mercredi 17 août 2011

Luther - Idris Elba, seul au sommet

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Commandée puis annulée puis re-commandée pour finalement être réduite à quatre épisodes, la seconde saison de Luther a connu un parcours pour le moins sinueux avant d'échouer dans un format bâtard, qui pourrait être aussi bien considéré comme deux téléfilms d'une heure et demi. Un parti pris qui étonne (la saison un avait plutôt bien marché) et qui condamne ou quasiment une série déjà moyenne à ne pas vraiment progresser, n'ayant pas la marge nécessaire pour ce faire.

La révolution n'a donc pas eu lieu. Idris Elba traîne toujours sa mélancolie comme un boulet, charismatique à en suffoquer, et composant avec plus de finesse que jamais ce personnage singulier alliant le cerveau et les muscles, l'intelligence aiguë et la sauvagerie rageuse. Ruth Wilson est pour sa part toujours aussi exquise et amorale, mais on la voit dix fois moins, ce qui justifierait presque que soit divisée la note finale par deux. Il est vrai que dans la première saison, c'était avant tout ce duo qui maintenait l'attention/la tension du spectateur. Il était déjà laborieux de faire tenir six épisode sur les épaules de deux comédiens ; en faire tenir quatre sur les dos d'un seul était un pari risqué.

Heureusement, c'est bien le seul risque qu'a pris Neil Cross dans cette seconde saison. Auteur spécialisé depuis quinze ans dans le polar à ficelles, il sait y faire pour livrer des scénarii en kit qui ne risquent pas de trop déstabiliser le spectateur. On reste fasciné par l'étrange paradoxe nourrissant ce feuilleton, à la fois franchement glauque, cérébral et esthétisant... et en même temps très superficiel et prévisible dans son écriture. On ne peut même pas se raccrocher à l'idée qu'il s'agit d'une série plus volontiers axée sur les personnages, car à vrai dire hormis Luther et sa désormais ex-Némésis, ceux-ci sont inexistants (à la décharge de Cross, le temps d'antenne ayant été considérablement réduit, il n'était pas commode de développer correctement des personnages comme celui de Schenk, plein de potentiel mais condamné à rester à l'état embryonnaire). Non, plus que jamais, Luther semble n'exister que par et pour Idris Elba. Sans lui, elle s’effondrerait probablement tel le proverbial château de cartes. Quel grand acteur, décidément : sa seule présence à l'écran paraît pouvoir soulever le néant lui-même. Il est là, il fait son truc, et les épisodes s'emballent, presque naturellement. Seul au sommet. Sauf que ce n'est pas le sommet d'une montagne, mais d'un modeste terre-plein.


👎 Luther (saison 2)
créée par Neil Cross
BBC One, 2011

6 commentaires:

  1. Ouh, t'es courageux. La saison 1 était pas assez intéressant pour que je tente la suivante..

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  2. je veux être Idriss Elba :-)

    (d'ailleurs je crois que les filles sont du mê^me avis, elles aimeraient bien avoir le leur sous la main ^^)

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  3. Moi aussi mais si c'est pour jouer dans des séries comme ça je sais pas, ça se discute... ^^

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  4. ouais, j'ai pas trop aimé ces 4 épisodes trop rapides. En plus le seul ressort original de la série était les rapports ambigus entre Ruth Wilson et Idris Elba... et là, exit la psychopathe! Le premier épisode nous fait miroiter une suite complètement subversive. Et là, rien. On part dans un truc de pornographie infantile, de grand ultra méchant qui sont plus ridicules qu'effrayants. Je crie à l'escroquerie!!!!!!
    Et même Idris Elba (et dieu sais que je suis fan) m'a énervée avec son accent trop prononcé pour être honnête, avec sa démarche et son manteau ( il ne se change jamais???) qui finissent pas devenir des tics d'acteur qui ne sait plus quoi inventer parce que sont personnage est par trop artificiel.
    Bref, déçue.

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  5. Je crois que Ruth Wilson a préféré retourner au théâtre (d'où elle vient) et que ce n'est pas vraiment la faute de l'équipe de la série.

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  6. Kath >>> c'est vrai qu'on pourrait rire pendant des heures de tous ces grands "génies du mal" qu'affronte Luther, et qui rappellent plus des méchants de James Bond que des grands tueurs en série...

    Serious >>> tu as des sources que je n'ai pas, apparemment. Je sais qu'elle jouait jusque récemment dans la version théâtre d’À travers le miroir de Bergman, et c'est à peu près tout. Je ne savais pas non plus qu'elle "venait du théâtre", au contraire il me semblait qu'elle avait été révélée très jeune dans le Jane Eyre de la BBC et avait surtout fait de la télé (notamment le médiocre remake du Prisonnier par AMC). Mais je peux me tromper...

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