[Je continue de recoller progressivement mes "archives" ; je vous demanderai un peu d'indulgence avec celle-ci, qui remonte tout de même à 2005, peut-être même 2004...] Au cœur de la Grande Crue, trois destins se confrontent en un parallélisme fascinant, quoique déstabilisant : celui du forçat, et ceux de Harry et de Charlotte, qui n'en forment qu'un seul. Tous trois, à leur manière, sont les victimes plus ou moins consentantes de leurs prisons intérieures, qu'elles soient sociales, culturelles, psychologiques. Dix années séparent ces deux récits n'ayant quasiment rien de commun, même pas leur ton (l'un est tragique, l'autre se fait volontiers picaresque) et pourtant ils semblent narrer la même histoire, fascinante évidence que l'on ne retrouve jamais ailleurs que dans un roman de Faulkner.
Comme toujours avec l'auteur, les différentes histoires se succèdent : celle du forçat, celle de Wilbourne, et celle des parents de Wilbourne, Charlotte et Harry donc, qui sacrifièrent tout pour vivre leur passion, quitte à être poussés à la fuite. A ceci près que cette fois, la double narration reste scindée du début à la fin ; c'est l'effet de miroir qui prédomine, la construction qui prend le pas sur le reste, à la fois bien plus simple et bien plus complexe que dans les autres romans de Faulkner, puisque faisant cohabiter deux récits tout à la fois extrêmement différents et dépourvus du moindre intérêt si on leur ôte leur correspondance thématique et symbolique (la nature y est omniprésente et, à l'image du Mississippi, constitue un personnage à part entière). Il est vrai qu'après avoir joué avec la chronologie dans ses œuvres précédentes, Faulkner écrit cette fois-ci non pas par flashbacks, mais par flashforwards...
La tête vous tourne un peu durant quelques pages ; ce livre nécessite un réel temps d'adaptation. Paradoxalement, au niveau de l'écriture pure, c'est assurément, de tous les ouvrages de Faulkner, le plus facile d'accès, le plus lisible. De même, ses thèmes sont autrement plus simples à saisir que par le passé (ils sont en fait bêtement bipolaires : liberté/privation de liberté ; amour/négation de l'amour). C'est tout l'art du plus grand écrivain du vingtième siècle que de réussir à insuffler profondeur et complexité dans des histoires aussi simples, comme ailleurs il sut fluidifier des intrigues invraisemblables et foisonnantes.
Il va sans dire que sous la plume d'un autre, tout cela ne serait qu'une tambouille assez indigeste. Sous la plume de Faulkner, c'est un chef-d'œuvre (méconnu qui plus est). Un roman fascinant, presque envoûtant... son texte le plus dépouillé, et le plus touchant aussi.
Comme toujours avec l'auteur, les différentes histoires se succèdent : celle du forçat, celle de Wilbourne, et celle des parents de Wilbourne, Charlotte et Harry donc, qui sacrifièrent tout pour vivre leur passion, quitte à être poussés à la fuite. A ceci près que cette fois, la double narration reste scindée du début à la fin ; c'est l'effet de miroir qui prédomine, la construction qui prend le pas sur le reste, à la fois bien plus simple et bien plus complexe que dans les autres romans de Faulkner, puisque faisant cohabiter deux récits tout à la fois extrêmement différents et dépourvus du moindre intérêt si on leur ôte leur correspondance thématique et symbolique (la nature y est omniprésente et, à l'image du Mississippi, constitue un personnage à part entière). Il est vrai qu'après avoir joué avec la chronologie dans ses œuvres précédentes, Faulkner écrit cette fois-ci non pas par flashbacks, mais par flashforwards...
La tête vous tourne un peu durant quelques pages ; ce livre nécessite un réel temps d'adaptation. Paradoxalement, au niveau de l'écriture pure, c'est assurément, de tous les ouvrages de Faulkner, le plus facile d'accès, le plus lisible. De même, ses thèmes sont autrement plus simples à saisir que par le passé (ils sont en fait bêtement bipolaires : liberté/privation de liberté ; amour/négation de l'amour). C'est tout l'art du plus grand écrivain du vingtième siècle que de réussir à insuffler profondeur et complexité dans des histoires aussi simples, comme ailleurs il sut fluidifier des intrigues invraisemblables et foisonnantes.
Il va sans dire que sous la plume d'un autre, tout cela ne serait qu'une tambouille assez indigeste. Sous la plume de Faulkner, c'est un chef-d'œuvre (méconnu qui plus est). Un roman fascinant, presque envoûtant... son texte le plus dépouillé, et le plus touchant aussi.
👑 The Wild Palms [Les Palmiers sauvages/Si je t'aimais Jerusalem]
William Faukner | Vintage Classics, 1939
Quel plaisir de voir que le plus grand écrivain du XXe siècle déchaîne toujours autant les passions ^^
RépondreSupprimerBrrr, 2004/2005, Faulkner, forum... Mauvais souvenirs :))
RépondreSupprimerAh ah, t'as raison, c'est pour ça que les gens ne commentent pas : ils tombent en catalepsie en lisant la date :-D
RépondreSupprimerNon mais, encore faudrait-il avoir une idée de quoi tu parles. Je n'ai lu qu'un livre de Faulkner, il y a longtemps.
RépondreSupprimerCa n'empêche pas les commentaires. Je sais pas, moi "le titre de ce livre est super" (en plus, en l'occurrence, ce livre a DEUX titres supers, la classe ^^)
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