...
On souffle… ouf… une semaine difficile ? Des problèmes ? Un temps trop caniculaire ?
Allons allons, un petit coup de Brautigan, et ça repart !
Dès le premier chapitre, on est en terrain connu – enfin : les amateurs de Brautigan sont en terrain connu. Un couple s’amuse à un délire SM tragicomique et pas pornographique pour deux sous, car Bob a attaché Constance n’importe comment, et n’a même pas réussi à la bâillonner correctement. Trop nul ce Bob. A sa décharge, il faut préciser que depuis quelques temps, nous dit-on, il n’arrive plus à faire quoi que ce soit correctement. Ce qui se confirme, puisque la scène torride annoncée n’arrive pas : sa femme est nue et attachée devant lui… et il commence à lui lire des fragments d’une anthologie d’odes et épopées grecques (ce qui par ailleurs peut totalement être considéré comme un sévice). Le ton est donné ! La perversion annoncée dans le titre n’apparaîtra jamais, mais par contre, on va bien rigoler et on ne va pas s’en plaindre.
Un roman de Brautigan n’étant jamais complètement un roman, celui-ci est plus un genre de série, plein de petites chroniques successives narrant les (més)aventures de toute une galerie de personnages aussi ordinaires que tordants. Il y a donc Bob et Constance, mais aussi un autre couple, John et Patricia. Ces derniers aiment beaucoup leur ami Willard, dont la seule raison de vivre c’est ses trophées de bowling. Parfois même, il leur parle. John et Patricia se demandent si Greta Garbo et Willard pourraient devenir amis. Pourquoi ? Aucune idée… ah, et puis il y a aussi les redoutables Logan Brothers (plus une brève apparitions des Sisters) qui ont un trophée de bowling à la place du cerveau et n’ont qu’un seul but avouer : s’emparer des trophées de Willard. Ils ne savent pas pourquoi, mais ils ont bien l’intention de parvenir à leurs fins !
Autant être clair : si vous n’avez pas d’humour, passez votre chemin. Ici, pas de grandes prétentions artistiques, pas d’étude de mœurs nichées au creux d’une intrigue en apparence simplette… non, rien de toute cel : Brautigan veut s’amuser, et entraîner les lecteurs dans son univers délirant. Pour bien se figurer ce à quoi ressemble ce livre, il faudrait essayer d’imaginer le livre le plus pompeux de Hemingway (pastiché ouvertement et méchamment) adapté à l’écran par les frères Coen. Le résultat, c’est un bouquin siphonné et jubilatoire, des personnages à moitié barges lorsqu’ils ne sont pas juste totalement cons (comme les Logan Brothers), des scènes de cul qui se métamorphosent en morceaux de bravoure comiques et un découpage structurel permettant d’en picorer quelques morceaux pour se revigorer avant de replonger des activités plus sérieuses.
Cette semaine, j’ai quand même enchaîné un Philip Roth parcouru par l’angoisse de la mort, un Musil d’une violence froide et presque sadique et un Selby particulièrement glauque…
Après tout ça, Brautigan, ça fait du bien !
On souffle… ouf… une semaine difficile ? Des problèmes ? Un temps trop caniculaire ?
Allons allons, un petit coup de Brautigan, et ça repart !
Dès le premier chapitre, on est en terrain connu – enfin : les amateurs de Brautigan sont en terrain connu. Un couple s’amuse à un délire SM tragicomique et pas pornographique pour deux sous, car Bob a attaché Constance n’importe comment, et n’a même pas réussi à la bâillonner correctement. Trop nul ce Bob. A sa décharge, il faut préciser que depuis quelques temps, nous dit-on, il n’arrive plus à faire quoi que ce soit correctement. Ce qui se confirme, puisque la scène torride annoncée n’arrive pas : sa femme est nue et attachée devant lui… et il commence à lui lire des fragments d’une anthologie d’odes et épopées grecques (ce qui par ailleurs peut totalement être considéré comme un sévice). Le ton est donné ! La perversion annoncée dans le titre n’apparaîtra jamais, mais par contre, on va bien rigoler et on ne va pas s’en plaindre.
Un roman de Brautigan n’étant jamais complètement un roman, celui-ci est plus un genre de série, plein de petites chroniques successives narrant les (més)aventures de toute une galerie de personnages aussi ordinaires que tordants. Il y a donc Bob et Constance, mais aussi un autre couple, John et Patricia. Ces derniers aiment beaucoup leur ami Willard, dont la seule raison de vivre c’est ses trophées de bowling. Parfois même, il leur parle. John et Patricia se demandent si Greta Garbo et Willard pourraient devenir amis. Pourquoi ? Aucune idée… ah, et puis il y a aussi les redoutables Logan Brothers (plus une brève apparitions des Sisters) qui ont un trophée de bowling à la place du cerveau et n’ont qu’un seul but avouer : s’emparer des trophées de Willard. Ils ne savent pas pourquoi, mais ils ont bien l’intention de parvenir à leurs fins !
Autant être clair : si vous n’avez pas d’humour, passez votre chemin. Ici, pas de grandes prétentions artistiques, pas d’étude de mœurs nichées au creux d’une intrigue en apparence simplette… non, rien de toute cel : Brautigan veut s’amuser, et entraîner les lecteurs dans son univers délirant. Pour bien se figurer ce à quoi ressemble ce livre, il faudrait essayer d’imaginer le livre le plus pompeux de Hemingway (pastiché ouvertement et méchamment) adapté à l’écran par les frères Coen. Le résultat, c’est un bouquin siphonné et jubilatoire, des personnages à moitié barges lorsqu’ils ne sont pas juste totalement cons (comme les Logan Brothers), des scènes de cul qui se métamorphosent en morceaux de bravoure comiques et un découpage structurel permettant d’en picorer quelques morceaux pour se revigorer avant de replonger des activités plus sérieuses.
Cette semaine, j’ai quand même enchaîné un Philip Roth parcouru par l’angoisse de la mort, un Musil d’une violence froide et presque sadique et un Selby particulièrement glauque…
Après tout ça, Brautigan, ça fait du bien !
👍👍 Willard & His Bowling Trophies : A Perverse Mystery [Willard et ses trophées de bowling]
Richard Brautigan | Simon & Schuster "Pocket", 1975