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Treize nouvelles pour un premier recueil de Faulkner, plutôt difficiles à dater, certaines remontant probablement à ses tout débuts. L'ensemble est plus ou moins découpé en trois mouvements pour autant de thèmes tenus à cœur par l'auteur, la guerre et le Grand Sud bien sûr, ainsi que l'Europe, plus étonnamment (et pour les trois textes les moins intéressants, aussi).
Sans grande surprise, ce sont les nouvelles consacrées à l'inaltérable Comté de Yoknapatawpha qui marquent le plus (toutes sont d'ailleurs devenues plus ou moins des classiques), à commencer par A Rose for Emily (qui inspira la chanson des Zombies), petit délice (!) traitant du salut d'une âme, où les amateurs de Faulkner ne croiseront quasiment que des visages connus, au nombre desquels le fameux Colonel Sartoris (voir par ailleurs). On notera au passage que, même dans une forme beaucoup plus courte, l'auteur ne cède rien sur son obsession des découpages structurels et chronologiques les plus complexes.
Mais la nouvelle la plus fantastique du recueil demeure tout de même Dry September, dont le seul titre a quelque chose de fascinant. Il faut bien garder à l'esprit qu'à cette époque de sa vie, Faulkner nourrit encore l'espoir d'être un grand poète. C'était d'ailleurs sa vocation première, mais ses éditeurs successifs dans un premier temps, puis les critiques dans un second, ont fini par totalement le décourager de publier ni même d'écrire de la poésie (et sans doute à raison, vu la relative médiocrité de ses vers). Alors Faulkner s'est lentement métamorphosé en une sorte de "poète du roman/de la nouvelle". Avec sa description lyrique d'un lynchage ordinaire, multipliant les points de vue pour mieux recréer le chaos, Dry September est l'accomplissement de cet objectif... on y parle d'amour, de mort et de racisme, comme dans beaucoup d'autres textes de l'auteur, mais ici le fond est relégué au second plan. Seul compte le texte, les phrases qui s'entrechoquent, les mots qui s'entassent, parfois avec une rare brutalité...
C'est à la fois un texte merveilleux et catastrophique, car il est tellement au dessus des autres qu'il plombe complètement le recueil. Difficile d'enchaîner Dry September et le poussif Mistral (je ne parle même pas des deux dernières nouvelles, totalement ennuyeuses). C'est dans doute pour cela qu'on trouve un nombre incalculable d'éditions de cette seule nouvelle.
Pour résumer, comme dans tout recueil de ce type, on trouve ici à boire et à manger. En l'occurrence, deux textes d'une force incroyable, A Rose for Emily et Dry september (auxquels on ajoutera Victory, ouverture grandiose et délicieusement bizarre), quelques récits sympas quoique dispensables (Red leaves, That Evenning Sun, dans lequel on retrouve ce bon vieux psychopathe de Quentin Compson*) , et beaucoup de déchet. Mais bon... il est vrai que le début des années trente fut une période difficile pour Faulkner, qui écrivit alors beaucoup de textes sur commande dans le but avoué de payer son loyer.
(*) Le personnage central de The Sound & The Fury et d'Absalom, Absalom!
Treize nouvelles pour un premier recueil de Faulkner, plutôt difficiles à dater, certaines remontant probablement à ses tout débuts. L'ensemble est plus ou moins découpé en trois mouvements pour autant de thèmes tenus à cœur par l'auteur, la guerre et le Grand Sud bien sûr, ainsi que l'Europe, plus étonnamment (et pour les trois textes les moins intéressants, aussi).
Sans grande surprise, ce sont les nouvelles consacrées à l'inaltérable Comté de Yoknapatawpha qui marquent le plus (toutes sont d'ailleurs devenues plus ou moins des classiques), à commencer par A Rose for Emily (qui inspira la chanson des Zombies), petit délice (!) traitant du salut d'une âme, où les amateurs de Faulkner ne croiseront quasiment que des visages connus, au nombre desquels le fameux Colonel Sartoris (voir par ailleurs). On notera au passage que, même dans une forme beaucoup plus courte, l'auteur ne cède rien sur son obsession des découpages structurels et chronologiques les plus complexes.
Mais la nouvelle la plus fantastique du recueil demeure tout de même Dry September, dont le seul titre a quelque chose de fascinant. Il faut bien garder à l'esprit qu'à cette époque de sa vie, Faulkner nourrit encore l'espoir d'être un grand poète. C'était d'ailleurs sa vocation première, mais ses éditeurs successifs dans un premier temps, puis les critiques dans un second, ont fini par totalement le décourager de publier ni même d'écrire de la poésie (et sans doute à raison, vu la relative médiocrité de ses vers). Alors Faulkner s'est lentement métamorphosé en une sorte de "poète du roman/de la nouvelle". Avec sa description lyrique d'un lynchage ordinaire, multipliant les points de vue pour mieux recréer le chaos, Dry September est l'accomplissement de cet objectif... on y parle d'amour, de mort et de racisme, comme dans beaucoup d'autres textes de l'auteur, mais ici le fond est relégué au second plan. Seul compte le texte, les phrases qui s'entrechoquent, les mots qui s'entassent, parfois avec une rare brutalité...
C'est à la fois un texte merveilleux et catastrophique, car il est tellement au dessus des autres qu'il plombe complètement le recueil. Difficile d'enchaîner Dry September et le poussif Mistral (je ne parle même pas des deux dernières nouvelles, totalement ennuyeuses). C'est dans doute pour cela qu'on trouve un nombre incalculable d'éditions de cette seule nouvelle.
Pour résumer, comme dans tout recueil de ce type, on trouve ici à boire et à manger. En l'occurrence, deux textes d'une force incroyable, A Rose for Emily et Dry september (auxquels on ajoutera Victory, ouverture grandiose et délicieusement bizarre), quelques récits sympas quoique dispensables (Red leaves, That Evenning Sun, dans lequel on retrouve ce bon vieux psychopathe de Quentin Compson*) , et beaucoup de déchet. Mais bon... il est vrai que le début des années trente fut une période difficile pour Faulkner, qui écrivit alors beaucoup de textes sur commande dans le but avoué de payer son loyer.
👍 These Thirteen
William Faulkner | Jonathan Cape, 1931
(*) Le personnage central de The Sound & The Fury et d'Absalom, Absalom!
Mon pauvre vieux, tu vas t'en sortir un jour de Faulkner :D
RépondreSupprimerPardon : c'était une question en fait
RépondreSupprimermais il ne veut pas sortir de Faulkner Serious Moon, il veut nous le faire lire :-)
RépondreSupprimerEt si ça se trouve ça va finir par marcher ;-)
T'as raison en fait, il essaie de nous manipuler :)
RépondreSupprimerMême pas :-)
RépondreSupprimerC'est simplement qu'entre ceux que je dois encore relire, ceux que j'ai relus mais que je n'ai pas eu l'occasion de commenter sur Le Golb, et ceux que j'ai déjà commentés... ça fait du monde.
Cela dit rassure-toi, je crois qu'on approche quand même de la fin.
--> Le personnage central de The Sound & The Fury et d'Absalom, Absalom!
RépondreSupprimerComme ne l'ignore aucun lecteur du Golb ^_^
Ben dis donc, c'est une sacrée coïncidence.
RépondreSupprimerCe matin même je me disais qu'il fallait que je me lance dans Faulkner. Mais je n'arrive pas trop à savoir par quoi commencer.
Tu me conseillerais quoi comme premier bouquin ?
J-C >>> ne rêvons pas trop tout de même ^^
RépondreSupprimerTyph >>> disons que je vais te laisser le choix entre trois (je suis posséder par le Saint-Esprit, ce matin)
As I Lay Dying
Sanctuary
Light in August
Je te laisse lire et voir ce qui te fait le plus envie là-dedans... Choisir un seul Faulkner est beaucoup trop dur ^^
> (je suis possédé par le Saint-Esprit, ce matin)
RépondreSupprimerTu te prends pour Dexter ah ah ah
Merci beaucoup !
RépondreSupprimerJe vais débuter par Sanctuary je pense ;)
Serious Moon >>> c'est méchant ça ! :-)
RépondreSupprimerTyph >>> de rien ! Je pense effectivement que c'est un bon choix pour commencer.