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Revoilà donc Raylan Givens, plus fine gâchette du Kentucky et icône sexuelle pince-sans-rire, toujours aussi classe et goguenard à l'affiche d'une série toujours aussi cool. C'est bizarre, on ne l'aurait pas forcément juré sur la ligne de départ, mais on retrouve Justified en saison deux avec un immense plaisir, qui ne se dément quasiment pas une seule fois en treize épisodes. L'article pourrait presque s'arrêter là.
Parce qu'au-delà de ce constat, on ne peut pas dire que Justified bouleverse considérablement son univers ; quand nombre de séries échouent en seconde saison à vouloir trop en faire, celle-ci se contente de consolider ses acquis et de réparer quelques faiblesses, fidèle à quelques fondamentaux immuables : flingues toujours tièdes, méchants d'une crétinerie hors-norme, esthétique de western post-moderne et ambiance vénéneuse et sexy, souvent tendue mais jamais complètement sérieuse. On aurait tort d'attendre de Justified qu'elle soit un véritable polar, une véritable comédie ou même qu'elle tente d'être une véritable grande série (ce qu'elle est pourtant de plus en plus souvent, malgré elle, généralement dans les scènes - de plus en plus rares - où Givens et Boyd discutent en tête à tête). Commentaire qui pourrait d'ailleurs parfaitement s'appliquer à l'œuvre d'Elmore Leonard, dont elle est largement (quoique de moins en moins) inspirée ; à l'instar de l'univers dont elle découle, Justified est avant tout une série d'ambiance, brillant par l'ultra-moiteur de ses climats, sa bande-son moitié blues moitié country, ses seconds rôles hauts en couleurs (mention spéciale à Jeremy Davies, aussi doué, donc, pour jouer les brigands bouseux que les scientifiques géniaux) et ses dialogues assaisonnés aux petits oignons ("Quoi ? Vous pensez que j'ai pris cet argent ? Vous savez, tuer occasionnellement des gens ne fait pas de moi un voleur.")
Sans se lancer dans une interminable exégèse des qualités de la série (que j'avais déjà largement listées l'an passé), il faut souligner que la grande réussite de cette nouvelle saison, outre d'avoir insuffler beaucoup plus de rythme à des scenarii souvent très méditatifs, est d'être parvenue à transposer de manière exceptionnelle non pas tant les bouquins d'Elmore Leonard que l'esprit de l'auteur et son goût tout particulier pour la violence contenue. Car pour être nonchalante et amusante, Justified n'en est pas moins une série habitée par la violence, la haine et le dépit, perpétuellement refoulés mais absolument indissociables de personnages comme Givens ou Crowder. Comme toujours chez un auteur qui n'est pas l'idole de Tarantino pour rien, les mots flinguent plus souvent que les colts, mais ces derniers n'en sont pas moins omniprésents, tout à la fois menaçants et rassurants. Dans cette Amérique qui n'a pas tellement changé depuis l'époque du Far West, la moindre pouffiasse ou le moindre épicier sont rompus au maniement des armes, et si Raylan Givens est animé d'une rancœur tenace vis-à-vis de cet univers dans lequel il grandit, c'est probablement parce qu'il en est l'une des figures les plus représentatives. La raison-même pour laquelle il échoue à Harlan (on notera que le nom du patelin est un quasi anagramme de son prénom) le lui rappelle en permanence : n'a-t-il pas descendu un baron de la drogue de Miami comme un vulgaire cowboy, achevant dans les premières scènes de la série un duel verbal par l'inévitable mise à mort ? Typique personnage de grand roman américain, Givens est le bouseux détestant en être un et que tout, tout le temps, ramène à son statut de bouseux. Il déteste bosser à Harlan, mais il s'y fond dans le décor mieux que nulle part ailleurs et la seconde saison, qui s'attarde plus longuement sur le microcosme et la place qu'il y occupe, le souligne avec force. Si Raylan est craint et respecté par la population environnante, ce n'est pas parce qu'il est flic ou parce qu'il trimballe une arme, mais bien parce que sous ses dehors raffinés il est exactement comme eux, pour le meilleur et pour le pire. Cela aboutit à quelques scènes surréalistes parmi les meilleures de la saison, où l'on constate à quel point chacun s'arrange un peu comme il veut avec la loi, qui en braconnant, qui en dealant tranquillement dans son coin, qui en traficotant ceci ou cela - le plus souvent au vu et au su de tous (police et Givens inclus). Renversement amusant, c'est finalement Boyd Crowder (fabuleux Walton Goggins, on le dit à chaque fois... mais c'est vrai), avec ses tentatives plus ou moins vaines de rester dans le droit chemin, qui fait figure d'excentrique. Une ironie de plus dans une série ne comptant que cela, et qui son rythme de croisière atteint semble bien placée pour faire partie des rendez-vous incontournables des sériephages dans les années à venir.
Revoilà donc Raylan Givens, plus fine gâchette du Kentucky et icône sexuelle pince-sans-rire, toujours aussi classe et goguenard à l'affiche d'une série toujours aussi cool. C'est bizarre, on ne l'aurait pas forcément juré sur la ligne de départ, mais on retrouve Justified en saison deux avec un immense plaisir, qui ne se dément quasiment pas une seule fois en treize épisodes. L'article pourrait presque s'arrêter là.
Parce qu'au-delà de ce constat, on ne peut pas dire que Justified bouleverse considérablement son univers ; quand nombre de séries échouent en seconde saison à vouloir trop en faire, celle-ci se contente de consolider ses acquis et de réparer quelques faiblesses, fidèle à quelques fondamentaux immuables : flingues toujours tièdes, méchants d'une crétinerie hors-norme, esthétique de western post-moderne et ambiance vénéneuse et sexy, souvent tendue mais jamais complètement sérieuse. On aurait tort d'attendre de Justified qu'elle soit un véritable polar, une véritable comédie ou même qu'elle tente d'être une véritable grande série (ce qu'elle est pourtant de plus en plus souvent, malgré elle, généralement dans les scènes - de plus en plus rares - où Givens et Boyd discutent en tête à tête). Commentaire qui pourrait d'ailleurs parfaitement s'appliquer à l'œuvre d'Elmore Leonard, dont elle est largement (quoique de moins en moins) inspirée ; à l'instar de l'univers dont elle découle, Justified est avant tout une série d'ambiance, brillant par l'ultra-moiteur de ses climats, sa bande-son moitié blues moitié country, ses seconds rôles hauts en couleurs (mention spéciale à Jeremy Davies, aussi doué, donc, pour jouer les brigands bouseux que les scientifiques géniaux) et ses dialogues assaisonnés aux petits oignons ("Quoi ? Vous pensez que j'ai pris cet argent ? Vous savez, tuer occasionnellement des gens ne fait pas de moi un voleur.")
Sans se lancer dans une interminable exégèse des qualités de la série (que j'avais déjà largement listées l'an passé), il faut souligner que la grande réussite de cette nouvelle saison, outre d'avoir insuffler beaucoup plus de rythme à des scenarii souvent très méditatifs, est d'être parvenue à transposer de manière exceptionnelle non pas tant les bouquins d'Elmore Leonard que l'esprit de l'auteur et son goût tout particulier pour la violence contenue. Car pour être nonchalante et amusante, Justified n'en est pas moins une série habitée par la violence, la haine et le dépit, perpétuellement refoulés mais absolument indissociables de personnages comme Givens ou Crowder. Comme toujours chez un auteur qui n'est pas l'idole de Tarantino pour rien, les mots flinguent plus souvent que les colts, mais ces derniers n'en sont pas moins omniprésents, tout à la fois menaçants et rassurants. Dans cette Amérique qui n'a pas tellement changé depuis l'époque du Far West, la moindre pouffiasse ou le moindre épicier sont rompus au maniement des armes, et si Raylan Givens est animé d'une rancœur tenace vis-à-vis de cet univers dans lequel il grandit, c'est probablement parce qu'il en est l'une des figures les plus représentatives. La raison-même pour laquelle il échoue à Harlan (on notera que le nom du patelin est un quasi anagramme de son prénom) le lui rappelle en permanence : n'a-t-il pas descendu un baron de la drogue de Miami comme un vulgaire cowboy, achevant dans les premières scènes de la série un duel verbal par l'inévitable mise à mort ? Typique personnage de grand roman américain, Givens est le bouseux détestant en être un et que tout, tout le temps, ramène à son statut de bouseux. Il déteste bosser à Harlan, mais il s'y fond dans le décor mieux que nulle part ailleurs et la seconde saison, qui s'attarde plus longuement sur le microcosme et la place qu'il y occupe, le souligne avec force. Si Raylan est craint et respecté par la population environnante, ce n'est pas parce qu'il est flic ou parce qu'il trimballe une arme, mais bien parce que sous ses dehors raffinés il est exactement comme eux, pour le meilleur et pour le pire. Cela aboutit à quelques scènes surréalistes parmi les meilleures de la saison, où l'on constate à quel point chacun s'arrange un peu comme il veut avec la loi, qui en braconnant, qui en dealant tranquillement dans son coin, qui en traficotant ceci ou cela - le plus souvent au vu et au su de tous (police et Givens inclus). Renversement amusant, c'est finalement Boyd Crowder (fabuleux Walton Goggins, on le dit à chaque fois... mais c'est vrai), avec ses tentatives plus ou moins vaines de rester dans le droit chemin, qui fait figure d'excentrique. Une ironie de plus dans une série ne comptant que cela, et qui son rythme de croisière atteint semble bien placée pour faire partie des rendez-vous incontournables des sériephages dans les années à venir.
👍👍👍 Justified (saison 2)
créée par Graham Yost, d'après l'œuvre d'Elmore Leonard
FX, 2011
Seconde saison de très haut niveau, vraiment impec, surtout le casting.
RépondreSupprimerOh ! Justified et pas Fringe ?
RépondreSupprimerExcellent. Après une première saison inégale la série est devenue vraiment très bonne.
RépondreSupprimerContent de voir que nous sommes sur la même longeur d'ondes !
RépondreSupprimerAzazel >>> non, franchement, le dernier épisode de Fringe était tellement nul et idiot que j'ai décidé de punir la série et de reporter sa chronique au week-end prochain ^^
Bon, encore une série à regarder à ce que je comprends. Ca faisait un moment que j'hésitais à m'y mettre, mais là tu m'as convaincue.
RépondreSupprimerJ'ai très hâte de voir ton article sur Fringe sinon. On est déjà d'accord sur le dernier épisode.
Je ne crois pas qu'on ait été d'accord sur toute la saison, de ce que j'ai pu lire sur ton blog, mais cela dit je me retrouve assez dans la plupart de tes reproches. J'ai même du mal à comprendre que cette série puisse avoir autant de fans...
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