...
[Article précédemment paru sur Dans le mur... du son] Évidemment, c'est une curieuse initiative. Un tout petit label publiant deux albums le même jour est déjà en soi surprenant, alors un tout petit label publiant le même jour deux albums du même artiste, c'est carrément... euh... surprenant aussi. Même s'il s'agit d'un bon, et Robin Adams, dont nous vous avions déjà parlé l'an passé, n'est pas le plus mauvais dans sa partie. En fait - mettons fin à tout suspens - il pourrait même incessamment sous peu être considéré comme l'un des meilleurs de ladite partie, pour peu que quelqu'un d'autre que Dans le mur du son ! prenne la peine de s'y intéresser. Car l'auteur de l'attachant Down to Reverie vient de très nettement changer de division, et accessoirement de publier deux des tous meilleurs albums de ce premier trimestre 2011. Voire de l'année 2011 - tout court.
Rien de très original sur le papier, pourtant : comme tout folkeux digne de ce nom, Adams est frappé de cette schizophrénie bien connue voulant qu'il ne parvienne jamais complètement à savoir s'il préfère s'épancher en acoustique ou en électrique, avec des compos dépouillées ou joliment produites. Faute de pouvoir trancher, il propose donc, comme d'autres avant lui, les deux. C'est ici que la surprise intervient : Be Gone et Robin Adams' Train Crash Choir sont réellement très différents, et si le premier est plus attendu (Down to Reverie évoluait déjà dans cette veine très folk), le second est tout à fait détonnant dans un registre pop-rock un peu garage parfaitement référencée et maîtrisée. Quand certains de ses congénères peinent à délimiter leur champ d'investigation dès lors qu'ils branchent les amplis, Robin Adams trouve son ton très facilement et se paie même le luxe, le salopiaud, d'enquiller un nombre hallucinant de tubes en puissance. Difficile de savoir quel est le meilleur single-killer entre "Mr Hyde" (qui emprunte à U2 mais s'arrête juste avant de virer pop gros-cul), "Don't Get Me Down" (médaille d'or du morceau le plus entêtant du mois) ou "Double Vision" (la chanson que les Dandys Warhols essaient vainement d'écrire depuis dix ans). Et encore ne cite-t-on là que les trois premiers titres, qui ne sont même pas les meilleurs de Train Crash Choir, dont la seconde moitié, plus ouvertement psyché, renferme les pépites "Twos", "Passing Through" et "Another Night". La voix se fait alors poignante et la cote d'amour de cet album totalement impromptu déchire la stratosphère. Des dizaines et des dizaines d'écoutes plus tard, on ne s'en est toujours pas lassé.
En comparaison, Be Gone est plus convenu, disions-nous. Le propos est à nuancer : minimaliste, presque lo/fi, il s'avère effectivement beaucoup plus proche du premier album du jeune homme (façon de parler, j'ignore son âge). Forme similaire, oui, mais sa couleur diffère, Adams ayant semble-t-il renoncé pour un temps au lyrisme qui présidait à Down to Reverie pour faire le choix d'une folk plus rêche, assez rageuse même, à l'image d' "Investment Graveyard", sorte de "Chimes of Freedom" revisité par la crise économique et porté par un refrain parfait ("So I Fuck you / Fuck your money..." - on n'aurait pas dit mieux). Là aussi, on n'est pas loin du tube en puissance, du genre que n'aurait pas renié l'autre R. Adams. Un Ryan que Robin évoque d'ailleurs à s'y méprendre sur "Dead End" ou "Too Fast". Même ton crissant entre mélancolie et ironie, même voix un peu résignée... si on était méchant (pour lequel des deux, à vous de voir), on serait tenté de dire que Be Gone est le meilleur album de Ryan Adams depuis Heartbreaker. Méchant et un peu injuste, car Robin évolue dans un registre bien plus contemplatif et, pas la force des choses, plus feutré. Son album acoustique lorgne plus souvent sur les historiettes au coin du feu que le folk-rock catchy. Du moins sur Be Gone, puisque vous l'aurez compris, la particularité de ce garçon est de briller dans deux domaines diamétralement opposés. Honnêtement, on avait beau trouver Down to Reverie réussi et attachant, il était difficile de s'attendre à un tel bond qualitatif. Et si l'an passé, en reprenant la chronique de Down to a Reverie sur mon propre blog, je l'avais renommée "Robin Adams. Qui ça ?"... cette année la question ne se pose plus ; il faudra bien se résoudre à écrire "Robin Adams, oui. Celui-là même".
Robin Adams' Train Crash Choir (2011)
Be Gone (2011)
[Article précédemment paru sur Dans le mur... du son] Évidemment, c'est une curieuse initiative. Un tout petit label publiant deux albums le même jour est déjà en soi surprenant, alors un tout petit label publiant le même jour deux albums du même artiste, c'est carrément... euh... surprenant aussi. Même s'il s'agit d'un bon, et Robin Adams, dont nous vous avions déjà parlé l'an passé, n'est pas le plus mauvais dans sa partie. En fait - mettons fin à tout suspens - il pourrait même incessamment sous peu être considéré comme l'un des meilleurs de ladite partie, pour peu que quelqu'un d'autre que Dans le mur du son ! prenne la peine de s'y intéresser. Car l'auteur de l'attachant Down to Reverie vient de très nettement changer de division, et accessoirement de publier deux des tous meilleurs albums de ce premier trimestre 2011. Voire de l'année 2011 - tout court.
Rien de très original sur le papier, pourtant : comme tout folkeux digne de ce nom, Adams est frappé de cette schizophrénie bien connue voulant qu'il ne parvienne jamais complètement à savoir s'il préfère s'épancher en acoustique ou en électrique, avec des compos dépouillées ou joliment produites. Faute de pouvoir trancher, il propose donc, comme d'autres avant lui, les deux. C'est ici que la surprise intervient : Be Gone et Robin Adams' Train Crash Choir sont réellement très différents, et si le premier est plus attendu (Down to Reverie évoluait déjà dans cette veine très folk), le second est tout à fait détonnant dans un registre pop-rock un peu garage parfaitement référencée et maîtrisée. Quand certains de ses congénères peinent à délimiter leur champ d'investigation dès lors qu'ils branchent les amplis, Robin Adams trouve son ton très facilement et se paie même le luxe, le salopiaud, d'enquiller un nombre hallucinant de tubes en puissance. Difficile de savoir quel est le meilleur single-killer entre "Mr Hyde" (qui emprunte à U2 mais s'arrête juste avant de virer pop gros-cul), "Don't Get Me Down" (médaille d'or du morceau le plus entêtant du mois) ou "Double Vision" (la chanson que les Dandys Warhols essaient vainement d'écrire depuis dix ans). Et encore ne cite-t-on là que les trois premiers titres, qui ne sont même pas les meilleurs de Train Crash Choir, dont la seconde moitié, plus ouvertement psyché, renferme les pépites "Twos", "Passing Through" et "Another Night". La voix se fait alors poignante et la cote d'amour de cet album totalement impromptu déchire la stratosphère. Des dizaines et des dizaines d'écoutes plus tard, on ne s'en est toujours pas lassé.
En comparaison, Be Gone est plus convenu, disions-nous. Le propos est à nuancer : minimaliste, presque lo/fi, il s'avère effectivement beaucoup plus proche du premier album du jeune homme (façon de parler, j'ignore son âge). Forme similaire, oui, mais sa couleur diffère, Adams ayant semble-t-il renoncé pour un temps au lyrisme qui présidait à Down to Reverie pour faire le choix d'une folk plus rêche, assez rageuse même, à l'image d' "Investment Graveyard", sorte de "Chimes of Freedom" revisité par la crise économique et porté par un refrain parfait ("So I Fuck you / Fuck your money..." - on n'aurait pas dit mieux). Là aussi, on n'est pas loin du tube en puissance, du genre que n'aurait pas renié l'autre R. Adams. Un Ryan que Robin évoque d'ailleurs à s'y méprendre sur "Dead End" ou "Too Fast". Même ton crissant entre mélancolie et ironie, même voix un peu résignée... si on était méchant (pour lequel des deux, à vous de voir), on serait tenté de dire que Be Gone est le meilleur album de Ryan Adams depuis Heartbreaker. Méchant et un peu injuste, car Robin évolue dans un registre bien plus contemplatif et, pas la force des choses, plus feutré. Son album acoustique lorgne plus souvent sur les historiettes au coin du feu que le folk-rock catchy. Du moins sur Be Gone, puisque vous l'aurez compris, la particularité de ce garçon est de briller dans deux domaines diamétralement opposés. Honnêtement, on avait beau trouver Down to Reverie réussi et attachant, il était difficile de s'attendre à un tel bond qualitatif. Et si l'an passé, en reprenant la chronique de Down to a Reverie sur mon propre blog, je l'avais renommée "Robin Adams. Qui ça ?"... cette année la question ne se pose plus ; il faudra bien se résoudre à écrire "Robin Adams, oui. Celui-là même".
Robin Adams' Train Crash Choir (2011)
Be Gone (2011)
Très sympa!
RépondreSupprimer;-)
RépondreSupprimerDeux très très bons disques...
RépondreSupprimerTrès bon titre. Je note ça et je reviens en parler dès que j'ai trouvé le disque.
RépondreSupprimerContent que ça te plaise (à toi aussi Lyle, bien sûr, mais je le savais déjà)
RépondreSupprimerRobin Adams’ Train Crash Choir. Not one to be pigeonholed, a real contrast to Robin’s acoustic based work. Thomas Sinaeve @ French music site Dans Le Mur Du Son reckoned awarded a very fine 8 out of 10.
RépondreSupprimerThomas international !
La classe ^^
Ah ah... et encore, je t'ai pas dit que ma chronique des Yellowbirds sortait avant celle Pitchfork sur google :-D
RépondreSupprimerJ'avais bien constaté ce fait et lu ton comm' sur Interlignage.
RépondreSupprimer"Thomas, c'est plus fort que toi."
Et encore, tu ne m'as jamais serré la main. Il paraît que ceux qui le font sont transcendés :-)
RépondreSupprimerVivement octobre ^^
RépondreSupprimer