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Il l'a fait, le Ryan. A tout le moins a-t-il essayé, ce qui relève quasiment de l'exploit eu égard au bordel sans nom qu'avait fini par devenir sa discographie. Cela se murmurait ici ou là depuis plusieurs mois : son nouvel album, Ashes & Fire, allait être frappé du slogan back to basics. Après avoir versé dans le heavy sarcastique et la power-pop soûlante, Ryan Adams s'apprêtait à retrouver le chemin du folk-rock et, sous la houlette du grand Glyn Johns, à reconquérir son trône. Et même s'il faut attendre la troisième piste, "Come Home", pour retrouver une forme de majesté rappelant la grâce d'antan, force est de reconnaître que dès la première note de "Dirty Rain", la promesse est tenue : Ashes & Fire est sans doute à ce jour ce que le prodige de Jacksonville a publié de plus proche de son fabuleux Heartbreaker en plus d'une décennie.
Sauf que. Sauf que fatalement, ce nouvel opus (le treizième officiel) pose questions. Au hasard parmi la pléthore qui viennent à l'esprit : le talent est-il une denrée périssable ? Jusque là, on était tenté de dire que non. Les héros sombraient avant tout parce qu'ils prenaient de mauvais chemins, fréquentaient les mauvaises personnes et faisaient de mauvais choix. Adams a fait le bon, et pourtant cela persiste à ne pas le faire complètement. Un bon quart d'Ashes & Fire est ainsi au mieux anecdotique, comme si son auteur ne savait tout simplement plus faire. Quand Gillian Welch, avec qui il collabora autrefois, se paie un come-back assommant la concurrence, Ryan semble pour sa part incapable de tenir un album entier, ni de se mettre à nu avec la même émotion qu'autrefois, lorsque sans forcer la main de l'auditeur, il lui arrachait des larmes à force de chanter l'exil et les cœurs cabossés (cf. "Oh My Sweet Carolina", "Why Do They Live?" ou n'importe quel titre de son premier album solo).
C'est que dans le fond, Adams a toujours été plus ou moins un rocker malencontreusement doué pour la folk. Ce genre, tout entier acquis à l'idée d'authenticité, goûte mal l'ironie et n'aime pas les tricheurs - encore moins les branleurs. Le songwriter a beau faire de louables efforts pour faire oublier ses innombrables foutages de gueule passés, comme par exemple sur l'émouvante "Do I Wait?", il ne parvient jamais tout à fait à convaincre de sa reconversion et on a toujours le sentiment un peu diffus qu'il manque quelque chose au final. La conviction, peut-être. Ou le soufre, ce qui dans le fond revient au même. Après lui avoir écrit directement, on songera pour le prochain article à s'adresser à Mandy, pour l'enjoindre de quitter le garçon - pour son propre bien comme pour le nôtre. Qu'on ne s'y trompe pas : Ashes & Fire est un bon album de folk, sans doute le plus convaincant, dans ce genre ou un autre, qu'ait publié son auteur ces cinq dernières années (ce qui semble très court mais, pour un type aussi prolifique, est en fait très très long). Mais on sait que quelque part, dans les replis de l'âme de ce type un brin pontifiant, se terre quelqu'un qui peut tellement mieux faire...
Il l'a fait, le Ryan. A tout le moins a-t-il essayé, ce qui relève quasiment de l'exploit eu égard au bordel sans nom qu'avait fini par devenir sa discographie. Cela se murmurait ici ou là depuis plusieurs mois : son nouvel album, Ashes & Fire, allait être frappé du slogan back to basics. Après avoir versé dans le heavy sarcastique et la power-pop soûlante, Ryan Adams s'apprêtait à retrouver le chemin du folk-rock et, sous la houlette du grand Glyn Johns, à reconquérir son trône. Et même s'il faut attendre la troisième piste, "Come Home", pour retrouver une forme de majesté rappelant la grâce d'antan, force est de reconnaître que dès la première note de "Dirty Rain", la promesse est tenue : Ashes & Fire est sans doute à ce jour ce que le prodige de Jacksonville a publié de plus proche de son fabuleux Heartbreaker en plus d'une décennie.
Sauf que. Sauf que fatalement, ce nouvel opus (le treizième officiel) pose questions. Au hasard parmi la pléthore qui viennent à l'esprit : le talent est-il une denrée périssable ? Jusque là, on était tenté de dire que non. Les héros sombraient avant tout parce qu'ils prenaient de mauvais chemins, fréquentaient les mauvaises personnes et faisaient de mauvais choix. Adams a fait le bon, et pourtant cela persiste à ne pas le faire complètement. Un bon quart d'Ashes & Fire est ainsi au mieux anecdotique, comme si son auteur ne savait tout simplement plus faire. Quand Gillian Welch, avec qui il collabora autrefois, se paie un come-back assommant la concurrence, Ryan semble pour sa part incapable de tenir un album entier, ni de se mettre à nu avec la même émotion qu'autrefois, lorsque sans forcer la main de l'auditeur, il lui arrachait des larmes à force de chanter l'exil et les cœurs cabossés (cf. "Oh My Sweet Carolina", "Why Do They Live?" ou n'importe quel titre de son premier album solo).
C'est que dans le fond, Adams a toujours été plus ou moins un rocker malencontreusement doué pour la folk. Ce genre, tout entier acquis à l'idée d'authenticité, goûte mal l'ironie et n'aime pas les tricheurs - encore moins les branleurs. Le songwriter a beau faire de louables efforts pour faire oublier ses innombrables foutages de gueule passés, comme par exemple sur l'émouvante "Do I Wait?", il ne parvient jamais tout à fait à convaincre de sa reconversion et on a toujours le sentiment un peu diffus qu'il manque quelque chose au final. La conviction, peut-être. Ou le soufre, ce qui dans le fond revient au même. Après lui avoir écrit directement, on songera pour le prochain article à s'adresser à Mandy, pour l'enjoindre de quitter le garçon - pour son propre bien comme pour le nôtre. Qu'on ne s'y trompe pas : Ashes & Fire est un bon album de folk, sans doute le plus convaincant, dans ce genre ou un autre, qu'ait publié son auteur ces cinq dernières années (ce qui semble très court mais, pour un type aussi prolifique, est en fait très très long). Mais on sait que quelque part, dans les replis de l'âme de ce type un brin pontifiant, se terre quelqu'un qui peut tellement mieux faire...
👍 Ashes & Fire
Ryan Adams | PAX AM, 11/10/11
Il est quand même beaucoup mieux que le précédent!
RépondreSupprimerAprès c'est dommage car les versions acoustiques dispos ici ou là sur le net étaient à mon avis mieux que l'album une fois mixé.
C'est sûr, mais en même temps c'était pas dur (pour la comparaison avec l'album précédent).
RépondreSupprimerJe me suis fait la même remarque quant aux versions acoustiques, cela dit je n'en ai entendu que quelques unes...
Moi, je trouve que l'album s'écoute tout seul. Il me rappelle Easy Tiger, pour le côté folk simplexe mais pas trop.
RépondreSupprimerJe suis pas fan d'Easy Tiger non plus, ceci explique peut-être cela.
RépondreSupprimerEasy Tiger est un album qui contient des titres fabuleux. Simplement ces derniers doivent être écoutés dans leurs versions live car la production ne leur rend absolument pas justice . Pour exemple , " the sun also sets ": sur l'album Ryan Adams a une voix assez ridicule . En concert , en revanche , c'est fabuleux . Pour le vérifier , il suffit d'aller piocher dans internet archives .org ( tous les concerts ne sont pas d'égale qualité du point de vue audio). .
RépondreSupprimerAh mais de toute façon, les prods sont souvent LE gros problème d'Adams. Je ne comprends pas très bien pourquoi il a cessé de travailler du jour au lendemain avec Ethan Johns, les albums qu'ils ont fait ensemble (Heartbreaker, Gold, Demolition et 29) ont un sens de l'épure qui fait quand même cruellement défaut aux autres (et je ne compte même pas les travaux de Johns avec Whiskeytown, ce ne serait pas fair play)
RépondreSupprimerOui. Après ce n'est pas aussi prenant que d'autres, je suis d'accord. Là, je réécoute 29, la chanson Voices, ça prend vraiment aux tripes, Ashes and Fire ne joue pas dans cette division-là.
RépondreSupprimerTout à fait ok avec l'article, et aussi ce que vient de dire Emily sur "Voices". 29 était le dernier grand disque de Ryan Adams à mon avis et pas de bol, il est passé complètement inaperçu. Aujourd'hui j'avoue qu'à part les vieux Whiskeytown, Heartbreaker et toutes les sessions Suicide Handbook et compagnie, je ne réécoute pas ses disques même s'il arrive que je les aime sur le coup.
RépondreSupprimerDe là à dire qu'il y a un lien avec son passage à la trentaine ;-)
RépondreSupprimerLol
RépondreSupprimerMais en même tps Ryan Adams est né en 74, il avait donc déjà passé les 29 ans quand il a fait 29.
RépondreSupprimerJe vous laisse discuter entre vous les filles. Je passe juste vous confirmer que "29" n'a rien à voir avec l'âge de son auteur, il suffit d'ailleurs d'écouter le texte (très sombre) de la chanson éponyme pour s'en apercevoir ^^
RépondreSupprimerMerci patron ^^
RépondreSupprimerPour revenir au sujet et à Lil : il n'est pas passé si inaperçu que cela, 29, il était même dans la liste des 100 meilleurs disques des années 2000 du Times!
Peut-être mais sur le coup j'ai plutôt le souvenir d'un disque sorti à Noël, en plus le troisième de l'année, et dont personne n'a parlé.
RépondreSupprimer"dont personne n'a parlé">>> à part Thomas sur l'excellent forum WAHF!! :D
RépondreSupprimerAh bon, j'ai fait ça, moi ?
RépondreSupprimerAh oui, j'en suis certaine.
RépondreSupprimerLe concert acousitque donné à oslo cette année est superbe . La version de " Desire " est magnifique . Cet enregistrement doit se trouver assez facilement sur le net .
RépondreSupprimer"acoustique" ; désolé .
RépondreSupprimerÇa tombe bien, j'ai prévu d'aller le voir au mois de novembre.
RépondreSupprimerEt "Desire" est toujours magnifique, de toute manière ;)
Une petite session iTunes ?
RépondreSupprimerJe m'appelle ..?
Chéri ^^
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