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2012 a été une année musicale bizarre. Qui a commencé très fort, pour s’essouffler presque aussi rapidement. Qui n’a lésiné ni sur les retours de poids lourds, ni sur les comebacks de chouchous, pour en même temps toujours un peu laisser l’auditeur/chroniqueur sur sa faim. Et dont les charts de fin d’année, ayons l’honnêteté de le reconnaître, étaient déjà tous plus ou moins pliés au mois d’avril. Qu’on ne cherche pas plus loin l’explication à la raréfication des chroniques musicales ces derniers mois. On a reçu pas mal de choses sympathiques, entendu pas mal de choses honnêtes… des choses transcendantes ? Pas tellement. Pas vraiment.
Il n’est donc pas surprenant en soi que la meilleure sortie de ce dernier trimestre 2012 ne soit pas un album original, mais une réédition. Il suffit de remonter tranquillement la rubrique pour constater que les choses ne pouvaient se terminer qu’ainsi. Étant entendu que la présente réédition n’en est pas une à proprement parler, et qu’elle aurait de toute façon largement surclassé les autres sorties du moment quel qu’il ait été. Parce qu’avec Junkyard Hearts, on ne parle pas de n’importe quelle œuvre de n’importe quel artiste. Mais bien de ce que Joseph Arthur, artiste qu’on aime d’amour par ici, a publié de mieux durant sa déjà longue carrière.
C’est presque un sketch, d’ailleurs. Quand on y pense. Les deux meilleurs albums du Joe, Our Shadows Will Remain et Nuclear Daydream, ont mis des années avant de paraître en France. Récemment encore, le camarade publiait son plus bel album depuis une éternité… gratuitement sur son site, loin des spotlights et de l’excitation de médias qui de toute manière, en ces temps de zapping permanent, n’auraient sans doute pas eu beaucoup de temps à consacrer à un double album de vingt-quatre morceaux pas forcément des plus catchy. Dans ces conditions, le lecteur ne sera quasiment pas étonné d’apprendre que ses dix-neuf meilleures chansons (ou pas loin) figuraient jusqu’à présent sur quatre EPs à micro-tirage uniquement distribués à la sortie de concerts ayant eu lieu dans les tréfonds de l’Angleterre il y a de cela dix ans. C’est le contraire, qui eût presque été étonnant.
En fait de réédition, c’est donc plutôt une première véritable sortie que se voient offrir ces compos, grâce soit rendue à Real World, label de Joe Arthur à l’époque (plus pour longtemps), qui a fait de cette fausses compile l’un des musts de sa collection Real World Gold. Car la gifle ne sera pas des moindres pour l’auditeur qui n’aurait jamais eu la chance de tomber sur l’ouvrage au gré d’une rencontre sympathique ou, plus probablement, d’un lien de téléchargement illégal (est-il illégal d’ailleurs de télécharger un objet qui n’existe pas ?… c’est un autre débat). On vous la fait courte : une fois n’est pas coutume, il sera plus rapide de citer les mauvais titres que les bons – il n’y en a qu’un seul ("Glue Sniffer"). Tout le reste oscille entre la grâce ("Jumping with You", "Tiny Echoes", "Dear Lord") et la (juste) très bonne pop ("Hold on", "Dear", "Still the Same"…), et forme accessoirement une excellente carte de visite pour un artiste qui, de ses débuts sous l’ombre tutélaire de Peter Gabriel à sa réinvention en Springsteen post-moderne aux côté des Lonely Astronauts, a tâté d’un peu tout avec à peu près autant de réussite. Soit donc une alternance de choses languides, traînantes… sublimes ("The Cold Sea" ou "This Heart Will Swallow Us" font littéralement frissonner), et de folk-pop délicate et d’une rare élégance ("Bill Wilson", "Favorite Girl"), pour un tout souvent luxueusement arrangé et toujours porté par cette voix profonde, posée, jamais dans la démonstration ou l’excès. Et si une poignée de ces morceaux a pu être reprise quelques mois plus tard sur le très bel album Redemption’s Son, on insiste : ces Junkyard Hearts sont tout sauf une vulgaire collection de démos, de chutes ou de raretés dispensables. Ils témoignent d’une unité de ton (mélancolique et sensuel, quelle surprise) et de son (dans la droite ligne des deux albums qui l’encadrent) en faisant une œuvre à part entière… un quasi (double) album inédit, qui mérite amplement, à présent qu’il est disponible à grande échelle et d’un seul tenant, de figurer parmi les classiques de son auteur. Voire parmi les classiques de la dernière décennie, tout court, tant on prend un plaisir intense à se perdre encore et encore au milieu de cette vingtaine de ballades calmes et pluvieuses comme en dimanche de décembre en Normandie.
2012 a été une année musicale bizarre. Qui a commencé très fort, pour s’essouffler presque aussi rapidement. Qui n’a lésiné ni sur les retours de poids lourds, ni sur les comebacks de chouchous, pour en même temps toujours un peu laisser l’auditeur/chroniqueur sur sa faim. Et dont les charts de fin d’année, ayons l’honnêteté de le reconnaître, étaient déjà tous plus ou moins pliés au mois d’avril. Qu’on ne cherche pas plus loin l’explication à la raréfication des chroniques musicales ces derniers mois. On a reçu pas mal de choses sympathiques, entendu pas mal de choses honnêtes… des choses transcendantes ? Pas tellement. Pas vraiment.
Il n’est donc pas surprenant en soi que la meilleure sortie de ce dernier trimestre 2012 ne soit pas un album original, mais une réédition. Il suffit de remonter tranquillement la rubrique pour constater que les choses ne pouvaient se terminer qu’ainsi. Étant entendu que la présente réédition n’en est pas une à proprement parler, et qu’elle aurait de toute façon largement surclassé les autres sorties du moment quel qu’il ait été. Parce qu’avec Junkyard Hearts, on ne parle pas de n’importe quelle œuvre de n’importe quel artiste. Mais bien de ce que Joseph Arthur, artiste qu’on aime d’amour par ici, a publié de mieux durant sa déjà longue carrière.
C’est presque un sketch, d’ailleurs. Quand on y pense. Les deux meilleurs albums du Joe, Our Shadows Will Remain et Nuclear Daydream, ont mis des années avant de paraître en France. Récemment encore, le camarade publiait son plus bel album depuis une éternité… gratuitement sur son site, loin des spotlights et de l’excitation de médias qui de toute manière, en ces temps de zapping permanent, n’auraient sans doute pas eu beaucoup de temps à consacrer à un double album de vingt-quatre morceaux pas forcément des plus catchy. Dans ces conditions, le lecteur ne sera quasiment pas étonné d’apprendre que ses dix-neuf meilleures chansons (ou pas loin) figuraient jusqu’à présent sur quatre EPs à micro-tirage uniquement distribués à la sortie de concerts ayant eu lieu dans les tréfonds de l’Angleterre il y a de cela dix ans. C’est le contraire, qui eût presque été étonnant.
En fait de réédition, c’est donc plutôt une première véritable sortie que se voient offrir ces compos, grâce soit rendue à Real World, label de Joe Arthur à l’époque (plus pour longtemps), qui a fait de cette fausses compile l’un des musts de sa collection Real World Gold. Car la gifle ne sera pas des moindres pour l’auditeur qui n’aurait jamais eu la chance de tomber sur l’ouvrage au gré d’une rencontre sympathique ou, plus probablement, d’un lien de téléchargement illégal (est-il illégal d’ailleurs de télécharger un objet qui n’existe pas ?… c’est un autre débat). On vous la fait courte : une fois n’est pas coutume, il sera plus rapide de citer les mauvais titres que les bons – il n’y en a qu’un seul ("Glue Sniffer"). Tout le reste oscille entre la grâce ("Jumping with You", "Tiny Echoes", "Dear Lord") et la (juste) très bonne pop ("Hold on", "Dear", "Still the Same"…), et forme accessoirement une excellente carte de visite pour un artiste qui, de ses débuts sous l’ombre tutélaire de Peter Gabriel à sa réinvention en Springsteen post-moderne aux côté des Lonely Astronauts, a tâté d’un peu tout avec à peu près autant de réussite. Soit donc une alternance de choses languides, traînantes… sublimes ("The Cold Sea" ou "This Heart Will Swallow Us" font littéralement frissonner), et de folk-pop délicate et d’une rare élégance ("Bill Wilson", "Favorite Girl"), pour un tout souvent luxueusement arrangé et toujours porté par cette voix profonde, posée, jamais dans la démonstration ou l’excès. Et si une poignée de ces morceaux a pu être reprise quelques mois plus tard sur le très bel album Redemption’s Son, on insiste : ces Junkyard Hearts sont tout sauf une vulgaire collection de démos, de chutes ou de raretés dispensables. Ils témoignent d’une unité de ton (mélancolique et sensuel, quelle surprise) et de son (dans la droite ligne des deux albums qui l’encadrent) en faisant une œuvre à part entière… un quasi (double) album inédit, qui mérite amplement, à présent qu’il est disponible à grande échelle et d’un seul tenant, de figurer parmi les classiques de son auteur. Voire parmi les classiques de la dernière décennie, tout court, tant on prend un plaisir intense à se perdre encore et encore au milieu de cette vingtaine de ballades calmes et pluvieuses comme en dimanche de décembre en Normandie.
👑 Junkyard Hearts
Joseph Arthur | Real World, 2002 ; 2012 pour la présente édition