mardi 10 janvier 2012

Speed Trials (M11)

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👍👍👍 Tape Club, de Someone Still Loves You Boris Yeltsin (2011)

Heureusement qu'il y a leur nom sur la pochette, car il n'est pas sûr qu'on aurait spontanément associé les sympathiques Someone Still Loves You Boris Yeltsin à cet adorable petit disque. Délicat, souvent acoustique, évoquant par éclats ici Elliott Smith et là les Kinks, Tape Club est à ce point éloigné de la teen-power-pop de ses albums habituels (nous avions longuement évoqué l'an passé le dernier en date, Let It Sway) qu'il faut se pincer pour admettre qu'il s'agit bien du même groupe au nom le plus cool du monde. Il n'est pas fréquent - voire rarissime - d'être à ce point surpris par un groupe que l'on connaît bien (pourtant). De ce point de vue au moins, le quatuor de Springfield a réussi son coup (écouter en priorité "What'll We Do" ou "Song W + Song L" pour mesurer immédiatement l'effet). On ressort de cette compile de raretés charmé et bluffé, quoique légèrement perplexe : comment peut-on en avoir encore tellement sous le coude après trois albums et dix ans de carrière ? Mystère et boule de gomme. Mais s'ils veulent mettre des morceaux comme "Sweet Owl" sur leur prochain opus "officiel", surtout qu'ils n'hésitent pas. 

👍👍 Anatomy, de Drugstore (2011)
 
Des fois... pas tout le temps mais des fois, il arrive que Lyle soit de bon conseil. Entre deux disques de post-rock dépressif et un de britpop dont lui seul connaît l'existence (l'inverse fonctionnant aussi), il peut accidentellement vous conseiller un bon groupe. Drugstore est de ceux-là. On se demande par quel étrange coup du sort il n'est pas plus connu tant il a tout pour plaire au plus grand nombre, à commencer par une vraie, belle, grande chanson : 'Sweet Chili Girl', ouverture bluesy et tendue, saturée juste ce qu'il faut, sur laquelle vient se poser la voix majestueuse et sexy et majestueusement sexy et même sexuellement majestueuse (enfin superbe, quoi) d'Isabel Monteiro. La suite est sans doute plus conventionnelle, dans un registre folk feutré particulièrement couru ces dernières années, mais elle est rarement désertée par cette étrange grâce, cette mélancolie, ce sentiment de pureté ('Can't Stop Me Now') qui n'est pas sans rappeler les plus grandes folkeuses. Amusante évolution, au demeurant, pour un groupe et une songwriteuse qui évoluaient dans un registre autrement plus éthéré (pour ne pas dire shoegaze) à ses débuts. Autant dire qu'on voit mal sur lequel des premiers albums du groupe aurait pu figurer le trip americana d''Aquamarine' ou l'alt-country cordiale de 'Blackholes & Brokenhearts'. Et en dépit de la qualité du Drugstore première manière, on ne pourra décemment pas s'en plaindre tant le jeu d'ombres et de lumières auquel convie Anatomy séduit.
 
👍👍 Night of Hunters, de Tori Amos (2011)
 
Chut - il ne faut pas le dire. Il est possible que l'auteur de ce blog, dans une vie antérieure, ait été fan de Tori Amos. Chut - il ne faut pas le dire. Il est envisageable qu'il ait toujours pris soin d'écouter les nouveaux albums de l'allumée de Newton. Chut - il ne faut pas le dire. Il est possible qu'après avoir oublié à peu près tous ses disques depuis dix ans, celui-ci se soit courageusement accroché. Chut - il ne faut pas le dire. On peut supposer que malgré sa longueur et une emphase pas toujours maîtrisée, il s'agisse de son meilleur album depuis From the Choigirl Hotel, en 1998. Enfin je ne vous ai rien dit, hein.
   
👍 Bad Luck Man, de Delaney Davidson (2011)
 
Impossible de retrouver si je vous avais parlé, l'an passé, du chouette premier album de Delaney Davidson (Self-decapitation). Dans tous les cas, on pourrait presque dire de même de son nouvel opus : un chouette album avec même une très bonne de chanson ("Bad Luck Man", qui enfonce à elle seule tout le dernier Tom Waits, pourtant dégueu), une prod intelligente (ici moins New Orleans et plus sixties), et un second degré salubre. Certes, comme Self-decapitation, Bad Luck Man a tendance à un peu s'étioler sur la durée. Si on en doutait encore, Delaney Davison achève de convaincre qu'il est plus un artiste à chansons qu'à LPs. Et alors, c'est mal ?

👍 Trust the Witch, de Big Sexy Noise (2011) 

Au jeu des évidences qui n'en sont pas, le second album du Big Sex Noise de Lydia Lunch évoque immédiatement le second album du Grinderman de son vieux copain Nick Cave. Même difficulté de succéder à la claque monumentale qu'était le premier album éponyme, même recours aux mid-tempo menaçants, même confusion entre rock viscéral et rock trop lourd, même tentation du talk-over. Et même déception, au final, même si elle est relative, même si plein de groupes aimeraient décevoir de cette manière. Le tout pour probablement aboutir à un résultat similaire, d'ailleurs : dans quelques mois, sans le moindre doute, on aura oublié les mauvais morceaux pour ne se souvenir que des bons ("Ballin' the Jack", "Collision Course"...). Parce que merde quoi : c'est Lydia Lunch, et c'est en soi suffisant.


👍 Sex Sex Riot, de Black Jet Radio (2011) 

Difficile d'écrire un long article sur un groupe découvert par hasard, dont on ne sait rien et au sujet duquel les infos sont pour le moins disparates. C'est bien la seule raison justifiant la présence du premier (?) album de Black Jet Radio dans cette rubrique. Car pour le reste, l'objet est un régal de rock-punk racé, teigneux, féroce, sexy... liste de qualificatifs tout faits très loin d'être exhaustive. On est séduit à la première écoute, et cette très bonne première impression ne fait que se confirmer au fil des écoutes ; rien de révolutionnaire sans doute, mais du bon rock'n'roll, tendu et urgent, du genre dont on ne se lasse jamais.

👍 Cerebral Ballzy, de Cerebral Ballzy (2011)
 
"Pourquoi écouter un disque punk de Brooklyn en 2011 ?", s'interrogeait très sérieusement Philippe Manoeuvre dans sa récente chronique de cet album. Bon. La réponse, dans son cas, est sans doute "parce que c'est le numéro d'été, que tout le monde est en vacances et qu'aucun disque branché ne sort". Dans le cas du Golb, les réponses sont tout aussi évidentes mais - on l'espère - un poil plus aguichantes : parce que les bons albums de punk-pan-dans-ta-gueule sont trop rares pour qu'on les boude, par exemple. Ou parce que Rancid ne sort qu'un disque tous les cinq ans. Ou parce qu'"On the Run" est un des brûlots de l'année. Oui, tenez. C'est une bonne raison, ça. Non ?

👍 Black Rainbow, de Brett Anderson (2011)
 
Si c'est pas une déchéance, tout de même : avoir été sex symbol et finir champion de yoyo. J'vous jure. Le fan Brett Anderson, il n'en peut plus. Après un premier album brillant, un second moyen, un troisième très médiocre, voici qu'il reprend lentement mais sûrement le chemin de la lumière avec un quatrième opus certes carrément surproduit, certes plus influencé par U2 que par Bowie ("Unsung"), mais qui a au moins le mérite d'être rock et carré aux entournures, ce qui manquait cruellement au très peu offensif Slow Attack, il y a deux ans. Soit, on est assez loin du niveau de Suede (sérieusement, Brett, c'était une moyennement bonne idée de rééditer tous les albums du groupe avait d'en remettre une couche en solo). Mais pour la première fois depuis un moment, le Bryan Ferry des années 90 revient avec des chansons dignes de ce nom, parfois franchement bonnes ("Brittle Heart") et portées, cela va sans dire, pas l'une des plus belles voix du rock contemporain d'avant hier ("I Count the Times", le tendu "Actors"). Rien d'indispensable, mais du solide, suffisant pour retrouver les faveurs du Golb - dernier site à encore vaguement s'intéresser à ce brave Brett.

Inner Quake, de Phoebe Killdeer & The Short Straws (2011)
 
A force d'être inlassablement annoncé, l'album de Phoebe Killdeer et de ses Short Straws a fini par sortir. C'est un de ces disques qui n'inventent rien mais qu'on sent profondément habités. Ceux-là forcent relativement facilement l'adhésion, et il faut dire que les chansons sont parfois vraiment réussies, notamment les rapeuses "Pedigree" et "Scholar", ou la vénéneuse "Twisted". Sauf que. La production est parfois franchement trop lisse, et gâche considérablement certains passages ("The Fade out Line" donne vraiment le sentiment d'être en train d'écouter RTL2). C'est plus que dommage car l'album, à l'image de sa charismatique interprète, a un véritable cachet qui passe un peu au second plan à force de vouloir raser tout ce qui dépasse.

👎 Lulu, de Lou Reed & Metallica (2011)
 
Ce n'est pas de la musique : c'est une prise d'otage. Comment voulez-vous que Le Golb, lieu de vénération de Lou Reed ET de Metallica, puisse ne pas évoquer leur collaboration évènementielle ? Pourtant, l'idée fait rire. La pochette est moche, tout ressemble dans cette histoire à un "coup marketing" ou à un canular, d'ailleurs c'est sans doute l'un ou l'autre ou les deux. Mais le plus fou, c'est qu'on se surprend à se dire que quelques morceaux ne sont pas dégueulasses, notamment sur la seconde face (dominée par le Lou). Beaucoup de bavardage guitaristique (avec Reed et Hammett dans le même bateau, on voyait mal qu'il en soit autrement), pas mal de refrains très mauvais et caricaturaux, mais aussi un ou deux passages qui réussissent à relever le niveau et à sauver l'album des eaux... et surtout du Top of the Flops ! A lire pour se marrer un peu plus, la chronique du bon Docteur F.
 
👎 I'm with You, des Red Hot Chili Peppers (2011)
 
En ces temps de virtualité, de botox et de clonage, les Red Hot Chili Peppers ont réalisé un pari aussi spectaculaire qu'effroyable. Privés du génial John Frusciante, ils sont en effet parvenus, grâce à un échantillon d'ADN récupéré sur l'une de ses innombrables seringues, à réaliser un clone quasi parfait. Rapidement surnommé - pour des raisons inconnues à ce jour - Klinghoffer, Johnny 2.0 est la réplique exacte du modèle originale, dans le jeu comme dans le visage pour le moins émacillé, à un essentiel détail près : si l'ADN est reproductible, le talent ne l'est pas. Comme l'on pouvait s'y attendre, l'album des Red Hot featuring Johnny 2.0 est donc avant tout centré sur des rythmiques répétitives, sans le sens du songwriting et de l'harmonie qui faisait de John 1.0 le virtuose que l'on sait. On baille.

13 commentaires:

  1. Ta fidélité à Brett Anderson est juste admirable :D

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  2. - ouais c'est tout -

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  3. - remarque avec Amos, Lou Reed et Metallica, les Red Hot...c'est presque un ST spécial fidélité !-

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  4. Il faut savoir alterner plaisir honteux et plaisir coupable...

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  5. ah oui, ce big sexy noise, t'es plus courageux que moi qui n'ai pas trouvé comment en parler.

    plus déçu que séduit, je dois dire, mais ça reste du costaud ;-)

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  6. Oui enfin je l'ai chroniqué en trois lignes, ce n'est pas non plus d'un courage suffocant ^^

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  7. Enfin, Thomas. Parler du Tori Amos, et pas de l'excellent nouvel album de Kate Bush, est-ce bien raisonnable ?

    BBB.

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    1. Ce n'est sûrement pas raisonnable, mais que voulez-vous, je l'ai peu écouté (même si je l'ai trouvé tout à fait bon, a priori)

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  8. Plop,
    Alors c'est un post un peu à côté certes mais c'est bien grâce à ton billet que je découvre, avec un an de retard, Delaney Davidson et que du coup je suis dans le Self Decapitation.
    Et j'aime beaucul donc à voir pour son nouvel album.

    Merci pour la découverte ^^.

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