...
Ce qui est formidable avec Ringer, c'est que quand certaines séries "qui vident la tête" (dira-t-on pudiquement) peuvent aisément être conseillées aux spectateurs décérébrés, il est fortement recommandé dans son cas d'avoir un cerveau pour apprécier l'infinité de ses variations autour de la médiocrité scénaristique. Auteurs, comédiens, réalisateurs... tous semblent avoir prêté un troublant serment d'allégeance à la - on le dit peu - noble cause du soap opera, le vrai, le beau, le pur. Ringer n'en respecte pas les codes formels, bien sûr, mais après tout : elle est une série de son époque. Et une oeuvre d'une intemporelle et abyssale connerie dans le même temps. Dire que certains s'ennuient à faire des remakes de Melrose Place ! Sortis de nulle part, Eric Charmelo (qui a le nom de l'emploi) et Nicole Snyder sont parvenus en l'espace d'une poignée d'épisodes à dupliquer la formule parfaite, unique, de Sa Majesté Aaron Spelling, ce génie visionnaire qui sut mieux que quiconque nous faire comprendre à tous que la vie de super-riche, c'était pas si bandant que ça.
Dès les premières secondes, on pense à Central Park West, improbable daube qui révéla... pardon, excusez-moi, je la refais : qui révéla... bon, je ne peux pas m'arrêter de rire, alors disons qu'il y a John Barrowman dedans, tout jeunot et souffrant déjà d'une ressemblance délicate avec Tom Cruise. Et que le casting avait quelque chose d'étourdissant, entre Marielle Hemingway, Raquel Welch et Mädchen Amick. Des riches très méchants dont en fait, le coeur saigne. Une sous-intrigue digne des pires thrillers du dimanche soir. Des thèmes aussi palpitants qu'une déclaration ISF. Même le public américain ne s'y est pas trompé, qui pour stupide qu'il puisse être parfois bouda cette production de Darren Starr, l'affreux et méconnu binôme de Spelling sur la plupart de ses œuvres majeures.
Mais Ringer pousse le concept - le vice - encore plus loin. Non seulement parce qu'il part sur une base si éculée que Spelling lui-même aurait rougi de s'y aventurer (deux jumelles échangeant leur vie, c'est tellement stupide et efficace que pas moins de TROIS SERIES se sont aventurées dans cette direction cette année). Et surtout parce qu'elle pousse la culture du vide scénaristique dans ses ultimes retranchement. Ringer n'est pas uniquement une histoire de dualité entre deux personnes partageant le même visage, oh non ! Ringer EST la dualité, incarnée de manière brutale et évidente. Les passages où il ne s'y passe rien du tout sont sommairement opposés aux épisodes où les rebondissements s'enchaînent toutes les deux scènes. Les moments où la série est si téléphonée qu'on en pleure de rire le disputent à ceux où l'histoire est si emberlificotée qu'on n'y comprend plus goutte. La seule chose dont on est à peu près sûr, c'est que Sarah Michelle Gellar y trouve deux rôles à la mesure de son talent, à savoir être vaguement célèbre et avoir été sexy, un jour. Notez qu'elle s'en sort avec les honneurs, puisqu'elle parvient à suffisamment nuancer son jeu pour réellement donner chair à deux personnages distincts. Le minimum, sans doute. On sent bien dès le début que Sarah est la Javier Pastore de la série : tout le budget a été bouffé pour la rémunérer, et les autres joueurs sont des billes dont on ne comprend même pas comment ils font illusion, ex-gloires des 2ks (Nestor Carbonell), ex-espoirs jamais confirmés (Tara Summers, qui disparaît malheureusement très vite), futurs second rôles dénudés dans des slashers que même Lyle ne voudrait pas regarder (Zoe Deutsch), guest-stars professionnels (Jaime Murray, Mike Colter ou, justement, Mädchen Amick), chèvres sorties de nulle part (à peu près tous les autres)... A tout prendre Sarah, elle, est plus efficace que l'Argentin.
Au début pourtant, on a un peu peur. Ringer est juste nulle. Il lui faut quelques épisodes pour trouver son rythme et découvrir son identité profonde : celle d'une compilation de scenarii rejetés par toutes les chaînes américaines depuis quinze ans, une variation époustouflante sur l'unique thème du cliché. Vingt et quelques épisodes durant, on aura droit à tout. Manipulations en tout genre, tentatives de meurtres, boss + 1 + 2 + 3 + 18, retournement de situations invraisemblables (la révélation de la chaîne de Ponzi, créée quasi ex nihilo un beau matin, entrera assurément dans les anales de la télé de série Z), dialogues à faire passer Plus belle la vie pour une tragédie shakespearienne, personnages changeant totalement de caractère ou d'avis ou d'interactions d'un épisode à l'autre... et si l'on se prend rapidement au jeu et retrouve avec un plaisir bête et méchant ces héros au bout de quelques semaines, il est à noter que les six ou sept derniers épisodes constituent un crescendo fascinant dans la connerie, une espèce de summum de ce que l'on peut produire, écrire, imaginer de plus profondément crétin dans une fiction, qui bien sûr trouve son incarnation la plus parfaite dans le personnage de Victor Machado. Élu - et comment eût-il pu en être autrement ? - personnage le plus con de l'année par nos lecteurs. De même que les scénaristes donnent parfois le sentiment de ne jamais avoir vu une seule série et d'être parfaitement sincères en croyant que leurs histoires éculées sont originales, Machado donne l'impression de ne jamais jamais avoir ouvert un polar de sa vie. Ni un livre, ni un film - il n’a même pas vu une seule comédie d’ABC Family. Dix-neuf épisodes durant, il ne va même pas imaginer deux secondes, juste comme ça, pour déconner, qu'il y a pu y avoir inversion entre les deux sœurs. DES SEMAINES durant, il va continuer à ne pas s’en apercevoir, à ne même pas se poser la question. Dans Homeland, on serait inquiet pour sa survie. Dans un autre contexte cela le rend follement attachant, comme toute cette incroyablement mauvaise série elle-même.
A l'heure où sont écrites ces lignes, le final s'apprête à être diffusé (on bave) et on ignore encore, hélas, si la série sera prolongée. On croise évidemment les doigts : Dieu sait ce que ces gens seraient foutus de nous sortir une fois acquis le Graal d'une seconde saison.
Ce qui est formidable avec Ringer, c'est que quand certaines séries "qui vident la tête" (dira-t-on pudiquement) peuvent aisément être conseillées aux spectateurs décérébrés, il est fortement recommandé dans son cas d'avoir un cerveau pour apprécier l'infinité de ses variations autour de la médiocrité scénaristique. Auteurs, comédiens, réalisateurs... tous semblent avoir prêté un troublant serment d'allégeance à la - on le dit peu - noble cause du soap opera, le vrai, le beau, le pur. Ringer n'en respecte pas les codes formels, bien sûr, mais après tout : elle est une série de son époque. Et une oeuvre d'une intemporelle et abyssale connerie dans le même temps. Dire que certains s'ennuient à faire des remakes de Melrose Place ! Sortis de nulle part, Eric Charmelo (qui a le nom de l'emploi) et Nicole Snyder sont parvenus en l'espace d'une poignée d'épisodes à dupliquer la formule parfaite, unique, de Sa Majesté Aaron Spelling, ce génie visionnaire qui sut mieux que quiconque nous faire comprendre à tous que la vie de super-riche, c'était pas si bandant que ça.
Dès les premières secondes, on pense à Central Park West, improbable daube qui révéla... pardon, excusez-moi, je la refais : qui révéla... bon, je ne peux pas m'arrêter de rire, alors disons qu'il y a John Barrowman dedans, tout jeunot et souffrant déjà d'une ressemblance délicate avec Tom Cruise. Et que le casting avait quelque chose d'étourdissant, entre Marielle Hemingway, Raquel Welch et Mädchen Amick. Des riches très méchants dont en fait, le coeur saigne. Une sous-intrigue digne des pires thrillers du dimanche soir. Des thèmes aussi palpitants qu'une déclaration ISF. Même le public américain ne s'y est pas trompé, qui pour stupide qu'il puisse être parfois bouda cette production de Darren Starr, l'affreux et méconnu binôme de Spelling sur la plupart de ses œuvres majeures.
Mais Ringer pousse le concept - le vice - encore plus loin. Non seulement parce qu'il part sur une base si éculée que Spelling lui-même aurait rougi de s'y aventurer (deux jumelles échangeant leur vie, c'est tellement stupide et efficace que pas moins de TROIS SERIES se sont aventurées dans cette direction cette année). Et surtout parce qu'elle pousse la culture du vide scénaristique dans ses ultimes retranchement. Ringer n'est pas uniquement une histoire de dualité entre deux personnes partageant le même visage, oh non ! Ringer EST la dualité, incarnée de manière brutale et évidente. Les passages où il ne s'y passe rien du tout sont sommairement opposés aux épisodes où les rebondissements s'enchaînent toutes les deux scènes. Les moments où la série est si téléphonée qu'on en pleure de rire le disputent à ceux où l'histoire est si emberlificotée qu'on n'y comprend plus goutte. La seule chose dont on est à peu près sûr, c'est que Sarah Michelle Gellar y trouve deux rôles à la mesure de son talent, à savoir être vaguement célèbre et avoir été sexy, un jour. Notez qu'elle s'en sort avec les honneurs, puisqu'elle parvient à suffisamment nuancer son jeu pour réellement donner chair à deux personnages distincts. Le minimum, sans doute. On sent bien dès le début que Sarah est la Javier Pastore de la série : tout le budget a été bouffé pour la rémunérer, et les autres joueurs sont des billes dont on ne comprend même pas comment ils font illusion, ex-gloires des 2ks (Nestor Carbonell), ex-espoirs jamais confirmés (Tara Summers, qui disparaît malheureusement très vite), futurs second rôles dénudés dans des slashers que même Lyle ne voudrait pas regarder (Zoe Deutsch), guest-stars professionnels (Jaime Murray, Mike Colter ou, justement, Mädchen Amick), chèvres sorties de nulle part (à peu près tous les autres)... A tout prendre Sarah, elle, est plus efficace que l'Argentin.
Au début pourtant, on a un peu peur. Ringer est juste nulle. Il lui faut quelques épisodes pour trouver son rythme et découvrir son identité profonde : celle d'une compilation de scenarii rejetés par toutes les chaînes américaines depuis quinze ans, une variation époustouflante sur l'unique thème du cliché. Vingt et quelques épisodes durant, on aura droit à tout. Manipulations en tout genre, tentatives de meurtres, boss + 1 + 2 + 3 + 18, retournement de situations invraisemblables (la révélation de la chaîne de Ponzi, créée quasi ex nihilo un beau matin, entrera assurément dans les anales de la télé de série Z), dialogues à faire passer Plus belle la vie pour une tragédie shakespearienne, personnages changeant totalement de caractère ou d'avis ou d'interactions d'un épisode à l'autre... et si l'on se prend rapidement au jeu et retrouve avec un plaisir bête et méchant ces héros au bout de quelques semaines, il est à noter que les six ou sept derniers épisodes constituent un crescendo fascinant dans la connerie, une espèce de summum de ce que l'on peut produire, écrire, imaginer de plus profondément crétin dans une fiction, qui bien sûr trouve son incarnation la plus parfaite dans le personnage de Victor Machado. Élu - et comment eût-il pu en être autrement ? - personnage le plus con de l'année par nos lecteurs. De même que les scénaristes donnent parfois le sentiment de ne jamais avoir vu une seule série et d'être parfaitement sincères en croyant que leurs histoires éculées sont originales, Machado donne l'impression de ne jamais jamais avoir ouvert un polar de sa vie. Ni un livre, ni un film - il n’a même pas vu une seule comédie d’ABC Family. Dix-neuf épisodes durant, il ne va même pas imaginer deux secondes, juste comme ça, pour déconner, qu'il y a pu y avoir inversion entre les deux sœurs. DES SEMAINES durant, il va continuer à ne pas s’en apercevoir, à ne même pas se poser la question. Dans Homeland, on serait inquiet pour sa survie. Dans un autre contexte cela le rend follement attachant, comme toute cette incroyablement mauvaise série elle-même.
A l'heure où sont écrites ces lignes, le final s'apprête à être diffusé (on bave) et on ignore encore, hélas, si la série sera prolongée. On croise évidemment les doigts : Dieu sait ce que ces gens seraient foutus de nous sortir une fois acquis le Graal d'une seconde saison.
👎👎 Ringer (saison 1)
créée par Eric Charmelo & Nicole Snyder
The CW, 2011-12
Typique syndrome de stockholm. Tu en as même oublié la note :)
RépondreSupprimerJuste vu le premier épisode et même les effets spéciaux dataient des années 80 !
RépondreSupprimerTu crois qeu dans le final il va ENFIN se transformer en Mr Fantastique, le mari?
RépondreSupprimerJ'attends que ça moi.
J'attends le final avec une certaine délectation. Vivement jeudi (?) !
RépondreSupprimerPire que Machado, le mari !
Et la pauvre petite fille riche. Et la mère névrosée.
Bon sang de bon midi, que de clichés que de clichés. Et pourtant, j'ai vraiment pris un plaisir pervers à les retrouver chaque semaine. Bon, ok, depuis 5 ou 6 épisodes (le summum de la connerie va crescendo, comme tu le signales^^), je regarde en vitesse 1.5. Thank U VLC !
"Les moments où la série est si téléphonée qu'on en pleure de rire le disputent à ceux où l'histoire est si emberlifoquée qu'on n'y comprend plus goutte"
RépondreSupprimerAh ça me rassure, ça n'était pas qu'une impression alors! me suis retrouvé dans cte phrase.
Après j'avoue avoir du mal à dire quoi penser de cte série, le plus simple étant de dire que j'ai cessé de la mater sans savoir pourquoi.
(Un peu hors sujet: comptes tu chroniquer la série "Touch" en cours de diffusion, je serai curieux d'avoir des avis sur celle ci ^^).
j'ai rien à dre sur ringer, comme tu l'as vu pour moi, ça me fait gagner du temps^^
RépondreSupprimertiens, cadeau, un truc qui vient sortir, l'album doit sortir sur itunes ce mois-ci:
http://youtu.be/ilFOHJ3Fflo
Serious >>> oui, merci de me l'avoir signalé d'ailleurs. J'ai publié depuis mon téléphone, ça marche pas mal, le seul truc c'est que je ne vois pas les images. Je pensais donc que ça y était.
RépondreSupprimerMiss >>> oui, la scène sur le bateau est vraiment pathétique. Bon, après le problème se règle tout seul, vu qu'il n'y a plus d'effets spéciaux ^^
Guic >>> tu rigoles, mais cet acteur est plutôt pas mauvais, je trouve. Il y a des passages où il arrive plutôt pas mal à jouer les types inquiétants. Dommage que son rôle soit aussi grotesque.
Dan >>> je n'ai vu de Touch que le pilote diffusé en avant première il y a quelques mois, mais j'avais été très agréablement surpris, donc il est probable que j'en parle une fois que j'aurai vu la suite.
gmc >>> alors le son ne veut pas marcher sur mon ordi ce soir, je vais essayer plus tard, en espérant que j'y pense.
Formidable final, à l'image de cette grande série ^^
RépondreSupprimerOh le con, je l'ai acheté sur I-tune store (...) et comme un con, j'ai oublié de le regarder (j'étais sur Vampire Diaries, dont les acteurs sur plus frais ;-)
RépondreSupprimerPuissant, en effet !
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