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A intervalles réguliers, quelques personnes bien intentionnées ont pitié des fans de Mark Lanegan et mettent un coup de pied au derrière de l'icône pour qu'il sorte de son trou et publie un nouvel album. C'est de plus en plus rare avec les années, l'artiste ayant réussi la prouesse d'être encore plus amorphe sans dope qu'avec. Je me rappelle avoir parié en 2008 (!) que son album, annoncé alors pour la fin de l'année, ne verrait pas le jour avant 2009, voire 2010. Je regrette de ne pas avoir parié d'argent.
En 2012, donc, le flemmard le plus omniprésent de toute l'histoire du rock, spécialisé dans l'économie de sa propre énergie via des contributions de plus en plus téléphonées sur les disques des autres, fait son come-back en leader d'un Band qui ressemble de plus en plus à une association caritative pour fans de rock ténébreux. Sans surprise, c'est du bon. Et sans surprise, on est quand même un peu déçu. Parce que dès les premières notes de "The Gravedigger's Song", on a compris que le loup de Seattle n'allait pas revenir au blues-rock marécageux de ses chefs-d’œuvre Scraps at Midnight et Field Songs, pour poursuivre dans la veine rock et sophistiquée de Bubblegum, dernier opus au demeurant très bon.
Il serait difficile de réellement lui en vouloir : Blues Funeral est presque le jumeau inversé du pathétique Hawk, en ce qu'il témoigne d'un vrai travail sur le son et d'une réelle prise de risques sur certains morceaux (new wave sur "Gray Goes Black", groove hypnotique sur "St Louis Elegy", pop synthétique sur "Ode to Sad Disco"...) Position paradoxale que de se retrouver à reprocher à un artiste de ne pas toujours faire la même chose, quand bien même dans l'absolu certains titres regardent clairement dans le rétro ("Riot in My House" ou "Quiver Syndrome" pour les Screaming Trees ; "Deep Black Vanishing Train" pour ses premiers opus solos). Parce qu'il a cette image de Lone Wolf et qu'un mythe destroy l'entoure, on a souvent tendance à imaginer Lanegan comme diminué ou usé (il est vrai que son physique en faisant une pub vivante contre les ravages de la drogue et de l'alcool, n'aide pas) ; or Blues Funeral est au contraire l'album d'un homme plein de vitalité, excellant dans des registres où personne ne l'attendait, comme ce "Phantasmagoria Blues", ballade stellaire où la musique, aérienne et lumineuse, opère un contraste saisissant avec cette voix sortant de terre et ce texte désolé. Bubblegum était sans doute plus cohérent et mieux produit, mais il n'était pas moitié si surprenant que Blues Funeral, où l'on finit presque par trouver quelconques les titres les plus typiquement laneganiens ("Leviathan", par exemple).
Bien sûr, la remarque liminaire n'est pas totalement réfutée : jamais cet album n'est émotionnellement aussi intense qu'un Field Songs. Mais après tout, si on veut du Field Songs, on peut toujours le réécouter.
A intervalles réguliers, quelques personnes bien intentionnées ont pitié des fans de Mark Lanegan et mettent un coup de pied au derrière de l'icône pour qu'il sorte de son trou et publie un nouvel album. C'est de plus en plus rare avec les années, l'artiste ayant réussi la prouesse d'être encore plus amorphe sans dope qu'avec. Je me rappelle avoir parié en 2008 (!) que son album, annoncé alors pour la fin de l'année, ne verrait pas le jour avant 2009, voire 2010. Je regrette de ne pas avoir parié d'argent.
En 2012, donc, le flemmard le plus omniprésent de toute l'histoire du rock, spécialisé dans l'économie de sa propre énergie via des contributions de plus en plus téléphonées sur les disques des autres, fait son come-back en leader d'un Band qui ressemble de plus en plus à une association caritative pour fans de rock ténébreux. Sans surprise, c'est du bon. Et sans surprise, on est quand même un peu déçu. Parce que dès les premières notes de "The Gravedigger's Song", on a compris que le loup de Seattle n'allait pas revenir au blues-rock marécageux de ses chefs-d’œuvre Scraps at Midnight et Field Songs, pour poursuivre dans la veine rock et sophistiquée de Bubblegum, dernier opus au demeurant très bon.
Il serait difficile de réellement lui en vouloir : Blues Funeral est presque le jumeau inversé du pathétique Hawk, en ce qu'il témoigne d'un vrai travail sur le son et d'une réelle prise de risques sur certains morceaux (new wave sur "Gray Goes Black", groove hypnotique sur "St Louis Elegy", pop synthétique sur "Ode to Sad Disco"...) Position paradoxale que de se retrouver à reprocher à un artiste de ne pas toujours faire la même chose, quand bien même dans l'absolu certains titres regardent clairement dans le rétro ("Riot in My House" ou "Quiver Syndrome" pour les Screaming Trees ; "Deep Black Vanishing Train" pour ses premiers opus solos). Parce qu'il a cette image de Lone Wolf et qu'un mythe destroy l'entoure, on a souvent tendance à imaginer Lanegan comme diminué ou usé (il est vrai que son physique en faisant une pub vivante contre les ravages de la drogue et de l'alcool, n'aide pas) ; or Blues Funeral est au contraire l'album d'un homme plein de vitalité, excellant dans des registres où personne ne l'attendait, comme ce "Phantasmagoria Blues", ballade stellaire où la musique, aérienne et lumineuse, opère un contraste saisissant avec cette voix sortant de terre et ce texte désolé. Bubblegum était sans doute plus cohérent et mieux produit, mais il n'était pas moitié si surprenant que Blues Funeral, où l'on finit presque par trouver quelconques les titres les plus typiquement laneganiens ("Leviathan", par exemple).
Bien sûr, la remarque liminaire n'est pas totalement réfutée : jamais cet album n'est émotionnellement aussi intense qu'un Field Songs. Mais après tout, si on veut du Field Songs, on peut toujours le réécouter.
👍 Blues Funeral
Mark Lanegan Band | 4AD, 2012
affreux, affreux, affreux ...
RépondreSupprimer1 diode pour moi (pour Sad disco)
Très bon article, et très bon album. Il est vrai que, s'il déçoit de prime abord, il se révèle très solide au fil des écoutes.
RépondreSupprimerBBB.
dommage que son chant soit si monolithique du début à la fin de l'album, donnant l'impression d'écouter in meme morceau
RépondreSupprimerUn peu vrai, ce que dit dragibus. Il y a un côté désincarné dans le chant. Sinon c'est un bon album.
RépondreSupprimerMoi je n'aime pas du tout cet album. Clinquant et sans âme, je passe.
RépondreSupprimerArrête, Sad disco c'est pas la pire chanson de Lanegan peut-être ?
RépondreSupprimerAtitila >>> je n'en attendais pas moins de toi ;-)
RépondreSupprimerDragibus & Mika >>> c'est marrant, je n'y avais pas pensé mais maintenant que vous le dites j'avoue que ce n'est pas faux.
Lilila >>> on en attendait pas moins que toi (hum... jeu de mots sur jeu de mots, est-ce bien raisonnable ?...)
Emily >>> non. J'aime bien ce titre, même s'il m'a beaucoup surpris à la première écoute.
Oui, d'accord, je connais le monsieur. Mais je connais grâce à toi, alors ça compte pas. ;-)
RépondreSupprimerassez d'accord avec ton article !
RépondreSupprimeraprès quelques écoutes sur le streaming officiel (arf), un peu déçu également... çà manque de relief...
Marc >>> ah, mais si ça compte, sinon c'est de la triche...
RépondreSupprimerLa Buze >>> comment peux-tu être d'accord avec mon article que je dis que j'aime beaucoup le disque ? ;-)
pas faux, je m'aperçoit que j'ai surtout fait un raccourci entre les points négatifs que tu évoques et mes premières impressions.
RépondreSupprimerEt puis le titre (!) et la conclusion du post atténuent un peu le propos ;)
je m'aperçois que j'ai fait une faute...
RépondreSupprimerJe m'aperçois que c'est pas très grave ;-)
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