...
C'eût pu être un fascinant combat de catcheuses dans la boue. Quatre jolies folkeus... oh non, qui a dit une partouze ? Non, non, combat de catch dans la boue, c'est déjà très bien. Et puis la folk, ça s'accorde plutôt pas mal avec la boue. On met des boots, on patauge, on part pour dresser un cheval quand soudain l'envie nous saisit d'enlever tous nos vêtements et de tataner la gueule de la cowgirl d'en face... enfin bref. Trêve de conneries mises à part, la folkeuse à bottines (ou pas) pourrait bien revenir en grâce en cette année 2011, après douze mois au bas mot à nous gaver les portugaises à grand renfort de niaiseries formatées (oh ! qui a dit Alela... vous êtes vraiment taquins aujourd'hui, les amis).
Quatre folkeuses, donc, plus ou moins évadées de nulle part (pour la folk, c'est mieux), nous gratifient donc ces temps-ci (plus ou moins) de quatre albums réjouissants, aux qualités diverses mais à la même sincérité, qui nous réconcilient - c'est peu de le dire - avec les voix féminines sur guitares acoustiques. Petit passage en revue des forces en présence, avec mauvaise foi de rigueur.
Éternelle dauphine
Elle a beau avoir trente-cinq balais et presque dix ans de carrière dans les pattes, avec Jolie Holland c'est toujours un peu la même histoire : chaque nouvel album fait dire que cette fois-ci, ça y est, elle est devenue un peu plus que prometteuse. Et puis finalement... non. Les années passent et la Texane, qui ne manque pourtant pas de talent, reste bloquée dans la catégorie meilleur espoir féminin, un peu comme un Ron Sexsmith en fille. Le bon côté des choses, c'est que quand vient le temps de sortir un nouveau disque (celui-ci est le cinquième), on est chaque fois surpris d'être surpris par le raffinement de la production, la qualité des compos et cette forme de douleur que Jolie se traîne en travers de la gorge. Comme toujours, l'album du moment est de très bonne facture. Le premier morceaux, "All those Girls", mérite même le qualificatif d'excellent tant tout, du riff au son en passant par le texte ou cette voix profonde et hantée... concorde à en faire l'un des tubes golbiens de l'année. Bien entendu, cela ne suffira sans doute pas pour permettre à la (de moins en moins) jeune femme de jouer les premiers rôles, d'autant que Pint of Blood s'étiole pas mal dans sa seconde moitié. Mais l'ensemble est charmant, bien fichu, et Jolie mérite plus que jamais d'être redécouverte et/ou réévaluée.
Reine du bal de promo
Ann Scott n'a a priori rien à voir avec l'auteure française du même nom, sinon... non, elle n'a rien à voir, sinon un goût manifestement prononcé pour le rock. Bien sûr, Flo, paru l'été dernier dans une relative indifférence, est un album de folk. Mais Scott attaque le genre par son versant le plus ténébreux et indie, évoquant plus souvent une PJ Harvey apaisée ou une Scoutt Niblett... apaisée aussi, plutôt qu'une Emmylou ou une Joni. Plutôt sombre, le contenu est assez explicite sur ses intentions ("Return to Die", "Lost", "Killerman"... tout est dit) et s'écoute le cœur de préférence bien accroché, tant les (jolies) chansons d'Ann Scott fleurent bon la déprime et le mal être. Si l'ensemble s'avère sans doute au final un poil trop long, abusant de surcroît des mélodies hypnotiques, il contient de beaux éclats et devrait toucher l'écorché vif sommeillant en chaque lecteur du Golb.
La Princesse a trouvé son Prince Charmant
Tout ou presque est dit dans le sous-titre : Marissa Nadler est amoureuse (elle nous l'avait confié lorsqu'on l'avait rencontrée il y a deux ans), et le moins qu'on puisse dire est que ça se sent (elle nous a même fait le coup de la reprise de "My Funny Valentine" le 14 février). Tandis que la blogosphère commence à revêtir ses habits de deuil (Lyle a même failli fermer son blog en apprenant qu'un des morceaux s'intitulait "Wedding"), on se penche sur ce nouvel opus éponyme (sous-entendu : je suis enfin moi-même ?) et l'on constate qu'heureusement, l'auteure de The Saga of the Mayflower May n'a rien perdu de sa classe, ni sa voix de sa beauté diaphane. Avantage de ce disque : il ne ressemble à aucun de ses prédécesseurs, et Marissa continue de surprendre après un Little Hells carrément désarçonnant (mais qui n'a fait que se bonifier depuis). Inconvénient : ceux qui la chérissaient pour ses chansons désolées et ses atmosphères crépusculaires en seront probablement pour leurs frais. Reste une évidence : Marissa Nadler renferme, avec "In Your Lair, Bear", "Babe, I Will Leave You in the Morning" ou la majestueuse "The Sun Always Reminds Me of You", quelques sacrément grandes chansons, folk ou pas.
Le Retour de la Reine
On finissait par se dire qu'on ne l'entendrait jamais, ce cinquième album de Gillian Welch. Sept ans depuis Soul Journey, autant dire un siècle dans un monde où la règle est désormais de faire une hype de trois semaines, le plus souvent avant même la sortie d'un album dont plus personne n'aura rien à foutre une fois qu'il sera dans les bacs. Il est vrai que Welch n'est pas tout à fait la première venue, ni complètement de notre époque. La meilleure folkeuse de sa génération s'inscrit plus volontiers et plus sûrement dans une lignée de songwriteuses intemporelles, qu'elle honore avec talent et dans le respect d'une tradition depuis longtemps foulée au pied par les revivals successif. Dit plus simplement : Welch, que l'on n'oserait d'ailleurs jamais appeler affectueusement Gillian, est une artiste d'un tout autre calibre que les susnommées dauphines, dont les albums se font comme de juste exploser par The Harrow & The Harvest - et facilement encore. S'ouvrant un titre country somptueux, l'album est moins fluide que les précédents, plus contemplatif que jamais, et d'une classe rarissime ("The Way It Goes"). Pas pour rien qu'on est tenté de l'appeler la Reine : son statut est d'autant plus indiscutable à la lumière des autres disques évoqués dans cette sélection, qui tous ont d'évidentes qualités, quand The Harrow & The Harvest les réunit toutes en une quarantaine de minutes. Que ceux qui en doutent s'empresse d'aller écouter "Tennessee", ballade dépouillée et habitée qui pourrait presque épargner de répondre à la question c'est quoi la différence entre la bonne et la mauvaise country ?
C'eût pu être un fascinant combat de catcheuses dans la boue. Quatre jolies folkeus... oh non, qui a dit une partouze ? Non, non, combat de catch dans la boue, c'est déjà très bien. Et puis la folk, ça s'accorde plutôt pas mal avec la boue. On met des boots, on patauge, on part pour dresser un cheval quand soudain l'envie nous saisit d'enlever tous nos vêtements et de tataner la gueule de la cowgirl d'en face... enfin bref. Trêve de conneries mises à part, la folkeuse à bottines (ou pas) pourrait bien revenir en grâce en cette année 2011, après douze mois au bas mot à nous gaver les portugaises à grand renfort de niaiseries formatées (oh ! qui a dit Alela... vous êtes vraiment taquins aujourd'hui, les amis).
Quatre folkeuses, donc, plus ou moins évadées de nulle part (pour la folk, c'est mieux), nous gratifient donc ces temps-ci (plus ou moins) de quatre albums réjouissants, aux qualités diverses mais à la même sincérité, qui nous réconcilient - c'est peu de le dire - avec les voix féminines sur guitares acoustiques. Petit passage en revue des forces en présence, avec mauvaise foi de rigueur.
Éternelle dauphine
Elle a beau avoir trente-cinq balais et presque dix ans de carrière dans les pattes, avec Jolie Holland c'est toujours un peu la même histoire : chaque nouvel album fait dire que cette fois-ci, ça y est, elle est devenue un peu plus que prometteuse. Et puis finalement... non. Les années passent et la Texane, qui ne manque pourtant pas de talent, reste bloquée dans la catégorie meilleur espoir féminin, un peu comme un Ron Sexsmith en fille. Le bon côté des choses, c'est que quand vient le temps de sortir un nouveau disque (celui-ci est le cinquième), on est chaque fois surpris d'être surpris par le raffinement de la production, la qualité des compos et cette forme de douleur que Jolie se traîne en travers de la gorge. Comme toujours, l'album du moment est de très bonne facture. Le premier morceaux, "All those Girls", mérite même le qualificatif d'excellent tant tout, du riff au son en passant par le texte ou cette voix profonde et hantée... concorde à en faire l'un des tubes golbiens de l'année. Bien entendu, cela ne suffira sans doute pas pour permettre à la (de moins en moins) jeune femme de jouer les premiers rôles, d'autant que Pint of Blood s'étiole pas mal dans sa seconde moitié. Mais l'ensemble est charmant, bien fichu, et Jolie mérite plus que jamais d'être redécouverte et/ou réévaluée.
Reine du bal de promo
Ann Scott n'a a priori rien à voir avec l'auteure française du même nom, sinon... non, elle n'a rien à voir, sinon un goût manifestement prononcé pour le rock. Bien sûr, Flo, paru l'été dernier dans une relative indifférence, est un album de folk. Mais Scott attaque le genre par son versant le plus ténébreux et indie, évoquant plus souvent une PJ Harvey apaisée ou une Scoutt Niblett... apaisée aussi, plutôt qu'une Emmylou ou une Joni. Plutôt sombre, le contenu est assez explicite sur ses intentions ("Return to Die", "Lost", "Killerman"... tout est dit) et s'écoute le cœur de préférence bien accroché, tant les (jolies) chansons d'Ann Scott fleurent bon la déprime et le mal être. Si l'ensemble s'avère sans doute au final un poil trop long, abusant de surcroît des mélodies hypnotiques, il contient de beaux éclats et devrait toucher l'écorché vif sommeillant en chaque lecteur du Golb.
La Princesse a trouvé son Prince Charmant
Tout ou presque est dit dans le sous-titre : Marissa Nadler est amoureuse (elle nous l'avait confié lorsqu'on l'avait rencontrée il y a deux ans), et le moins qu'on puisse dire est que ça se sent (elle nous a même fait le coup de la reprise de "My Funny Valentine" le 14 février). Tandis que la blogosphère commence à revêtir ses habits de deuil (Lyle a même failli fermer son blog en apprenant qu'un des morceaux s'intitulait "Wedding"), on se penche sur ce nouvel opus éponyme (sous-entendu : je suis enfin moi-même ?) et l'on constate qu'heureusement, l'auteure de The Saga of the Mayflower May n'a rien perdu de sa classe, ni sa voix de sa beauté diaphane. Avantage de ce disque : il ne ressemble à aucun de ses prédécesseurs, et Marissa continue de surprendre après un Little Hells carrément désarçonnant (mais qui n'a fait que se bonifier depuis). Inconvénient : ceux qui la chérissaient pour ses chansons désolées et ses atmosphères crépusculaires en seront probablement pour leurs frais. Reste une évidence : Marissa Nadler renferme, avec "In Your Lair, Bear", "Babe, I Will Leave You in the Morning" ou la majestueuse "The Sun Always Reminds Me of You", quelques sacrément grandes chansons, folk ou pas.
Le Retour de la Reine
On finissait par se dire qu'on ne l'entendrait jamais, ce cinquième album de Gillian Welch. Sept ans depuis Soul Journey, autant dire un siècle dans un monde où la règle est désormais de faire une hype de trois semaines, le plus souvent avant même la sortie d'un album dont plus personne n'aura rien à foutre une fois qu'il sera dans les bacs. Il est vrai que Welch n'est pas tout à fait la première venue, ni complètement de notre époque. La meilleure folkeuse de sa génération s'inscrit plus volontiers et plus sûrement dans une lignée de songwriteuses intemporelles, qu'elle honore avec talent et dans le respect d'une tradition depuis longtemps foulée au pied par les revivals successif. Dit plus simplement : Welch, que l'on n'oserait d'ailleurs jamais appeler affectueusement Gillian, est une artiste d'un tout autre calibre que les susnommées dauphines, dont les albums se font comme de juste exploser par The Harrow & The Harvest - et facilement encore. S'ouvrant un titre country somptueux, l'album est moins fluide que les précédents, plus contemplatif que jamais, et d'une classe rarissime ("The Way It Goes"). Pas pour rien qu'on est tenté de l'appeler la Reine : son statut est d'autant plus indiscutable à la lumière des autres disques évoqués dans cette sélection, qui tous ont d'évidentes qualités, quand The Harrow & The Harvest les réunit toutes en une quarantaine de minutes. Que ceux qui en doutent s'empresse d'aller écouter "Tennessee", ballade dépouillée et habitée qui pourrait presque épargner de répondre à la question c'est quoi la différence entre la bonne et la mauvaise country ?
👍 Pint of Blood
Jolie Holland & The Grand Chandelier | ANTI-, 2011
👍👍 Marissa Nadler
Marissa Nadler | Box of Cedar Records, 2011
👍 Flo
Ann Scott | Raghouse Records, 2010
👍👍👍 The Harrow & The Harvest
Gillian Welch | Acony Records, 2011
Gillian Welch, n° 1 au CDB, mon rêve secret ! ^^
RépondreSupprimerFerais je confiance à mon instinct (Ann Scott), à tes notes (Gillian Welch) ou aux pochettes (Gillian Welch encore, j'adore)??
RépondreSupprimerPsst, tu t'es gouré, t'as mis le libellé "séries" sur cet article ^^
RépondreSupprimerSeulement 5/6 pour le Gilliam Welch ? :-)
RépondreSupprimerEt il y a parmi la blogosphère des gens beaucoup plus déçus que moi en entendant parler de 'Wedding'...
Belle découverte que Ann Scott. je n'ai pu écouter que 5 titres de son album We're Smiling (merci deezer) plus celui ci. C'est très accessible, et en meme temps on sent une felure qui fait que j'accroche, un peu comme le Night on my Side de Gemma Hayes, que j'aime beaucoup... je vais me pencher sur la discographie d'Ann Scott.
RépondreSupprimerbravo, par tes quelques lignes tu as encore su m'interpeller (meme si tu vas encore raler que c'est justement celle à qui tu as mis la plus mauvaise note...)
Thierry >>> ... et celui de tout homme normalement artillé (au niveau des oreilles).
RépondreSupprimerSerious >>> merci (mais j'ai dû corriger pile quand tu tapais ton commentaire)
Lyle >>> je sais, mais ce n'est pas avec les autres que j'ai eu une discussion sur le ramollissement thématique de la belle...
Xavier >>> va, mon enfant, je te pardonne et ne te hais point ^^
Le Gillian Welch est une vraie merveille. Enfin, une grande qui tient son rang !
RépondreSupprimerBBB.
Je ne vous le fais pas dire.
RépondreSupprimerah j'avais pas vu que tu avais parlé de cet album. Je ne sais aps si c'est "la meilleure folkeuse de son époque", je trouve ses précédents quand même plus raides, mais celui-ci est une merveille.
RépondreSupprimerSinon j'ai trouvé le Marissa Nadler très commun et n'ai pas encore écouté les autres.
Plus raides ? Comment ça ? Pour moi Time (the Revelator) est un des meilleurs albums de la décennie passée...
RépondreSupprimer