lundi 14 novembre 2011

Wooden Wand - Antiquaire au taquet

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Pourquoi celui-ci plutôt qu’un autre ?

La question vient immédiatement en tête chaque fois qu’il s’agit d’apprécier (et le cas échéant de chroniquer) un album de folk-rock. Le genre, on le sait, a plutôt les faveurs de ce site. Cependant, on le sait aussi, rien ne ressemble plus à un album de folk-rock qu’un autre album de folk-rock1. Pourquoi nous arrêter spécialement aujourd’hui sur l’album de Wooden Wand, alors que nous en laissons tellement de côté chaque mois ? Tentative piteuse mais effrontée d’explication embryonnaire, en cinq points capitaux.

Embryon de raison N°1 : on sait d’où il vient. En folk, à un ou deux Dylan près2, on n’aime pas trop les poseurs. Ça tombe bien : des années (depuis un peu avant le milieu des années 2000) que Wooden Wand végète en ne connaissant qu’un succès modéré (c’est toujours très bien vu de la part d’un folkeux), à faire ses petits disques dans son coin sans emmerder personne, à changer de style aussi souvent que de chemise à carreaux (outlaw country, rock psyché et même occasionnellement free-jazz) et à s’occuper principalement d’écrire de bonnes chansons. Bref, par le premier gogo venu, du genre qui va se faire signer par une major ou un gros indé trois semaines après avoir appris à jouer de la gratte. Plutôt un bon gros besogneux, un vrai long distance runner comme les amateurs de folk les adorent – de ceux dont on n’écoutera peut-être qu’un album sur trois tout en ayant chaque fois la certitude de ne jamais être déçu.

Embryon de raison N°2 : il n’invente rien. Ce serait un défaut, ou à tout le moins une critique, dans à peu près n’importe quel domaine… mais certainement pas en matière de folk-rock. On aurait même plutôt tendance à s’inquiéter lorsqu’un folkeux, probablement défoncé, vient annoncer que son nouvel album va révolutionner l’histoire du genre3. Rien de tel ici : tout au long de Briarwood on pensera successivement à Neil Young, à Springsteen, à John Fahey voire à Ryan Adams pour citer un contemporain… en somme, on rentre dans cet album comme dans une vieille paire de pantoufles, ce qui est rappelons le l’un des commandements numéro 1 de tout opus folk qui se respecte (et respecte son auditeur). Parce que voilà, c’est comme ça : on attend du singer-songwriter qu’il s’inscrive dans un héritage, une « tradition » même. Qu’il marche dans les pas de ses aînés plutôt que de vouloir à tout prix faire « avancer la musique » (rien que l’écrire fait mal).

Embryon de raison N°3 : le son est chaud, dense, et donne une belle cohérence à l’ensemble. Non parce qu’appartenir à une lignée, ça ne veut pas dire non plus sonner mille autres avant soi (je sais, la nuance est parfois ténue). Si Briarwood séduit dès la première écoute, c’est bien parce qu’il a un truc en plus, à savoir un sens de l’harmonie qui fait défaut à beaucoup d’autres (qui pensent que le lo/fi ça peut marcher à tous les coups), et est produit avec suffisamment de finesse pour qu’on se sente immédiatement en agréable compagnie à ses côtés. Si c’est probablement l’album le plus « ordinaire » que nous ait offert James Toth (de son vrai nom) ces dernières années, c’est aussi et surtout un ouvrage parfaitement tressé. Dans un genre plus pop, on parlerait d’orfèvrerie. Ici, roots attitude oblige, on dira que Wooden Wand se révèle un antiquaire au goût très sûr.

Embryon de raison N°4 : Briarwood, c’est surtout neuf bonnes chansons. Avec une nette préférence pour les trois premières, particulièrement bien torchées, ainsi que pour la ballade "Motel Stationary", qui avec son accompagnement de bière tiède4 saura illustrer avec pertinence vos soirées post-rupture. Et après tout, c’est bien là l’essentiel. Du simple et efficace, des textes pas cons, des riffs habiles… il n’est pas sûr qu’on demandait beaucoup plus. 

Wooden Wand - Briarwood by T. Sinaeve on Grooveshark

👍👍 Briarwood 
Wooden Wand & The Briarwood Virgins | Fire Records, 2011


(1) Afin de simplifier la démonstration, nous laisserons volontairement de côté les albums de country-rock, de crainte de vous perdre en route, chers lecteurs.
(2) Je déconne : il n’y a bien entendu qu’un seul Dylan.
(3) Je dis quand, le mot exact serait plutôt si tant cette hypothèse-même semble improbable.
(4) Échantillon vendu séparément.

2 commentaires:

  1. Très bon morceau. Je ne connaissais de Wooden Wand que des trucs bruitistes un peu ennuyeux, ça donne envie d'en savoir plus.

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  2. Oui, il y a vraiment de tout dans sa disco.

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