lundi 5 juin 2006

Lève-toi et marche - Je t'aimais bien, Vévé

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Comme son titre l’indique très subtilement, Lève-toi et marche nous raconte l’histoire bouleversante d’une jeune infirme, Constance Orglaise, qui n’accepte pas son état et a décidé de se battre envers et contre tout pour mener une vie ordinaire…

Subtilité, le mot qui fâche est lâché. J’ai déjà raconté en d’autres lieux qu’en d’autres temps, j’ai eu la chance de fréquenter un peu Hervé Bazin, et que lui et moi, c’est une affaire qui roule depuis.

Sauf que là, non. Ce roman là est aussi peu subtil que son titre le laisse deviner. Il y a une limite à la bêtise. Bazin n’a pas un style révolutionnaire, personne ne me contredira sur ce point, mais ce n’est pas dramatique en soi car dans ses meilleurs livres la sauce prend grâce à un fond qui surclasse la forme. Là, le fond file une sacrée nausée. Sur le quatrième de couverture, on nous promets un roman « courageux, poignant, tendre et sensible », rien que ça. Je m’en vais dès demain déposer plainte contre le Livre de Poche pour publicité mensongère, car Lève-toi et marche c’est à peu prêt tout l’inverse.

C'est vrai, il faut du courage pour oser s’attaquer à un sujet aussi sensible avec aussi peu de finesse. Pour le poignant en revanche, on repassera : c’est surtout ennuyeux au possible, les passages narrés par Constance elle-même sont d’une impudeur et d’une médiocrité affligeantes.

La tendresse ensuite : oh, je ne doute pas que Bazin ait de l’affection pour son personnage, mais il la lui témoigne bien mal. Faire de son infirme d’héroïne une martyre et de son entourage une bande d’abrutis qui n’ont rien compris et la prennent pour un fardeau, c’est peut-être pas mal vu, mais c’est en tout cas du strict point de vue romanesque d’un manichéisme à chialer.

Quant à la sensibilité… laissez-moi rire : sensibilité n’est pas sensiblerie. D’autant que la seconde moitié du roman voit l’état de Constance empirer. On n’est même plus dans la sensiblerie et dans le sortez-moi les violons, mais carrément dans le misérabilisme malsain.


👎👎 Lève-toi et marche 
Hervé Bazin | Le Livre de Poche, 1952