dimanche 30 octobre 2011

PERRINE EN MORCEAUX - Du sens et du langage

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S’il n’est jamais bien difficile de différencier un bon album d’un mauvais, il est en revanche beaucoup plus délicat de déterminer si l’album en question va savoir s’inscrire dans le temps, et donc a fortiori s’il est suffisamment intéressant/fascinant/inspirant pour que l’on ait envie de lui consacrer un article. Dans le cas de cette rubrique, c'est à la fois plus simple et plus complexe encore ; l’ouvrage en lui-même n’a dans le fond pas besoin d’être exceptionnel. C’est avant tout une question de personne, et même de personnalité. Est-ce que cette personne a des choses intéressantes à dire ? Est-ce que cette personne mérite qu’on lui consacre trois pages ?1 Les fidèles lecteurs savent que ce ne sont pas forcément les meilleurs artistes qui inspirent les meilleurs articles de cette rubrique, et que s’il est entendu que l’œuvre d’Élodie Frégé n’arrive pas à l’ongle du petit orteil de celle de Nick Cave, c’est bien la rencontre avec la première qui a laissé le plus de traces 2.

N’allez pas y voir de plaisanterie de mauvais goût, mais ça faisait un moment qu’on reniflait PERRINE EN MORCEAUX. On savait qu’on en parlerait un jour ou l’autre, c’était évident tant son Contre le futur est tellement trop de choses à la fois (kraut, lo/fi, conceptuel, politique, sexuel, pop, hypnotisant, dérangé…) On ne savait juste pas quelle forme cela prendrait. C’est seulement après l’avoir loupée pour la quarante-douzième fois sur scène cette année que l’évidence s’est imposée : rencontrons-nous et parlons-en.


Un long chemin jusqu’à cette terrasse incroyablement ensoleillée pour une fin octobre, où Perrine arrive en souriant, charmante quoique légèrement sur la réserve durant les premiers instants. Elle parle beaucoup et en même temps on n’a pas le sentiment qu’elle aime particulièrement cela, en tout cas pas comme ça, pas de cette manière dont on essaie de lui ravir la bonne parole à coup de questions plus ou moins bien senties (plutôt moins, dans notre cas). « C’est terrible, de parler. C’est en écrivant qu’on dit l’essentiel… en parlant…pfff… on dit toujours des trucs inutiles. Écoute, tu fais un métier difficile (rires) » Ce n’est pas la première fois que l’on observe chez un(e) artiste ce paradoxe vibrant, ce mélange d’affirmation de soi et de sur-humilité, de confiance et de doute abyssal. Mais on l’a rarement à ce point senti, dans telle contradiction, dans telle hésitation, comme dans cette liste de chausse-trapes qu’elle semble s’être jurée d’esquiver : le piège de l’ironie, du cynisme, de la mièvrerie… celui de la contemplation de soi, celui encore de la facilité et de l’auto-parodie… la liste est quasi sans fin, au point de donner une impression d’extrême lucidité, comme si après seulement quelques pas sur un très long chemin (on y revient) elle apercevait déjà de loin toutes les embuches.

Faut dire qu’en terme de long chemin, Perrine en connaît un rayon. Non que le sien ait été plus chaotique qu’un autre ; il a juste été peut-être plus hasardeux, fait de tâtonnements, de coïncidences. De coups de bol. « J’ai pas l’impression d’avoir trouvé la musique comme telle, j’ai jamais eu le sentiment d’avoir fait une grande découverte et d’aller l’apporter au monde, comme ça peut être le cas de musiciens exceptionnels… ou pas, d’ailleurs. C’est plutôt que je me suis trouvée dans le fait de chanter, ou quelque chose comme ça… » Et il est vrai qu’avant cela, Perrine s’est et a beaucoup cherché(e), sans trouver grand-chose. Des arts plastiques – où elle consent à reconnaître avoir accompli quelques trucs « plutôt pas mal » - à l’école de commerce, « tout un tas de trucs » pour finalement arriver là où elle même ne s’attendait pas. « J’étais hyper mélomane mais je n’étais absolument pas musicienne. Je suis partie là-dedans sans avoir la moindre idée de comment procéder pour faire quelque chose qui serait une chanson… Tout à coup j’ai eu le… le fort besoin de chanter, et j’ai découvert chez un pote fou d’instruments, de ceux qui ne peuvent pas s’empêcher d’en acquérir des tonnes, tout un champ de machines, synthés, pédales… que j’ai essayés, et j’ai été assez vite acquise au truc. » La suite s’enchaîne plus ou moins logiquement, plus ou moins tranquillement. Bricolages bruitistes avec un ami danseur lui aussi habité par le besoin de chanter (« on fumait, on buvait et on essayait de crier en faisant du bruit, c’était… un truc un peu initiatique, assez étonnant… »), duo post-rock expérimental avec David Chalmin (qui a d’ailleurs enregistré et mixé Contre le futur), le tout sans jamais perdre de vue cette « machinerie magique » et minimaliste (sampler + kaosspad + micro), qui ne laissait de la fasciner par sa simplicité et l’étendue de ses possibilités. « Au départ la musique c’était vraiment un truc privé, en fait. Et puis à un moment je me suis retrouvée en résidence en tant que plasticienne, pour un mois de travail durant lequel j’avais plus de job et donc l’ensemble de mon temps à disposition, et c’est là que je me suis aperçu qu’à l’intérieur de mes pédales et dans mes carnets… j’avais cinq chansons. Je me suis mise à les travailler tous les matins et à la fin du mois je les ai chantées, sur une table devant une trentaine d’artistes, pour la plupart des danseurs, chorégraphes, des gens assez exigeants en terme de performance… et après ça j’ai pas arrêté. Jouer et chanter devant des gens, c’est la forme qui m’a paru la plus politique, la plus pertinente et la plus bouleversante à ce moment-là de ma vie. J’ai cessé mes activités plastiques pour commencer à ne faire que ça. » On hausse les sourcils en apprenant cette désertion, pour le moins brutale. D’autant que tous les ingrédients étaient réunis sur la ligne de départ pour aboutir à un projet conjuguant les deux versants, plastique et musical. « C’est sans doute un peu ce que j’ai fait au bout du compte. Je peux pas m’empêcher d’avoir une vision un peu plus large que la seule composition. Je prends vachement en compte la scène, c’est central dans mon travail, et puis les objets, les clips… mais c’était hyper important que j’arrête avec la surface de l’image. D’ailleurs à la même époque je me suis rasé la tête, j’ai mis mes fringues dans des sacs poubelle, j’ai même arrêté de parler pendant quinze jours pour mieux écrire… toute une espèce de changement existentiel assez fulgurant qui est allé de pair avec le fait de commencer à chanter. »


Et alors cette musique, donc ? Car arrive inévitablement le moment où il faut en parler un peu plus avant – et on ne peut pas dire que Perrine En Morceaux fasse grand-chose pour simplifier la description. Pour cohérent qu’il soit, Contre le futur est une œuvre plurielle se faisant un plaisir d’échapper aux catégorisations rigides. Elle parlera d’« elecroconcrete indus-medieval post-pop », on suggéra volontiers « krautpop ». Aucun des deux cependant ne recouvrira complètement la réalité. En fait, on serait tenté de se contenter de cette phrase laconique ornant son site : « She makes songs ». C’est bête, mais c’est vrai, et c’est peut-être là l’essentiel. On lui avoue même avoir été surpris de constater à quel point ces chansons en étaient, ce que l’emballage marketo-conceptuel, revendiquant crânement une singularité toujours un peu casse gueule (là dans les descriptifs, ici sur un fly plutôt amusant 3), ne clame peut-être pas assez fort. Chansons diverses, chansons post-industrielles ("Not a Big Deal"), chansons médiévalisantes ("I Am Lazy"), chansons explosives ("Where Is My Spine?")… mais toujours, encore des chansons, pop quoique volontairement pas carrées aux entournures. Construites (déconstruites ?) comme une réaction épidermique à la pop contemporaine, mainstream bien sûr, indé aussi, parfois : « Une chanson aujourd’hui c’est un objet dans lequel on a capitalisé sur une rengaine, sur une phrase choc, un peu comme dans un mauvais journal : un gros titre autour duquel on brode. Il y a un aspect normatif vraiment important dans ce qu’on appelle « la chanson. » » (on remarquera que lorsque l’on s’éloigne de son nombril (si on ose dire), la parole de Perrine se fait autrement plus sèche et claquante). Et quoi de mieux qu’une autodidacte, en effet, pour s’éloigner ainsi des normes du songwriting académique ? L’artiste a beau croire que son parcours « n’est pas très intéressant », le relier à sa musique éclaire bien des choses. Et pose accessoirement la question de la part de volonté et de la part d’accident. « Au début ce que je faisais était très simple : je laissais tourner une boucle pendant toute la durée d’une chanson et il s’agissait, à partir de ce moment-là, de faire en sorte qu’on ne s’emmerde pas ni toi ni moi. Et je crois que ça marchait, en tout cas au niveau d’exigence que j’avais à ce moment-là. Et puis en fait, en pratiquant de cette manière, en pratiquant les boucles, eh bien j’ai commencé à en faire plusieurs par morceau, à générer des BPM différents dans une même chanson. Et ça, je me suis aperçue que ça n’arrivait jamais dans la pop. Si tu mets la radio, tu n’auras jamais une chanson qui à un moment donné change totalement de pulsation. Alors bien sûr il y a aussi tout un tas de musiques que moi j’écoute depuis longtemps qui font ça, je n’ai rien inventé, mais j’avais l’impression de mélanger deux approches différentes de la musique en une seule : faire quelque chose qui soit recevable immédiatement – des chansons, donc – sans que ce soit à la sauce du jour, à savoir facile, peu exigeant et surtout facilement identifiable. » Le titre le plus parlant, de ce point de vue, étant probablement "Where Is My Spine?", qui commence comme du Siouxsie et finit comme du Nine Inch Nails, comme irrémédiablement fendu en son milieu. « S’il y a bien un principe dans ma manière de faire, c’est d’obéir à la nécessité qu’il y ait plusieurs chansons dans une. Ne pas se satisfaire de ce fameux motif autour duquel on va capitaliser. J’aurais pu continuer une chanson comme "I Am Lazy" de la manière dont elle commence : c’était tout à fait harmonieux, c’était tout à fait bien chanté et… bah non. Cette mélodie on n’a pas besoin de l’entendre de nouveau, on l’a déjà eue ! On peut la poursuivre dans sa tête. C’est pas la PEINE de bourrer le crâne des gens. La répétition c’est l’opération primordiale de ma musique, mais c’est aussi son ennemi numéro 1. »

La discussion dérive naturellement sur les textes – l’impératif de chanter allant difficilement sans la nécessité d’exprimer quelque chose. Ceux de Contre le futur sont d’un genre assez vicieux, en ce qu’ils paraissent assez simples de prime abord, tout en ne l’étant que rarement. Ellipses, symboles, faux-semblants… PERRINE EN MORCEAUX ne s’inscrit pas vraiment dans la bonne vieille tradition de la chanson française, ni même dans la mouvance anglo-saxonne du storytelling (qui dans le fond n’en est que le pendant). Elle avoue d’ailleurs ne plus vraiment trouver son intérêt dans l’écriture de textes narratifs comme "Dans mon jardin", « tube » évident de l’album – aussi évident que la métaphore qu’il file un peu plus de trois minutes durant. « C’est une des premières que j’ai écrites, une chanson d’amour ! Bon, les chansons d’amour il me fallait sans doute les écrire, mais c’est vrai que dans Contre le futur les paroles sont beaucoup plus de source philosophique que de source sentimentale. Je lis beaucoup de philo, beaucoup de pensée contemporaine, et je me demande sans cesse les moyens de… de… changer le monde, en gros. » Elle rit franchement. « Oui, rien que ça. Mais je pense qu’on n’a que ça à faire, en fait, en art comme ailleurs. Je me pose toutes ces questions très intimement et j’essaie de les soulever dans mes chansons, avec mon background de non-philosophe et de personne qui parle une langue « normale ». » On lui fait remarquer que de même qu’elle philosophe sans être philosophe, elle réalise un album extrêmement politique sans écrire une seule protest-song, au sens littéral (dylanien ?) du terme. Rien que par les thèmes effleurés, par les mots employés, par les choix de songwriting. Contre le futur est de ces albums qui suintent la politique sans jamais la nommer, de ces œuvres qui vous rappellent, sans brutalité mais avec fermeté, que tout, quoiqu’il advienne et qu’elle que soit l’intention initiale, est politique. D’une manière ou d’une autre. L’inverse de cette tendance imbitable à jouer les « chanteurs citoyens », attitude devenue tellement cliché qu’on finit par ne même plus pouvoir distinguer lorsqu’elle est sincère et lorsqu’elle relève de la pose – et qui de toute façon n’est jamais ni un plus ni un moins pour la musique elle-même. C’est tout le problème du difficile héritage des sixties : Joan Baez a mis le pied à l’étrier à Bob Dylan, leur relation est assurément devenue mythique, leurs figures sont l’une et l’autre symboles d’une époque… il n’y en a pas moins un gouffre abyssal entre "Here’s to You" et "A Hard Rain’s a-Gonna-Fall", la littéralité d’un côté, la suggestion de l’autre. Le texte d’une part, la force d’évocation en face. Nul besoin de savoir de quoi parle "A Hard Rain…"4 pour ressentir ce vent mauvais qui souffle sur le monde. « Il y a heureusement des gens – dans la musique comme dans l’art contemporain – qui ont compris que la question politique n’était plus idéologique, qu’elle ne pouvait plus se poser telle qu’elle se posait dans les années 60/70. La chose politique aujourd’hui elle est dans la façon dont a tourné le capitalisme, jusque dans la façon dont on se parle. Dans la manière qu’on a de croire savoir, dans la manière qu’on a de dire « évidemment», d’accepter tout un tas de logiques impliquées dans les mots qu’on utilise. C’est pour ça que la chanson c’est lourd de conséquences : ce sont des mots qui sont censés rester dans la tête. Je pense que quand on fait des chansons il faut garder en tête qu’elles sont vouées à exister dans la mémoire des gens, qu’on ne va pas se souvenir que de la mélodie, mais aussi des mots. C’est un discours public. Je ne supporte pas les postures ironiques, je ne supporte pas les discours de songwriters qui passent leur temps à fuir par l’ironie en esquivant le problème même du sens et du langage. Moi je me le pose et c’est assez laborieux, complexe… mais passionnant, aussi. Je crois que si tu veux penser différemment, tu peux trouver des moyens d’ écrire différemment. Par exemple sur l’album il y a une chanson qui n’est écrite qu’avec des lettres et des chiffres "[iD2F11D / MTiD]" et quand tu utilises des mots qui ne sont faits que comme ça (« FAC », « GC »…) tu te retrouves avec une espèce de dictionnaire étrange, arbitraire comme l’est le langage, et là-dessus tu construis du sens. Et effectivement je me suis aperçue que j’ai écrit dans cette chanson des trucs que je n’aurais jamais formulés de la sorte, du coup la pensée qui s’en dégage est plus compliquée, elle… elle dit d’autres choses. Voilà : faire des chansons ça me permet de penser. Pas en contemplation ou en ascèse, bien sûr, mais de penser pour agir autrement. C’est pour ça aussi que l’album s’appelle Contre le futur ; ce n’est évidemment pas un album réactionnaire. Il se place contre le futur tel qu’on nous le vend, contre cette espèce de pré-écriture totalement aberrante qui est faite de l’histoire, cette idée que le futur est anticipable comme un simple by-product du présent. Le futur que je veux est précisément celui que je ne peux pas imaginer. » On retrouve ici en miroir le même rejet, la même défiance de la norme ou des dogmes que Perrine témoignait plus haut à l’encontre de la pop contemporaine. Parce qu’elle ne supporte pas le cynisme, et que le cynisme gouverne une grande partie de notre monde.

Et il certain que l’on retrouve dans Contre le futur une incandescence rare, presque paradoxale tant la jeune femme semble posée et réfléchie lorsqu’elle s’exprime, toujours à chercher le mot juste, parfois à lutter pour essayer de dire simplement des choses qui sont tout sauf réductibles à des slogans. Plus elle parle, et plus on comprend qu’elle qui persiste à dire qu’elle ne « sait toujours pas grand-chose de la musique » se soit trouvée dans ce domaine dont la mue récente pourrait presque entièrement être symbolisée par Contre le futur, l’objet : une petite pilule USB plutôt qu’un disque ou un simple échantillon numérique. « Je pouvais pas du tout envisager faire un album qui s’appelait Contre le futur et le sortir en vinyle. Il fallait en quelque sorte que l’objet soit à la hauteur du titre, pour en révéler la complexité. »

Après seulement une poignée d’années de « carrière », elle fait déjà des connexions que certains ne font pas après des décennies, et témoigne d’une capacité à « sortir du cadre » tout à fait étonnante. Son regard sur son travail est parfois particulièrement acéré (« D’une certaine manière ma musique n’est pas encore-là. C’est sans doute pourquoi je ne l’ai jamais envoyée à un label et c’est pourquoi je ne pouvais pas m’arrêter après le premier album, ni après Contre le futur »), au moins autant que sur celui des autres (« Autechre c’est une musique qui dépasse le corps, elle va plus vite que le cerveau. T’es embarqué dans un rythme et soudain sans t’en rendre compte t’es plus dans le rythme. »). Le commentaire vaut évidemment tout autant lorsqu’elle évoque ce qu’elle prépare en ce moment (« C’est comme si ma musique commençait à d’avantage rejoindre l’intention. »).

Car ce n’est pas un hasard si l’on capte Perrine aux deux tiers de sa série de concerts à La Loge. On l’a raconté plus haut : c’est la performance qui a provoqué le véritable électro-choc, plus que la musique en elle-même. Rien d’étonnant à ce que celle-là occupe encore une place primordiale dans le « projet PERRINE EN MORCEAUX », qu’on imaginait volontiers assez mutant et… « Eh bah pas du tout ! » (rires communs, quoiqu’un peu contrits de notre côté) « Comme tout sort de très peu de choses ça implique des phénomènes de mise en boucle assez précis, du coup c’est hyper écrit et ça laisse très peu de place à l’aléa, ça demande pas mal d’attention… une machine c’est bête et méchant (rires) Après sur scène ce qui compte surtout c’est l’instant de… » Ne trouvant pas le mot exact, elle se met à mimer l’échange, mais on avait de toute façon bien compris l’idée, d’autant qu’environ une heure plus tôt elle nous confiait sa hantise du nombrilisme scénique – risque évidemment réel lorsque l’on est seul(e) en scène : « L’attention du public est tellement focale, tellement liée à une seule personne que c’est difficile de pas immédiatement se conforter dans la position de l’individu qu’on admire. » Elle, elle lutte contre cela, quand d’autres ne se poseraient même pas la question. Elle ne le dit pas explicitement, mais on soupçonne même que la construction de son nouveau set, « 30 minutes non-stop d’une pièce construite comme un tout » jouées en addendum à une première partie composés de morceaux de l’album, est un possible remède à ce problème. Une manière de retrouver cette espèce de communion pure… cette horizontalité qui allait de pair autrefois avec la musique populaire, bien avant l’invention du concept de star, et que la musique électronique a su, pendant un court laps, retrouver elle aussi. « J’ai envie de plus en plus de moments de transe, de danse… un autre rapport au son et aux mots. Quelque chose de populaire au sens le plus noble du terme, où grégaire ne rime pas avec médiocre, où personne est pris pour un con.. » En somme, de continuer dans une voie parfaitement convaincante à l’heure actuelle, en dehors de ce qui est considéré comme naturel, logique, convenable. Contre ce futur qu’on tente de nous vendre en capsules lyophilisées.


Dernier album,
👍 Contre le futur (2010)


1. La formule est dure, j’en conviens. Elle est pourtant juste.
2. D’ailleurs, j’ai un doute. Ai-je rencontré Nick Cave ? Fringues hideuses mises à part, je n’en garde que peu de souvenirs.
3. « Perrine En Morceaux c’est de la musique qui ne ressemble pas. Merci de ne pas venir [...] si vous souhaitez voir et entendre un truc habituel. »
4. L’imaginaire collectif s’est d’ailleurs chargé de résoudre cette question en prétendant communément qu’elle traite de la crise des missiles de Cuba. Ce qui n’est pas le cas, et dans le fond il n’est pas certain que ç’ait grande importance.