...
C'est le blockbuster de l'été. Son seul pilote coûte plus cher que la dernière saison de Friday Night Lights, son producteur s'appelle Spielberg, son scénariste en chef vient de Justified et son héros d'E.R.. Avec un tel C.V., on est presque étonné de retrouver Falling Skies sur TNT, qui nous a plus souvent habitués à des séries d'auteurs intimistes (Southland, Men of a Certain Age...) qu'à des grosses choucroutes surproduites et surmontées - mais allons donc ! Il y a finalement peu de bonnes séries de SF avec adrénaline et mystères, il serait idiot de condamner l'objet a priori. Même si son pitch - la vie d'un groupe de survivants six mois après une invasion extraterrestre - n'a pas spécialement de quoi réjouir. Notons cependant qu'il n'a pas nécessairement de quoi faire fuir : contrairement aux idées reçues, le sujet est loin d'être éculé. Les fictions de qualité, quel que soit le medium, se proposant de raconter l'invasion de la Terre par des êtres venus d'ailleurs ne sont pas si nombreuses. Elles exercent surtout une influence importante, peut-être excessive, sur un inconscient collectif au sein duquel elles sont profondément ancrées. Et le fait que Spielberg ait été rien moins que le réalisateur de trois classiques du genre, qu'on appellera faute de mieux from outer space, n'a sans doute pas aidé Falling Skies à éviter le procès en manque d'originalité qui lui pendait au nez. Risible par bien des aspects, si l'on considère que Falling Skies a bien d'autres défauts qu'une supposée carence en nouveauté.
Réalisation léchée, rythme soutenu, rebondissements nombreux à défaut d'être tous imprévisibles... la série séduit dans un premier temps, sans doute plus par ce qu'elle promet que par ce qu'elle montre réellement. Elle a moins au moins ce mérite de se donner les moyens d'être un grand divertissement estival de qualité, ce qui donne envie d'y revenir même en étant conscient que tout ne fonctionne pas. Le problème, c'est qu'on a rapidement le sentiment que les ambitions sont inversement proportionnelles au budget, et que les scénaristes ne savent dans le fond pas trop où il veulent en venir, avec leur histoire d'aliens débarquant sur terre et massacrant à tout va les adultes, tout en kidnappant et lobotomisant leurs enfants. Ne faisant pas vraiment le choix (du moins pas avant la fin du septième épisode - sur dix : autant dire une éternité) de se focaliser sur la lutte contre l'envahisseur, ils ne s'orientent pas non plus complètement vers une série à Lost, centrée autour d'un casting choral (les personnages de Tom, ancien prof spécialisé dans l'histoire de la guerre, et de son fils Hal, ont très nettement l'ascendant sur les autres). Ils ne prennent pas plus, ou pas complètement, la direction de la "compréhension de l’Étranger"... ou plutôt ils tentent de faire tout cela à la fois (la résistance s'organise ET les personnages secondaires jouent un rôle déterminant ET les aliens ne sont pas si mauvais), ce qui comme souvent revient à ne rien faire. En cela, ils sont à l'image de leurs héros, dont on ne voit pas trop ce qu'ils veulent, qui six mois après l'extermination de leur peuple n'ont aucun but à moyen terme, et se contentent de survivre, d'aller d'un point A à un B puis du point B aux points C et D (cela vaut pour leurs déplacements dans l'espace tout comme pour la construction narrative de leurs aventures). On observera d'ailleurs que si Tom, incarné par Noah Wyle, devient le leader naturel des survivants dès les premières minutes, c'est moins en raison de ses remarquables qualités humaines que parce qu'il est le seul personnage actif au milieu d'une meute de gens passifs, qui subissent et fuient, laissant les enfants et les ados résoudre des problèmes qu'ils auraient dû solutionner depuis longtemps avec deux sous de jugeote. Dans Battlestar Galactica, à laquelle il est quasiment impossible de ne pas penser, il y avait au moins cette idée de 13ème colonie, sans doute le pékin n'y croyait-il pas trop, mais il avait a minima un vague espoir, voire un but à poursuivre. Dans Falling Skies, cela ne me semble pas très tranché. Mais paradoxalement, cela donne très envie de connaître la suite, histoire de découvrir comment les bons Américains impérialistes vont se sortir de ce guêpier. D'autant que les mystères relatifs au but poursuivi par les extra-terrestres tiennent assez bien en haleine.
Le hic, c'est que non contente de ne pas consolider les acquis des premiers épisodes, la suite a tendance à voir ses qualités fondre comme neige au soleil. Plus les épisodes passent, plus Falling Skies dévoile des faiblesses quasi criminelles dans l'écriture, aggravées par la multiplications des clichés et des invraisemblances (l'épisode sept, programmé pour le 24, atteint même des sommets de nullité). Encore pourrait-on s'en satisfaire si les personnages révélaient une nature intéressante... c'est tout le contraire : ils révèlent une absence de nature et de caractère assez consternante, même pas caricaturaux ni archétypaux (comme par exemple dans le très raté Jericho, influence de toute évidence très involontaire), mais juste fantomatiques. Dès lors Lost, matrice de toutes ces séries mi-SF mi-survivor, apparaît non plus seulement comme un mètre-étalon insurpassable, mais comme une véritable leçon d'écriture et d'intelligence narrative. Dieu sait qu'il a pu lui être reproché, au moment de son épisode final, de s'être cachée derrière l'argument de voyons, c'est une série sur des personnages. On a même traité ses auteurs d'escrocs ! Regarder Falling Skies permet de réaliser s'il en était besoin à quel point ces reproches étaient injustes. Car voici une vraie série d'escrocs, ou au minimum d'amateurs, qui nous assène d'interminables focales sur des gens aux psychés simplistes et dont on a rien à secouer, et se cachent derrière l'argument humaniste pour tenter de faire oublier que le seul intérêt et le seul véritable début d'intrigue de leur série repose sur les frêles et visqueuses épaules de "skitters" dont les mystères sont chargés de maintenir l'audience (et qui d'ailleurs, cela ne trompe pas, sont égrenés à un rythme particulièrement soutenu). Dans le fond, dans Falling Skies, tout ce qui ne touche pas directement à l'identité et aux motivations de l'envahisseur n'est que remplissage pur et simple, quand dans Lost les sous-intrigues étaient foisonnantes. On pouvait passer des heures à regarder John Locke appuyer sur le bouton, on riait avec Jack et Hurley lorsqu'ils jouaient au golf... les acteurs n'étaient pas toujours très bons, les épisodes par toujours géniaux, mais tout cela était existait bien assez aux yeux du spectateur pour lui faire avaler l'imbitable, comme par exemple les scènes de prières, les fins d'épisodes souvent cucul dans les premières saisons, l'accouchement de Claire, Sun qui perd son alliance... Toutes choses que l'on retrouve dans Falling Skies, mais qui faute de personnages réellement dessinés tombent complètement à plat et ennuient. Et lorsque l'on s'aperçoit, stupéfait, que la grande bataille finale promise depuis des heures sera entièrement racontée sous forme d'ellipse (!!!), on comprend qu'en effet, ce n'est certainement pas l'originalité qui manque à ce nouveau feuilleton - mais bien les cojones.
C'est le blockbuster de l'été. Son seul pilote coûte plus cher que la dernière saison de Friday Night Lights, son producteur s'appelle Spielberg, son scénariste en chef vient de Justified et son héros d'E.R.. Avec un tel C.V., on est presque étonné de retrouver Falling Skies sur TNT, qui nous a plus souvent habitués à des séries d'auteurs intimistes (Southland, Men of a Certain Age...) qu'à des grosses choucroutes surproduites et surmontées - mais allons donc ! Il y a finalement peu de bonnes séries de SF avec adrénaline et mystères, il serait idiot de condamner l'objet a priori. Même si son pitch - la vie d'un groupe de survivants six mois après une invasion extraterrestre - n'a pas spécialement de quoi réjouir. Notons cependant qu'il n'a pas nécessairement de quoi faire fuir : contrairement aux idées reçues, le sujet est loin d'être éculé. Les fictions de qualité, quel que soit le medium, se proposant de raconter l'invasion de la Terre par des êtres venus d'ailleurs ne sont pas si nombreuses. Elles exercent surtout une influence importante, peut-être excessive, sur un inconscient collectif au sein duquel elles sont profondément ancrées. Et le fait que Spielberg ait été rien moins que le réalisateur de trois classiques du genre, qu'on appellera faute de mieux from outer space, n'a sans doute pas aidé Falling Skies à éviter le procès en manque d'originalité qui lui pendait au nez. Risible par bien des aspects, si l'on considère que Falling Skies a bien d'autres défauts qu'une supposée carence en nouveauté.
Réalisation léchée, rythme soutenu, rebondissements nombreux à défaut d'être tous imprévisibles... la série séduit dans un premier temps, sans doute plus par ce qu'elle promet que par ce qu'elle montre réellement. Elle a moins au moins ce mérite de se donner les moyens d'être un grand divertissement estival de qualité, ce qui donne envie d'y revenir même en étant conscient que tout ne fonctionne pas. Le problème, c'est qu'on a rapidement le sentiment que les ambitions sont inversement proportionnelles au budget, et que les scénaristes ne savent dans le fond pas trop où il veulent en venir, avec leur histoire d'aliens débarquant sur terre et massacrant à tout va les adultes, tout en kidnappant et lobotomisant leurs enfants. Ne faisant pas vraiment le choix (du moins pas avant la fin du septième épisode - sur dix : autant dire une éternité) de se focaliser sur la lutte contre l'envahisseur, ils ne s'orientent pas non plus complètement vers une série à Lost, centrée autour d'un casting choral (les personnages de Tom, ancien prof spécialisé dans l'histoire de la guerre, et de son fils Hal, ont très nettement l'ascendant sur les autres). Ils ne prennent pas plus, ou pas complètement, la direction de la "compréhension de l’Étranger"... ou plutôt ils tentent de faire tout cela à la fois (la résistance s'organise ET les personnages secondaires jouent un rôle déterminant ET les aliens ne sont pas si mauvais), ce qui comme souvent revient à ne rien faire. En cela, ils sont à l'image de leurs héros, dont on ne voit pas trop ce qu'ils veulent, qui six mois après l'extermination de leur peuple n'ont aucun but à moyen terme, et se contentent de survivre, d'aller d'un point A à un B puis du point B aux points C et D (cela vaut pour leurs déplacements dans l'espace tout comme pour la construction narrative de leurs aventures). On observera d'ailleurs que si Tom, incarné par Noah Wyle, devient le leader naturel des survivants dès les premières minutes, c'est moins en raison de ses remarquables qualités humaines que parce qu'il est le seul personnage actif au milieu d'une meute de gens passifs, qui subissent et fuient, laissant les enfants et les ados résoudre des problèmes qu'ils auraient dû solutionner depuis longtemps avec deux sous de jugeote. Dans Battlestar Galactica, à laquelle il est quasiment impossible de ne pas penser, il y avait au moins cette idée de 13ème colonie, sans doute le pékin n'y croyait-il pas trop, mais il avait a minima un vague espoir, voire un but à poursuivre. Dans Falling Skies, cela ne me semble pas très tranché. Mais paradoxalement, cela donne très envie de connaître la suite, histoire de découvrir comment les bons Américains impérialistes vont se sortir de ce guêpier. D'autant que les mystères relatifs au but poursuivi par les extra-terrestres tiennent assez bien en haleine.
Le hic, c'est que non contente de ne pas consolider les acquis des premiers épisodes, la suite a tendance à voir ses qualités fondre comme neige au soleil. Plus les épisodes passent, plus Falling Skies dévoile des faiblesses quasi criminelles dans l'écriture, aggravées par la multiplications des clichés et des invraisemblances (l'épisode sept, programmé pour le 24, atteint même des sommets de nullité). Encore pourrait-on s'en satisfaire si les personnages révélaient une nature intéressante... c'est tout le contraire : ils révèlent une absence de nature et de caractère assez consternante, même pas caricaturaux ni archétypaux (comme par exemple dans le très raté Jericho, influence de toute évidence très involontaire), mais juste fantomatiques. Dès lors Lost, matrice de toutes ces séries mi-SF mi-survivor, apparaît non plus seulement comme un mètre-étalon insurpassable, mais comme une véritable leçon d'écriture et d'intelligence narrative. Dieu sait qu'il a pu lui être reproché, au moment de son épisode final, de s'être cachée derrière l'argument de voyons, c'est une série sur des personnages. On a même traité ses auteurs d'escrocs ! Regarder Falling Skies permet de réaliser s'il en était besoin à quel point ces reproches étaient injustes. Car voici une vraie série d'escrocs, ou au minimum d'amateurs, qui nous assène d'interminables focales sur des gens aux psychés simplistes et dont on a rien à secouer, et se cachent derrière l'argument humaniste pour tenter de faire oublier que le seul intérêt et le seul véritable début d'intrigue de leur série repose sur les frêles et visqueuses épaules de "skitters" dont les mystères sont chargés de maintenir l'audience (et qui d'ailleurs, cela ne trompe pas, sont égrenés à un rythme particulièrement soutenu). Dans le fond, dans Falling Skies, tout ce qui ne touche pas directement à l'identité et aux motivations de l'envahisseur n'est que remplissage pur et simple, quand dans Lost les sous-intrigues étaient foisonnantes. On pouvait passer des heures à regarder John Locke appuyer sur le bouton, on riait avec Jack et Hurley lorsqu'ils jouaient au golf... les acteurs n'étaient pas toujours très bons, les épisodes par toujours géniaux, mais tout cela était existait bien assez aux yeux du spectateur pour lui faire avaler l'imbitable, comme par exemple les scènes de prières, les fins d'épisodes souvent cucul dans les premières saisons, l'accouchement de Claire, Sun qui perd son alliance... Toutes choses que l'on retrouve dans Falling Skies, mais qui faute de personnages réellement dessinés tombent complètement à plat et ennuient. Et lorsque l'on s'aperçoit, stupéfait, que la grande bataille finale promise depuis des heures sera entièrement racontée sous forme d'ellipse (!!!), on comprend qu'en effet, ce n'est certainement pas l'originalité qui manque à ce nouveau feuilleton - mais bien les cojones.
👎 Falling Skies (saison 1)
créée par Robert Rodat
TNT, 2011
Poubelle.
RépondreSupprimerJe sais pas, mais j'ai quand même envie de regarder. Je suis faible.
RépondreSupprimer2/6 ? Quelle générosité !
RépondreSupprimerIl fallait bien ça pour ne pas décourager Coline ;-)
RépondreSupprimerQuel enfoiré :D
RépondreSupprimerJe comprends un peu le 2, moi.
RépondreSupprimerParce qu'en fait il y a plein de qualités dans cette série. Ce qui les rend paradoxalement horripilante, parce qu'on se dit souvent qu'il ne manque pas grand-chose pour que ce soit bien. On a l'impression que les scénaristes sont des gros flemmards en fait lol
Haha, mais ce sera quand même mieux que regarder l'amour est dans le pré, non ? (Si c'est non, eh bien tant pis pour moi :D )
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerSerious >>> ah mais c'est ça le marketing éditorial 2.0. Il faut trouver l'équilibre parfait entre corruption et sincérité :-)
RépondreSupprimerLil' >>> voilà, c'est pas mal résumé...
Coline >>> je ne sais pas - il faudrait que je regarde l'Amour est dans le pré pour te répondre. Tu y tiens vraiment ? ^^