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Personne ne le sait (ou du moins ne le dit) mais cet album est un chef-d’œuvre.
Oh bien sûr, ce n'est pas de bon ton de prétendre que le meilleur disque de Suede a été réalisé sans le guitariste historique Bernard Butler (opportunément - dans tous les sens du terme - remplacé par Richard Oakes). Mais vous savez que sur ce site, on n'est pas du genre à vous mentir. Affirmons-le donc haut, fort et crânement : Coming up est l'un des rares disques à sauver des flammes parmi cette vaste fumisterie que l'on nomma entre 1990 et 1997 "la vague britpop" (comme si ç'avait quoi que ce soit de nouveau). Avec le His'n'Hers de Pulp, le premier Oasis et This World & Body de Marion.
Comme le disait un célèbre philosophe (je ne sais plus si c'était Thierry Roland ou Philippe Bouvard) : "y'a pas à tortiller du cul" (et j'interdis aux mauvaises langues de répondre que si, justement, une grande partie du succès de Suede venait des tortillages de cul de son chanteur (même si c'est vrai)). Coming up, ce sont dix popsongs parfaites, catchy, entraînantes, aux textes futés et aux riffs affutés (l'allitération est merdique mais j'assume). Finies la régurgitation glam à contretemps, les guitares filandreuses (dommage) et la mélancolie post-coïtale affectée. Sur Coming up et ses tubes délicieusement morveux ('Trash', 'The Chemistry Between us'), Brett Anderson se réinvente en rockstar(crazy), se vautre dans la démesure (ah ! ce lyrique 'By the Sea') et réussit cette performance, finalement peu courante, d'aligner autant de hit singles potentiels qu'il y a de morceaux sur l'album. Même la production datée n'y change rien : de 'Filmstar' à 'Saturday Night', de 'Lazy' à 'She', il n'y a tout simplement rien à jeter sur le troisième Suede, pic de créativité d'autant plus improbable que le groupe s'empressera de le dévaler sur les disques suivants (tout en ménageant, certes, de nombreux éclairs de génie).
Comme de juste, la réédition d'un album aussi monstrueux ne pouvait être qu'elle-même monstrueuse : à une poignée de véritables raretés (ce qui constitue en soi une sacrée rareté) s'ajoute donc l'intégralité des faces B. (à commencer par 'Europe Is Our Playground', la plus grande chanson du groupe), ce qui - on se répète - n'a rien de bien nouveau puisque le groupe publiait l'année suivante une indispensable compile de l'exercice, mais fait toujours plaisir au vu de l'excellence du répertoire. 'Money', 'Sadie', 'Graffiti Woman'... il y a quelque chose de fascinant à voir un groupe enquiller autant de morceaux exceptionnels en quoi ? Un an et demi ? Le recul ne permet pas le doute : Suede était le meilleur combo de sa génération. L'ironie aura voulu que, bouffé par une hype cannibale, enterré par des choix artistiques regrettables (je n'en remets pas une couche sur le producteur), rongé par les tensions internes... il ne puisse jamais vraiment officialiser ce statut.
👑 Coming up [Deluxe Edition]
Suede | Nude, 2011 (1996 pour l'édition originale)
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