...
On a eu chaud. En découvrant qu'Episodes était co-produite par la BBC, j'ai poussé un soupir de soulagement. Jusqu'alors, j'étais secoué d'une bouffée d'angoisse à chaque... épisode. Pensez donc : un programme de Showtime que je trouvais réussi, sur lequel je n'avais pas de réserves particulières, qui ne me laissait pas un goût d'inachevé ou d'arnaque. Une petite révolution sur ce blog, où les séries branchouilles du Network d'United States of Tara (oh !) et de l'innommable Californication (ah !) sont régulièrement étrillées. Je me voyais déjà à côté de l'affiche, en train de battre ma coulpe... jusqu'à ce moment où j'ai découvert qu'Episodes était donc co-produite par la BBC, et tout s'est expliqué. Et tout est allé mieux.
Il n'y avait pourtant pas de quoi se prendre la tête pour le nouveau show de Jeffrey Klarik (la mésestimée The Naked Truth) et David Crane (qu'on ne présente plus - on lui doit Dream on et Friends). Ce serait mentir que de dire qu'Episodes fait montre d'une originalité déconcertante, passé un anti-américanisme si crânement revendiqué qu'il en est perturbant (du moins jusqu'à ce que l'on découvre que la série est à moitié anglaise). On a déjà vu ce genre de parodie plus ou moins vitriolée du miroir aux alouettes qu'est Hollywood, et dans le genre Episodes n'a pas le quart du dixième de la subtilité d'Entourage, à la fois beaucoup drôle et, dans le fond, beaucoup plus sombre. Osons même dire qu'à partir du moment où Sean et Beverly, couple de scénaristes britanniques à succès, voient leur série Lyman's Boys achetée par un magnat de la télé US pour en faire un remake, on devine assez facilement ce qui va suivre... et ne manque effectivement pas de suivre. On pourra parler de clichés. Le fait est que tout amateur de série connaît des dizaines d'histoires de networks qui, ayant à peine acheté un programme, se sont mis à l'oublier ou à le regretter aussitôt, pour finalement changer progressivement et méthodiquement tout ce qui faisait l'âme du show originel. Bien sûr, on a déjà vu cet ogre capitaliste voulant dévorer les gentils artistes. Bien entendu, on sait que Hollywood est un monde de rapaces, et Episodes ne nous apprend pas grand-chose de ce point de vue. Mais entre les vannes ciselées de Beverly (excellente Tamsin Greig) et les situations plus absurdes les unes que les autres (l'acteur de la version UK obligé de passer un casting en utilisant un accent américain, parce que trop anglais pour le public), Episodes révèle progressivement une profondeur inattendue, et ne ressemble finalement à rien de ce que son pitch laissait supposer.
Il est vrai qu'elle a pour elle un atout de taille : Matt LeBlanc, qui joue Matt LeBlanc, acteur un peu dépassé imposé par la production, qui fait son grand retour sur les écrans après cinq ans d'absence, en vrai comme dans la série. On pourrait faire bien des reproches à Friends, mais s'il est bien une chose qui n'a jamais fait de doute, c'est la puissance comique de ce comédien qui, dans les dernières saisons, portait toute la série sur ses épaules. Surprise : on l'attendait jouant avec jubilation avec son image de Joey, sinon carrément cabotinant en bonne star américaine (dans tous les sens du terme), et voici qu'il joue d'une partition bien moins prévisible et bien plus subtile. Matt LeBlanc se trouve être un personnage complexe, aux innombrables facettes, touchant et inquiétant aussi souvent qu'il agace. Il y a du Joey en lui, du crétin un peu beauf ; il y a de la diva capricieuse (c'était très probablement la condition sine qua non de son engagement). Mais il y a aussi un type imprévisible, beaucoup plus intelligent et cultivé qu'il s'en donne l'air, plein de fêlures et de contradictions. On comprend assez rapidement qu'il sera celui qui détruira la série comme le couple formé par Bev et Sean ; il est également la seule personne sincère dans cet univers décadent où ils viennent de mettre les pieds - comme le révélateur de ce qu'ils sont réellement.
A savoir : les deux faces d'un même pièce, le spectateur tétanisé devant Hollywood, à la fois fasciné (Sean) et dégoûté (Bev), préférant voir ce miroir aux alouettes sali que de ne pas le voir du tout. La comparaison avec Entourage s'arrête au moment où l'on comprend qu'Episodes va plus loin en projetant notre propre reflet : vous riez avec cruauté, les gens, mais vous adorez qu'on vous montre Hollywood, ses stars décadentes et amorales, ses fêtes gargantuesques, ses files interminables de pétasses à petits culs et gros seins, son exhibition indécente de l'argent... etc. Et c'est vrai : dans Entourage (dont nous discuterons plus longuement à l'occasion de sa dernière saison), on n'aime pas que cela, mais on aime aussi cela. Rien que pour oser renvoyer ses propres spectateurs à leurs propres contradictions et leur propre voyeurisme, Episodes mérite plus que d'être vue comme une énième parodie de Hollywood. Comme en plus, ses dialogues sont savoureux et son casting (citons encore Kathleen Rose Perkins, absolument réjouissante) de très haute volée, il n'y a pas de raison de se priver.
Episodes (saison 1), créée par David Crane et Jeffrey Klarik (Showtime, 2011)
On a eu chaud. En découvrant qu'Episodes était co-produite par la BBC, j'ai poussé un soupir de soulagement. Jusqu'alors, j'étais secoué d'une bouffée d'angoisse à chaque... épisode. Pensez donc : un programme de Showtime que je trouvais réussi, sur lequel je n'avais pas de réserves particulières, qui ne me laissait pas un goût d'inachevé ou d'arnaque. Une petite révolution sur ce blog, où les séries branchouilles du Network d'United States of Tara (oh !) et de l'innommable Californication (ah !) sont régulièrement étrillées. Je me voyais déjà à côté de l'affiche, en train de battre ma coulpe... jusqu'à ce moment où j'ai découvert qu'Episodes était donc co-produite par la BBC, et tout s'est expliqué. Et tout est allé mieux.
Il n'y avait pourtant pas de quoi se prendre la tête pour le nouveau show de Jeffrey Klarik (la mésestimée The Naked Truth) et David Crane (qu'on ne présente plus - on lui doit Dream on et Friends). Ce serait mentir que de dire qu'Episodes fait montre d'une originalité déconcertante, passé un anti-américanisme si crânement revendiqué qu'il en est perturbant (du moins jusqu'à ce que l'on découvre que la série est à moitié anglaise). On a déjà vu ce genre de parodie plus ou moins vitriolée du miroir aux alouettes qu'est Hollywood, et dans le genre Episodes n'a pas le quart du dixième de la subtilité d'Entourage, à la fois beaucoup drôle et, dans le fond, beaucoup plus sombre. Osons même dire qu'à partir du moment où Sean et Beverly, couple de scénaristes britanniques à succès, voient leur série Lyman's Boys achetée par un magnat de la télé US pour en faire un remake, on devine assez facilement ce qui va suivre... et ne manque effectivement pas de suivre. On pourra parler de clichés. Le fait est que tout amateur de série connaît des dizaines d'histoires de networks qui, ayant à peine acheté un programme, se sont mis à l'oublier ou à le regretter aussitôt, pour finalement changer progressivement et méthodiquement tout ce qui faisait l'âme du show originel. Bien sûr, on a déjà vu cet ogre capitaliste voulant dévorer les gentils artistes. Bien entendu, on sait que Hollywood est un monde de rapaces, et Episodes ne nous apprend pas grand-chose de ce point de vue. Mais entre les vannes ciselées de Beverly (excellente Tamsin Greig) et les situations plus absurdes les unes que les autres (l'acteur de la version UK obligé de passer un casting en utilisant un accent américain, parce que trop anglais pour le public), Episodes révèle progressivement une profondeur inattendue, et ne ressemble finalement à rien de ce que son pitch laissait supposer.
Il est vrai qu'elle a pour elle un atout de taille : Matt LeBlanc, qui joue Matt LeBlanc, acteur un peu dépassé imposé par la production, qui fait son grand retour sur les écrans après cinq ans d'absence, en vrai comme dans la série. On pourrait faire bien des reproches à Friends, mais s'il est bien une chose qui n'a jamais fait de doute, c'est la puissance comique de ce comédien qui, dans les dernières saisons, portait toute la série sur ses épaules. Surprise : on l'attendait jouant avec jubilation avec son image de Joey, sinon carrément cabotinant en bonne star américaine (dans tous les sens du terme), et voici qu'il joue d'une partition bien moins prévisible et bien plus subtile. Matt LeBlanc se trouve être un personnage complexe, aux innombrables facettes, touchant et inquiétant aussi souvent qu'il agace. Il y a du Joey en lui, du crétin un peu beauf ; il y a de la diva capricieuse (c'était très probablement la condition sine qua non de son engagement). Mais il y a aussi un type imprévisible, beaucoup plus intelligent et cultivé qu'il s'en donne l'air, plein de fêlures et de contradictions. On comprend assez rapidement qu'il sera celui qui détruira la série comme le couple formé par Bev et Sean ; il est également la seule personne sincère dans cet univers décadent où ils viennent de mettre les pieds - comme le révélateur de ce qu'ils sont réellement.
A savoir : les deux faces d'un même pièce, le spectateur tétanisé devant Hollywood, à la fois fasciné (Sean) et dégoûté (Bev), préférant voir ce miroir aux alouettes sali que de ne pas le voir du tout. La comparaison avec Entourage s'arrête au moment où l'on comprend qu'Episodes va plus loin en projetant notre propre reflet : vous riez avec cruauté, les gens, mais vous adorez qu'on vous montre Hollywood, ses stars décadentes et amorales, ses fêtes gargantuesques, ses files interminables de pétasses à petits culs et gros seins, son exhibition indécente de l'argent... etc. Et c'est vrai : dans Entourage (dont nous discuterons plus longuement à l'occasion de sa dernière saison), on n'aime pas que cela, mais on aime aussi cela. Rien que pour oser renvoyer ses propres spectateurs à leurs propres contradictions et leur propre voyeurisme, Episodes mérite plus que d'être vue comme une énième parodie de Hollywood. Comme en plus, ses dialogues sont savoureux et son casting (citons encore Kathleen Rose Perkins, absolument réjouissante) de très haute volée, il n'y a pas de raison de se priver.
Episodes (saison 1), créée par David Crane et Jeffrey Klarik (Showtime, 2011)
Vraiment une très bonne série ! Je n'attendais pas grand chose mais j'ai été pleinement convaincue, surtout par les acteurs qui sont tous très bons. Matt Leblanc en premier bien sûr, on le redécouvre complètement.
RépondreSupprimerJe ne dirais pas qu'on "redécouvre LeBlanc", parce qu'au fil des saisons de Friends il avait déjà beaucoup enrichi son personnage, en avait fait un type sensible et très touchant. Mais c'est vrai que dans Episodes il est vraiment excellent y compris dans les registres pas du tout comiques (même si son personnage a un côté ridicule). Bref c'est vraiment une belle surprise cette série ;)
RépondreSupprimerMoui. L'analyse est pertinente - je ne dirai pas le contraire - mais si l'on s'écarte du méta, le contenu m'a paru assez convenu. Enfin cela se regarde sans déplaisir.
RépondreSupprimerKam & Lil' >>> je ne sais pas. Quelque part je m'en veux d'avoir fait long sur LeBlanc, car justement l'une des principales qualités de la série est de ne pas tout miser sur lui (et l'une de ses principales qualités est de ne pas voler la vedette au duo de héros). Mais c'était difficile de ne pas en parler, sa prestation constituant un plus indéniable.
RépondreSupprimerJ-C >>> j'en tiens compte, la preuve : je n'ai mis que quatre diodes.
Bien sûr, Thomas, mais à lire l'article on a l'impression que c'est un gros 4 ^_^
RépondreSupprimerEt toi tu serais pas un gros chieur, par hasard ? ^^
RépondreSupprimer1er épisode regardé en début d'après-midi. Plutôt prometteur. Je m'y remets ce soir.
RépondreSupprimerEt j'attends avec impatience ton article / avis sur Entourage, vraiment l'une de mes séries préférées de ces dernières années ...
RépondreSupprimerPetit bémol sur le fait que Matt/Joey "portait (Friends) sur ses épaules". David Schwimmer se montre particulièrement brillant dans les saisons suivants son 2e divorce avec un jeu, ou plutôt un personnage un peu plus subtil que je trouve être le plus drôle à partir de ce moment-là.
RépondreSupprimerJ'ai l'impressiond'ailleurs qu'il s'opère finalement un déplacement du côté "loser sentimental" de Chandler (personnage locomotive selon moi jusque là, enfin toutes proportions gardées c'est pas Sheldon non plus...) puisque ce 2e divorce est synchrone avec le début de l'histoire entre Chandler et Monica.
Sinon dans la série rien à voir (encore qu'on reste sur la même chaîne et que la série est évoquée dans l'article), je me fais la remarque en ce moment au visionnage de Californication: Carla Gugino est-elle la Jessalyn Gilsig brune ?
Mais il est possible que je t'ai déjà demandé ton avis ton état second et que j'ai oublié.
Thierry >>> j'ai des pages et pages de notes, alors c'est un peu long à mettre en forme. J'espère produire un gros article pour fêter le début de la dernière saison, mais ce n'est pas garanti :-)
RépondreSupprimerMuze >>> il me semble que Carla a un profil différent (dans tous les sens du terme - ah ah ah). C'est plutôt une actrice de ciné (sa filmo est trois fois plus) qui fait de brèves apparitions à la télé, de mon point de vue. En plus elle s'est faite à plusieurs reprises (Spin City, Karen Sisco...) quand Jess, elle, les emmerde tous et part toujours la tête haute :-)