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[Article précédemment paru sur Interlignage] La filière bretonne n’a pas l’air prête de tarir. Pas un mois ne se passe sans que notre boite aux lettres accueille un nouvel album de chanson-folk-rock-pop francophone introduit par un cachet de la poste portant le numéro 35 ou le numéro 29, on serait même tenté de dire qu’il n’y a plus guère qu’en Bretagne que l’on produit ce genre de disque, mais le plus étonnant est sans doute que la plupart du temps, la qualité soit au rendez-vous. C’est la seconde énigme que nous finiront bien par résoudre un jour, après « que mangent les Belges ? » : « que mangent les Bretons ? » Qu’y-a-t-il dans l’air Rennais ou Brestois pour que la « chanson-rock », sous-genre aberrant dans n’importe quelle autre région du pays, soit pour eux une telle évidence et d’une telle qualité. On irait bien enquêter sur la place, mais la dernière fois qu’on a tenté le coup la seule chose qu’on a ramené, c’est un coup de froid.
Un mec normal n’est pas une déclaration de soutien au candidat François Hollande. C’est le titre de l’album de Rivière, qui en plus d’avoir un fort joli nom signe dix compositions remarquables. Il faut dire qu’il est drôlement bien accompagné par Guillaume Jouan, camarade de Miossec sur ses trois premiers opus, à la patte immédiatement reconnaissable ("Les Pas perdus" semble évadé des chutes de Baiser). Ce dernier ne signe aucun morceau (tous sont de Rivière, à l’exception d’une reprise goguenarde et entendue de "L’Opportuniste", dédiée à un certain Monsieur Besson), mais ses arrangements ou son son de guitare électrique confèrent à l’ensemble un côté immédiatement familier, pour ne pas dire que Rivière avance par le fait en terrain conquis.
Tendres et parfois franchement émouvants ("Les Aveux", "Au Caniveau"), les morceaux séduisent immédiatement par leur élégante simplicité et leurs textes habiles, entre fausse crudité et vraie pudeur ("Reviens"). Normaux, peut-être bien. Certainement pas banals, toutefois, tant ils s’insinuent rapidement dans la tête de l’auditeur, notamment "Jack Daniel’s", tube probable en 2017, lorsque notre rédaction aura pris la place du gouvernement, aura nationalisé toutes les radios et viré tous leurs programmateurs (oui, tous, sans exception. Autant vous y préparer). Normal, banal… tout est affaire de nuances, et Rivière, sous une apparente rugosité, les manies plutôt bien. Son album est simple, pas simpliste. L’artiste est humble, pas dénué d’ambitions (même si l’on devine un puissant potentiel pour chanter la lose durant les dix prochaines années). La normalité crânement revendiquée dans le titre, c’est avant tout cette dimension humaine évidente, cette manière de coller à la vie peut-être sans le vouloir. "On m’a oublié", "Au caniveau" ou "La Vieille photo" sont autant d’histoires ordinaires à la versification hoqueteuse (là encore, impossible de ne pas penser à Miossec) et au narrateur usé, dont la voix fêlée est terriblement touchante. Sur le morceau éponyme, Rivière énumère méthodiquement tout ce qu’il n’est pas, sans jamais dire précisément ce qu’il est. Après écoute, on osera supposer que la réponse est : un être humain sensible et attachant.
[Article précédemment paru sur Interlignage] La filière bretonne n’a pas l’air prête de tarir. Pas un mois ne se passe sans que notre boite aux lettres accueille un nouvel album de chanson-folk-rock-pop francophone introduit par un cachet de la poste portant le numéro 35 ou le numéro 29, on serait même tenté de dire qu’il n’y a plus guère qu’en Bretagne que l’on produit ce genre de disque, mais le plus étonnant est sans doute que la plupart du temps, la qualité soit au rendez-vous. C’est la seconde énigme que nous finiront bien par résoudre un jour, après « que mangent les Belges ? » : « que mangent les Bretons ? » Qu’y-a-t-il dans l’air Rennais ou Brestois pour que la « chanson-rock », sous-genre aberrant dans n’importe quelle autre région du pays, soit pour eux une telle évidence et d’une telle qualité. On irait bien enquêter sur la place, mais la dernière fois qu’on a tenté le coup la seule chose qu’on a ramené, c’est un coup de froid.
Un mec normal n’est pas une déclaration de soutien au candidat François Hollande. C’est le titre de l’album de Rivière, qui en plus d’avoir un fort joli nom signe dix compositions remarquables. Il faut dire qu’il est drôlement bien accompagné par Guillaume Jouan, camarade de Miossec sur ses trois premiers opus, à la patte immédiatement reconnaissable ("Les Pas perdus" semble évadé des chutes de Baiser). Ce dernier ne signe aucun morceau (tous sont de Rivière, à l’exception d’une reprise goguenarde et entendue de "L’Opportuniste", dédiée à un certain Monsieur Besson), mais ses arrangements ou son son de guitare électrique confèrent à l’ensemble un côté immédiatement familier, pour ne pas dire que Rivière avance par le fait en terrain conquis.
Tendres et parfois franchement émouvants ("Les Aveux", "Au Caniveau"), les morceaux séduisent immédiatement par leur élégante simplicité et leurs textes habiles, entre fausse crudité et vraie pudeur ("Reviens"). Normaux, peut-être bien. Certainement pas banals, toutefois, tant ils s’insinuent rapidement dans la tête de l’auditeur, notamment "Jack Daniel’s", tube probable en 2017, lorsque notre rédaction aura pris la place du gouvernement, aura nationalisé toutes les radios et viré tous leurs programmateurs (oui, tous, sans exception. Autant vous y préparer). Normal, banal… tout est affaire de nuances, et Rivière, sous une apparente rugosité, les manies plutôt bien. Son album est simple, pas simpliste. L’artiste est humble, pas dénué d’ambitions (même si l’on devine un puissant potentiel pour chanter la lose durant les dix prochaines années). La normalité crânement revendiquée dans le titre, c’est avant tout cette dimension humaine évidente, cette manière de coller à la vie peut-être sans le vouloir. "On m’a oublié", "Au caniveau" ou "La Vieille photo" sont autant d’histoires ordinaires à la versification hoqueteuse (là encore, impossible de ne pas penser à Miossec) et au narrateur usé, dont la voix fêlée est terriblement touchante. Sur le morceau éponyme, Rivière énumère méthodiquement tout ce qu’il n’est pas, sans jamais dire précisément ce qu’il est. Après écoute, on osera supposer que la réponse est : un être humain sensible et attachant.
👍👍 Un mec normal,
Rivière | Bazar Productions, 2011
Ah, pas mal ce morceau. Je vais m'intéresser à tout ça.
RépondreSupprimerJe confirme!
RépondreSupprimerOui, très bien. Merci Thommy.
RépondreSupprimerVoilà qui pourrait me plaire, moi qui aime tant la lose !
RépondreSupprimerBBB.
Vous n'avez pourtant rien d'un loser...
RépondreSupprimerLa lose, vous savez, c'est tout un état d'esprit.
RépondreSupprimer;-)
BBB.
;-)
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