mardi 7 février 2012

Joseph O'Connor - Un rire coincé dans la gorge

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Les Desperados du titre sont un groupe de rock fondé par Johnny, jeune Irlandais exilé au Nicaragua.

Johnny n'est pas le personnage central du roman, puisqu'il est mort avant même la première page du livre. Non, le héros (antihéros convenant probablement mieux à son cas) c'est Franck, son père, chauffeur de taxi menant une vie des plus banales (en considérant évidemment que les horaires décalés d'un chauffeur de taxi soit en quoi que ce soit banals). Franck qui de toute son existence n'a jamais quitté son Irlande natale et se voit obligé de le faire, qui plus est dans des circonstances tragiques, puisqu'il doit se rendre à Managua pour identifier le corps. Et comme s'il avait besoin de cela, il doit le faire accompagné de son ex-femme avec laquelle il a rompu tout contact depuis des lustres.

Que faisait Johnny au Nicaragua ? Comment est-il mort ? Pourquoi ?... telles sont les interrogations des parents désemparés, interrogations dont on se contrefout tout au long de la lecture de cet excellent roman, pour la simple et bonne raison que le sujet est ailleurs : c'est bien sûr ce voyage, cette quasi marche funéraire qui prend de manière totalement inattendue un tour burlesque et initiatique, jusqu'à atteindre un degré de poésie aussi impromptu que poignant.

Ce n'est pas le meilleur roman d'O Connor, et on déplorera par moment quelques longueurs. Mais on retrouve son univers, ce côté loufoque qu'il parvient à glisser au cœur d'histoires tragiques et ce sans jamais se montrer indécent ni même faire preuve de fausse pudeur. Comme The Salesman (chef-d’œuvre de son auteur), Desperadoes bascule brutalement. Et comme dans The Salesman, la mort n'est qu'un sombre prétexte pour révéler l'humanité dans ce que celle-ci peut avoir de plus touchant, fragile, absurde. On n'a pas envie d'en perdre une miette et des années après, on le relit avec une émotion et un plaisir rigoureusement inchangés.


👍👍 Desperadoes 
Joseph O'Connor | Flamingo, 1994

1 commentaire:

  1. Lu il y a longtemps, mais c'est vrai, j'en ai gardé un souvenir assez fort, très précis.

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