...
Ian Svenonius a beau ne pas être un perdreau de l'année (son premier album, avec Nations Of Ulysse, remonte au début des années 90), il demeure le secret bien gardé de tous les fétichistes du rock'n'roll primaire, amateurs de vinyles (les disques) et de cuir (les pantalons, les bottes, peut-être même les strings), de Bo Diddley et des Sonics. Le genre de gars qui n'a jamais oublié que le rock était la musique du Diable, qu'il se devait d'être sexy et distancié, et que sans une esthétique chiadée la musique n'était rien. Un type bien, quoi.
Alors quand un gars comme ça se fend d'un album au titre-manifeste (Music's Not for Everyone, tellement vrai que cela se passe de commentaires), que croyez que l'on fait ? On sourit d'abord, puis l'on se rue dessus et l'on s'embarque pour quarante-deux minutes de rock'n'roll racé, vintage à en crever, goguenard juste ce qu'il faut pour qu'on ne le prenne pas pour un voyageur temporel. Exactement lorsque Jon Spencer revêt son costume de crooner sudiste chez Heavy Trash, mais à l'envers, puisque précisément Svenonius préfère le soufre aux numéros de transformistes. L'ironie de la chose étant que l'inagural "Why Not", son groove et son swing font immanquablement penser à... Heavy Trash, bien sûr.
On pourrait d'ailleurs pousser plus la loin la comparaison entre Spencer et Svenonius : l'un et l'autre sont des figures cultes de l'underground US, tous deux ont débuté à peu près à la même époque, et chacun a connnu un relatif mais durable succès en faisant beaucoup de bruit et en déchaînant beaucoup de fureur dans la première moitié des nineties. Aujourd'hui à l'instar de Spencer, Svenonius semble parti pour d'interminables vacances au pays du rétro.
Les convergences s'arrêtent cependant ici : Chain & The Gang, qui avait déjà publié un très bon album il y a deux ans, n'a pas d'oeillères rockab' et n'a guère besoin (à part peut-être sur "Detroit Music") de se vautrer dans la référence pour essayer d'en dégager une quelconque légitimité. Surtout, Svenonius a composé un opus ramassé mais varié, dont chaque chanson est un diamant brut - quand les albums du Heavy Trash se composent généralement de quatre excellents titres et de beaucoup de remplissage. S'il fallait vraiment penser à un schizophrène trop cultivé pour être totalement sain d'esprit, on pencherait plutôt du côté d'Eddie Argos (c'est flagrant sur "Not Good Enough" et - dans une moindre mesure - sur l'hilarant "Youth Wasted on the Young"), avec qui Svenonius partage un goût évident pour l'électisme véritable. Du garage et du rockab' bien sûr, mais du rock psyché génialement malsain aussi ("Music's Not for Everyone"), un petit détour par Lee & Nancy (l'excellente "It's a Hard, Hard Job (Keeping Everybody High)") et même un arrêt à la case Donovan ("Can't Get Away"). Ce pourrait être un peu trop foutraque. Bizarrement, ça ne l'est pas tant que ça. Surtout, plus Svenonius multiplie les registres, moins il paraît donner dans l'exercice de style.
Autant dire que le premier Spencer venu ne pourrait en dire autant...
Ian Svenonius a beau ne pas être un perdreau de l'année (son premier album, avec Nations Of Ulysse, remonte au début des années 90), il demeure le secret bien gardé de tous les fétichistes du rock'n'roll primaire, amateurs de vinyles (les disques) et de cuir (les pantalons, les bottes, peut-être même les strings), de Bo Diddley et des Sonics. Le genre de gars qui n'a jamais oublié que le rock était la musique du Diable, qu'il se devait d'être sexy et distancié, et que sans une esthétique chiadée la musique n'était rien. Un type bien, quoi.
Alors quand un gars comme ça se fend d'un album au titre-manifeste (Music's Not for Everyone, tellement vrai que cela se passe de commentaires), que croyez que l'on fait ? On sourit d'abord, puis l'on se rue dessus et l'on s'embarque pour quarante-deux minutes de rock'n'roll racé, vintage à en crever, goguenard juste ce qu'il faut pour qu'on ne le prenne pas pour un voyageur temporel. Exactement lorsque Jon Spencer revêt son costume de crooner sudiste chez Heavy Trash, mais à l'envers, puisque précisément Svenonius préfère le soufre aux numéros de transformistes. L'ironie de la chose étant que l'inagural "Why Not", son groove et son swing font immanquablement penser à... Heavy Trash, bien sûr.
On pourrait d'ailleurs pousser plus la loin la comparaison entre Spencer et Svenonius : l'un et l'autre sont des figures cultes de l'underground US, tous deux ont débuté à peu près à la même époque, et chacun a connnu un relatif mais durable succès en faisant beaucoup de bruit et en déchaînant beaucoup de fureur dans la première moitié des nineties. Aujourd'hui à l'instar de Spencer, Svenonius semble parti pour d'interminables vacances au pays du rétro.
Les convergences s'arrêtent cependant ici : Chain & The Gang, qui avait déjà publié un très bon album il y a deux ans, n'a pas d'oeillères rockab' et n'a guère besoin (à part peut-être sur "Detroit Music") de se vautrer dans la référence pour essayer d'en dégager une quelconque légitimité. Surtout, Svenonius a composé un opus ramassé mais varié, dont chaque chanson est un diamant brut - quand les albums du Heavy Trash se composent généralement de quatre excellents titres et de beaucoup de remplissage. S'il fallait vraiment penser à un schizophrène trop cultivé pour être totalement sain d'esprit, on pencherait plutôt du côté d'Eddie Argos (c'est flagrant sur "Not Good Enough" et - dans une moindre mesure - sur l'hilarant "Youth Wasted on the Young"), avec qui Svenonius partage un goût évident pour l'électisme véritable. Du garage et du rockab' bien sûr, mais du rock psyché génialement malsain aussi ("Music's Not for Everyone"), un petit détour par Lee & Nancy (l'excellente "It's a Hard, Hard Job (Keeping Everybody High)") et même un arrêt à la case Donovan ("Can't Get Away"). Ce pourrait être un peu trop foutraque. Bizarrement, ça ne l'est pas tant que ça. Surtout, plus Svenonius multiplie les registres, moins il paraît donner dans l'exercice de style.
Autant dire que le premier Spencer venu ne pourrait en dire autant...
👍 Music's Not for Everyone
Chain & The Gang | K/Burger Records, 2011
J'connaissais pas du tout (moi qui aime bien les mecs de ce genre pourtant, et le rock vaintâge en général), mais ça m'a l'air vraiment bien. C'est marrant dans le morceau présenté il chante comme Jack White vers la fin, j'sais pas si c'est voulu. M'enfin, pour le reste ça n'a pas grand chose à voir, le mec excelle dans plein de domaines c'est impressionnant (à défaut d'être original, c'est toujours le problème...)
RépondreSupprimerha, le rock, musique du diable? sékoisa? ki sé ce gus?
RépondreSupprimerhttp://youtu.be/4nzcW7J6loo
Joris >>> ouais enfin ce genre de truc, déjà en 67 c'était plus très frais, alors ^^
RépondreSupprimergmc >>> ;-)
Ca fait quand même un peu faiseur, non?
RépondreSupprimerSans doute, oui, mais ça ne veut pas dire que ce n'est pas bon ;-)
RépondreSupprimer