...
Plus de vingt après, la question n'a toujours pas été tranchée. On ne sait toujours pas si Nowhere, premier et (de loin) meilleur album de Ride, fut le premier chef-d'œuvre des années quatre-vingt-dix ou le dernier des années quatre-vingt. Bien sûr, du point de vue comptable, le doute n'est pas permis : il est bel bien sorti à la fin de l'année 1990. Mais musicalement, soniquement, on n'y trouvera rien de ce qui déchaînera les foules dans les années qui suivront. Nowhere n'est pas un disque britpop (bien qu'il ait considérablement influencé la première vague), encore moins grunge. L'on y trouve des murs de sons, tous les potards y sont à fond, et le groupe regardait bel et bien ses chaussures. Nowhere, c'est l'apogée du shoegazing. C'en est aussi, chronologiquement, le début de la fin. Les Pale Saints ont déjà sorti The Comforts of Madness, Slowdive et My Bloody Valentine s'apprêtent à balancer respectivement Just for a Day et Loveless. Lush viendra un peu plus tard, mais Lush a toujours été un cas un peu à part, et n'a jamais vraiment sorti d'album majeur (quoique leurs trois disques aient été excellents). En 1990/91, Ride, lui, a su faire le break et conquérir les charts, ce dont Kevin Shields aurait été bien incapable (il ne le souhaitait d'ailleurs peut-être pas).
Avec le recul, cela n'a pas grand-chose de surprenant. Ride avait pour lui un sens mélodique exceptionnel, assorti d'une capacité à crossoveriser tout ce qui bouge qui, aujourd'hui encore, impressionne. C'est shoegaze, aucun doute là-dessus. Mais c'est aussi merveilleusement pop ('Kaleidoscope'), new-wave ('Here & Now'), dream ('Seagull')... l'éventail de possibilités semble infini, c'est d'autant plus surprenant que le groupe ne fera que décliner album après album. Cela reste de toute façon plutôt pas mal pour un groupe que certains persistent encore à considérer comme d'aimables seconds couteaux à l'éphémère succès - comme si "éphémère" était synonyme d' "immérité". Tu parles, Charles : Nowhere est tout simplement le meilleur album shoegaze/noisy-pop de son époque, à égalité avec les deux My Blood Valentine (quoique dans un registre finalement assez différent). Un album troublant et transpirant pétri de classiques ('In a Different Place', 'Polar Bear', 'Paralysed'...) et, comme de juste, inlassablement réédité depuis dix ans que le genre a de nouveau la considération de la critique.
De plus en plus long au fil du temps (il est passé de huit titres à onze puis de onze à quinze, sans jamais rien perdre en qualité ni en intégrité), le voici désormais assorti, dans cette ultime réédition un brin en retard, d'une petite heure de live enregistrée au Roxy en avril 91. Le groupe de Mark Gardener et Andy Bell, alors au zénith de sa carrière (ils commencent à attaquer les charts US... où ils n'atteindront malheureusement jamais le Top Ten), y délivre une prestation de toute évidence réussie, même si l'enregistrement est assez bizarre, puisque tout y est très en avant (sauf le public, bizarrement) et que l'on entend finalement beaucoup plus la voix et la batterie que les fameux murs de guitares. Ni très bruyant ni vraiment planant, Ride y perd beaucoup de son charme, malgré la présence de quelques très bons moments ('Like a Daydream', 'Chelsea Girl'...). On préfèrera cent fois le Live at Reading'92 édité il y a une dizaine d'années ; les mélodies étaient alors plus évanescente que jamais, et c'était à peine si l'on sentait que l'avenir du groupe était déjà derrière lui.
Ride, deux rééditions en une seule :
Nowhere (1990)
Live at the Roxy, LA, April 10th, 1991 (2011)
Plus de vingt après, la question n'a toujours pas été tranchée. On ne sait toujours pas si Nowhere, premier et (de loin) meilleur album de Ride, fut le premier chef-d'œuvre des années quatre-vingt-dix ou le dernier des années quatre-vingt. Bien sûr, du point de vue comptable, le doute n'est pas permis : il est bel bien sorti à la fin de l'année 1990. Mais musicalement, soniquement, on n'y trouvera rien de ce qui déchaînera les foules dans les années qui suivront. Nowhere n'est pas un disque britpop (bien qu'il ait considérablement influencé la première vague), encore moins grunge. L'on y trouve des murs de sons, tous les potards y sont à fond, et le groupe regardait bel et bien ses chaussures. Nowhere, c'est l'apogée du shoegazing. C'en est aussi, chronologiquement, le début de la fin. Les Pale Saints ont déjà sorti The Comforts of Madness, Slowdive et My Bloody Valentine s'apprêtent à balancer respectivement Just for a Day et Loveless. Lush viendra un peu plus tard, mais Lush a toujours été un cas un peu à part, et n'a jamais vraiment sorti d'album majeur (quoique leurs trois disques aient été excellents). En 1990/91, Ride, lui, a su faire le break et conquérir les charts, ce dont Kevin Shields aurait été bien incapable (il ne le souhaitait d'ailleurs peut-être pas).
Avec le recul, cela n'a pas grand-chose de surprenant. Ride avait pour lui un sens mélodique exceptionnel, assorti d'une capacité à crossoveriser tout ce qui bouge qui, aujourd'hui encore, impressionne. C'est shoegaze, aucun doute là-dessus. Mais c'est aussi merveilleusement pop ('Kaleidoscope'), new-wave ('Here & Now'), dream ('Seagull')... l'éventail de possibilités semble infini, c'est d'autant plus surprenant que le groupe ne fera que décliner album après album. Cela reste de toute façon plutôt pas mal pour un groupe que certains persistent encore à considérer comme d'aimables seconds couteaux à l'éphémère succès - comme si "éphémère" était synonyme d' "immérité". Tu parles, Charles : Nowhere est tout simplement le meilleur album shoegaze/noisy-pop de son époque, à égalité avec les deux My Blood Valentine (quoique dans un registre finalement assez différent). Un album troublant et transpirant pétri de classiques ('In a Different Place', 'Polar Bear', 'Paralysed'...) et, comme de juste, inlassablement réédité depuis dix ans que le genre a de nouveau la considération de la critique.
De plus en plus long au fil du temps (il est passé de huit titres à onze puis de onze à quinze, sans jamais rien perdre en qualité ni en intégrité), le voici désormais assorti, dans cette ultime réédition un brin en retard, d'une petite heure de live enregistrée au Roxy en avril 91. Le groupe de Mark Gardener et Andy Bell, alors au zénith de sa carrière (ils commencent à attaquer les charts US... où ils n'atteindront malheureusement jamais le Top Ten), y délivre une prestation de toute évidence réussie, même si l'enregistrement est assez bizarre, puisque tout y est très en avant (sauf le public, bizarrement) et que l'on entend finalement beaucoup plus la voix et la batterie que les fameux murs de guitares. Ni très bruyant ni vraiment planant, Ride y perd beaucoup de son charme, malgré la présence de quelques très bons moments ('Like a Daydream', 'Chelsea Girl'...). On préfèrera cent fois le Live at Reading'92 édité il y a une dizaine d'années ; les mélodies étaient alors plus évanescente que jamais, et c'était à peine si l'on sentait que l'avenir du groupe était déjà derrière lui.
Ride, deux rééditions en une seule :
Nowhere (1990)
Live at the Roxy, LA, April 10th, 1991 (2011)