Les Séries dont on ne parlera pas cette année...

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Pas toujours facile de trouver le temps d'évoquer les 14 000 séries qu'on regarde simultanément, d'autant que toutes n'inspirent pas un nombre égal de commentaires. Il était étonnant que la rubrique Speed Trials ne se soit jamais étendue à la télévision jusqu'ici, non ? J'y ai sérieusement songé ces dernières semaines, et puis non. Le format ne s'y prêtait pas. Je vous propose donc à la place un petit arrêt sur image(s), un petit moment de détente, un article zappable du début à la fin : les séries dont on ne parlera pas cette année sur Le Golb. Pour des raisons diverses, variées, mais le plus souvent parce qu'il n'est pas grand-chose à en dire.

Prenons un exemple (presque) au hasard : Treme. Une fois énumérées toutes ses qualités, qui ne se démentent pas en saison deux, pas facile de trouver quelque chose à ajouter. Le parti pris de David Simon, qui accumule méthodiquement les tranches de vie, a ceci de piégeux qu'il donne le sentiment - partiellement juste - de ne suivre aucune ligne directrice en particulier. La ville se reconstruit (très) lentement, et cette reconstruction est symbolisée par l'importance nouvelle accordée à des populations jusqu'alors reléguées au second plan de la narration : politiques, flics, promoteurs... mais ceci mis à part, la série n'évolue pas réellement. Elle ne peut pas : elle dresse le portrait d'une ville que Katrina d'une part et l'incompétence du pouvoir politique de l'autre ont figée dans le temps. Une ville où toutes les existences sont en suspens et où la seule entité qui semble rester en mouvement est la musique, encore plus présente que dans la première saison. Trop ? Disons que si l'approche séduit au premier abord un passionné de musique (genre : moi), on peut se demander l'intérêt de plages musicales étirées parfois sur vingt minutes (sur cinquante-cinq en moyenne... et sans compter les plages musicales intermédiaires), quand la logique narrative était de considérer qu'il était désormais acquis pour le spectateur que la musique était le cœur de cette ville - et donc de réduire un peu la place qui lui est accordée (d'autant que tout passionné sait qu'il n'est rien de plus anti-musical qu'un concert filmé). Ici c'est l'inverse, puisque tous les personnages les uns après les autres semblent contaminés par ce virus et montent un projet musical ; et l'on ajoutera sans vouloir être mauvaise langue qu'autant le personnage d'Antoine Batiste est sympathique, autant les performances vocales de Wendell Pierce (désormais chanteur, donc) laissent franchement à désirer.

Le constat est similaire, en pire et en mieux à la fois, concernant Curb Your Enthusiasm. Là aussi, l'évolution est bannie du code génétique de la série. Larry-personnage est figé dans sa médiocrité et ses petits principes étriqués (pour le meilleur), tandis que Larry-auteur est figé dans ses formules et ficelles narratives - toujours peu ou prou les mêmes depuis l'époque Seinfeld. L'efficacité est au rendez-vous, et si la saison huit propose peu d'épisodes cultes, elle contient en revanche quelques gimmicks percutants (ah ! le coup du black avec des lunettes !). On serait donc malvenu de se plaindre. Il n'empêche : difficile de ne pas se dire que la saison sept, avec la réunion de Seinfeld, était une apothéose autant qu'une manière remarquable de boucler la boucle. La série, sans doute, aurait pu s'arrêter là. Elle continue avec pas mal d'inspiration. C'est déjà plus que d'autres.

Le cas de Bored to Death est un peu différent (et je précise au passage que je n'ai rien contre le HBO... même si le déclin du network qui révolutionna la télévision semble être un peu plus prononcé chaque année). On ne peut pas dire que la série n'évolue pas, elle s'est même trouvé - grande nouveauté - un fil rouge hebdomadaire (la quête du père de Jonathan). Elle lasse simplement. C'est peut-être purement subjectif, mais une série ne racontant rien et reposant uniquement sur un trio d'acteurs cabots, je peux trouver cela charmant une, deux saisons... mais au bout d'un moment je commence à me demander ce que je regarde, et pourquoi - ce qui n'est jamais bon signe. Il m'était arrivé la même chose il y a quelques années avec Weeds, dont j'ai découvert récemment avec stupeur qu'elle existait toujours et que, pire encore, des gens semblaient la regarder. Acte de contrition qui m'honore, j'ai remis les compteurs à zéro. Las, le constat est toujours le même : à partir du milieu de la saison deux, la comédie dramatique piquante se transforme en caricature d'elle-même, versant dans le toujours plus trop. Arrivé à la saison sept (non sans éprouver de grosses souffrances passée la quatre), le jugement est sans appel : cette série ne sert plus à rien, n'a plus aucune raison d'être hormis de voir et revoir Mary-Louise Parker, actrice géniale mais dernière à croire que le maniérisme irritant de son personnage cache autre chose que du vide. Il faut se pincer pour se souvenir qu'à l'origine, les minauderies de Nancy Botwin faisaient fondre n'importe quel spectateur, et qu'elle composait l'un des personnages féminins les plus riches et fascinants de la télé US.

Notez je vous prie que ce n'est pas forcément plus facile de trouver quelque chose à dire sur une "nouvelle série". Au contraire: n'étant pas familier avec leurs univers, on peut éprouver d'autant plus de mal à aller au bout. Parmi les shows abandonnés sans se retourner depuis le début de la saison, Persons of Interest tient la corde, puisque je n'ai même pas tenu jusqu'au traditionnel - et même réglementaire - sixième épisode. Impossible tant le sentiment de répétition me foutait le bourdon. Certes, c'est du Jonathan Nolan, frère de l'autre, scénariste de tous ses films sauf Inception. On retrouve bien sa patte : un point de départ potentiellement passionnant et vertigineux (une machine capable de prédire quelles personnes seront impliquées dans des crimes) et un traitement digne d'un blockbuster du dimanche soir. C'est lourd, pas nécessairement idiot mais manquant à ce point d'âme que même Michael Linus (le pauvre Emerson semble ne savoir jouer que cela) n'y peut rien. Vous me direz, Persons of Interest pourrait presque faire figure d’œuvre majeure en comparaison de 2 Broke Girls, qui bat des records historiques dans la catégorie comédie pas drôle. On s'inquiétait depuis que Charlie Sheen avait été viré de Two and a Half Men - nous voilà rassurés : la relève en matière de sitcom US de base est désormais assurée et la machine à fabriquer des gags sous cellophane ne risque pas d'être démantelée de sitôt. De quoi regretter d'avoir médit l'an passé sur How I Met Your Mother, dont deux minutes contiennent plus d'idées que toute l’œuvre de Whitney Cummings mise bout à bout (ok : c'est pas trop dur). HIMYM qui, d'ailleurs, est en train de signer une de ses saisons les moins inégales depuis un bail, alors même qu'on n'était plus très loin d'avoir oublié son existence.

Allez, finissons cette rubrique par quelques pronostics - les prochaines séries qui devraient théoriquement rejoindre la poubelle : Dexter (la dernière saison touche le fond, à tout point de vue), Grimm (ça ne décolle décidément pas) et The Walking Dead, dont les critiques de la seconde saison sont toutes si effroyables qu'elle semble bien parti pour recevoir l'insigne honneur d'un Top of the Flops sans même que je le regarde.

👍👍 Treme (saison 2)

créée par David Simon & Eric Overmeyer

HBO, 2011

👍 Curb Your Enthusiasm (saison 8)

créée par Larry David

HBO, 2011

 

✋ Bored to Death (saison 3)

créée par Jonathan Ames

HBO, 2011

 

👎 Weeds (saisons 1 - 7)

créée par Jenji Kohan

Showtime, 2005-11

 

👎 Persons of Interest (saison 1)

créée Jonathan Nolan

CBS, 2011-12

👎👎 2 Broke Girls (saison 1)

créée par Michael Patrick King & Whitney Cummings

CBS, 2011-12

👍 How I Met Your Mother (saison 7)

créée par Carter Bays et Craig Thomas

CBS, 2011-12