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Tandis que Sam Winchester a Lucifier chantant "Stairway to Heaven" dans sa tête, Dean Winchester se demande s'il est bien raisonnable de s'acharner à sauver une fois de plus un monde qui semble inlassablement vouloir disparaître. Honnêtement, on comprend un peu sa lassitude. Elle fait écho à celle du spectateur, qui ne peut pas s'empêcher de trouver que les deux frères les plus cools de la télévision contemporaine ont tendance à sévèrement tourner en rond depuis qu'ils ont mis un terme brutal à l'Apocalypse. Comme on l'avait relevé l'an dernier, le monde comme la série ne tournent plus tout à fait ronds depuis que Sam a héroïquement empêché le feu d'artifice final.
Comprendre par-là évidemment que c'est surtout l'imaginaire des scénaristes que l'on sent un peu en rade, quitte à s'autoriser des accros indignes dans le contrat passé avec le spectateur. On était tout prêt à accepter les errements (relatifs) de la saison six parce qu'elle se présentait comme une saison de transition, dont on soupçonnait qu'elle amènerait à terme une redéfinition de la mythologie de la série. Or, il n'en fut finalement rien : après nous avoir vendu le rebondissement le plus factice qu'on ait vu dans une série depuis longtemps (Castiel allait être le nouveau Dieu, hypothèse balayée en un épisode et demi, bonjour l'arnaque à la storyline trop belle pour être vraie), Supernatural signe ni plus ni moins que sa seconde saison de transition de suite - c'est assurément une de trop. Et si tentative de table-rase il y a avec l'élimination de plusieurs personnages clés effectivement arrivés à bout de souffle (sur ce genre de point on peut toujours faire confiance à Supernatural, jamais la dernière à buter ses héros), on a malgré tout l'impression que les scénaristes nous jouent d'interminables prolongations en s'appuyant sur cette bonne vieille technique du boss +1. Ce qu'ils nous avaient déjà fait l'an passé avec la fameuse "mère de toutes les créatures", dont on avait beaucoup entendu parler pour un résultat proche du néant.
Les Léviathans, antagonistes de la saison sept, subissent le même préjudice et entraînent les mêmes béances narratives. On ajoutera qu'à l'instar de la fameuse Eve, ils présentent sur le papier de nombreuses qualités dont on se demande pourquoi les scénaristes ne les exploitent pas. Ces monstruosités qui achètent des sociétés et placent leur argent en bourse, qui s'insèrent dans les plus hautes sphères de l'état... il y avait là matière à surprendre, notamment en confrontant les frères Winchester à une certaine modernité qui leur est totalement étrangère. On aurait même pu voir la série, pour quelques épisodes, se perdre dans un univers plus urbain et sophistiqué ou croiser des personnages différents de ceux qui croisent inlassablement leur route depuis sept ans. Encore eût-il fallu pour cela qu'on les croisât un peu plus souvent, ces Léviathans, expédiés la majeure partie du temps à la périphérie de l'histoire. On voit le nombre d'épisodes se réduire comme peau de chagrin et les stand alone continuer de s'enchaîner à un rythme effréné sans que l'arc principal ne reprenne la main. De deux choses l'une : soit il ne s'agit que des préliminaires à une nouvelle mythologie que l'on devine différente et centrée sur la culpabilité et la paranoïa, et on verra bien. Soit les scénaristes avancent à l'aveuglette et Supernatural, après avoir pris la relève des X-Files, finira comme elle, dans une indifférence plus ou moins générale. Dans tous les cas, il faudra muscler un peu le jeu durant les prochaines saisons, car si les stand-alone (soit donc la plupart des épisodes) de cette année demeurent sympathiques, et les dialogues toujours aussi réjouissants, l'ensemble est à tout point de vue loin du niveau de qualité auquel la série nous avait habitués depuis la saison 3.
Tandis que Sam Winchester a Lucifier chantant "Stairway to Heaven" dans sa tête, Dean Winchester se demande s'il est bien raisonnable de s'acharner à sauver une fois de plus un monde qui semble inlassablement vouloir disparaître. Honnêtement, on comprend un peu sa lassitude. Elle fait écho à celle du spectateur, qui ne peut pas s'empêcher de trouver que les deux frères les plus cools de la télévision contemporaine ont tendance à sévèrement tourner en rond depuis qu'ils ont mis un terme brutal à l'Apocalypse. Comme on l'avait relevé l'an dernier, le monde comme la série ne tournent plus tout à fait ronds depuis que Sam a héroïquement empêché le feu d'artifice final.
Comprendre par-là évidemment que c'est surtout l'imaginaire des scénaristes que l'on sent un peu en rade, quitte à s'autoriser des accros indignes dans le contrat passé avec le spectateur. On était tout prêt à accepter les errements (relatifs) de la saison six parce qu'elle se présentait comme une saison de transition, dont on soupçonnait qu'elle amènerait à terme une redéfinition de la mythologie de la série. Or, il n'en fut finalement rien : après nous avoir vendu le rebondissement le plus factice qu'on ait vu dans une série depuis longtemps (Castiel allait être le nouveau Dieu, hypothèse balayée en un épisode et demi, bonjour l'arnaque à la storyline trop belle pour être vraie), Supernatural signe ni plus ni moins que sa seconde saison de transition de suite - c'est assurément une de trop. Et si tentative de table-rase il y a avec l'élimination de plusieurs personnages clés effectivement arrivés à bout de souffle (sur ce genre de point on peut toujours faire confiance à Supernatural, jamais la dernière à buter ses héros), on a malgré tout l'impression que les scénaristes nous jouent d'interminables prolongations en s'appuyant sur cette bonne vieille technique du boss +1. Ce qu'ils nous avaient déjà fait l'an passé avec la fameuse "mère de toutes les créatures", dont on avait beaucoup entendu parler pour un résultat proche du néant.
Les Léviathans, antagonistes de la saison sept, subissent le même préjudice et entraînent les mêmes béances narratives. On ajoutera qu'à l'instar de la fameuse Eve, ils présentent sur le papier de nombreuses qualités dont on se demande pourquoi les scénaristes ne les exploitent pas. Ces monstruosités qui achètent des sociétés et placent leur argent en bourse, qui s'insèrent dans les plus hautes sphères de l'état... il y avait là matière à surprendre, notamment en confrontant les frères Winchester à une certaine modernité qui leur est totalement étrangère. On aurait même pu voir la série, pour quelques épisodes, se perdre dans un univers plus urbain et sophistiqué ou croiser des personnages différents de ceux qui croisent inlassablement leur route depuis sept ans. Encore eût-il fallu pour cela qu'on les croisât un peu plus souvent, ces Léviathans, expédiés la majeure partie du temps à la périphérie de l'histoire. On voit le nombre d'épisodes se réduire comme peau de chagrin et les stand alone continuer de s'enchaîner à un rythme effréné sans que l'arc principal ne reprenne la main. De deux choses l'une : soit il ne s'agit que des préliminaires à une nouvelle mythologie que l'on devine différente et centrée sur la culpabilité et la paranoïa, et on verra bien. Soit les scénaristes avancent à l'aveuglette et Supernatural, après avoir pris la relève des X-Files, finira comme elle, dans une indifférence plus ou moins générale. Dans tous les cas, il faudra muscler un peu le jeu durant les prochaines saisons, car si les stand-alone (soit donc la plupart des épisodes) de cette année demeurent sympathiques, et les dialogues toujours aussi réjouissants, l'ensemble est à tout point de vue loin du niveau de qualité auquel la série nous avait habitués depuis la saison 3.
✋ Supernatural (saison 7)
créée par Eric Kripke
The CW, 2011-12