lundi 10 octobre 2011

General Elektriks - Bain de minuit

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[Article précédemment paru sur Interlignage] C'était il y a deux ans, presque jour pour jour. On avait fait le déplacement à la Cigale pour applaudir l'immense Tony Allen, et en sortant il n'y avait que deux mots sur nos lèvres : General Elektriks. En quelques minutes dansantes et intenses, le Français expatrié en Californie avait retourné la salle. "Mis le feu", comme dit le journaliste à cours de métaphores. Good City for Dreamers, l'album d'alors, le second, avait été acheté le lendemain à la première heure. Et avait eu bien du mal à céder la place sur la platine durant les mois suivants.

Retour au présent. Deux ans, un franc succès et une belle brochette de productions (Pigeon John, Honeycut) plus tard, RV Salters revient avec un troisième album attendu de pied ferme, de cette manière dont on attend toujours un peu fébrilement le successeur d'un disque qui nous a marqué sans toutefois complètement effacer certaines petites réserves. Good City for Dreamers était excellent, c'est acquis. Il pouvait pour autant n'être qu'un chouette plaisir saisonnier, sa légèreté allait en ce sens, avec sa pop funky décomplexée, son disco malin et ses mélodies dont la facilité pouvait, à terme, sembler un brin superficielle.


Parker Street fait rapidement taire cette réserve. Audacieux, et pas uniquement parce qu'il se veut plus organique, le nouvel opus de General Elektriks séduit par sa volonté de moins séduire - justement. Toujours pop et ensoleillé (balancé au début de l'été, le single "Summer Is Here" porte bien son nom), mais autrement plus dense et mettant un terme sans doute définitif aux comparaisons - déjà risibles il y a deux ans - avec Jamiroquai. Parker Street sent le Grand Œuvre de tout partout, le attention on n'est plus là - seulement - pour danser et rigoler. En témoigne effectivement quelques titres à la mélancolie mesurée ("I'm Ready", "She Wore a Paper Dress" ou l'excellent "Bad Day") qui surnagent au milieu des tubes en puissance - toujours aussi nombreux pour leur part. Une ballade lumineuse comme "We Ride" n'était pas exactement ce que l'on attendait d'un nouveau General Elektriks - la surprise est d'autant plus agréable qu'il eût été tentant, à d'autres moins inspirés, de se laisser aller à la facilité en reproduisant une formule auréolée de succès. Rien de cela ici : Parker Street, c'est de loin ce qui frappe le plus à l'écoute, dit (presque) adieu aux gimmicks et aux ficelles qui faisaient le charme de Good City for Dreamers. La voix porte plus, les morceaux les plus dansants ("The Spark", l'imparable "Holding Down the Port") ont considérablement gagné en dynamique, de toute évidence dopés par l'apport rythmique du batteur Michael Urbano, requin de studio à la frappe acérée.

Et puis bien sûr, il y a le son, puisque General Elektriks s'inscrit dans la longue tradition du on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Dense, chaud, particulièrement soigné, il porte certains titres (au hasard : "The Genius & The Gangster") sans que l'on puisse tout à fait dire s'il n'est pas trop ampoulé par moment. Ici ou là, Parker Street peut rappeler ces grosses productions seventies aux ambitions aussi démesurées que leurs moyens (un comble pour un disque homemade), dont on a jamais trop su si le goût pour l'excès était la principale qualité ou bien le pire défaut. Parker Street est ces albums goulus, qui aspirent l'auditeur et dont les lumières clignotent par milliers en arrière-plan. Certains le regretteront sans doute, d'autant que réduit à l'essentiel, la musique de Salters ne perd rien de sa superbe et gagne beaucoup en sensualité ("Quiet Entertainers"). Mais c'est un parti pris à défendre, et le moins qu'on puisse dire est que peu d'artistes, en 2011, le défendent avec une telle inspiration et un sens mélodique aussi inattaquable.



👍👍👍 Parker Street 
General Elektriks | Wagram, 2011

5 commentaires:

  1. Je trouve ce groupe d'une vanité (de "vain") sidérant. Mais à quoi ça sert, ce genre de musique ? Qui achète ça ? Je ne le dis pas méchamment car ce n'est même pas mauvais, c'est bien fait, mais qui ça fait vibrer?

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  2. J'avais écouté le précédent, mais malgré des qualités, je dois dire que je n'accroche pas vraiment.

    En fait, le premier album, plus jazzy, était, à la limite, plus dans mes goûts.

    Je crois que je ne suis pas assez funky. En plus, je ne sais pas danser.

    ;-)

    BBB.

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  3. C'est toujours agréable de se sentir en phase avec son lectorat ^^

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  4. J'adore General Elektriks ! Je l'ai découvert grâce à une chanson de son premier album, Tu m'intrigues, que je trouve parfaite.
    J'ai beaucoup aimé le second album, mais je trouve que c'set un groupe qui se découvre surtout en concert : une pêche, une énergie, une joie, qui durent plusieurs jours !
    Pour répondre à Lil' : mi, ça me fait vibrer, ça me motive, me donne la pêche !

    Je suis très contente de ton avis positif sur le dernier album : je vais aller le découvrir de ce pas !

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  5. Je ne dirai qu'une chose : et toc :-)

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