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Alors qu'il trône ce mois-ci en couverture de Rock'n'Folk en clamant "plus jamais de chansons d'amour", Nick Cave réédite précisément ces temps-ci trois de ses albums les plus profondément romantiques, au sens littéral du terme, c'est-à-dire hantés par des passions sombres, torturées, petits Eros toujours accompagnés de leurs Thanatos personnels. Gardons The Boatman's Call pour plus tard, il est un peu à part. Il y a déjà fort à faire avec Let Love in et Muder Ballads, deux des disques les plus populaires des Bad Seeds - à juste titre : ce sont aussi deux de leurs chefs-d’œuvre.
L'amour en fil conducteur, disions-nous, sous des jours différents selon celui de ces deux classiques que l'on captera en pleine désillusion. Dévorant sur le premier, tel un poison insidieux contaminant les narrateurs, ce cher vieil amour, qui aura décidément fait couler beaucoup d'encre au fil des siècles, est plus violent et meurtrier sur le second. Dans les deux cas cependant, le résultat est le même et les histoires, bercées par ce groove vicieux qui deviendra dès lors la marque de fabrique du groupe (voir 'Red Right Hand' ou 'Song of Joy', sans doute les plus typiques), finissent le plus souvent dans la violence et le sang (ce sont malheureusement des choses qui arrivent lorsque l'on se pique de revisiter des figures comme celle de "Stagger" Lee Shelton).
Considéré parfois par certains illuminés comme un album auto-parodique, Murder Ballads n'a pas tout à fait la même aura que son prédécesseur, qui reste pour sa part le plus gros succès critique et public de Nick Cave, LE classic-album par excellence dans une discographie en comptant pourtant beaucoup. A dire vrai, il est extrêmement difficile de choisir entre deux disques d'égale valeur, et qui partagent qui plus est plus d'un trait commun. Il faut cependant reconnaître que Let Love in a cette particularité rare d'avoir été un franc succès sans s'encombrer de tentatives racoleuses, et en alignant des singles franchement pas évidents ('Do You Love Me?', 'Loverman' et 'Red Right Hand'), quand le second, porté par des duos (certes très beaux) avec PJ Harvey et Kylie Minogue, était assez clair sur ses intentions. Cela dit et d'une manière générale, qui aime l'un aime l'autre, non parce qu'il sont jumeaux mais parce qu'ils se complètement à merveille. Plus compact, Let Love in est parcouru de moment plus durs (le quasi hardcore 'Jangling Jack' ou l'anxiogène 'Loverman'), selon une courbe étonnante donnant l'impression qu'il se déconstruit au fur et à mesure, partant de chansons franchement abrasives pour sombrer progressivement dans la langueur, la mélancolie ou l'hypnotisme absolu ('Ain't Gonna Rain Anymore')... et finir par 'Lay Me Low', final somptueux les réunissant tous. En face, Murder Ballads est moins contemplatif tout en était paradoxalement plus rural, moins sophistiqué sans être réellement plus cru (sans doute le fait du producteur Victor Van Vugt, ce qui ne manque pas de piquant puisqu'il produira par la suite l'album le plus policé de PJ Harvey ainsi que la quasi totalité des disques de la fort lisse Beth Orton)... moins pop et retrouvant une vibe blues absente de Let Love in, tout simplement. Comme si Nick avait troqué son costard contre une chemise de bûcheron pour aller vider quelques pintes au burlesque 'O'Malley's Bar'.
A l'instar des précédentes rééditions, celles-ci sont accompagnées du traditionnel DVD dont on peut d'ores et déjà prédire que son intérêt sera limité. J'avoue sans honte qu'après m'être gentiment fait entuber sur les premières, je ne me suis pas emmerdé à acheter celles-ci. Ces ressorties sont avant tout l'occasion de s'adresser aux jeunes qui nous lisent, aux béotiens ou à ceux qui auraient un (très grave) retard d'écoute. Et avec n'importe lequel de ces deux albums (le mieux étant les deux, bien sûr), ils seront assurément servis.
Alors qu'il trône ce mois-ci en couverture de Rock'n'Folk en clamant "plus jamais de chansons d'amour", Nick Cave réédite précisément ces temps-ci trois de ses albums les plus profondément romantiques, au sens littéral du terme, c'est-à-dire hantés par des passions sombres, torturées, petits Eros toujours accompagnés de leurs Thanatos personnels. Gardons The Boatman's Call pour plus tard, il est un peu à part. Il y a déjà fort à faire avec Let Love in et Muder Ballads, deux des disques les plus populaires des Bad Seeds - à juste titre : ce sont aussi deux de leurs chefs-d’œuvre.
L'amour en fil conducteur, disions-nous, sous des jours différents selon celui de ces deux classiques que l'on captera en pleine désillusion. Dévorant sur le premier, tel un poison insidieux contaminant les narrateurs, ce cher vieil amour, qui aura décidément fait couler beaucoup d'encre au fil des siècles, est plus violent et meurtrier sur le second. Dans les deux cas cependant, le résultat est le même et les histoires, bercées par ce groove vicieux qui deviendra dès lors la marque de fabrique du groupe (voir 'Red Right Hand' ou 'Song of Joy', sans doute les plus typiques), finissent le plus souvent dans la violence et le sang (ce sont malheureusement des choses qui arrivent lorsque l'on se pique de revisiter des figures comme celle de "Stagger" Lee Shelton).
Considéré parfois par certains illuminés comme un album auto-parodique, Murder Ballads n'a pas tout à fait la même aura que son prédécesseur, qui reste pour sa part le plus gros succès critique et public de Nick Cave, LE classic-album par excellence dans une discographie en comptant pourtant beaucoup. A dire vrai, il est extrêmement difficile de choisir entre deux disques d'égale valeur, et qui partagent qui plus est plus d'un trait commun. Il faut cependant reconnaître que Let Love in a cette particularité rare d'avoir été un franc succès sans s'encombrer de tentatives racoleuses, et en alignant des singles franchement pas évidents ('Do You Love Me?', 'Loverman' et 'Red Right Hand'), quand le second, porté par des duos (certes très beaux) avec PJ Harvey et Kylie Minogue, était assez clair sur ses intentions. Cela dit et d'une manière générale, qui aime l'un aime l'autre, non parce qu'il sont jumeaux mais parce qu'ils se complètement à merveille. Plus compact, Let Love in est parcouru de moment plus durs (le quasi hardcore 'Jangling Jack' ou l'anxiogène 'Loverman'), selon une courbe étonnante donnant l'impression qu'il se déconstruit au fur et à mesure, partant de chansons franchement abrasives pour sombrer progressivement dans la langueur, la mélancolie ou l'hypnotisme absolu ('Ain't Gonna Rain Anymore')... et finir par 'Lay Me Low', final somptueux les réunissant tous. En face, Murder Ballads est moins contemplatif tout en était paradoxalement plus rural, moins sophistiqué sans être réellement plus cru (sans doute le fait du producteur Victor Van Vugt, ce qui ne manque pas de piquant puisqu'il produira par la suite l'album le plus policé de PJ Harvey ainsi que la quasi totalité des disques de la fort lisse Beth Orton)... moins pop et retrouvant une vibe blues absente de Let Love in, tout simplement. Comme si Nick avait troqué son costard contre une chemise de bûcheron pour aller vider quelques pintes au burlesque 'O'Malley's Bar'.
A l'instar des précédentes rééditions, celles-ci sont accompagnées du traditionnel DVD dont on peut d'ores et déjà prédire que son intérêt sera limité. J'avoue sans honte qu'après m'être gentiment fait entuber sur les premières, je ne me suis pas emmerdé à acheter celles-ci. Ces ressorties sont avant tout l'occasion de s'adresser aux jeunes qui nous lisent, aux béotiens ou à ceux qui auraient un (très grave) retard d'écoute. Et avec n'importe lequel de ces deux albums (le mieux étant les deux, bien sûr), ils seront assurément servis.
👑 Let Love in & Murder Ballads
Nick Cave & The Bad Seeds | Mute, 1994 ; 96
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