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[Article paru en janvier sur Interlignage] Parmi la profusion d’albums parus en un mois de janvier 2011 bien moins calme que les précédents, il en était un que l’on attendait tout particulièrement – et depuis un bon moment. Parce que Natacha Le Jeune, pour avoir prêté sa voix et son extraordinaire présence aux deux (indispensables) albums d’AS Dragon, occupe une place à part sur la scène rock française. Parce qu’on a suivi son nouveau projet sur scène depuis les tous débuts. Parce que mine de rien, cet album s’est fait attendre, des années s’étant écoulées depuis ce soir où l’épouse de l’auteur de ces lignes, fan inconditionnelle, découvrit le myspace d’un groupe qui n’avait pas encore de nom et les chansons d’une nana qui décidément, n’en finissait pas de nous épater.
De fait, au moment d’enfin poser l’objet du délit sur la platine, on a un peu de mal à l’aborder de manière neutre et objective. On n’a pas des relations neutres et objectives avec ce groupe-là, on n’en veut d’ailleurs pas, et même en voudrait-on qu’on pourrait difficilement avoir l’oreille vierge – on connaît déjà toutes les chansons ici présentes, certaines depuis très longtemps. C’est le cas de "Paris ne t’aime pas", post-punk catchy ouvrant le disque pied au planché, et qui demeure en 2011 comme en 2010 et comme en 2009 le meilleur morceau du groupe. Depuis des années qu’on voulait écouter ce morceau à volonté, chez soi, tranquille (enfin « tranquille », c’est une façon de parler hein – ça donne surtout envie de sauter partout)… Petite précision à ce stade : en réalité, nous n’avons pas non plus vu le groupe cent-cinquante fois en concert (il n’en a d’ailleurs pas fait tant que ça), mais juste… deux. Le fait qu’on se souvienne de "Paris ne t’aime pas", Nu dans ton jean ou "Goodbye Superman" comme si elles avaient tournées en rotation lourde sur la platine ces deux dernières années… cela dit tout de la qualité d’écriture d‘Oh La La!, dont plus d’une moitié des compos relève de l’enchaînement de tubes en puissance (citons encore "Rendez-vous avec un salaud" et ses réminiscences de Jad Wio, ou "Carmen", char d’assaut electro-pop quasi imparable).
Ici s’arrêtent hélas les dithyrambes, car cette qualité pop incontestable est également la principale limite d’Oh La La! (l’album). Une improbable enfilade de tubes, oui, une suite de singles qui dans un pays plus rock’n'roll mettraient toutes les radios à genoux… sans aucun doute… sauf que cet album a un peu trop tendance à n’être « que » cela. Parfois un poil trop léger, un poil trop dance (dans l’esprit, pas dans le son)… plus osseux, avec ses rythmiques froides et industrielles, que sensuel et réellement charnel. Loin de l’ambition, de la sauvagerie et surtout de la mélancolie de feu AS Dragon (on ne devrait pas faire cette comparaison, mais comment l’éviter ? Et puis ce n’est pas comme si Natacha était partie dans une galaxie radicalement opposée, beaucoup de morceaux d’Oh La La! auraient pu figurer chez son ancien groupe), l’album s’avère au fil des écoutes assez linéaire, rempli d’excellentes mélodies mais manquant parfois un peu de relief dans la prod et de chaleur dans l’atmosphère. Trop court, aussi. C’est-à-dire qu’une fois éliminés les deux (seuls) titres dépourvus d’intérêt qu’il renferme ("Really Nothing" – d’autant plus fade qu’il est coincé entre deux des meilleurs morceaux du disque – et "Tomorrow", final purement et simplement insipide), il ne reste jamais que moins d’une demi-heure. Et encore, c’est en considérant qu’un "Poing c’est tout", duo avec l’éternellement lourdingue et surestimé Philippe Katerine, puisse résister à l’épreuve du temps (ce qui n’est pas le cas : sans être un mauvais morceau du tout, il lasse assez rapidement).
Bref, en dépit de qualités évidentes, nombreuses, même… difficile de ne pas être un peu déçu tout de même. Sans doute le fait de connaitre les titres depuis si longtemps, de les avoir attendus si longtemps, a-t-il entraîné une légère idéalisation. On n’a pas tout à fait le plaisir de la découverte, et l’on se surprend même à discuter des tempos ou de détails de production qui n’intéresseraient probablement pas grand monde. Reste que demeurer un peu sur notre faim sur la durée du LP ne nous empêchera pas, c’est une certitude, d’écouter inlassablement la poignée de pépites qu’il referme. Ni bien sûr d’aller acclamer Oh La La! sur scène – une fois de plus. Ou deux ou dix.
Oh La La!, d’Oh La La! (2011)
[Article paru en janvier sur Interlignage] Parmi la profusion d’albums parus en un mois de janvier 2011 bien moins calme que les précédents, il en était un que l’on attendait tout particulièrement – et depuis un bon moment. Parce que Natacha Le Jeune, pour avoir prêté sa voix et son extraordinaire présence aux deux (indispensables) albums d’AS Dragon, occupe une place à part sur la scène rock française. Parce qu’on a suivi son nouveau projet sur scène depuis les tous débuts. Parce que mine de rien, cet album s’est fait attendre, des années s’étant écoulées depuis ce soir où l’épouse de l’auteur de ces lignes, fan inconditionnelle, découvrit le myspace d’un groupe qui n’avait pas encore de nom et les chansons d’une nana qui décidément, n’en finissait pas de nous épater.
De fait, au moment d’enfin poser l’objet du délit sur la platine, on a un peu de mal à l’aborder de manière neutre et objective. On n’a pas des relations neutres et objectives avec ce groupe-là, on n’en veut d’ailleurs pas, et même en voudrait-on qu’on pourrait difficilement avoir l’oreille vierge – on connaît déjà toutes les chansons ici présentes, certaines depuis très longtemps. C’est le cas de "Paris ne t’aime pas", post-punk catchy ouvrant le disque pied au planché, et qui demeure en 2011 comme en 2010 et comme en 2009 le meilleur morceau du groupe. Depuis des années qu’on voulait écouter ce morceau à volonté, chez soi, tranquille (enfin « tranquille », c’est une façon de parler hein – ça donne surtout envie de sauter partout)… Petite précision à ce stade : en réalité, nous n’avons pas non plus vu le groupe cent-cinquante fois en concert (il n’en a d’ailleurs pas fait tant que ça), mais juste… deux. Le fait qu’on se souvienne de "Paris ne t’aime pas", Nu dans ton jean ou "Goodbye Superman" comme si elles avaient tournées en rotation lourde sur la platine ces deux dernières années… cela dit tout de la qualité d’écriture d‘Oh La La!, dont plus d’une moitié des compos relève de l’enchaînement de tubes en puissance (citons encore "Rendez-vous avec un salaud" et ses réminiscences de Jad Wio, ou "Carmen", char d’assaut electro-pop quasi imparable).
Ici s’arrêtent hélas les dithyrambes, car cette qualité pop incontestable est également la principale limite d’Oh La La! (l’album). Une improbable enfilade de tubes, oui, une suite de singles qui dans un pays plus rock’n'roll mettraient toutes les radios à genoux… sans aucun doute… sauf que cet album a un peu trop tendance à n’être « que » cela. Parfois un poil trop léger, un poil trop dance (dans l’esprit, pas dans le son)… plus osseux, avec ses rythmiques froides et industrielles, que sensuel et réellement charnel. Loin de l’ambition, de la sauvagerie et surtout de la mélancolie de feu AS Dragon (on ne devrait pas faire cette comparaison, mais comment l’éviter ? Et puis ce n’est pas comme si Natacha était partie dans une galaxie radicalement opposée, beaucoup de morceaux d’Oh La La! auraient pu figurer chez son ancien groupe), l’album s’avère au fil des écoutes assez linéaire, rempli d’excellentes mélodies mais manquant parfois un peu de relief dans la prod et de chaleur dans l’atmosphère. Trop court, aussi. C’est-à-dire qu’une fois éliminés les deux (seuls) titres dépourvus d’intérêt qu’il renferme ("Really Nothing" – d’autant plus fade qu’il est coincé entre deux des meilleurs morceaux du disque – et "Tomorrow", final purement et simplement insipide), il ne reste jamais que moins d’une demi-heure. Et encore, c’est en considérant qu’un "Poing c’est tout", duo avec l’éternellement lourdingue et surestimé Philippe Katerine, puisse résister à l’épreuve du temps (ce qui n’est pas le cas : sans être un mauvais morceau du tout, il lasse assez rapidement).
Bref, en dépit de qualités évidentes, nombreuses, même… difficile de ne pas être un peu déçu tout de même. Sans doute le fait de connaitre les titres depuis si longtemps, de les avoir attendus si longtemps, a-t-il entraîné une légère idéalisation. On n’a pas tout à fait le plaisir de la découverte, et l’on se surprend même à discuter des tempos ou de détails de production qui n’intéresseraient probablement pas grand monde. Reste que demeurer un peu sur notre faim sur la durée du LP ne nous empêchera pas, c’est une certitude, d’écouter inlassablement la poignée de pépites qu’il referme. Ni bien sûr d’aller acclamer Oh La La! sur scène – une fois de plus. Ou deux ou dix.
Découvrez la playlist Oh La La! avec Oh La La !
Oh La La!, d’Oh La La! (2011)
Moi j'aime bien cet album. Dansant, sexy, sans prise de tête. Comme moi ^^
RépondreSupprimerDe même ! Mon côté midinette.
RépondreSupprimerMarion >>> ah mais moi aussi je l'aime bien. Mais pas plus que bien.
RépondreSupprimerColine >>> tu as une drôle définition de "midinette" on dirait :-))
Ah je n'étais même pas au courant de la sortie de son premier album ! Que de souvenirs incroyables des lives de AS Dragon ! Je vais m'écouter ça asap ! :)
RépondreSupprimerFranchement sans intérêt. C'est tout toc et sans âme, tout le contraire d'as dragon.
RépondreSupprimerSans aller jusqu'à parler de toc je partage un peu l'avis de mika, il y a un côté assez artificiel dans ce disque. Ca doit venir aussi de la production que je trouve un peu légère, un peu amateur sur les bords.
RépondreSupprimerToc, c'est excessif, oui.
RépondreSupprimerMais cet album manque de classe. Il préfère le sexe au sexy, l'élégance et la suggestion n'en sortent pas gagnantes.
Dommage, AS Dragon était un bon groupe.
BBB.
Mais carrément ! Bien vu Mister B !
RépondreSupprimerIl vous en prie :-)
RépondreSupprimerBenjamin >>> mais comment as-tu fait ? Ils ont quand même eu énormément de presse depuis janvier. Bon je dis ça, mais je suis le premier à avoir un train de retard sur ce qui marche vraiment :-)
RépondreSupprimermika & Lil' >>> tout ce qui ressemble de près ou de loin à de l'electro-pop n'est-il pas artificiel par essence ?...
BBB. >>> c'est un point de vue intéressant, et pertinent pour au moins certains titres...
Je lui trouve un côté bubble gum assez lourd à cet album...et sur scène c'est assez moyen, un comble pour cette fille!!!! Ahhhhhh (gros soupir) AS Dragon! qui restera le meilleur groupe français de ces 10 dernières années, tiens je vais me réecouter avec plaisir le cultissime "Spanked".
RépondreSupprimerJe crois qu'à la longue en arrive à peu près à cette conclusion.
RépondreSupprimerSur scène je les ai vus deux fois, une fois au tout début (c'était genre le deuxième concert du groupe), c'était excellent, et une fois il y a quelques mois, c'était très quelconque. Je crois que les articles parlent d'eux-mêmes quant au pourquoi du comment.