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David Kelley sait-il produire autre chose que de la série judiciaire au kilomètre ? Ou bien, pour être exact, le laissera-t-on un jour recommencer à produire autre chose ? Depuis l'arrêt de Boston Legal à la fin 2008, c'est fou comme la roue semble avoir tourné pour l'ex-magnat des Networks des années quatre-vingt-dix. Comme elle semble loin, l'époque où il pouvait vendre n'importe quoi à n'importe qui, parfois même sans avoir à tourner un pilote. Depuis quatre ans, les projets les plus ambitieux de Kelley (enfin on suppose, puisqu'ils n'ont jamais été mis en production) sont rejetés les uns après les autres, comme si Hollywood ne voulait plus le voir faire autre chose de la série judiciaire à l'ancienne - sinon à la papa. Un comble pour quelqu'un qui sut à ce point révolutionner le genre.
A la vue de Harry's Law, dont la seconde (et a priori dernière) saison s'est conclue ce printemps sur NBC, il est fascinant de voir à quel point ce qui a pu sembler révolutionnaire à une époque peut sembler convenu, voire ringard, dès l'époque suivante. La télévision, voilà un domaine qui bouge vite et qui ne pardonne pas. A l'époque de The Good Wife et de Suits, pour ne citer que les deux meilleurs legal dramas apparus ces dernières années, les aventures de Harriet Korn semblent immanquablement vieillottes et moralisatrices. La série à la papa ? La série à la mamie, en l'occurrence.
Tout commence plutôt bien pourtant, avec une avocate ronchonne (incarnée, excusez le peu, par Kathy Bates) licenciée d'un cabinet d'affaire et décidant de monter son propre cabinet dans un ancien magasin de chaussures de la banlieue de Cincinnati, l'une des villes plus pauvres et mal famées du pays. Flanquée d'une secrétaire blonde, bonne, nunuche mais évidemment irradiée par une forme de rude bon sens (Brittany Snow, pour le moins inattendue dans ce registre), et d'un jeune collègue en pleine crise de la trentaine, Harriet Korn s'investit redresseuse de torts - c'est peu ou prou à ce moment-là que l'on décroche. Est-ce l'effet d'un passage brutal chez NBC ? Toujours est-il que ce qui était brillant et fin lorsque Kelley officiait sur ABC ou FOX semble en état de décrépitude dans Harry's Law. Finis les épisodes mind blowers, les affaires cornéliennes et les duels homériques. Avec cette nouvelle production, Kelley, dont on n'a jamais vraiment ignoré les opinions politiques, vire carrément gauche bon teint, avec une héroïne à la Robin des bois sauvant des pauvres noirs (pléonasme) évidemment gentils (double pléonasme) d'un système judiciaire évidemment injuste/corrompu/inéquitable (triple)... etc. Le goût du soufre ? La confrontation idéologique ? Ils ont dû rester dans le grenier des bureaux d'ABC, tant on se prend souvent à imaginer ce qu'Alan Shore ou Denny Crane feraient s'ils s'emparaient de certaines affaires de la noble Harry, dont les plaidoiries pontifiantes réalisent l'étonnante performance d'être à la fois très proches et radicalement différentes de celles que pouvait servir un Shore. Sans doute cette tendance plus ou moins prononcée à faire pleurer dans les chaumières...
Mais le plus étonnant, et embarrassant, c'est sans doute l'étonnante sagesse de l'ensemble. On l'a déjà compris, Harry Korn n'est pas aussi ronchonne et grincheuse que ce que le pitch promettait, et se révèle donc assez rapidement la plus gentille et la plus noble de toutes les avocates de Cincinnati - d'un humanisme quasiment surnaturel. Les autres personnages, à l'exception du truculent Thomas Jefferson, déjà vu un milliers de fois (en mieux) dans les précédentes séries de Kelley, sont des fantômes. Dépourvus de charisme, quasiment jamais crédibles, ils semblent s'agiter dans une banlieue en carton pâte et dont les dangers semblent la plupart du temps assez amusant. Quant à Kathy Bates, à peine si elle relève le niveau, se faisant même rapidement voler la vedette par l'excellent Nathan Corddry (vu entre autres dans Studio 60). En fait, on la sentiment qu'elle se contente d'être Kathy Bates, ce qui est plutôt pas mal dans l'absolu mais occasionne tout de même quelques regrets lorsqu'on sait quelle grande actrice elle est. On finit d'ailleurs par être pas loin de penser que la série n'a été faite que pour elle, et que le décor en carton vient de ce qu'elle a tout bouffé avec son salaire. Auquel cas le résultat est encore moins convaincant que prévu...
David Kelley sait-il produire autre chose que de la série judiciaire au kilomètre ? Ou bien, pour être exact, le laissera-t-on un jour recommencer à produire autre chose ? Depuis l'arrêt de Boston Legal à la fin 2008, c'est fou comme la roue semble avoir tourné pour l'ex-magnat des Networks des années quatre-vingt-dix. Comme elle semble loin, l'époque où il pouvait vendre n'importe quoi à n'importe qui, parfois même sans avoir à tourner un pilote. Depuis quatre ans, les projets les plus ambitieux de Kelley (enfin on suppose, puisqu'ils n'ont jamais été mis en production) sont rejetés les uns après les autres, comme si Hollywood ne voulait plus le voir faire autre chose de la série judiciaire à l'ancienne - sinon à la papa. Un comble pour quelqu'un qui sut à ce point révolutionner le genre.
A la vue de Harry's Law, dont la seconde (et a priori dernière) saison s'est conclue ce printemps sur NBC, il est fascinant de voir à quel point ce qui a pu sembler révolutionnaire à une époque peut sembler convenu, voire ringard, dès l'époque suivante. La télévision, voilà un domaine qui bouge vite et qui ne pardonne pas. A l'époque de The Good Wife et de Suits, pour ne citer que les deux meilleurs legal dramas apparus ces dernières années, les aventures de Harriet Korn semblent immanquablement vieillottes et moralisatrices. La série à la papa ? La série à la mamie, en l'occurrence.
Tout commence plutôt bien pourtant, avec une avocate ronchonne (incarnée, excusez le peu, par Kathy Bates) licenciée d'un cabinet d'affaire et décidant de monter son propre cabinet dans un ancien magasin de chaussures de la banlieue de Cincinnati, l'une des villes plus pauvres et mal famées du pays. Flanquée d'une secrétaire blonde, bonne, nunuche mais évidemment irradiée par une forme de rude bon sens (Brittany Snow, pour le moins inattendue dans ce registre), et d'un jeune collègue en pleine crise de la trentaine, Harriet Korn s'investit redresseuse de torts - c'est peu ou prou à ce moment-là que l'on décroche. Est-ce l'effet d'un passage brutal chez NBC ? Toujours est-il que ce qui était brillant et fin lorsque Kelley officiait sur ABC ou FOX semble en état de décrépitude dans Harry's Law. Finis les épisodes mind blowers, les affaires cornéliennes et les duels homériques. Avec cette nouvelle production, Kelley, dont on n'a jamais vraiment ignoré les opinions politiques, vire carrément gauche bon teint, avec une héroïne à la Robin des bois sauvant des pauvres noirs (pléonasme) évidemment gentils (double pléonasme) d'un système judiciaire évidemment injuste/corrompu/inéquitable (triple)... etc. Le goût du soufre ? La confrontation idéologique ? Ils ont dû rester dans le grenier des bureaux d'ABC, tant on se prend souvent à imaginer ce qu'Alan Shore ou Denny Crane feraient s'ils s'emparaient de certaines affaires de la noble Harry, dont les plaidoiries pontifiantes réalisent l'étonnante performance d'être à la fois très proches et radicalement différentes de celles que pouvait servir un Shore. Sans doute cette tendance plus ou moins prononcée à faire pleurer dans les chaumières...
👎 Harry's Law (saisons 1 & 2)
créée par David Kelley
NBC, 2011-12
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