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Non mais qu'est-ce qu'elle branlent à la fin, les Reines de l'Âge de Pierre ? Quatre ans qu'on n'a pas vu l'ombre d'un album, side-projects (souvent décevants) mis à part, et pendant ce temps-là elles tournent, encore, toujours, inlassablement et sans relâche, revisitant un répertoire dont les trois quarts sont vieux de dix ans à la manière d'un groupe vulgairement reformé pour l'argent (le nerf de la guerre, sans aucun doute, aucun groupe de cette envergure n'enquille autant de dates par an s'il n'a pas besoin d'argent). On n'aura pas entendu des masses de nouveaux titres durant ce laps de temps, sur scène et encore moins en studio... en revanche le groupe vient de publier sa seconde réédition en à peine six mois, ce qui commence à inquiéter sévèrement pour sa santé : les Queens sont-elles en train de devenir une espèce de best of ambulant, vivant inlassablement sur ses fonds de tiroirs comme les premiers Stooges venus ? Si le sixième album du groupe paraît un jour (il était déjà prévu pour cette année... et pour l'année dernière, et pour celle d'avant...), on comprendra peut-être le pourquoi du comment du coma artistique dans lequel il semble s'être lui-même plongé.
Non pas que la réédition de Queens Of The Stone Age, premier du nom (enfin, troisième si l'on compte les splits EPs avec Kyuss puis Beaver) soit illégitime ; succès très modéré à l'époque, l'album était épuisé depuis des lustres et méritait sans aucun doute ce traitement, quoiqu'il se soit agit alors d'un groupe différent de celui que l'on connaît aujourd'hui. C'est un genre de premier jet, presque un album solo (Josh Homme y fait tout sauf la batterie, tenue par le tout aussi ex-Kyuss Alfredo Hernández ; Nick Oliveri lui-même n'y est qu'un guest... et encore même pas en tant que musicien), dont l'auteur aurait tort de rougir mais qui soutient tout de même assez mal la comparaison avec les trois chefs-d’œuvre qui lui succèderont. Hard-rock velu ('Avon', 'Mexicola'), QOTSA injecte une louche de pop dans un stoner assez traditionnel et beaucoup moins barré que celui de Kyuss, obtenant donc un genre de... grunge plutôt convaincant ('You Would Know'), qui remportera d'ailleurs un franc succès auprès du public metal (dont votre serviteur était alors, indiscutablement), au moins autant pour ses promesses que pour l'efficacité de ses morceaux ('Regular John' étant, probablement, le plus proche de ce que deviendront par la suite les Queens). Les pièces de l'architecture QOTSA s'y mettent en place progressivement, voix nettement plus catchy qu'ailleurs, rythmiques implacables ('Hispanic Impressions'), riffs tuant ('If Only')... moins le groove, ce petit truc en plus qui différencie aujourd'hui les Queens Of The Stone Age du premier groupe metal venu. Les meilleurs passages ne sont d'ailleurs pas nécessairement les plus raccords avec ce que l'on connaît et adore du groupe aujourd'hui, en témoigne 'The Bronze' heavy psyché complètement tordu et jouissif rappelant une fois de plus à quel point Josh Homme est à l'aise dans tous les styles - y compris vocalement.
Augmentée de trois titres (dont le susnommé 'The Bronze', repiqué sur le split avec Beaver, et probablement le meilleur du lot), cette réédition a l'idée pour le moins étrange d'intercaler lesdits bonus au milieu des morceaux de l'album original, peut-être histoire de donner l'impression que c'en est un nouveau. Pas de bol, la plupart des fans ont sans le moindre doute ces inédits (les deux autres sont 'These Aren't the Droids You're Looking for' et 'Spiders & Vinegaroon') depuis un bail, mais on reconnaîtra cependant que le tripatouillage de tracklist ne nuit pas plus que ça à un disque qui, c'est vrai, ne brillait pas spécialement par sa cohésion. C'est même peut-être la principale différence entre Queens Of The Stone Age et ses successeurs : sur cette première mouture, on est face à un groupe à chansons plus qu'à albums, c'est sans doute pourquoi on sera tenté de lui pardonner quelques morceaux assez dispensables. Ni véritable premier opus (à à peine vingt-cinq ans, Homme en a déjà quatre dans les jambes, dont au moins deux sont indispensables) ni véritable suite discographique, QOTSAest une passerelle entre deux univers, qu'il faut prendre comme telle parce que ses défauts proviennent directement de son essence. Ainsi s'il est aujourd'hui considéré éminemment mineur à l'aune de la discographie des Queens, il fut aussi jugé comme tel à l'époque... à l'aune de la discographie de Kyuss.
Quelque part, cela le rend d'autant plus important.
👍 Queens Of The Stone Age
Queens Of The Stone Age | Roadrunner, 1998 (2011 pour la présente édition)
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