Community - Stop ou Encore

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Au moment de rédiger la note de fin de saison de Community, on hésite un instant. Faut-il déjà préparer l'élégie ? Le vent du boulet a soufflé tant de fois dans les oreilles de Dan Harmon cette saison, jusqu'à une déprogrammation pure et simple, elle même suivie d'un retour inespéré accompagné d'audiences... eh bien inespérées aussi... on finit par ne plus savoir. A l'heure où paraît cet article, on vient d'apprendre que le sitcom geek et psychédélique de NBC reviendra pour une saison quatre (en septembre ? En janvier ? En mars ?). Sans son showrunner et maître à penser, sacrifié sur l'autel de querelles internes qu'on imagine avoir peu de rapport avec l'amour de l'art. Alors qu'il serait de bon ton de fêter une prolongation à laquelle peu croyaient encore, l'avenir de Community n'a jamais paru aussi flou. On peut toujours se rassurer en se disant que trois saisons, après tout, c'est plus que d'autres. Si NBC avait su exactement ce qu'elle venait de signer en 2009, on n'aurait probablement pas vu le show du tout. Trop tordu. Pas assez simple et balisé. Trop anarchique et trop référencé. Une série s'amusant à pasticher d'obscurs films indépendant ou, plus récemment, des séries anglaises dont l'Américain moyen ne soupçonne même pas l'existence... pensez donc...

Oui, on peut toujours se rassurer... se dire qu'après tout, une série comme celle-ci fait beaucoup pour la crédibilité d'une chaîne. Cool, appréciée par la critique et les geeks (ok, ce sont plus ou moins les mêmes lorsqu'il s'agit de séries télés). Pourvue d'une fan-base réduite mais d'une fidélité à toute épreuve.

Aurait-il fallu préférer enterrer Community ? Et pourquoi pas ? Arrêter la série maintenant, c'était l'assurance qu'elle reste pour toujours dans la mémoire du public. Que malgré ses épisodes moins bien, elle conserverait une forme de pureté qui après tout collait merveilleusement à un show porté par l'émusant duo Troy/Abed. Tout n'était-il pas mieux que de l'imaginer sous perfusion comme d'autres séries de NBC miraculeusement sauvées avant elle, avec un budget réduit et un cahier des charges redéfini. Community est l'inverse de cela. C'est un feu d'artifice. Une ode à la liberté (jusqu'à sa chanson de générique, qui ne raconte pas autre chose). A la spontanéité et à la différence. C'est une bulle spatio temporelle dans les grilles de programmes ultra-calibrées des Networks américains. Il y a d'autres comédies, et certaines sont peut-être beaucoup plus drôles, ou à tout le moins beaucoup plus efficaces dans ce registre. Il y a plein de bonnes comédies mais il n'y a qu'un seul Community. Un seul endroit où tout, tout le temps sera possible. Des histoires de duel à la vie à la mort au babyfoot. Des réalités alternatives cauchemardesques. Des sectes de réparateurs d'air conditionné. Des profs de chorale serial-killers. Des dreamatoriums, des chambres en couvertures et des contes en ombres chinoises. Ça ne marche pas à tous les coups, c'est vrai, et cette saison souffre d'un petit ventre mou en son milieu. Mais au moins, les scénaristes de Community essaient. Il font même tout leur possible pour convaincre le spectateur (et eux-mêmes, sans doute), qu'ils font plus qu'écrire une banale série télé qui pourrait être annulée en un claquement de doigts. Non, d'accord, quelle idée saugrenue ce serait, d'enterrer Community ? On n'enterre pas les OVNIs. On les laisse exploser en vol. C'était sans doute l'ambition ultime de Dan Harmon.

👍👍👍 Community (saison 3)

créée par Dan Harmon | NBC, 2011-12