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The Broken Man (Matt Elliott ; janvier) Matt Elliott est le Patron. Ce n'est certes pas un exploit, vu qu'il boxe quasiment seul dans sa catégorie. Cela ne l'empêche paradoxalement pas de conserver sa ceinture sans se forcer à chaque nouvelle parution. Cette année, certaines voix se sont élevées pour reprocher un peu tout et n'importe quoi à cette nouvelle œuvre, les uns d'être trop différentes, les autres d'être trop pareille. Autant le dire : sur Le Golb, ç'a surtout fait marrer (et croyez-moi : c'est bien la seule chose marrante avec The Broken Man). Accueillir le dernier Elliott en utilisant le vocabulaire qualitatif et les unités de mesure que l'on applique aux artistes normaux n'a strictement aucun sens. Son œuvre ne s'aborde et ne s'entend que dans sa globalité, chaque nouveau chapitre apportant son lot de révisions aux précédents. Aimer Matt Elliott et ne pas aimer The Broken Man, ses flamencos post-mortem et ses insoutenables élégies ? Impossible, tout simplement.
Hunter Not the Hunted - (And Also The Trees ; avril) Il y a encore quinze ans, la simple présence d'un album d'AATT dans une telle sélection aurait constitué une surprise en soi. En 2012, c'est presque une évidence, même si l'on ne reviendra jamais complètement du saut de qualité, d'ambition, de... tout effectué par les frères Jones depuis quelques albums. Hunter Not the Hunted montre un groupe au sommet de son art, qui poursuit son chemin de traverse sans que quoi que ce soit semble en mesure de l'arrêter. Automnal, lancinant, parfois à la limite du lugubre, ce nouveau millésime des corbeaux anglais est une merveille de folk sans joie et de gothique sans colifichets. On se sent rarement le courage de s’infliger pareille noirceur, soit. Mais une fois commencé, on se sent tout aussi rarement la force d'arrêter avant la fin.
O' Doubt, O'Stars (Ruby Throat ; juin) Peut-être pas le meilleur album de l'année. Le plus beau ? C'est fort possible, tant ce troisième opus à tirage ultra-limité et au format séduisant place la barre haut... très haut en matière de mélodies graciles et d'atmosphères éthérées. On ne va pas vous refaire l'article paru dans ces pages en mai dernier ; juste préciser que ces douze chansons sensuelles et cauchemardesques n'ont fait que se révéler avec le temps, jusqu'à devenir tout simplement indispensables. Si vous vous demandiez ce qui a rendu Cat Power si malade, voilà la réponse que Voici ne risquait certainement pas de vous apporter.
The Something Rain (Tindersticks ; février) Certainement la moins hantée des maisons de cette sélection. En apparence, même, un endroit plutôt accueillant, aux jolies couleurs un peu passées, avec un feu de cheminée prêt à accueillir les amoureux passants par-là. Qu'on ne s'y trompe cependant pas : si les fantômes de Tindersticks peuvent paraître moins torturés que d'autres, plus calmes, assez nonchalants... ils n'en demeurent pas moins vénéneux et tout à fait redoutables dans leur genre. Précisément parce qu'ils n'en ont pas l'air et que, sous la confortable apparence de morceaux pop-lounge délicats, ils n'ont aucune difficulté à rapidement prendre possession de l'auditeur. Brrr.
Unknown Rooms : A Collection of Acoustic Songs (Chelsea Wolfe, octobre) Chelsea Wolfe, c'est un peu le vaccin à toutes ces déjà vieilles gloires de l'indie-rock (suivez mon regard) qui, sans trop qu'on sache pourquoi, continuent de bénéficier d'une couverture démente alors qu'elles n'ont plus rien publié de potable depuis l'époque l'auteur de ces lignes ne portait pas de barbe (c'est-à-dire vraiment très longtemps). Du nerf, de l'os, de l’Éther (pas mal) et des fantômes (beaucoup)... pas besoin d'être fan de l'Américaine pour considérer que le simple fait qu'elle existe et qu'elle ait un public suffise à rassurer sur l'oreille humaine. Et son âme. Cet objet émotionnel non-identifié se présente comme un genre de compile, mais on s'en fout pas mal - il est bien plus (et bien mieux) que cela. De sa mélancolique ouverture (« Flatlands ») à sa chute bizarroïde (« Sunstrom »), tout dans ces gracieuses 25 minutes suinte la même beauté étrange, la même langueur un peu triste, la même urgence, que le tempo soit emporté ou bien hoquetant.
Peut-être était-ce un effet d'aubaine dû à l'approche de la Fin du Monde (avec des majuscules, même si on ne sait plus trop pourquoi). En 2012, quelques uns des meilleurs albums de l'année semblaient en tout cas peuplés de fantômes en tout genre et de ténèbres pas toujours très chaleureuses. Revue d'effectif avant, on l'espère, une année 2013 un peu plus funky.
The Broken Man (Matt Elliott ; janvier) Matt Elliott est le Patron. Ce n'est certes pas un exploit, vu qu'il boxe quasiment seul dans sa catégorie. Cela ne l'empêche paradoxalement pas de conserver sa ceinture sans se forcer à chaque nouvelle parution. Cette année, certaines voix se sont élevées pour reprocher un peu tout et n'importe quoi à cette nouvelle œuvre, les uns d'être trop différentes, les autres d'être trop pareille. Autant le dire : sur Le Golb, ç'a surtout fait marrer (et croyez-moi : c'est bien la seule chose marrante avec The Broken Man). Accueillir le dernier Elliott en utilisant le vocabulaire qualitatif et les unités de mesure que l'on applique aux artistes normaux n'a strictement aucun sens. Son œuvre ne s'aborde et ne s'entend que dans sa globalité, chaque nouveau chapitre apportant son lot de révisions aux précédents. Aimer Matt Elliott et ne pas aimer The Broken Man, ses flamencos post-mortem et ses insoutenables élégies ? Impossible, tout simplement.
Hunter Not the Hunted - (And Also The Trees ; avril) Il y a encore quinze ans, la simple présence d'un album d'AATT dans une telle sélection aurait constitué une surprise en soi. En 2012, c'est presque une évidence, même si l'on ne reviendra jamais complètement du saut de qualité, d'ambition, de... tout effectué par les frères Jones depuis quelques albums. Hunter Not the Hunted montre un groupe au sommet de son art, qui poursuit son chemin de traverse sans que quoi que ce soit semble en mesure de l'arrêter. Automnal, lancinant, parfois à la limite du lugubre, ce nouveau millésime des corbeaux anglais est une merveille de folk sans joie et de gothique sans colifichets. On se sent rarement le courage de s’infliger pareille noirceur, soit. Mais une fois commencé, on se sent tout aussi rarement la force d'arrêter avant la fin.
O' Doubt, O'Stars (Ruby Throat ; juin) Peut-être pas le meilleur album de l'année. Le plus beau ? C'est fort possible, tant ce troisième opus à tirage ultra-limité et au format séduisant place la barre haut... très haut en matière de mélodies graciles et d'atmosphères éthérées. On ne va pas vous refaire l'article paru dans ces pages en mai dernier ; juste préciser que ces douze chansons sensuelles et cauchemardesques n'ont fait que se révéler avec le temps, jusqu'à devenir tout simplement indispensables. Si vous vous demandiez ce qui a rendu Cat Power si malade, voilà la réponse que Voici ne risquait certainement pas de vous apporter.
Unknown Rooms : A Collection of Acoustic Songs (Chelsea Wolfe, octobre) Chelsea Wolfe, c'est un peu le vaccin à toutes ces déjà vieilles gloires de l'indie-rock (suivez mon regard) qui, sans trop qu'on sache pourquoi, continuent de bénéficier d'une couverture démente alors qu'elles n'ont plus rien publié de potable depuis l'époque l'auteur de ces lignes ne portait pas de barbe (c'est-à-dire vraiment très longtemps). Du nerf, de l'os, de l’Éther (pas mal) et des fantômes (beaucoup)... pas besoin d'être fan de l'Américaine pour considérer que le simple fait qu'elle existe et qu'elle ait un public suffise à rassurer sur l'oreille humaine. Et son âme. Cet objet émotionnel non-identifié se présente comme un genre de compile, mais on s'en fout pas mal - il est bien plus (et bien mieux) que cela. De sa mélancolique ouverture (« Flatlands ») à sa chute bizarroïde (« Sunstrom »), tout dans ces gracieuses 25 minutes suinte la même beauté étrange, la même langueur un peu triste, la même urgence, que le tempo soit emporté ou bien hoquetant.
Le Matt Elliott est, en effet, très beau. Comme toujours. Et je suis d'accord avec votre remarque, sur les "critères". J'ai lu quelques choses sévères, sur ce disque, parfois justifiés, parfois pas, mais quand je le voyais se faire "défoncer", sur des sites où sont encensés des choses comme Lescop, j'ai eu du mal à me retenir. J'ai vu de même, aussi, pour l'album de Scott Walker. Il me semble qu'il y a des limites à l'absence de hiérarchisation...
RépondreSupprimerBBB.
Oui, bon... après ça peut très bien m'arriver aussi d'encenser un truc très anodin et de défoncer un truc très exigeant à la page d'après. Le tout c'est surtout de ne pas confondre les vocabulaires...
SupprimerCette sélection est ma consécration, je les ai tous écoutés :)
RépondreSupprimerEliott : très bien. Mais je suis un peu restée bloquée sur Failing Songs.
AATS : bien. Mais moins que celui d'avant.
Ruby Throat : mon album de l'année ;) Merci encore, d'avoir été l'un des rares à en parler.
Tindersticks : ils reviennent bien, depuis quelques albums
Chelsea : pas écouté, mais l'extrait donne envie.
Comme d'hab : je ne connais rien...
RépondreSupprimerC'est pas grave. Peut-être même tant mieux.
SupprimerAHAH ça veut dire que mon texte sur le Chelsea Wolfe visait pas trop mal, la voix qui souffle dans les rideaux comme le vent, les cuivres sinistres qui résonnent dans la cheminée, ce disque est vraiment hanté !
RépondreSupprimerPff, même quand je n'ai pas encore écrit l'article on me plagie :-)
SupprimerL'album de Ruby Throat est MAGNIFIQUE, il faut le dire et le redire.
RépondreSupprimerOui. D'ailleurs : l'album de Ruby Throat est magnifique. Voilà, c'est fait.
SupprimerOh pardon : tu avais dit "dire et REDIRE".
SupprimerL'album de Ruby Throat est magnifique, donc.
très belle sélection. je retiendrais spécialement le morceau de Chelsea Wolfe, artiste à découvrir...
RépondreSupprimerpour le Matt Elliott, il a quelque chose de différent dans le sens où le long morceau de piano n'a pas été composé par lui je crois. Ce titre déséquilibre un peu le disque dans mon souvenir. Mais comme la plupart des Matt Elliott, je l'ai en vinyle, je ne l'ai donc plus écouté depuis des lustres...
Comme quoi c'est vachement utile, d'acheter du neuf en vinyle, hein ^^
Supprimerouais c'est vraiment un truc de snob.
RépondreSupprimermoi j'ai pas pu résister à l'édition limitée que je lui ai fait dédicacer. j'ai une collectionite incurable.
Je ne te juge pas, les quelques vinyles neufs que je possède ne sortent quasiment jamais - non plus - des étagères. Je me console en me disant qu'heureusement, ce sont souvent des cadeaux, et que mon salaire n'a rien à y voir ^^
Supprimermon problème c'est que ma platine est dans le salon, sévèrement squatté par Henri Dès et le Père Castor. Matt Elliott a du mal à s'imposer....
SupprimerPourtant Matt Elliott c'est plutôt bien, pour calmer les mouflets. Peut-être pas aussi efficace qu'un bon disque de death, mais tout de même ;-)
Supprimerben suite à cet échange (et profitant que ma femme était au supermarché), j'ai réécouté the Broken Man. résultat: ma fille a vu la pochette de the Dark et m'a posé des questions génantes. ma fille a pleuré sur le fameux morceau de piano au titre interminable.
SupprimerHaha. Si après tout ça, ce blog ne réussit pas à te faire divorcer... ^^
Supprimerbah, mettre ca sur le dos du Golb serait à peine moins minable que d'accuser les gosses.
Supprimerpar contre si tu t'obstines à publier 3 playlist quand j'ai enfin réussi à en écouter une, je songe à un procès contre le Golb pour financer la pension...
Non mais ça y est, c'était la dernière. Tu vas bientôt pouvoir reprendre une vie affective normale ^^
Supprimerc'est toi qui le dit: j'ai maintenant une liste de 20 disques à écouter...
RépondreSupprimerImagine si j'avais fait le CDG sous cette forme toute l'année ^^
Supprimer(d'ailleurs c'est une idée de travail pour 2013)
(désolé :-))
c'est une très bonne idée! (c'est plutôt ma femme qui va être désolée ;)
SupprimerNon non, je suis sûr qu'elle va me remercier, au contraire... avec une brève sélection de 5, 6 albums chaque mois, c'est un très grand nombre d'articles du Golb qui vont être (seraient, car je n'ai encore rien décidé) économisés ^^
SupprimerSalut Thomas (et Xavier !)
RépondreSupprimerHeureux de constater que tu as repris du service avec brio. Et MERCI d'évoquer Chelsea WOLFE dont je suis 'fan absolu'. Je l'ai rencontrée en 2010 (un de ses albums a été distribué par un label dijonnais) : coup de foudre immédiat, en concert sa voix est SUBLIME ! En 2011 je suis même allé à St-Malo pour la revoir (avec Josh PEARSON), ce fut pour moi LE concert de l'année !
Xavier, si tu veux découvrir l'oeuvre de Chelsea, demande-moi de te graver un CD : j'ai TOUT d'elle (albums, EPs, covers, demos...) y compris son tout 1er "lost" LP (sorti en 2006 et quasi introuvable aujourd'hui). Elle est déjà passé deux fois à Lyon (@ Kraspek en 2010 et @ Sonic en 2012), je n'étais pas dispo hélas.
Mais écoute, de rien ^^
Supprimer@JP: si je deviens fan ultime, je te contacterai! pour l'instant, je vais commencer par emprunter un disque à la médiathèque...
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