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Comme les goûts évoluent avec le temps. Même pas les goûts, en fait : les intérêts. En ressortant Believe in Nothing, huitième album de Paradise Lost, de l'étagère où il prenait la poussière depuis au moins 2004... c'est toute ma jeunesse qui m'a sauté au visage. Ce n'est pourtant ni mon disque favori du groupe, ni celui que j'ai le plus écouté dans ma vie. Mais il m'a obligé à réaliser à quel point je n'avais plus rien à foutre de Paradise Lost depuis des années, sans aucune raison valable qui plus est - le dernier album que j'aie entendu d'eux (In Requiem, en 2007) étant dans mon souvenir tout à fait honnête.
Rarement cette rubrique m'aura fait un tel effet. C'est que durant une brève période, disons entre 1995 et 1999, Paradise Lost a réellement été l'un de mes groupes préférés. Mais parmi tous les groupes préférés qui ont eu ma préférence avant mes vingt ans, c'est sans le moindre doute celui dont je ressors les disques le moins souvent, alors même qu'aucun n'est déshonorant, qu'il s'agisse de leur période death-je-vomis-dans-le-micro (89/91 environ), de leur période c'est-tellement-beau-l'automne-que-ça-me-donne-envie-de-mourir (92-96) ou de leur période Sisters-Of-Mercy-ont-changé-ma-vie (97/01). Eu égard à ce que je viens de raconter on m'autorisera à ne pas me prononcer sur la période suivante (je-veux-pas-perdre-mon-logement-alors-je-refais-du-goth-metal), d'autant que j'ai beaucoup moins (voire pas du tout en ce qui concerne le dernier en date) écouté ces disques. Dans me souvenir il y avait aussi du bon (notamment sur les albums produits par Rhys Fulber).
Believe in Nothing étant le dernier album de Paradise Lost dont je me souvienne parfaitement bien, on pourrait supposer que mon désintérêt croissant pour le groupe ait un rapport avec lui. Il n'en est rien : dès les premières notes, je n'ai pas pu m'empêcher de siffloter et de trouver l'ensemble très sympa. "I Am Nothing" ou plus loin "Mouth" demeurent des morceaux que j'adore, même si en vieillissant j'ai tendance à trouver la voix de Nick Holmes un brin fatigante (rien à dire en revanche concernant le toujours impeccable Greg Mackintosh, dont les riffs, qu'ils soient ultra-heavy ou ultra-mélodiques, sont surtout toujours ultra-entêtants). La production est de très bonne facture, le minimum venant de John Fryer, qui n'est sans doute pas pour rien dans la qualité d'un album qui, globalement, est le même que le précédent (Host)... en mieux.
C'est qu'en 2001, Paradise Lost a plus de dix ans de carrière au compteur mais demeure en perpétuelle quête de légitimité. Après son premier coup de volant pour s'écarter du metal (le néanmoins très heavy One Second, acclamé par la critique et boudé par de vieux fans qui n'étaient pas au bout de leurs peines), il est tombé dans à un peu près tous les pièges du syndrome du groupe indie qui signe sur une major. En l'occurrence EMI, dont Paradise Lost n'est pas vraiment la priorité et à qui elle refilera, en guise de producteur vedette, un certain Steve Lyon, tâcheron faisant office de soixante-douzième assistant sur Songs of Faith & Devotion (de Depeche Mode) et s'enorgueillissant d'avoir co-produit l'un des plus mauvais albums de Cure (Wild Mood Swings). Le résultat, Host, ressemblera comme de juste à un naufrage. Quelques bons titres noyé dans un son synth-pop à faire pâlir les Tears For Fears. Autant dire que les fans de pop avaient mieux à faire, et que les anciens fans du Lost avaient de bonnes raison de l'avoir mauvaise.
Alors tomber sur un mec comme John Fryer, dont le tableau de chasse indus/new wave est à couper le souffle (Nine Inch Nails, Depeche Mode, Wire, Cocteau Twins, Swans... ce mec est une légende inconnue), c'est une bénédiction. Paradise Lost retrouve un vrai son en même temps que le goût de l'électricité, on entend même parfois la batterie. Cela ne résout certes pas tous les problèmes, et certains morceaux sont clairement de trop ("World Pretending", au hasard) ; mais avec un type comme Fryer au générique, aussi doué que crédible (et c'est peut-être alors l'essentiel pour Paradise Lost), le groupe est parfaitement armé pour faire de Believe in Nothing son Ultra (DM) personnel : l'album mésestimé d'un groupe au bout du rouleau, déprimé et incapable de regarder vers l'avenir. Bien entendu, ce sera un bide total. Et bien évidemment, comme toujours dans ces cas-là, l'album sera renié et Fryer, outrageusement coupable d'avoir amené le groupe exactement où il le souhaitait (c'est-à-dire au niveau d'un Sisters Of Mercy des 2ks), bon à jeter aux chiens. Le producteur, on le sait, est aux groupes de rock ce que le coach est aux équipes de foot (à l'époque c'était sur le travail de Sank sur l'excellent One Second que le groupe crachait). Et il est vrai que le beau jeu est rarement synonyme de victoire.
Rarement cette rubrique m'aura fait un tel effet. C'est que durant une brève période, disons entre 1995 et 1999, Paradise Lost a réellement été l'un de mes groupes préférés. Mais parmi tous les groupes préférés qui ont eu ma préférence avant mes vingt ans, c'est sans le moindre doute celui dont je ressors les disques le moins souvent, alors même qu'aucun n'est déshonorant, qu'il s'agisse de leur période death-je-vomis-dans-le-micro (89/91 environ), de leur période c'est-tellement-beau-l'automne-que-ça-me-donne-envie-de-mourir (92-96) ou de leur période Sisters-Of-Mercy-ont-changé-ma-vie (97/01). Eu égard à ce que je viens de raconter on m'autorisera à ne pas me prononcer sur la période suivante (je-veux-pas-perdre-mon-logement-alors-je-refais-du-goth-metal), d'autant que j'ai beaucoup moins (voire pas du tout en ce qui concerne le dernier en date) écouté ces disques. Dans me souvenir il y avait aussi du bon (notamment sur les albums produits par Rhys Fulber).
Believe in Nothing étant le dernier album de Paradise Lost dont je me souvienne parfaitement bien, on pourrait supposer que mon désintérêt croissant pour le groupe ait un rapport avec lui. Il n'en est rien : dès les premières notes, je n'ai pas pu m'empêcher de siffloter et de trouver l'ensemble très sympa. "I Am Nothing" ou plus loin "Mouth" demeurent des morceaux que j'adore, même si en vieillissant j'ai tendance à trouver la voix de Nick Holmes un brin fatigante (rien à dire en revanche concernant le toujours impeccable Greg Mackintosh, dont les riffs, qu'ils soient ultra-heavy ou ultra-mélodiques, sont surtout toujours ultra-entêtants). La production est de très bonne facture, le minimum venant de John Fryer, qui n'est sans doute pas pour rien dans la qualité d'un album qui, globalement, est le même que le précédent (Host)... en mieux.
C'est qu'en 2001, Paradise Lost a plus de dix ans de carrière au compteur mais demeure en perpétuelle quête de légitimité. Après son premier coup de volant pour s'écarter du metal (le néanmoins très heavy One Second, acclamé par la critique et boudé par de vieux fans qui n'étaient pas au bout de leurs peines), il est tombé dans à un peu près tous les pièges du syndrome du groupe indie qui signe sur une major. En l'occurrence EMI, dont Paradise Lost n'est pas vraiment la priorité et à qui elle refilera, en guise de producteur vedette, un certain Steve Lyon, tâcheron faisant office de soixante-douzième assistant sur Songs of Faith & Devotion (de Depeche Mode) et s'enorgueillissant d'avoir co-produit l'un des plus mauvais albums de Cure (Wild Mood Swings). Le résultat, Host, ressemblera comme de juste à un naufrage. Quelques bons titres noyé dans un son synth-pop à faire pâlir les Tears For Fears. Autant dire que les fans de pop avaient mieux à faire, et que les anciens fans du Lost avaient de bonnes raison de l'avoir mauvaise.
Alors tomber sur un mec comme John Fryer, dont le tableau de chasse indus/new wave est à couper le souffle (Nine Inch Nails, Depeche Mode, Wire, Cocteau Twins, Swans... ce mec est une légende inconnue), c'est une bénédiction. Paradise Lost retrouve un vrai son en même temps que le goût de l'électricité, on entend même parfois la batterie. Cela ne résout certes pas tous les problèmes, et certains morceaux sont clairement de trop ("World Pretending", au hasard) ; mais avec un type comme Fryer au générique, aussi doué que crédible (et c'est peut-être alors l'essentiel pour Paradise Lost), le groupe est parfaitement armé pour faire de Believe in Nothing son Ultra (DM) personnel : l'album mésestimé d'un groupe au bout du rouleau, déprimé et incapable de regarder vers l'avenir. Bien entendu, ce sera un bide total. Et bien évidemment, comme toujours dans ces cas-là, l'album sera renié et Fryer, outrageusement coupable d'avoir amené le groupe exactement où il le souhaitait (c'est-à-dire au niveau d'un Sisters Of Mercy des 2ks), bon à jeter aux chiens. Le producteur, on le sait, est aux groupes de rock ce que le coach est aux équipes de foot (à l'époque c'était sur le travail de Sank sur l'excellent One Second que le groupe crachait). Et il est vrai que le beau jeu est rarement synonyme de victoire.
👍👍 Believe in Nothing
Paradise Lost | EMI, 2001
eldritch avait la classe - pour ne pas dire la grâce par instants -, a minima..
RépondreSupprimerJ'ai quand même un peu de mal avec ce genre de metal, enfin je préfère les choses plus crues, je crois.
RépondreSupprimerEuh non en fait je n'ai rien à dire :-D
RépondreSupprimerFryer producteur aussi de Stabbing Westward
RépondreSupprimerquekqu'un s'en souvient de ce groupe ?
J'aime bien Paradise Lost mais je ne vois vraiment pas ce que tu trouves à cet album là. Host est bien meilleur (comment peux-tu lui préférer Believe In Nothing ?!)
RépondreSupprimergmc >>> la classe ? Oui, c'est possible. Je ne connais pas forcément extrêmement bien, en réalité. Pour moi ç'a toujours été un groupe dont je sors le best of avec plaisir mais qui ne me donne pas envie d'aller beaucoup plus loin. J'ai peut-être tort.
RépondreSupprimerEmily >>> ça n'en est pas vraiment, en même temps, du metal.
Doc >>> pas grave, j'arrive à lire dans tes pensées :-)
drgbs >>> bien sûr que je me souviens de Stabbing Westward et de ses trois premiers (très bons) albums. WBB&P et Darkest Days, c'était quand même quelque chose. Je ne les ai pas cités dans la liste parce que je n'ai gardé que les grosses pointures, dans ce contexte c'était quand même plus évocateur.
Ambalx >>> bien meilleur ??? Ah ah ah ah ah. Merci pour le fou rire.
Je ne saurais pas te dire moi-même ce qu'il y a sur le best of (surtout qu'il doit y en avoir une tripotée).
RépondreSupprimerJe vais écouter tous ces extraits, merci du (des) tuyau(x)
Tout à fait de l'avis de GMC, concernant les Sisters. Le groupe valait beaucoup mieux que ce que l'on en a retenu.
RépondreSupprimerBBB.
Effectivement, à l'écoute des liens ci-dessus, c'est indéniable. D'un autre côté je n'en avais jamais vraiment douté ^^
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