Troisième génération de Skins, et tout en appréciant cette nouvelle cuvée on a du mal à ne pas se dire, à l'instar du camarade Joris dans son très bon papier, que rien n'est vraiment nouveau sous le soleil de Bristol (oui parce qu'à Bristol, dans Skins, il fait toujours beau - ce n'est pas la moindre des licences poétiques pour quiconque connaît ce coin de l'Angleterre). Le jugement est sévère et méritera sans doute d'être affiné après la sixième saison, puisqu'on sait désormais que Skins procède par succession de diptyques. Le jugement est sévère parce qu'à tout point de vue, cette nouvelle génération est bien plus touchante, crédible et convaincante que la précédente. Skins renoue avec ce qui faisait son identité et sa singularité, cette introspection adolescente souvent fascinante, ce traitement empathique des pires spécimens de connards de seize ans, ce rejet des points de vues neutres et objectifs, presque parentaux, qui font les autres séries pour teenagers. La poésie de ses débuts semble irrémédiablement perdue, a l'instar d'une forme de noirceur ; mais l'édifice tient, casting solide, écriture efficace à défaut d'être toujours très inspirée, bande-son fun et toujours aussi peu adolescente, dans le fond (pour vous dire : j'ai quasiment tous les albums qui composent cette B.O.). Et pourtant paradoxalement, on se dit que c'est mieux tout en pouvant de moins en moins réprimer un sentiment de lassitude au fur et à mesure que les années passent et que les générations se succèdent.
Oui. Skins est une série de plus en plus paradoxale. Parce que le temps défile et parce que tout change, quand la série reste égale à elle-même, du moins depuis trois saisons. Presque inaltérable. Le paradoxe découle très probablement de son concept et de l'idée de transformer le casting tous les deux ans, ce qui constitue déjà en soi un amusant paradoxe. Skins se cache derrière un paravent frappé de l'inscription en perpétuelle mutation, mais dès qu'on va jeter un œil derrière, on constate avec une moue dubitative qu'en réalité, la série n'a quasiment pas évolué depuis la saison deux. Bryan Elsley a beau changer les comédiens, changer les scénaristes (même son fil Jamie Brittain n'est plus dans le coup cette année)... le fait même qu'il procède ainsi témoigne non de sa capacité à renouveler son show, mais bien de son incapacité à le laisser grandir et évoluer. Il cherche sans doute sincèrement à lutter contre le risque de surenchère, ce moment fatidique où un personnage de série, souvent sans que ses créateurs s'en rendent compte, devient une caricature de lui-même. Le problème c'est que ce faisant, il interdit avant tout à ses caractères d'évoluer et à ses scénaristes de varier les thèmes : ils exploreront l'adolescence jusqu'à épuisement des sujets (allez, on parie pour la grosse de teenager vécue de l'intérieure sous deux saisons ?), et finiront tout de même par tourner en rond et devenir des caricatures. Il est même possible que l'on se lasse d'autant plus vite.
Voilà le paradoxe de Skins : il est des séries avec lesquelles on grandit (l'exemple le plus évident étant sans aucun doute Buffy, chef-d'œuvre générationnel s'il en est), mais Skins, aussi initiatique qu'elle puisse être, n'est pas de celles-ci. Elle est irrémédiablement bloquée à l'âge de seize ans. D'ici deux saisons, les kids qui la portèrent aux nues à ses débuts l'auront reniée, parce qu'ils auront vieilli et ne s'y retrouveront plus. C'est sans doute déjà un peu le cas. Si elle ne s'arrête pas bientôt et même si elle conserve un bon niveau, elle finira immanquablement par être ringardisée.
Oui. Skins est une série de plus en plus paradoxale. Parce que le temps défile et parce que tout change, quand la série reste égale à elle-même, du moins depuis trois saisons. Presque inaltérable. Le paradoxe découle très probablement de son concept et de l'idée de transformer le casting tous les deux ans, ce qui constitue déjà en soi un amusant paradoxe. Skins se cache derrière un paravent frappé de l'inscription en perpétuelle mutation, mais dès qu'on va jeter un œil derrière, on constate avec une moue dubitative qu'en réalité, la série n'a quasiment pas évolué depuis la saison deux. Bryan Elsley a beau changer les comédiens, changer les scénaristes (même son fil Jamie Brittain n'est plus dans le coup cette année)... le fait même qu'il procède ainsi témoigne non de sa capacité à renouveler son show, mais bien de son incapacité à le laisser grandir et évoluer. Il cherche sans doute sincèrement à lutter contre le risque de surenchère, ce moment fatidique où un personnage de série, souvent sans que ses créateurs s'en rendent compte, devient une caricature de lui-même. Le problème c'est que ce faisant, il interdit avant tout à ses caractères d'évoluer et à ses scénaristes de varier les thèmes : ils exploreront l'adolescence jusqu'à épuisement des sujets (allez, on parie pour la grosse de teenager vécue de l'intérieure sous deux saisons ?), et finiront tout de même par tourner en rond et devenir des caricatures. Il est même possible que l'on se lasse d'autant plus vite.
Voilà le paradoxe de Skins : il est des séries avec lesquelles on grandit (l'exemple le plus évident étant sans aucun doute Buffy, chef-d'œuvre générationnel s'il en est), mais Skins, aussi initiatique qu'elle puisse être, n'est pas de celles-ci. Elle est irrémédiablement bloquée à l'âge de seize ans. D'ici deux saisons, les kids qui la portèrent aux nues à ses débuts l'auront reniée, parce qu'ils auront vieilli et ne s'y retrouveront plus. C'est sans doute déjà un peu le cas. Si elle ne s'arrête pas bientôt et même si elle conserve un bon niveau, elle finira immanquablement par être ringardisée.
✋ Skins (saison 5)
créée par Jamie Brittain & Bryan Esley
E4, 2011
Vraiment bien aimé cette saison, même si les derniers épisodes n'étaient à mon avis pas à la hauteur du début. Apres pas d'avis sur ton analyse, je ne me pose pas ce genre de questions et je me contente d'aimer chaque saison pour elle même (j'ai passé l'age des personnages depuis longtemps pourtant)
RépondreSupprimerPS. : super les petits boutons ! :)
RépondreSupprimerJ'ai totalement abandonné Skins, ça commençait à m'ennuyer (oui, je suis une fille horrible qui jette honteusement les séries jadis chéries). A la place je regarde Misfits, chuis trop hype. Ouioui.
RépondreSupprimer(Oh, et rien à voir mais j'voulais spammer, Doctor Who a repris hier <3)
J'aime beaucoup ta dernière remarque, comme quoi à la différence des autres séries générationnelles, Skins a fait le choix de rester bloquée à 16 ans.
RépondreSupprimerSinon, je suis d'accord avec toi, et d'ailleurs il y a un autre paradoxe: le changement de génération est l'unique intérêt de cette nouvelle saison, et pourtant cela suffit à nous faire regarder tous les épisodes comme si on découvrait une nouvelle série... Formidable quand même.
Pas regardé, ni la 4 d'ailleurs. La 3 m'a écoeuré par sa nullité et sa superficialité.
RépondreSupprimerPlutôt une bonne saison, malgré quelques lourdeurs...
RépondreSupprimerJ'avais beaucoup aimé les deux premières saisons de SKINS, mais je dois dire que depuis, j'ai un peu décroché.
RépondreSupprimerL'effet de surprise passé, c'est devenu une série pour ados "comme les autres", cela m'intéresse beaucoup moins.
Bon dimanche.
le fait même, comme nous le faisons, de regarder la 2e époque alors qu'on a vue la 1e, de regarder en plus la 3e alors qu'on en a déjà vu 2,
RépondreSupprimerva à l'opposé du concept.
ce qui montre la limite de ce dernier, ou son audace... autodéceptive
il faudrait pouvoir comparer les 3 époques et les 5 saisons tout en découvrant chaque fois entièrement la série, c'est impossible, et le faire en ayant 17 ans, ce qui est nettement plus impossible encore ^^
16-18 ans, la fin du lycée, c'est un moment qui n'est probablement pas reproductible, malgré toutes les similitudes qu'on pourrait trouver les années étudiantes sont foncièrement différentes.
et puis quoi, est-ce bien sain de s'entêter à regarder une série destinée à des gamins qui pourraient être les miens?
j'ai vu les 4 premières saisons, il est peuit-être temps de m'arrêter là ^^
Coline >>> quel cynisme délicieux ^^ Mais fais gaffe, Misfits ne va plus être hype très longtemps, surtout maintenant que Robert Sheehan a quitté la série.
RépondreSupprimerJoris >>> "formidable", j'irais peut-être pas jusque là quand même... allez, si, pour le casting, car Skins est décidément une incroyable pépinière à jeunes comédiens surdoués.
Bloom >>> "comme les autres", je ne sais pas, je dirais plutôt que les autres ont commencé à devenir "comme elle". Skins, comme je le rappelais dans mon tout premier article dessus, est le teen drama "absolu", celui qui apparaît par cycles de cinq ans et définit le genre pour les cinq années à venir. L'ironie de la chose c'est que si les séries US se sont largement inspirées de celle-ci, le Skins US a été pour sa part un four et a montré que le concept n'était pas si exportable que ça, et le contenu "trashy", pas si banalisé que certains (dont moi) le pensaient.
Arbobo >>> je crois que c'est une magnifique synthèse que tu viens de nous offrir ^^
Oh zut, j'vais devoir me forcer à suivre une série qui ne sera plus à la mode =(
RépondreSupprimerDe toutes manières, je pense me lasser en général très rapidement, je ne dois pas être faite pour le format série. A quelques exceptions près, j'en ai beaucoup laissé tomber en cours alors que pour rien au monde je n'en aurais raté un épisode auparavant.
Au contraire, je pense que la lassitude fait partie du concept de série, non ?^^
RépondreSupprimeruh uh ^^
RépondreSupprimerça valait le coup de me lever tôt XD
Oui, j'ai pas tilté tout de suite parce que moi les jours fériés... mais c'est vrai que tu as décollé de bonne heure :-)
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