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Les havres de paix n'existent pas. Ils ne sont qu'illusion, auto-persuasion. Le foyer familial le plus cosy peut se métamorphoser en l'univers le plus anxiogène qui soit. Ce n'est pas nouveau : en la matière, Rosemary's Baby a fait depuis longtemps école. Plus tôt encore, Hitchcock en avait fait le noeud et même la dynamique du méconnu - et fascinant - Shadow of a Doubt.
Signée par deux des plus grands paranos du monde des séries, Alex Gansa (X-Files) et Howard Gordon (X-Files aussi, et surtout 24), et adaptée d'une série israélienne à succès, Homeland reprend ces considérations à son compte et s'applique à démolir méthodiquement la cellule familiale occidentale. Le pitch est simple comme un coup de fil crypté à un supérieur hiérarchique, façon Retour de Martin Guerre post-11 septembre : le sergent Nicholas Brody est miraculeusement libéré après avoir été détenu en Irak durant sept ans. Côté pile : il est un héros national et une publicité vivante pour l'engagement dans l'armée, il retrouve sa femme (qui s'apprêtait à officialiser sa liaison avec son meilleur ami), sa fille et son fils (qu'il n'a quasiment pas connu). Côté face : Carrie Mathison, officière opérationnelle à la CIA, a appris au cours d'une mission quelques mois plus tôt qu'un prisonnier américain a pu être retourné par Al-Qaeda. Persuadée que c'est de Brody qu'il s'agit, dont le retour paraît si invraisemblable qu'il ne peut être dû au hasard, elle décide d'organiser sa surveillance, contre l'avis de son supérieur direct et mentor. Petit détail loin d'être subsidiaire : Carrie souffre de troubles bipolaires, maladie qu'elle auto-soigne puisque, comme de juste, elle ne peut la révéler à ses employeurs sous peine d'être conduite vers la sortie.
La série avance sur le fil fragile de cette double-narration, avec une subtilité aussi impressionnante que son sens de l'équilibre. Entièrement vouée à la cause de l'épure, elle se limite somme toute à son idée de départ durant plus de la moitié de la saison, jouant de toute les variations sur ce thème ô combien actuel et se contentant de mettre des petits coups d'accélarateur quand le rythme menace de devenir monotone. Se reposant énormément sur son formidable trio d'acteurs (Damian Lewis, mutique et effrayant ; Mandy Pantinkin, qu'on a rarement vu aussi bon ; Claire Danes, dont la pâleur et maigreur font exister son personnage torturé avec une vraie violence), elle accumule les et si ? et les peut-être que sans jamais s'égarer, en réduisant les intrigues secondaires au strict minimum (la caractérisation des personnages) pour parvenir, aussi stupéfiant que cela puisse paraître, à ménager les ambiguités jusqu'à la fin. En dosant ses effets et en ne donnant jamais plus que le nécessaire sur l'identité et l'état de Brody, dont on sait toujours juste assez pour le soupçonner - jamais suffisamment pour l'accuser. Paranoïaque jusque dans ses passages les plus anecdotiques (elle en contient de toute façon très peu), Homeland réussit ainsi à être absolument captivante avec de simples hypothèses, presque uniquement par suggestion et en se payant un nombre de retournements de situation d'autant plus impressionnant que ces derniers sont, sur le papier, absolument invraisemblables. Rarement le sentiment d'insécurité aura été transcrit de manière aussi palpable à l'écran, comme si rien ne pouvait jamais être certain - comme si la certitude était déjà en soi une notion conditionnelle. Si Hitchcock avait vécu suffisamment longtemps pour s'atteler à la réalisation d'un film d'espionnage post-11 septembre, il ne s'y serait sans doute pas pris autrement. Bluffant, et incontournable.
Les havres de paix n'existent pas. Ils ne sont qu'illusion, auto-persuasion. Le foyer familial le plus cosy peut se métamorphoser en l'univers le plus anxiogène qui soit. Ce n'est pas nouveau : en la matière, Rosemary's Baby a fait depuis longtemps école. Plus tôt encore, Hitchcock en avait fait le noeud et même la dynamique du méconnu - et fascinant - Shadow of a Doubt.
Signée par deux des plus grands paranos du monde des séries, Alex Gansa (X-Files) et Howard Gordon (X-Files aussi, et surtout 24), et adaptée d'une série israélienne à succès, Homeland reprend ces considérations à son compte et s'applique à démolir méthodiquement la cellule familiale occidentale. Le pitch est simple comme un coup de fil crypté à un supérieur hiérarchique, façon Retour de Martin Guerre post-11 septembre : le sergent Nicholas Brody est miraculeusement libéré après avoir été détenu en Irak durant sept ans. Côté pile : il est un héros national et une publicité vivante pour l'engagement dans l'armée, il retrouve sa femme (qui s'apprêtait à officialiser sa liaison avec son meilleur ami), sa fille et son fils (qu'il n'a quasiment pas connu). Côté face : Carrie Mathison, officière opérationnelle à la CIA, a appris au cours d'une mission quelques mois plus tôt qu'un prisonnier américain a pu être retourné par Al-Qaeda. Persuadée que c'est de Brody qu'il s'agit, dont le retour paraît si invraisemblable qu'il ne peut être dû au hasard, elle décide d'organiser sa surveillance, contre l'avis de son supérieur direct et mentor. Petit détail loin d'être subsidiaire : Carrie souffre de troubles bipolaires, maladie qu'elle auto-soigne puisque, comme de juste, elle ne peut la révéler à ses employeurs sous peine d'être conduite vers la sortie.
La série avance sur le fil fragile de cette double-narration, avec une subtilité aussi impressionnante que son sens de l'équilibre. Entièrement vouée à la cause de l'épure, elle se limite somme toute à son idée de départ durant plus de la moitié de la saison, jouant de toute les variations sur ce thème ô combien actuel et se contentant de mettre des petits coups d'accélarateur quand le rythme menace de devenir monotone. Se reposant énormément sur son formidable trio d'acteurs (Damian Lewis, mutique et effrayant ; Mandy Pantinkin, qu'on a rarement vu aussi bon ; Claire Danes, dont la pâleur et maigreur font exister son personnage torturé avec une vraie violence), elle accumule les et si ? et les peut-être que sans jamais s'égarer, en réduisant les intrigues secondaires au strict minimum (la caractérisation des personnages) pour parvenir, aussi stupéfiant que cela puisse paraître, à ménager les ambiguités jusqu'à la fin. En dosant ses effets et en ne donnant jamais plus que le nécessaire sur l'identité et l'état de Brody, dont on sait toujours juste assez pour le soupçonner - jamais suffisamment pour l'accuser. Paranoïaque jusque dans ses passages les plus anecdotiques (elle en contient de toute façon très peu), Homeland réussit ainsi à être absolument captivante avec de simples hypothèses, presque uniquement par suggestion et en se payant un nombre de retournements de situation d'autant plus impressionnant que ces derniers sont, sur le papier, absolument invraisemblables. Rarement le sentiment d'insécurité aura été transcrit de manière aussi palpable à l'écran, comme si rien ne pouvait jamais être certain - comme si la certitude était déjà en soi une notion conditionnelle. Si Hitchcock avait vécu suffisamment longtemps pour s'atteler à la réalisation d'un film d'espionnage post-11 septembre, il ne s'y serait sans doute pas pris autrement. Bluffant, et incontournable.
👍👍👍 Homeland (saison 1)
créée par Alex Gansa & Howard Gordon, d'après Prisoners of War [Hatufim], de Gideon Raff
Showtime, 2011
C'était juste parfait. La meilleure 'nouvelle série' depuis des lustres!
RépondreSupprimerJe serais un petit peu moins enthousiaste, mais oui : c'était vachement bien.
RépondreSupprimer"Mandy Pantinkin, qu'on a rarement vu aussi bon"
RépondreSupprimerWhooo, whooo, whooo. Un peu de respect pour l'immortel Inigo Montoya que diable
Bonne nouvelle ! J'attendrai canal+ qui va la diffuser en 2012
RépondreSupprimerBon san, je lis chacun de tes articles sur les Séries pour le plaisir, sachant que je n'aurai jamais le temps d'en regarder une. j'ai parfois des regrets, mais celle ci (avec Claire Danes!) a l'air vraiment géniale.... snif!
RépondreSupprimerJe n'ai quasiment pas pu m'arrêter, une vraie folie cette série...
RépondreSupprimerOui, vraiment bien!
RépondreSupprimerClaire Danes est une révélation pour moi. Je la trouvai plutôt insipide avant (du genre dont on connait le nom mais u'on arrive jamais à reconnaître... hihih!)
:-)
Claire Danes jouait juste dans le meilleur teen show de tous les temps...
RépondreSupprimerJ'allais le dire :-)
RépondreSupprimerBon sinon, je suis bien content que les dithyrambes soient partagées - même si je ne suis trop surpris. Comme ça c'est beaucoup plus rapide de répondre aux commentaires ^^
Ah et oui, bien sûr, Inigo Montoya, quoi ^^
RépondreSupprimerTou a toué mon père, prépare-toi à mouriiiiiiir!
RépondreSupprimerPutain, je me floode moi-même....
RépondreSupprimerBah, y a pas d'mal à s'faire du bien de temps en temps...
RépondreSupprimerAprès vérification, j'étais plus teen depuis longtemps à l'époque de My so called life...
RépondreSupprimer^^
J'ai l'impression d'être un dinosaure...
RépondreSupprimer:-S
Plus que deux épisodes à regarder. Je suis un peu moins emballé que toi (je serai plutôt à 4,5 ou 5 / 6) mais cette première saison reste quand même largement supérieure à la moyenne !
RépondreSupprimerKath >>> et alors ? Pas besoin d'être teen pour aimer les histoire de teens, tu es bien fan de Vampire Diaries ;-))
RépondreSupprimerThierry >>> ah tu me chipouilles mes notes, toi, comme ça ? ^^
Xavier >>> on est proche de l'onanisme, là, quand même.
J'ai un peu honte, mais je me suis plus éclaté à regarder American Horror Story :-(
RépondreSupprimerCa tombe bien, on en parle sur ce blog dès lundi ^^
RépondreSupprimerIl était très bien le dernier épisode ;-)
RépondreSupprimerJe ne comprends pas les grincheux ...
Allez, je remonte ma note à 5 diodes ^^
Bonnes fêtes !
Ahahahah!!!
RépondreSupprimerSacré Thomas!
Au fait quand tu as 5 min j'attends tes liens de potins télé... ;-)
Ecoute, justement, je viens d'apprendre que Connie Britton était enceinte (non, je n'y suis pour rien, je suis meme assez triste qu'elle porte l'enfant d'un autre...)
RépondreSupprimerMerrrrrrrrrrrrrrrrrci, j'étais en manque de série!!!!! incroyablement addictif. Claire Danes est magistrale... (Saul et Virgil impressionnants). Scotchée.
RépondreSupprimerUne autre!!!
Ne t'inquiète pas, ça arrive ;-)
RépondreSupprimer10 heures haletantes
RépondreSupprimerdit comme ça c'est bizarre, mais c'est bien vrai.
rien à jeter, comme tu le soulignes :-)