté du miroir, déserteur. Mais je comprends, bien sûr ;)
RépondreSupprimerEn même temps tes amis qui ne fument pas te remercient. Il sont prêts à te refréquenter ;)
RépondreSupprimerPareil que Cuné. Pour le "exactement ça" comme pour le fait que je n'ai pas encore réussi à arrêter.
RépondreSupprimerPas réussi non plus, malgré deux tentatives, dont une un an à peine après avoir commencé :S
RépondreSupprimerDonc, chapeau. Et bon courage, aussi.
« Notre société considère qu'arrêter de fumer est un véritable exploit. Au contraire, c'est ridiculement facile. Tout ce que vous avez à faire est... De ne plus fumer ». et c'est signé Allen Carr, un mec qui s'ait fait des c... en or avec ce genre de phrases à la con. Mais c'est vrai en plus : c'est facile... (une fois qu'on a vraiment arrêté!:)
RépondreSupprimerAh oui, j'ai testé ce bouquin également. JE ME SUIS BIEN FAIT...
RépondreSupprimerCuné & C-U-L-P >>> merci, je me sens moins seul !
RépondreSupprimerBBB. >>> j'ai de l'espoir, alors. Enfin cela dit, faut-il vraiment commencer en se disant qu'on a le droit à l'erreur ? ^^
Thierry >>> alors ça c'est salaud :-)
Marion >>> allons, tu as eu une belle vie ^^
Guic' >>> et je ne risque pas de t'entraîner sur cette pente !
Alf >>> et on lui doit aussi le best-seller Junkie, c'est un état d'esprit, non ?
Kalys >>> non mais après si j'avais su que la majorité des lecteurs du Golb fumait, j'aurais réfléchi à deux fois :-))
Fumer c'est mal, mais n'empêche que les fumeurs sont toujours très inspirés quand il s'agit de parler de leur relation à la nicotine, donc on ne peut nier les bons côtés.
RépondreSupprimerEn ce qui me concerne, je suis encore jeune donc je me donne le temps d'arrêter, mais ce qui me gêne dans le fait d'arrêter de fumer, c'est de me dire "plus jamais". J'préfèrerais ne plus acheter de clopes et en taxer une de temps en temps plutôt que de me dire "Dans 2 ans c'est fini fini."
Mais je te souhaite bon courage quand même !
"je suis encore jeune"
RépondreSupprimerAlors ça, ça fait mal.... :-)
Arrête, tu es encore jeune et beau.
RépondreSupprimerEt en plus maintenant, tu sens bon !
Ah ! comme j'aimerais pouvoir liker les commentaires ! :)
RépondreSupprimerEffectivement. Merci pour le fou rire !
RépondreSupprimerJ'avoue que c'était une formulation malheureuse ! Mais bon, j'pense que tous les fumeurs se sont dit un jour: "Oh, on verra plus tard"
RépondreSupprimerOui, les fumeurs aiment bien se fixer des deadlines à la con qu'ils ne respectent pas : "au nouvel an", "pour mes 40 ans", "quand ma femme sera enceinte", etc, etc, etc.
RépondreSupprimerLa simple phrase "je vais peut-être essayer de tenter (parfois) d'éventuellement moins fumer" me donne l'envie d'allumer deux cigarettes en même temps.
RépondreSupprimerBravo aux SHS (Super Héros Surhumains) qui sont parvenus à arrêter...
C'est gens méritent une statue, c'est clair.
RépondreSupprimerBon anniversaire Thomas (avec quelques jours de retard, désolé).
RépondreSupprimerMais si Thom, c'était une super bonne idée : ça nous fait chier, que t'ais arrêté :P
RépondreSupprimerChuis pas grosse fumeuse (maxi 5 clopes/jour, et encore, je suis plus à 2) mais les seules périodes où je fume pas, c'est quand je suis chez mes parents. Je sais pas si c'est par peur d'être réprimandée comme une truite de 14 ans ou simplement parce que j'ai pas le temps de faire de pause clope. Mais je pense que c'est un sujet psychologiquement très intéressant.
RépondreSupprimerEt personnellement, j'ai l'impression de faire bien plus chier les gens quand je leur dis que je suis végétarienne plutôt que quand je m'allume une clope.
Et pis pour terminer, j'ai pas peur du cancer des poumons, puisque de toutes façons on meurt tous un jour, alors autant remplir les caisses de l'État et se faire plaisir en attendant. (Et en vrai, la mort des autres me fait bien plus peur que l'idée de la mienne.)
Alain >>> aucun problème, j'imagine que vous êtes très occupé :-)
RépondreSupprimerKalys >>> ah oui ? Ça vous culpabilise à mort, hein ? ^^
Coline >>> c'est vrai que végétarienne, c'est pas mal chiant dans le genre. Cela dit tu peux toujours te cacher derrière un argument éthique, alors c'est un peu de la triche. Alors qu'un fumant... ah ça, faut assumer. On enrichit l'état, les multinationales, on se tue et on assassine plein de gens passivement... c'est quand même d'une amoralité plus nette :-)
Bien Thom! C'est la meilleure chose à faire. Et mine de rien, un événement particulier (en l'occurrence le décès de l'ami Bashung) est souvent le déclencheur nécessaire pour arrêter...
RépondreSupprimerAh Thom, tu es un anarchiste dans l'âme, fumer pour ne pas faire comme les autres, malgré les réprimandes! Le plus drôle, c'est que c'est aujourd'hui que fumer est particulièrement anti-conventionnel
SysT (mode doc on)
Je dirais même que fumer c'est immoral, et c'est en partie pour ça que c'est si bon, dans un monde où notre moindre pet de travers est suspecté de tuer les mouches-kangourous du Mozambique, qui sont en voie de disparition.
RépondreSupprimerDoc SysT >>> je ne sais pas trop si c'est anti-conventionnel, la plupart de mes amis fument en fait...
RépondreSupprimerColine >>> en même temps j'aime beaucoup l'idée de tuer les mouches-kangourous du Mozambique :-)
Moi, comme j'arrête quand je veux, je reprends sans arrêt, tu crois que c'est plus malin ?
RépondreSupprimer(... et en plus je te piquais les tiennes ;-))
Quand on remue la jambe, il faut soit commencer la batterie, soit prendre des cours de disco, méfie-toi ! Je rêve ou personne n'a relevé le coup des performances sous la couette ?? Ben, en plus d'être jeune beau et de sentir bon, c'est tout le bien que je te souhaite :-)
Si si, Thierry l'avait relevé en rappelant à juste titre que c'était en contrad(d)iction avec mon mail de dos :-)... enfin ":-(", plutôt !
RépondreSupprimerPouf pouf, mouarf, MDR toussa toussa... C'est tout à fait ça ;D
RépondreSupprimer(un jour j'y arriverai pour de bon)
(c'est beau l'espoir)