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Je ne me rappelle absolument pas comment j'ai découvert les Pernice Brothers. Mais alors vraiment : pas du tout. Sans doute un miracle de chambre d'étudiants. Vous savez : vous êtes assis par terre en buvant du vin et fumant toute sorte de choses, et là Olivier (mais il s'appelle parfois Rémy ou Martin (en fait le plus souvent il porte un surnom imbécile que vous lui avez trouvé, Jef ou Flip ou Nours)) dit "ah mais sinon tu connais les Pernice Brothers/Whiskeytown/Kingsbury Manx/N'importe quel groupe d'indie-rock US que personne n'écoute en France ?" Et subitement, alors que cinq minutes avant vous jouiez votre blasé qui a tout vu, tout lu et surtout tout entendu ("de toute façon tout n'est que recyclage, man")... un monde entier de possibles s'ouvre à vous. En plus dans un registre - la pop - ou tout n'est assurément que recyclage. Man.
Et il est clair que dans le genre, Joe Pernice recycle un max. Pas mal de Costello, une bonne louche de Kinks, de Byrds, de Big Star et de Beach Boys, et bien sûr beaucoup de Beatles. Il recycle, au sens où il ne révolutionne pas le genre. On ne peut pas dire que les Pernice Brothers (qui ne sont qu'une de ses nombreuses incarnations, à l'instar de Chappaquiddick Skyline ou des Scud Mountain Boys) sonnent comme qui que ce soit, à la fois familiers et singuliers. On connaît ces harmonies vocales, ces arrangements luxuriants, cette mélancolie joyeuse inondant les pistes. The World Won't End, chef-d’œuvre inconnu d'une indie-pop US ayant toujours préféré les dissonances lo/fi aux nappes de cordes, avance en terrain connu et conquis d'avance. C'est ce qui fait toute sa splendeur. Les mélodies de Pernice ont toujours cette majesté, cette incandescence simple les rendant quasiment intemporelles ("Working Girl (Sunlight Shines)", "7:30"). Une poignée de joyaux pop perdus dans les limbes d'une scènes américaine obèse de talent.
Je dis que je ne me rappelais pas comment j'avais découvert les Pernice Brothers. Je me rappelle en revanche parfaitement de comment je ne les ai pas découverts. Au-delà de ses exceptionnelles qualités, The World Won't End coïncide très exactement avec le moment où j'ai réalisé qu'il existait un monde en dehors de la presse musicale. Que des dizaines de groupes non moins talentueux que d'autres n'alignaient ni les couvertures ni les chroniques dithyrambiques (celui-ci en eut quelques unes - très peu - et pour les Pernice, ce fut finit dès l'album suivant). D'une certaine manière, The World Won't End est mon manifeste indie à moi. Il résume à lui seul le problème de l'industrie musicale. Une écoute même superficielle de "She Heightened Everything" ou d' "Our Time Has Passed" suffit à constater que cette musique-là n'a rien, mais alors rien du tout d'underground, de difficile d'accès ni rien de ce genre. Pour qu'un mélodiste aussi simple et talentueux que Joe Pernice soit refoulé par le succès et les labels, c'est qu'il ne peut qu'y avoir que quelque chose de profondément pourri dans le monde merveilleux du music business. Le pire, c'est que ce qui fut pour moi une révélation n'était en fait que le début d'un long chemin de croix. Car au regard de ses successeurs (au nombre desquels l'excellent Yours, Mine & Only), The World Won't End fut en fait un franc succès. Il suffit de voir l'indifférence générale dans laquelle fut accueilli le récent Goodbye, Killer, sans doute pas le meilleur album de Joe, mais un beau disque pop qui n'a pas intéressé grand monde. Alors si vous voulez me faire plaisir, mais vraiment plaisir... allez écouter un peu The World Won't End et revenez en parler ici (même pour en dire du mal). D'une part, je vous aimerai d'autant plus. Et d'autre part vous avez de grandes chances de ne pas le regretter si vous aimez un temps soit peu les jolies mélodies.
Je ne me rappelle absolument pas comment j'ai découvert les Pernice Brothers. Mais alors vraiment : pas du tout. Sans doute un miracle de chambre d'étudiants. Vous savez : vous êtes assis par terre en buvant du vin et fumant toute sorte de choses, et là Olivier (mais il s'appelle parfois Rémy ou Martin (en fait le plus souvent il porte un surnom imbécile que vous lui avez trouvé, Jef ou Flip ou Nours)) dit "ah mais sinon tu connais les Pernice Brothers/Whiskeytown/Kingsbury Manx/N'importe quel groupe d'indie-rock US que personne n'écoute en France ?" Et subitement, alors que cinq minutes avant vous jouiez votre blasé qui a tout vu, tout lu et surtout tout entendu ("de toute façon tout n'est que recyclage, man")... un monde entier de possibles s'ouvre à vous. En plus dans un registre - la pop - ou tout n'est assurément que recyclage. Man.
Et il est clair que dans le genre, Joe Pernice recycle un max. Pas mal de Costello, une bonne louche de Kinks, de Byrds, de Big Star et de Beach Boys, et bien sûr beaucoup de Beatles. Il recycle, au sens où il ne révolutionne pas le genre. On ne peut pas dire que les Pernice Brothers (qui ne sont qu'une de ses nombreuses incarnations, à l'instar de Chappaquiddick Skyline ou des Scud Mountain Boys) sonnent comme qui que ce soit, à la fois familiers et singuliers. On connaît ces harmonies vocales, ces arrangements luxuriants, cette mélancolie joyeuse inondant les pistes. The World Won't End, chef-d’œuvre inconnu d'une indie-pop US ayant toujours préféré les dissonances lo/fi aux nappes de cordes, avance en terrain connu et conquis d'avance. C'est ce qui fait toute sa splendeur. Les mélodies de Pernice ont toujours cette majesté, cette incandescence simple les rendant quasiment intemporelles ("Working Girl (Sunlight Shines)", "7:30"). Une poignée de joyaux pop perdus dans les limbes d'une scènes américaine obèse de talent.
Je dis que je ne me rappelais pas comment j'avais découvert les Pernice Brothers. Je me rappelle en revanche parfaitement de comment je ne les ai pas découverts. Au-delà de ses exceptionnelles qualités, The World Won't End coïncide très exactement avec le moment où j'ai réalisé qu'il existait un monde en dehors de la presse musicale. Que des dizaines de groupes non moins talentueux que d'autres n'alignaient ni les couvertures ni les chroniques dithyrambiques (celui-ci en eut quelques unes - très peu - et pour les Pernice, ce fut finit dès l'album suivant). D'une certaine manière, The World Won't End est mon manifeste indie à moi. Il résume à lui seul le problème de l'industrie musicale. Une écoute même superficielle de "She Heightened Everything" ou d' "Our Time Has Passed" suffit à constater que cette musique-là n'a rien, mais alors rien du tout d'underground, de difficile d'accès ni rien de ce genre. Pour qu'un mélodiste aussi simple et talentueux que Joe Pernice soit refoulé par le succès et les labels, c'est qu'il ne peut qu'y avoir que quelque chose de profondément pourri dans le monde merveilleux du music business. Le pire, c'est que ce qui fut pour moi une révélation n'était en fait que le début d'un long chemin de croix. Car au regard de ses successeurs (au nombre desquels l'excellent Yours, Mine & Only), The World Won't End fut en fait un franc succès. Il suffit de voir l'indifférence générale dans laquelle fut accueilli le récent Goodbye, Killer, sans doute pas le meilleur album de Joe, mais un beau disque pop qui n'a pas intéressé grand monde. Alors si vous voulez me faire plaisir, mais vraiment plaisir... allez écouter un peu The World Won't End et revenez en parler ici (même pour en dire du mal). D'une part, je vous aimerai d'autant plus. Et d'autre part vous avez de grandes chances de ne pas le regretter si vous aimez un temps soit peu les jolies mélodies.
👑 The World Won't End
Pernices Brothers | Ashmont Records, 2001
Tu disais vraiment "man" quand t'étais étudiant, ou c'est juste une réinterprétation 10 years after influencée par les séries télé ? :D
RépondreSupprimerJ'connaissais pas, ça ressemble un peu à beaucoup de groupes indie américain, et c'est ça le problème, d'un groupe à l'autre on peut avoir des réactions opposées pour des musiques similaires. En tout cas la chanson que tu as mise est plutôt convaincante.
Quel super album ! Simple, presque ordinaire et en même temps tellement prenant et touchant !
RépondreSupprimerJoris >>> non mais personne n'a jamais vraiment dit "man" en dehors des séries télé, en France en tout cas :-)
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