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Fabrice Colin est décidément un drôle d'oiseau. De ceux qui, même en faisant d'immenses efforts sur eux-mêmes, n'arrivent jamais à faire comme tout le monde. L'écrivain de base, normal quoi, publierait son recueil de textes, nouvelles, chroniques diverses sur la pointe des pieds, sans trop la ramener à propos de ce qui n'est après tout qu'une somme d'ébauches plus ou moins abouties ou inspirées. Rien de cela chez Colin, qui ne prend pas la chose à la la légère (ou bien qui la prend justement à la plaisanterie - tout dépend d'où l'on se place), et se fend d'un parti-pris autrement plus créatif (pour le lecteur) et sans doute infiniment plus ludique (pour lui). Et qui, donc, se paie le luxe mégalo de mettre en scène sa propre mort, pour mieux présenter l'ouvrage comme une anthologie posthume, avec tout ce que cela implique de notes biographiques et d'analyses à la hussarde, le tout signé de surcroît par un Fabrice Colin alternatif qui n'aurait jamais connu le succès de son vivant ni écrit un seul roman (il ajoute donc un hybris à un autre).
Bien entendu, le procédé n'est que cela : un procédé, artificiel par définition, à l'extrême limite du gimmick. Colin connaît trop bien la littérature pour ne pas savoir que ceci relève de l'écran de fumée visant à masquer, sinon à atténuer l'intérêt somme toute relatif d'une compilation de cette sorte, dont on pouvait affirmer avant même de l'ouvrir que les textes y seraient de qualité inégale. Et pour connaître la littérature, il connaît. Sur le bout des doigts. Pas une page qui ne soit bercée par l'ombre tutélaire de tel ou tel classique de la littérature ou du cinéma, fantastique ou du merveilleux (on va penser à Peake, on va citer Straub, on va évoquer Lynch, on ne va pas oublier Verne...) - lorsqu'il ne s'agit pas tout simplement de rendre un hommage appuyé ici à Carroll, là à Barrie, ici encore à Rackham. Du name-dropping, Colin a fait un short-story-dropping. Le résultat est parfois très bon (Retour aux affaires, Intervention forcée en milieu crépusculaire), souvent embryonnaire (Chez les vivants suggère un potentiel immense), occasionnellement instructif. Il arrive aussi, trop régulièrement, que l'on commence à peine à se sentir embarqué dans le récit que le point final arrive déjà. Ou que la fausse notice introductive soit bien plus intéressante que le texte lui-même, ce qui n'est guère étonnant tant ce parti pris s'inscrit dans la droite ligne des thématiques habituelles de l'auteur.
Bref, c'est inégal, et l'esprit mal embouché ne manquera pas de conclure en disant que la mégalomanie de la forme est déplacée tant le fond s'avère par moments convenu. Il aura tort (comme souvent les esprits mal embouchés) : cette mégalomanie n'est que la marque d'un auteur accompli connaissant parfaitement les limites de l'exercice auquel il s'attèle, qui préfère s'amuser avec elles plutôt que de les laisser lui dicter sa conduite. De toute façon, personne n'irait acheter ce genre de livre s'il était signé par un parfait inconnu. Dès lors, autant en effet jouer la carte de la grandiloquence et de la démesure.
Fabrice Colin est décidément un drôle d'oiseau. De ceux qui, même en faisant d'immenses efforts sur eux-mêmes, n'arrivent jamais à faire comme tout le monde. L'écrivain de base, normal quoi, publierait son recueil de textes, nouvelles, chroniques diverses sur la pointe des pieds, sans trop la ramener à propos de ce qui n'est après tout qu'une somme d'ébauches plus ou moins abouties ou inspirées. Rien de cela chez Colin, qui ne prend pas la chose à la la légère (ou bien qui la prend justement à la plaisanterie - tout dépend d'où l'on se place), et se fend d'un parti-pris autrement plus créatif (pour le lecteur) et sans doute infiniment plus ludique (pour lui). Et qui, donc, se paie le luxe mégalo de mettre en scène sa propre mort, pour mieux présenter l'ouvrage comme une anthologie posthume, avec tout ce que cela implique de notes biographiques et d'analyses à la hussarde, le tout signé de surcroît par un Fabrice Colin alternatif qui n'aurait jamais connu le succès de son vivant ni écrit un seul roman (il ajoute donc un hybris à un autre).
Bien entendu, le procédé n'est que cela : un procédé, artificiel par définition, à l'extrême limite du gimmick. Colin connaît trop bien la littérature pour ne pas savoir que ceci relève de l'écran de fumée visant à masquer, sinon à atténuer l'intérêt somme toute relatif d'une compilation de cette sorte, dont on pouvait affirmer avant même de l'ouvrir que les textes y seraient de qualité inégale. Et pour connaître la littérature, il connaît. Sur le bout des doigts. Pas une page qui ne soit bercée par l'ombre tutélaire de tel ou tel classique de la littérature ou du cinéma, fantastique ou du merveilleux (on va penser à Peake, on va citer Straub, on va évoquer Lynch, on ne va pas oublier Verne...) - lorsqu'il ne s'agit pas tout simplement de rendre un hommage appuyé ici à Carroll, là à Barrie, ici encore à Rackham. Du name-dropping, Colin a fait un short-story-dropping. Le résultat est parfois très bon (Retour aux affaires, Intervention forcée en milieu crépusculaire), souvent embryonnaire (Chez les vivants suggère un potentiel immense), occasionnellement instructif. Il arrive aussi, trop régulièrement, que l'on commence à peine à se sentir embarqué dans le récit que le point final arrive déjà. Ou que la fausse notice introductive soit bien plus intéressante que le texte lui-même, ce qui n'est guère étonnant tant ce parti pris s'inscrit dans la droite ligne des thématiques habituelles de l'auteur.
Bref, c'est inégal, et l'esprit mal embouché ne manquera pas de conclure en disant que la mégalomanie de la forme est déplacée tant le fond s'avère par moments convenu. Il aura tort (comme souvent les esprits mal embouchés) : cette mégalomanie n'est que la marque d'un auteur accompli connaissant parfaitement les limites de l'exercice auquel il s'attèle, qui préfère s'amuser avec elles plutôt que de les laisser lui dicter sa conduite. De toute façon, personne n'irait acheter ce genre de livre s'il était signé par un parfait inconnu. Dès lors, autant en effet jouer la carte de la grandiloquence et de la démesure.
✋ Comme des fantômes - Histoires sauvées du feu
Fabrice Colin | Folio "SF", 2008
Tiens, grillé, je n'ai pas lu celui-ci. Mais effectivement, à vue de nez, le principe me paraît dans la droite ligne d'un Dreamericana. Donc, je vais essayer de le trouver.
RépondreSupprimerC'est aussi pour ça que je l'ai acheté. Je n'ai pas encore osé m'aventurer dans des contrées plus fantasy.
RépondreSupprimerTu as tort, il y en a de très bons. La Saga Mendelson, par exemple.
RépondreSupprimerAh mais je n'ai pas dit que je n'allais pas le faire !
RépondreSupprimerça ne donne pas envie de le lire, genre produit d'une certaine "intelligentsia" littéraire franchouillarde, ça fait job de besogneux, on sent la sueur d'ici.^^
RépondreSupprimerautant écouter la voix de rihanna:
http://youtu.be/sEhy-RXkNo0
--> ""intelligentsia" littéraire franchouillarde"
RépondreSupprimercomplètement à côté de la plaque, mais ça arrive parfois, quand on donne un avis sur un auteur ou un livre sans l'avoir lu.
mdr, il n'y aucun avis sur l'auteur ou le livre (non lu), il y a un avis sur le ressenti de la lecture du post.
RépondreSupprimerce qui est d'ailleurs sans signifiant aucun vu le sectarisme actuel de l'auteur du comment (moi en l'occurence) en matière de lecture, et plus particulièrement en ce qui concerne la forme "roman", considérée comme une manière agréable d'empiler des cubes (tu sais, les cubes avec des lettres..^^).
sûr qu'il y a plus de poésie là http://youtu.be/A9Qr8G0Lrvs
que dans ce truc de fb, tu remarqueras que ce n'est même pas une question de style^^
Oui, je me suis sans doute un peu emballé. Tout cela n'est de toute façon pas bien important, surtout si cela se termine avec Lemmy :-) Bonne soirée.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimer"Intelligentsia littéraire", je n'en sais rien (dans le fond, cette expression ne veut pas dire grand-chose), "franchouillarde" en revanche, cela ne me semble effectivement pas très adapté. Enfin bon, le débat est clos ^^
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