...
Certains paradoxes ont le don d'étonner. De toute la vague de reformations d'ex-idoles des seventies (et des eighties, et des sixties... et même de plus en plus des nineties), celle de ces vieilles putes glam de New York Dolls est probablement celle qui tient le mieux debout, loin de ces Stooges jamais aussi bien nommés, de ces Vaselines devenues parodies d'elles-mêmes, de tous ces groupes cultes ou mythiques se métamorphosant les uns après les autres en formations de stades à peine dignes de remplir des salles des fêtes de Creuse. Or, s'il en est bien sur laquelle on s'attarde peu et dont, bon an mal an, tout le monde se branle... ce sont assurément ces bons vieux Dolls, qui désespèrent de s'installer durablement sur un label (les voici désormais chez 479 Records, le troisième depuis leur retour en 2004) et dont les nouvelles sorties ont généralement à peine plus de presse que certains des jeunes groupes garage les imitant de bout en bout d'albums scolaires et appliqués.
Certes, le simple fait que cette reformation ait bonne mine constitue en soi l'un des plus stupéfiants paradoxes de la dernière décennie rock. Tout était réuni, sur la ligne de départ, pour que ce come-back tourne au ridicule : les mecs n'avaient pas joués ensemble depuis trente ans au bas mot, la moitié des membres d'origine (et non des moindres !) étaient morts depuis belle lurette en 2004, un autre - l'inénarrable Arthur Kane - a clamsé avant que ses copains ne se décident à recommencer à composer, et les survivants, Johansen et Sylvain, portent l'étiquette "ringards" depuis 1979 au minimum. Et pourtant contre toute attente et même en dépit de la plus élémentaire logique, les Dolls publient aujourd'hui leur troisième chouette disque R&B depuis 2007 et le remarquable One Day It Will Please Us to Remember Even This.
Mille raisons pourraient être avancées pour expliquer cette improbable pérennité, dont aucune ne serait complètement satisfaisante. La vérité, c'est tout simplement qu'il se dégage de ces Dolls version 2ks une forme d'authenticité improbable, de fidélité à eux-mêmes (ou du moins à leur nom et à leur légende) qui les rends indubitablement plus sympathiques qu'Iggy lorsqu'il s'empresse d'aller sortir James Williamson de sa retraite à peine le cadavre de Ron Asheton tiède. Les trois nouveaux albums du groupe ont chacun une couleur propre, l'ambiance se faisant de plus en plus bluesy au fil des années ; le répertoire est élégant à défaut d'être étincelant (il suffit d'écouter "You Don't Have to Cry" sur ce cru 2011, ballade rétro d'un agréable consommé), le contenu jamais indigent.
Comme ses "deux" prédécesseurs, Dancing Backward in High Heels est un album de rock'n'roll vintage sans prétention, plein de chansons efficaces et mâtiné de cette forme d'auto-dérision inhérente à David Johansen (ici "I'm so Fabulous" ou "I Sold My Heart to the Junkman"), seul maître à bord d'un groupe, désormais rejoint par l'ex-Louis XIV Jason Hill et surtout l'ex-Blondie Frank Infante, aussi respectueux de son public que de son cahier des charges. C'est simple et rentre-dedans, sans sucre ajouté (les Dolls, même vieux et reformés, ne sont pas du genre à verser dans le racolage FM, la superproduction clinquante ou - pire encore - l'imitation de leur indigne progéniture), un peu classe et un peu sexy. C'a surtout l'intelligence de ne jamais essayer de se mesurer aux deux chef-d'œuvre des seventies (The New York Dolls et Too Much Too Soon, faut-il le préciser ?), du coup on est obligé d'adhérer : ça tient la route, c'est bien écrit et bien produit, et quitte à écouter du rock vintage toute l'année, comment ne pas faire confiance à des mecs qui savent de quoi ils causent ?
Dancing Backward in High Heels, des New York Dolls (2011)
Certains paradoxes ont le don d'étonner. De toute la vague de reformations d'ex-idoles des seventies (et des eighties, et des sixties... et même de plus en plus des nineties), celle de ces vieilles putes glam de New York Dolls est probablement celle qui tient le mieux debout, loin de ces Stooges jamais aussi bien nommés, de ces Vaselines devenues parodies d'elles-mêmes, de tous ces groupes cultes ou mythiques se métamorphosant les uns après les autres en formations de stades à peine dignes de remplir des salles des fêtes de Creuse. Or, s'il en est bien sur laquelle on s'attarde peu et dont, bon an mal an, tout le monde se branle... ce sont assurément ces bons vieux Dolls, qui désespèrent de s'installer durablement sur un label (les voici désormais chez 479 Records, le troisième depuis leur retour en 2004) et dont les nouvelles sorties ont généralement à peine plus de presse que certains des jeunes groupes garage les imitant de bout en bout d'albums scolaires et appliqués.
Certes, le simple fait que cette reformation ait bonne mine constitue en soi l'un des plus stupéfiants paradoxes de la dernière décennie rock. Tout était réuni, sur la ligne de départ, pour que ce come-back tourne au ridicule : les mecs n'avaient pas joués ensemble depuis trente ans au bas mot, la moitié des membres d'origine (et non des moindres !) étaient morts depuis belle lurette en 2004, un autre - l'inénarrable Arthur Kane - a clamsé avant que ses copains ne se décident à recommencer à composer, et les survivants, Johansen et Sylvain, portent l'étiquette "ringards" depuis 1979 au minimum. Et pourtant contre toute attente et même en dépit de la plus élémentaire logique, les Dolls publient aujourd'hui leur troisième chouette disque R&B depuis 2007 et le remarquable One Day It Will Please Us to Remember Even This.
Mille raisons pourraient être avancées pour expliquer cette improbable pérennité, dont aucune ne serait complètement satisfaisante. La vérité, c'est tout simplement qu'il se dégage de ces Dolls version 2ks une forme d'authenticité improbable, de fidélité à eux-mêmes (ou du moins à leur nom et à leur légende) qui les rends indubitablement plus sympathiques qu'Iggy lorsqu'il s'empresse d'aller sortir James Williamson de sa retraite à peine le cadavre de Ron Asheton tiède. Les trois nouveaux albums du groupe ont chacun une couleur propre, l'ambiance se faisant de plus en plus bluesy au fil des années ; le répertoire est élégant à défaut d'être étincelant (il suffit d'écouter "You Don't Have to Cry" sur ce cru 2011, ballade rétro d'un agréable consommé), le contenu jamais indigent.
Comme ses "deux" prédécesseurs, Dancing Backward in High Heels est un album de rock'n'roll vintage sans prétention, plein de chansons efficaces et mâtiné de cette forme d'auto-dérision inhérente à David Johansen (ici "I'm so Fabulous" ou "I Sold My Heart to the Junkman"), seul maître à bord d'un groupe, désormais rejoint par l'ex-Louis XIV Jason Hill et surtout l'ex-Blondie Frank Infante, aussi respectueux de son public que de son cahier des charges. C'est simple et rentre-dedans, sans sucre ajouté (les Dolls, même vieux et reformés, ne sont pas du genre à verser dans le racolage FM, la superproduction clinquante ou - pire encore - l'imitation de leur indigne progéniture), un peu classe et un peu sexy. C'a surtout l'intelligence de ne jamais essayer de se mesurer aux deux chef-d'œuvre des seventies (The New York Dolls et Too Much Too Soon, faut-il le préciser ?), du coup on est obligé d'adhérer : ça tient la route, c'est bien écrit et bien produit, et quitte à écouter du rock vintage toute l'année, comment ne pas faire confiance à des mecs qui savent de quoi ils causent ?
Dancing Backward in High Heels, des New York Dolls (2011)
C'est vrai que c'est plutôt sympathique.
RépondreSupprimerCe ne sont pas du tout les Dolls, mais cela se laisse écouter. Sans déplaisir.
BBB.
"les Dolls, même vieux et reformés, ne sont pas du genre à verser dans [...] la superproduction clinquante ou - pire encore - l'imitation de leur indigne progéniture"
RépondreSupprimerArf, tu viens de me faire repenser au retour (ou aux "renvois" ?) de Gang Of Four ;(
Me suis jamais penché sur les albums solos post-Dolls, ni sur cette reformation, et comme je te fais un peu confiance, je vais ptêt y jeter une oreille ^^
Tiens, j'étais complètement passé au travers.
RépondreSupprimerThank U the golb !
Alors, les gars ? Ça tient debout, non ?
RépondreSupprimerEt pas qu'un peu ! ^^
RépondreSupprimerJe suis surpris j'avoue. J'avais écouté le premier de la reformation "One Day It Will Please Us to Remember Even This" et j'avais trouvé ca vraiment naze au possible. A voir donc...
RépondreSupprimerAh ? Je ne l'écoute jamais mais dans mon souvenir cet un album qui tenait bien la route (et j'adorais sa pochette)
RépondreSupprimer