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[Taux de Spoil : 15 %] Ami lecteur, il est temps de tomber le masque. Oui, ce blog est tenu par un dangereux malade ayant vu tous les films d'Eric & Ramzy (oui, tous (oui oui, même Les Dalton !)). Oui, La Tour Montparnasse infernale est l'un des films les plus drôlissimes du monde. Oui, Seuls Two est non seulement une comédie originale et jouissive, mais encore une véritable œuvre bien plus profonde qu'il y paraît. Oui, H, c'était vachement bien. Alors en apprenant qu’Éric se lance en solo dans une nouvelle série autofictionnelle déjantée (en plus), impossible de résister très longtemps : Le Golb y court, y vole, s'y traîne quitte à susciter la moquerie de son entourage.
Pour mieux le casser, ce brave Éric ? Voir. Les premiers épisodes de Platane, série gentiment secouée quoique moins folle qu'elle en a l'air, sont légèrement poussifs. Passé un début pétaradant et un pitch amusant (à la veille du lancement de la suite de H, HP, Éric, que sa nana vient de larguer, se bourre la gueule et se paie un platane, pour mieux se réveiller un an après et découvrir que Ramzy a fait la série sans lui), le show peine un peu à trouver son rythme, faute peut-être d'une idée très claire de ce qu'il faut faire de cette (très bonne) idée de départ - ou à tout le moins faute de la faire clairement comprendre au spectateur. Judor cherche-t-il à faire rire ? A émouvoir ? A aller vers la noirceur ? A écrire une satire au vitriol du showbiz ? Dans un premier temps, Platane coche toutes les cases et oscille entre un peu tout ça, comme si elle tentait d'être simultanément un Louie, un Curb et un Entourage made in France.
Et puis peu à peu, les choses se décantent, au fur et à mesure que la série monte en puissance. Personnage odieux et orgueilleux comme un pou, souvent con comme une pelle à tarte et multipliant les bobards les plus invraisemblables pour parvenir à ses fins (c'est-à-dire flatter son égo, il n'y a guère que cela, dans le fond, qui l'intéresse), l’Éric Judor de fiction se meut progressivement en antihéros burlesque détestable, donc attachant. A ses propres conneries, presque poétiques tant elles sont innombrables, s'ajoute la médiocrité crasse des gens de cinéma qui l'entourent, à commencer par ces autres pipoles venus piger avec un sens de l'auto-dérision qui ne peut que les honorer tant ils sont ridiculisés avec un rare sadisme (mentions spéciales à Guillaume Canet, qu'on meurt d'envie de gifler à chaque scène, et à Vincent Cassel, absolu branleur). Le summum est atteint lorsque, finissant enfin de tourner son improbable La Môme 2 : The Next Generation, qui semble de plus en plus débile et imbitable semaine après semaine, Judor décide à la dernière minute de conclure sur une mise abyme subtile et lynchienne à souhaits, qui constitue sans le moindre doute la seule scène réussie de son projet. Non seulement on a le sentiment qu'il ne sait même pas pourquoi il fait ça, mais encore assiste-t-on en quelques minutes au retournement de veste du critique ciné qui lui a toujours craché dessus lorsqu'il jouait des comédie ET à la sidération d'une équipe de tournage qui, de toute évidence, n'a pas la moindre vague notion de ce qu'est l'art. On sent poindre la conclusion de l'épisode : le producteur délégué (par Besson, of course) fait pression pour qu’Éric change la scène, et l'oblige à la remplacer par une version plus explicite afin de ne pas perdre le pauvre spectateur (synonyme de crétin congénital dans l'esprit d'un producteur de cinéma, rappelons-le). Dans ce genre de moment, lorsqu'il tape là où ça fait vraiment mal (plutôt que de se moquer inlassablement de ces pauvres Chinois, à propos desquels il faudra bien à jour que quelqu'un se décide à lui demander ce qu'ils lui ont fait), Éric Judor touche au vrai truc et réussit à prétendre sérieusement au titre de Larry David français. Il est dommage qu'au-delà de se perdre parfois dans des gags un brin faciles et convenus, Éric n'ait pas toujours gardé à l'esprit que l'efficacité de Curb Your Enthusiasm ne découle pas uniquement de ce que David se tourne en dérision, mais de ce que cette dérision lui permet de dire sur la société qui l'entoure... On n'a cependant pas envie de trop l'en blâmer, car une fois n'est pas coutume on termine une série française en se disant qu'il y a là suffisamment de qualités pour produire, à terme, un OVNI ne devant réellement rien aux productions anglo-saxonnes.
[Taux de Spoil : 15 %] Ami lecteur, il est temps de tomber le masque. Oui, ce blog est tenu par un dangereux malade ayant vu tous les films d'Eric & Ramzy (oui, tous (oui oui, même Les Dalton !)). Oui, La Tour Montparnasse infernale est l'un des films les plus drôlissimes du monde. Oui, Seuls Two est non seulement une comédie originale et jouissive, mais encore une véritable œuvre bien plus profonde qu'il y paraît. Oui, H, c'était vachement bien. Alors en apprenant qu’Éric se lance en solo dans une nouvelle série autofictionnelle déjantée (en plus), impossible de résister très longtemps : Le Golb y court, y vole, s'y traîne quitte à susciter la moquerie de son entourage.
Pour mieux le casser, ce brave Éric ? Voir. Les premiers épisodes de Platane, série gentiment secouée quoique moins folle qu'elle en a l'air, sont légèrement poussifs. Passé un début pétaradant et un pitch amusant (à la veille du lancement de la suite de H, HP, Éric, que sa nana vient de larguer, se bourre la gueule et se paie un platane, pour mieux se réveiller un an après et découvrir que Ramzy a fait la série sans lui), le show peine un peu à trouver son rythme, faute peut-être d'une idée très claire de ce qu'il faut faire de cette (très bonne) idée de départ - ou à tout le moins faute de la faire clairement comprendre au spectateur. Judor cherche-t-il à faire rire ? A émouvoir ? A aller vers la noirceur ? A écrire une satire au vitriol du showbiz ? Dans un premier temps, Platane coche toutes les cases et oscille entre un peu tout ça, comme si elle tentait d'être simultanément un Louie, un Curb et un Entourage made in France.
Et puis peu à peu, les choses se décantent, au fur et à mesure que la série monte en puissance. Personnage odieux et orgueilleux comme un pou, souvent con comme une pelle à tarte et multipliant les bobards les plus invraisemblables pour parvenir à ses fins (c'est-à-dire flatter son égo, il n'y a guère que cela, dans le fond, qui l'intéresse), l’Éric Judor de fiction se meut progressivement en antihéros burlesque détestable, donc attachant. A ses propres conneries, presque poétiques tant elles sont innombrables, s'ajoute la médiocrité crasse des gens de cinéma qui l'entourent, à commencer par ces autres pipoles venus piger avec un sens de l'auto-dérision qui ne peut que les honorer tant ils sont ridiculisés avec un rare sadisme (mentions spéciales à Guillaume Canet, qu'on meurt d'envie de gifler à chaque scène, et à Vincent Cassel, absolu branleur). Le summum est atteint lorsque, finissant enfin de tourner son improbable La Môme 2 : The Next Generation, qui semble de plus en plus débile et imbitable semaine après semaine, Judor décide à la dernière minute de conclure sur une mise abyme subtile et lynchienne à souhaits, qui constitue sans le moindre doute la seule scène réussie de son projet. Non seulement on a le sentiment qu'il ne sait même pas pourquoi il fait ça, mais encore assiste-t-on en quelques minutes au retournement de veste du critique ciné qui lui a toujours craché dessus lorsqu'il jouait des comédie ET à la sidération d'une équipe de tournage qui, de toute évidence, n'a pas la moindre vague notion de ce qu'est l'art. On sent poindre la conclusion de l'épisode : le producteur délégué (par Besson, of course) fait pression pour qu’Éric change la scène, et l'oblige à la remplacer par une version plus explicite afin de ne pas perdre le pauvre spectateur (synonyme de crétin congénital dans l'esprit d'un producteur de cinéma, rappelons-le). Dans ce genre de moment, lorsqu'il tape là où ça fait vraiment mal (plutôt que de se moquer inlassablement de ces pauvres Chinois, à propos desquels il faudra bien à jour que quelqu'un se décide à lui demander ce qu'ils lui ont fait), Éric Judor touche au vrai truc et réussit à prétendre sérieusement au titre de Larry David français. Il est dommage qu'au-delà de se perdre parfois dans des gags un brin faciles et convenus, Éric n'ait pas toujours gardé à l'esprit que l'efficacité de Curb Your Enthusiasm ne découle pas uniquement de ce que David se tourne en dérision, mais de ce que cette dérision lui permet de dire sur la société qui l'entoure... On n'a cependant pas envie de trop l'en blâmer, car une fois n'est pas coutume on termine une série française en se disant qu'il y a là suffisamment de qualités pour produire, à terme, un OVNI ne devant réellement rien aux productions anglo-saxonnes.
👍 Platane (saison 1)
créée par Éric Judor et Hafid F. Benamar
Canal +, 2011
Ouais, c'est plutôt marrant quand même de là à rapprocher de Curb...mouais mouais mouais.
RépondreSupprimerCertains épisodes du milieu de cette saison sont franchement jouissifs. Rien que l'idée de La Môme 2.0 est excellente. Par contre, c'est vrai qu'on peut regretter que Judor ne puisse s'empêcher de parler très souvent comme un débile profond. Pourtant, inutile d'en faire des tonnes, sa tête est drôle en elle-même.
RépondreSupprimerMoi j'ai bien rigolé. C'était plus bête que méchant, mais vraiment bien fichu (l'épisode avec la chemise de Goebbels, rah la la !)
RépondreSupprimerLa comparaison avec Larry David et Ricky Gervais arrive naturellement assez tôt. Pour moi la série a réussi son pari ambitieux, même si il est plus facile de séduire les abonnés de Canal+ avec ce genre de série que la ménagère de TF1.
RépondreSupprimerPar contre je ne vois pas vraiment où l'on peu comparer Platane à Louie. Dans le sens où l'humour est pas vraiment anxiogène et génant, comme il l'est dans Louie.
Ps: Non, pas Danny Le rouge. Surtout depuis que je sais que Jean-Charles existe.
RépondreSupprimerSerious >>> bah la comparaison s'impose immédiatement quand tu vois l'attitude du personnage...
RépondreSupprimerCissie >>> oui, c'est vrai qu'on a parfois le sentiment que plutôt que de faire une parodie de lui-même, il a fait une parodie des personnages qu'il jouait, et finalement l’Éric Judor dans la série n'est pas si éloigné de l'image que l'on se faisait de lui.
Dany >>> tu fais bien de parler de Ricky Gervais, il y a évidemment un petit côté Extras dans Platane. Mais cette influence-là a tendance à s'étioler au fil des épisodes.
Le rapprochement avec Louie, tu noteras bien que j'en parle à propos des premiers épisodes. Pour moi il y a beaucoup de Louie dans le pilote, qui est extrêmement triste, beaucoup plus que le reste de la série, que ce soit la soirée avant l'accident ou bien le moment où il décide de se lancer dans le stand up et fait pleurer la moitié de l'hôpital...
Ouais ouais, j'entends sur le "sur le papier", mais dans les faits c'est un humour extrêmement différent.
RépondreSupprimerBien sûr. Mais pas tant que ça, si tu y regardes de plus. Par exemple la construction narrative d'un épisode comme celui avec la chemise nazi, c'est du pur Larry David (que ce soit dans Curb ou Seinfeld).
RépondreSupprimerTout à fait. L'enchainement malheureux de situations ubuesques et qui met grandement le personnage en grande difficulté au fil de l'épisode. Pile poil du Larry David dans la construction.
RépondreSupprimerEdit: "si tu y regardes de plus près"
Et surtout l'enchaînement d'évènements n'ayant pas de lien direct et qui finissent par se rejoindre en une grande catastrophe finale.
RépondreSupprimerJ'avoue que je me suis bien fendu la gueule pendant quelques épisodes. C'était inégal, mais chouette. Ah et, merci de réhabiliter H, qui était quand même super drôle aussi ^_^
RépondreSupprimerBen oui, c'était cool H !
RépondreSupprimerUne très bonne surprise que cette série qui joue avec les codes (on pense à Entourage bien sûr, c'est évident avec la multiplication des guests)
RépondreSupprimerOuais enfin Entourage n'a pas non plus inventé le principe de guests ^^
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