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C'est une histoire presque banale. On jurerait la connaître par cœur, l'avoir entendue mille fois auparavant. La bande de potes qui montent un groupe, rencontrent le succès presque par hasard, mûrissent sur la route - entre euphorie et gueule(s) de bois. Forest Fire, on les avait rencontrés assez tôt, à l'été 2009. Route du Rock, premier passage en France, devant un auditorium rempli à craquer. Eux étaient à peine sortis de leur œuf, ils semblaient ne pas y croire. L'interview n'avait été que plaisanteries potaches, rock'n'roll attitude mal dégrossie, à mi-chemin entre le manque d'expérience de l'exercice et l'authentique je-m’en-foutisme. Ils étaient là, ils étaient heureux, ils n'auraient jamais cru y être et le reste n'avait pas d'importance. Un an plus tard à l'Espace B, c'était déjà une autre histoire - et peut-être bien un autre groupe. Qui avait gagné en densité ce qu'il avait perdu en innocence. Le son s'était fait bruitiste et le guitariste était visiblement camé jusqu'à l'os. On les avait aimé plutôt lo/fi et nonchalants sur Survival, puis plus classic rock... on les redécouvraient fans de Lou Reed et de noise, moins emplis de morgue et plus tentés par le soufre.
C'est plus ou moins ainsi qu'on les retrouve, aujourd'hui qu'ils publient leur second album. Partagés entre violence et torpeur, ballottés par des stridences chaotiques (guitares déchirantes, synthés épileptiques) au milieu desquelles la voix, plus belle et fêlée que jamais, tente de se raccrocher à la vie. Il faut écouter "Staring at the X", morceau écorché en forme de balayage rythmique, sur lequel Mark Thresher agonise peu à peu. Tout l'album est comme ça, montagne russe émotionnelle où les montées en puissance héroïques le cèdent au descentes d'amphètes (pardon, d'accords).
Staring at the X (l'inconnu ? l'ex ?) n'est pas ce qu'on appelle un album facile. Quand par hasard Forest Fire tombe sur une mélodie agréable, du genre l'entêtante "The News", il s'applique à la noyer sous les effets, les sax dissonants, quand ce n'est pas la voix, magnifiquement braillarde mais aussi parfois sacrément irritante, qui s'empresse de la hacher menue.
Intéressant il y a trois ans, Forest Fire vient d'entrer bruyamment dans la catégories des groupes passionnants, tant il lui serait aisé de faire de la pop agréable pour séduire la bande FM. Or, il fait exactement l'inverse, comme lancé dans une spirale auto-destructrice (on l'espère pour lui, uniquement au sens figuré), avec ses tentatives faussement dansantes et complètement dépressives ("They Pray Execution Style"), son folk-rock à rallonge dylanien en Diable ("Visions in Plastic", sublime), sa bouillie spongieuse inaugurale ("Born into" - on préfère ignorer quoi), son grand slow saturé de désespoir ("Blank Appeal")... le tout irrigué par une forme de douleur mal contenue, fil conducteur fragile entre des compos éclatées et parfois presque antinomiques (difficile, très difficile, de retenir un seul titre en guise d'extrait). Dieu que tout cela est pesant, étouffant même, parfois. Certains albums tirent les larmes ; celui-ci serre la gorge, quasiment du début à la fin, sans jamais donner le sentiment de tirer la corde sensible. Parce que ces mid-tempos en apparence anodines portent en elles une urgence, une angoisse qui prend aux tripes et serre, serre, serre. Ce pourrait être raté, irritant, balourd. C'est remuant, infernal... exceptionnel.
C'est une histoire presque banale. On jurerait la connaître par cœur, l'avoir entendue mille fois auparavant. La bande de potes qui montent un groupe, rencontrent le succès presque par hasard, mûrissent sur la route - entre euphorie et gueule(s) de bois. Forest Fire, on les avait rencontrés assez tôt, à l'été 2009. Route du Rock, premier passage en France, devant un auditorium rempli à craquer. Eux étaient à peine sortis de leur œuf, ils semblaient ne pas y croire. L'interview n'avait été que plaisanteries potaches, rock'n'roll attitude mal dégrossie, à mi-chemin entre le manque d'expérience de l'exercice et l'authentique je-m’en-foutisme. Ils étaient là, ils étaient heureux, ils n'auraient jamais cru y être et le reste n'avait pas d'importance. Un an plus tard à l'Espace B, c'était déjà une autre histoire - et peut-être bien un autre groupe. Qui avait gagné en densité ce qu'il avait perdu en innocence. Le son s'était fait bruitiste et le guitariste était visiblement camé jusqu'à l'os. On les avait aimé plutôt lo/fi et nonchalants sur Survival, puis plus classic rock... on les redécouvraient fans de Lou Reed et de noise, moins emplis de morgue et plus tentés par le soufre.
C'est plus ou moins ainsi qu'on les retrouve, aujourd'hui qu'ils publient leur second album. Partagés entre violence et torpeur, ballottés par des stridences chaotiques (guitares déchirantes, synthés épileptiques) au milieu desquelles la voix, plus belle et fêlée que jamais, tente de se raccrocher à la vie. Il faut écouter "Staring at the X", morceau écorché en forme de balayage rythmique, sur lequel Mark Thresher agonise peu à peu. Tout l'album est comme ça, montagne russe émotionnelle où les montées en puissance héroïques le cèdent au descentes d'amphètes (pardon, d'accords).
Staring at the X (l'inconnu ? l'ex ?) n'est pas ce qu'on appelle un album facile. Quand par hasard Forest Fire tombe sur une mélodie agréable, du genre l'entêtante "The News", il s'applique à la noyer sous les effets, les sax dissonants, quand ce n'est pas la voix, magnifiquement braillarde mais aussi parfois sacrément irritante, qui s'empresse de la hacher menue.
Intéressant il y a trois ans, Forest Fire vient d'entrer bruyamment dans la catégories des groupes passionnants, tant il lui serait aisé de faire de la pop agréable pour séduire la bande FM. Or, il fait exactement l'inverse, comme lancé dans une spirale auto-destructrice (on l'espère pour lui, uniquement au sens figuré), avec ses tentatives faussement dansantes et complètement dépressives ("They Pray Execution Style"), son folk-rock à rallonge dylanien en Diable ("Visions in Plastic", sublime), sa bouillie spongieuse inaugurale ("Born into" - on préfère ignorer quoi), son grand slow saturé de désespoir ("Blank Appeal")... le tout irrigué par une forme de douleur mal contenue, fil conducteur fragile entre des compos éclatées et parfois presque antinomiques (difficile, très difficile, de retenir un seul titre en guise d'extrait). Dieu que tout cela est pesant, étouffant même, parfois. Certains albums tirent les larmes ; celui-ci serre la gorge, quasiment du début à la fin, sans jamais donner le sentiment de tirer la corde sensible. Parce que ces mid-tempos en apparence anodines portent en elles une urgence, une angoisse qui prend aux tripes et serre, serre, serre. Ce pourrait être raté, irritant, balourd. C'est remuant, infernal... exceptionnel.
👑 Staring at the X
Forest Fire | Fat Cat Records, 18/10/11
Cet album est magnifique et restera mon album de l'année, c'est sûr ! Je ne vois pas comment quelqu'un pourrait venir prendre sa place dans les quelques mois qu'il reste. Ils étaient déjà exceptionnels en concert, et là, ils confirment qu'ils peuvent l'être sur disque.
RépondreSupprimerQuel morceau bizarre en entêtant... et hypnotisant... "bouillie spongieuse", c'est tout à fait ça.
RépondreSupprimerTiens ça éveille ma curiosité cette chronique... Forest Fire est rentré dans ma blacklist des groupes que je méprise depuis un concert lamentable à la Route du Rock, où ils ont enchaîné des chansons fades et apathiques.
RépondreSupprimerWahouwww 6 diodes et pourtant un article qui me met sur mes gardes. j'avais beaucoup aimé le 1er album pour son côté folk paisible et décontracté, là ils ont mis un pied dans le côté obscur ? Je vais écouter ça très vite et j'espère bien que je rejoindrais ton avis !!
RépondreSupprimerJe m'interdis de lire maintenant, une fois de plus. De toute façon je m'en fous : je suis amoureuse de cet album.
RépondreSupprimerArticle très alléchant, et l'extrait me plait vraiment...
RépondreSupprimeril faut absolument que j'écoute cet album!
Emily >>> ;-)
RépondreSupprimerJoris >>> j'avais plutôt aimé, moi, le concert à La Route du Rock (de ce que je m'en rappelle, du moins). Je l'avais d'autant plus agréable qu'après des dizaines de groupes electro ou lo/fi ça faisait du bien de voir arriver des mecs qui écrivaient des chansons... enfin cela dit peu importe, le groupe est très loin de ce qu'il faisait à l'époque aujourd'hui.
Julien >>> ah bah d'accord, si quand je mets 6/6 tu te mets sur tes gardes... bah tu dois flipper, non, quand je descends en-dessous de 3 ? :-D Regarde comme Cissie et Nekko sont enthousiastes, ça te rassure pas ça ? J'ai engagé des Golbo-girls pour chauffer un peu l'ambiance ^^
Xavier >>> il y a d'autres extraits sur youtube (mais tant que ça), si tu veux.
Le premier album était pas un chiantounet quand même?
RépondreSupprimerEnfin là c'est un bon titre, rien à dire.
Oui, je suis assez d'accord. Il y avait de bon morceaux et un ton assez personnel, mais c'était parfois un peu mou.
RépondreSupprimerLe 1er album m'a bien plu le temps de 2-3 écoutes. Là, le côté bouillie spongieuse du morceau présenté m'ennuie. Mais bon, c'est hors contexte. Je vais essayer d'écouter l'album dans son intégralité !
RépondreSupprimerSi ça peut t'encourager, il n'est pas vraiment pas long.
RépondreSupprimer"Born into" est le premier titre de l'album, j'ai été le premier à arrondir les yeux en l'entendant... et je ne l'ai pas aimé tout de suite. Il y a d'autres morceaux (un peu) plus instantanés pour le soutenir.
pris un par un je trouve la plupart des titres entre bons et super (j'adore They prey execution style), mais je ne retrouve pas l'impression d'ensemble et l'unité de style qui m'avaient embarqué avec le précédent.
RépondreSupprimerPeut-être à cause de la profusion de disques (dont beaucoup de bons), l'unité de l'album est devenu un de mes critères importants, il faut une tuerie comme La superbe pour que j'en fasse abstraction :-)
Un peu trop "noise" pour moi, comme vous dites, les jeunes.
RépondreSupprimerBBB.
Arbobo >>> ah c'est marrant, parce qu'autant je reconnais que le truc a un côté éclaté, autant j'arrive quand même à voir une unité.
RépondreSupprimerBBB. >>> si c'est trop fort...
Bah putain Thomas je te félicite et je te remercie: sans toi je n'aurais jamais écouté cet album, et je serais donc passé à côté d'un des rares albums qui me font frémir depuis la pause estivale.
RépondreSupprimerAh, ah, eh bien tant mieux alors ^^
RépondreSupprimerJoris: tu l'as écouté où?
RépondreSupprimerJe n'ai pas du tout accroché, mais voici quand même un lien d'écoute ^^
RépondreSupprimerhttp://open.spotify.com/album/1SKLJR68CkKGKd0lGo7ZjZ
Allez, après Dexter & Hung, voici venu le temps de la Good Wife hebdo !
Je constate avec plaisir que nous avons été victimes du même fléau qui réduit les tripes en bouillie, donc :-)
RépondreSupprimer@Xavier: Thierry est plus rapide que moi. Mais oui c'est ça, il est assez accessible en streaming (deezer et grooveshark aussi je crois). Le titre présenté par Thomas n'est pas vraiment représentatif de ce qu'on peut trouver sur l'album, même s'il est très bon, et qu'en ce qui me concerne, je l'ai aimé dès la première écoute.
RépondreSupprimersauf erreur c'est le premier album qui est sur grooveshark, mon site de référence. spotify il faut s'inscrire je crois... reste deezer, je vais devoir me faner les pubs et l'écouter en 3-4 fois...
RépondreSupprimermais bon, merci à tous (Thom inclu), je le sens bien ce disque...
Oh, des remerciements avant même d'avoir écouté, c'est un peu risqué ça, Xavier ;-)
RépondreSupprimerJoris tu as raison sur "Born into", en même temps quel titre est vraiment représentatif de l'album ? Il y en a peu et ils me paraissent tous assez différents. Te plains pas, j'ai failli mettre "They Pray...", là ç'aurait été peu représentatif ^^
:D - Ouais, c'est vrai... ca sera pour les fois où j'ai pas remercié...
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