...
Cher Di... pardon : cher Josep,
Tout d'abord, je tiens à ce que tu saches que je ne fais pas partie de ces fous qui pensent que tu es un homme de paille, un type au bon endroit au bon moment, dont le seul mérite serait d'avoir eu le coup de bol d'hériter d'une génération de joueurs hors du commun et d'avoir su faire copain-copain avec eux. Ce serait trop facile. Penser cela, ce n'est pas uniquement te faire insulte, c'est faire insulte au métier de coach sportif – et plus spécialement de foot – dans son ensemble, à sa difficulté et à sa complexité (humaine, tactique, politique). Si j'ai admiré bien des joueurs, il n'en est aucun que j'ai admiré plus que les meilleurs de leurs coaches, métier d'ailleurs que j'ai longtemps secrètement rêvé d’exercer, pour la gymnastique intellectuelle qu'il occasionne autant que parce qu'il flatte inconsidérément l'égo de celui qui l'exerce (j'entends bien que tu ne l'avoueras jamais, c'est bien pourquoi je l'avoue d'emblée pour toi). Alors non, clairement, je ne fais pas partie de tes détracteurs. Même si j'ai pu parfois trouver le jeu de ton Barça (car c'est le tien, même à présent que tu n'es plus là) fastidieux. Même si mon goût pour le rock'n'roll et les personnages larger than life m'a toujours fait te préférer Mourinho (ma sensibilité tactique aussi, d'ailleurs - bref). Je n'oublie pas, contrairement à nombre de ces jaloux, que tu as récupéré un Barça à l'agonie, humilié deux saisons de suite par le Real, le tout dans une ambiance de fin de règne et de stars décadentes assez dégueulasse. Pas plus que je n'oublie quel grand joueur tu fus, même à Brescia (c'est dire si tu étais grand), ni qu'avant de phagocyter le concept de beau jeu avec l'un des styles les plus répétitifs et prévisibles du monde, tu as d'abord su l'installer et le faire perdurer jusqu'à ce petit truc que tu fais semblant de ne pas trouver essentiel et qu'on appelle la victoire. Tout cela avant de dire au revoir avec simplicité et élégance, et de te payer une année entière de vacances bien méritées, à la lire des bouquins ou traîner dans des galeries d'arts. De quoi faire de toi un ami du Golb pour l’Éternité (sur Le Golb, ça ne pose aucun problème d'être ami avec José et avec toi – cela n'en poserait à la rigueur que s'il y avait des soirées Le Golb).
Aujourd'hui, tu as sans doute un peu de mal à comprendre certaines réactions un peu vives à l'annonce de ton arrivée au Bayern Munich (rarement un transfert d'entraîneur aura fait autant parler). Enfin, le plus probable est que tu t'en foutes complètement, mais au cas où ce ne serait pas le cas, je me propose de t'aider à cerner le pourquoi du comment.
Ta signature dans un nouveau club fait fantasmer depuis des mois. En fait, à la seconde même où tu as annoncé que tu quittais le Barça, ta signature dans un nouveau club a été fantasmée. On t'a annoncé plus ou moins partout, tout le temps, et plus tu te taisais plus les gens fantasmaient. C'est ce qui s'appelle être une star, Josep. Et s'il y a d'autres grands tacticiens, parfois plus grands que toi, très peu peuvent se vanter d'avoir une telle aura médiatique. C'est au point que parmi le public certains, et j'avoue que la midinette en moi n'était pas tout à fait contre, rêvaient même carrément que, comme Cruyff, tu ne reviennes jamais - à part éventuellement dans quelques années pour entraîner la sélection espagnole (ce qui j'en conviens semblait peu probable compte tenu de tes sympathies catalanes). Que tu deviennes, une fois pour toutes, une icône. Comme John Lydon déclarant au sortir des Pistols qu'il a fait tout ce qu'il y avait à faire dans le rock'n'roll et qu'un autre album serait superfétatoire. Comme ces ex-stars de séries ou films cultes qui n'essaient même pas de reprendre un rôle récurrent dans une autre série et se contentent d'apparaître en tant qu'elles-mêmes de temps à autre, ces Leonard Nimoy et ces Billy Dee, éternels guests dont on a beau savoir qu'ils sont surtout là pour payer leurs impôts, la seule vision nous emplit de bonheur. Parce que c'est eux. Parce qu'ils représentent quelque chose de plus grand qu'eux-mêmes, même lorsqu'ils ne font rien. Le challenge sportif ? Mais le challenge sportif, c'est pour les... sportifs. Toi, tu n'es pas un sportif. Tu es Pep "Le Philosophe" Guardiola. Pep le poète. Pep le romantique. Tu as trop longtemps joué de cette image pour pouvoir t'en défaire aujourd'hui.
L'image. C'est bien ça ton problème, à toi si humble, si discret mais qui, dans le même temps, a toujours soigné le moindre détail de ton apparence avec la plus grande attention, au point d'être considéré comme un dandy (comme la plupart des gens sachant s'habiller de nos jours). C'est plus que jamais ton problème, au moment de revenir par la petite porte (il n'y avait rien de mieux qu'un tweet du Bayern pour annoncer la nouvelle ?), avec un choix de destination ni bon ni mauvais, juste tiède. Sans soufre ni chichi (c'est quand même toi), mais surtout sans panache ni grande élégance (et là, ce n'est plus trop toi). Ce sera donc le Bayern, excellent club s'il en est, mais club qui ne fait pas particulièrement rêver. Anti-glamour, anti-romantisme, anti-classe... bref : un club allemand. Je te rassure, quel qu'ait été le choix dans le fond, tu aurais provoqué un tollé dans le petit monde du football. Serais-tu aller allé - comme on l'a souvent prétendu - à Manchester City ou à Chelsea que l'on n'aurait pas manqué de te reprocher d'avoir vendu ton âme aux nouveaux riches - vous voyez qu'il n'est pas si pur, votre Pep. Non, il n'y avait pas réellement de bon choix pour un type qui déclara un jour qu'il était encore plus difficile de changer de club que de changer de femme. Ils ont beau jeu (haha) les autres, de dire qu'un grand tacticien doit savoir s'imposer dans plusieurs clubs, voire dans différents championnats. Quand on aime un club, on aime un club, tu le sais d'autant mieux que le Barça, tu t'en es fait jeter sans un "merci" lorsque tu étais joueur, sans que ça t'empêche de revenir des années après en changer durablement l'histoire. C'est étrange, pas très rationnel, mais c'est comme ça. Drôle de monde que celui qui se gargarise de grands discours sur le pseudo-amour du maillot à propos des joueurs, tout en demandant aux entraîneurs de s'imposer partout et tout le temps.
Alors non, il n'y avait pas de bon choix - mais il y en avait de meilleurs. Tu sais bien - tu n'es pas sourd - ce qu'on va te reprocher. D'avoir choisi la facilité, en récupérant une équipe qui tourne toute seule, qui écrase son championnat, cette saison comme jamais... tu auras beau me répondre, je te vois venir, que ton meilleur ennemi Mourinho n'a jamais été cherché des clubs de milieu de tableau et qu'on ne le lui a jamais reproché, je vois mal qui tu pourrais tromper : tu n'es pas Mourinho, tu es son antithèse et, à l'époque où vous jouiez dans le même jardin, tu n'as pas été le dernier à bénéficier en creux de cette image de pur que tu t'es toujours bien gardé de combattre. Ce faisant, tu t'es pris à ton propre piège. C'est précisément parce que tu n'es pas Mourinho que tu n'avais pas le droit de faire un choix aussi falot, aussi anecdotique dans le fond, que celui de partir à Munich. C'est précisément parce que tu es Pep le romantique, Pep qui fait passer le jeu avant la victoire, Pep l'icône du més que un club... que tu ne pouvais pas faire un choix pareil. Mourinho, pour la légende de votre sport, sera toujours un sale con arrogant, cynique, sans foi ni loi. Personne n'irait lui reprocher de choisir un club déjà très performant sur le papier parce que de toute façon, personne n'attendrait autre chose de lui. C'est bien pourquoi, lorsque les médias ont voulu l'un et l'autre vous promettre au PSG à plus ou moins brève échéance, la rumeur Mourinho a immédiatement pris alors que la rumeur Pep s'est éteinte d'elle-même au bout d'une journée. Toi, tu seras toujours et devant l’Éternel le (super)héros positif, calme, intelligent et désintéressé. Tu es celui que l'on veut voir voler au secours d'un Milan à l'agonie. Celui que l'on aime imaginer s'asseyant sur le trône ancestral de Sir Alex. Celui qui va surprendre tout le monde, prendre une équipe en devenir et tout reconstruire de la cave au grenier. Celui qui semblait né pour remporter une Coupe du Monde à la tête du Brésil. Celui qui, dans le pire des cas, allait revenir s'occuper du Barça pendant que ton cher ami Tito soignait son cancer. Tu pourras faire tout ce que tu voudras, changer cent fois de club, te noyer dans les pétrodollars et passer ta vie à te torcher la gueule en boite de nuit – c'est trop tard : tu seras toujours ce mec-là. Non pas le romantique – les gens ne savent même plus ce que cela veut dire de nos jours – mais le romanesque, le chevaleresque, l'altruiste Pep Guardiola. Bien sûr, dans l'absolu, rien ne t'obligeait à aller chercher une équipe de seconde zone pour l'amener sur le toit de l'Europe. Sans doute d'ailleurs n'en aurais-tu pas été plus capable qu'un autre (aux dernières nouvelles, le Trap n'a toujours rien gagné en cinq ans avec l'Irlande et, scoop toujours : ne gagnera probablement jamais rien avec elle). Personne ne t'aurait ouvertement demandé un truc pareil mais qu'il soit dit une fois pour toutes qu'au fond d'eux, c'est bien tout ce dont tes admirateurs rêvaient. Or ce rêve, c'est toi qui le leur a suggéré, sinon vendu. Sans même t'en rendre compte, à chaque fois tu énonçais tes préceptes, à chacune de tes interviews. Finir par échouer au Bayern, c'est entrer dans une forme de déni de légende. C'est quoi, le projet sportif du Bayern ? Réussir à – enfin – gagner une cinquième Ligue des Champions ? Remporter la Bundesliga pour les vingt-quatrième, vingt-cinquième et vingt-sixième fois ? Et encore : avec cette annonce prématurée, de quoi auras-tu l'air si, dans le laps de temps qu'il lui reste à la tête de l'équipe, le décidément mésestimé Jupp Heynckes ramène cette horrible coupe aux grandes oreilles ? Non, Josep. Malgré tout le respect que je te dois – à cause de tout le respect que je te dois – je ne peux pas accepter un truc pareil d'un homme à qui l'on doit le fameux « Ne pas prendre de risques est la chose la plus risquée qui soit ». C'est pourquoi je te le demande aujourd'hui solennellement : revient sur cette décision, au nom du panache et de la légende. Prends un vrai risque, remets une fois pour toutes ton titre en jeu. On n'échappe pas à son Destin : le HAC te tend les bras.
Cher Di... pardon : cher Josep,
Tout d'abord, je tiens à ce que tu saches que je ne fais pas partie de ces fous qui pensent que tu es un homme de paille, un type au bon endroit au bon moment, dont le seul mérite serait d'avoir eu le coup de bol d'hériter d'une génération de joueurs hors du commun et d'avoir su faire copain-copain avec eux. Ce serait trop facile. Penser cela, ce n'est pas uniquement te faire insulte, c'est faire insulte au métier de coach sportif – et plus spécialement de foot – dans son ensemble, à sa difficulté et à sa complexité (humaine, tactique, politique). Si j'ai admiré bien des joueurs, il n'en est aucun que j'ai admiré plus que les meilleurs de leurs coaches, métier d'ailleurs que j'ai longtemps secrètement rêvé d’exercer, pour la gymnastique intellectuelle qu'il occasionne autant que parce qu'il flatte inconsidérément l'égo de celui qui l'exerce (j'entends bien que tu ne l'avoueras jamais, c'est bien pourquoi je l'avoue d'emblée pour toi). Alors non, clairement, je ne fais pas partie de tes détracteurs. Même si j'ai pu parfois trouver le jeu de ton Barça (car c'est le tien, même à présent que tu n'es plus là) fastidieux. Même si mon goût pour le rock'n'roll et les personnages larger than life m'a toujours fait te préférer Mourinho (ma sensibilité tactique aussi, d'ailleurs - bref). Je n'oublie pas, contrairement à nombre de ces jaloux, que tu as récupéré un Barça à l'agonie, humilié deux saisons de suite par le Real, le tout dans une ambiance de fin de règne et de stars décadentes assez dégueulasse. Pas plus que je n'oublie quel grand joueur tu fus, même à Brescia (c'est dire si tu étais grand), ni qu'avant de phagocyter le concept de beau jeu avec l'un des styles les plus répétitifs et prévisibles du monde, tu as d'abord su l'installer et le faire perdurer jusqu'à ce petit truc que tu fais semblant de ne pas trouver essentiel et qu'on appelle la victoire. Tout cela avant de dire au revoir avec simplicité et élégance, et de te payer une année entière de vacances bien méritées, à la lire des bouquins ou traîner dans des galeries d'arts. De quoi faire de toi un ami du Golb pour l’Éternité (sur Le Golb, ça ne pose aucun problème d'être ami avec José et avec toi – cela n'en poserait à la rigueur que s'il y avait des soirées Le Golb).
Aujourd'hui, tu as sans doute un peu de mal à comprendre certaines réactions un peu vives à l'annonce de ton arrivée au Bayern Munich (rarement un transfert d'entraîneur aura fait autant parler). Enfin, le plus probable est que tu t'en foutes complètement, mais au cas où ce ne serait pas le cas, je me propose de t'aider à cerner le pourquoi du comment.
Ta signature dans un nouveau club fait fantasmer depuis des mois. En fait, à la seconde même où tu as annoncé que tu quittais le Barça, ta signature dans un nouveau club a été fantasmée. On t'a annoncé plus ou moins partout, tout le temps, et plus tu te taisais plus les gens fantasmaient. C'est ce qui s'appelle être une star, Josep. Et s'il y a d'autres grands tacticiens, parfois plus grands que toi, très peu peuvent se vanter d'avoir une telle aura médiatique. C'est au point que parmi le public certains, et j'avoue que la midinette en moi n'était pas tout à fait contre, rêvaient même carrément que, comme Cruyff, tu ne reviennes jamais - à part éventuellement dans quelques années pour entraîner la sélection espagnole (ce qui j'en conviens semblait peu probable compte tenu de tes sympathies catalanes). Que tu deviennes, une fois pour toutes, une icône. Comme John Lydon déclarant au sortir des Pistols qu'il a fait tout ce qu'il y avait à faire dans le rock'n'roll et qu'un autre album serait superfétatoire. Comme ces ex-stars de séries ou films cultes qui n'essaient même pas de reprendre un rôle récurrent dans une autre série et se contentent d'apparaître en tant qu'elles-mêmes de temps à autre, ces Leonard Nimoy et ces Billy Dee, éternels guests dont on a beau savoir qu'ils sont surtout là pour payer leurs impôts, la seule vision nous emplit de bonheur. Parce que c'est eux. Parce qu'ils représentent quelque chose de plus grand qu'eux-mêmes, même lorsqu'ils ne font rien. Le challenge sportif ? Mais le challenge sportif, c'est pour les... sportifs. Toi, tu n'es pas un sportif. Tu es Pep "Le Philosophe" Guardiola. Pep le poète. Pep le romantique. Tu as trop longtemps joué de cette image pour pouvoir t'en défaire aujourd'hui.
En plus avec tous tes enfants à Barcelone, ça sentait déjà un peu le remake européen de Friday Night Lights, non ?
L'image. C'est bien ça ton problème, à toi si humble, si discret mais qui, dans le même temps, a toujours soigné le moindre détail de ton apparence avec la plus grande attention, au point d'être considéré comme un dandy (comme la plupart des gens sachant s'habiller de nos jours). C'est plus que jamais ton problème, au moment de revenir par la petite porte (il n'y avait rien de mieux qu'un tweet du Bayern pour annoncer la nouvelle ?), avec un choix de destination ni bon ni mauvais, juste tiède. Sans soufre ni chichi (c'est quand même toi), mais surtout sans panache ni grande élégance (et là, ce n'est plus trop toi). Ce sera donc le Bayern, excellent club s'il en est, mais club qui ne fait pas particulièrement rêver. Anti-glamour, anti-romantisme, anti-classe... bref : un club allemand. Je te rassure, quel qu'ait été le choix dans le fond, tu aurais provoqué un tollé dans le petit monde du football. Serais-tu aller allé - comme on l'a souvent prétendu - à Manchester City ou à Chelsea que l'on n'aurait pas manqué de te reprocher d'avoir vendu ton âme aux nouveaux riches - vous voyez qu'il n'est pas si pur, votre Pep. Non, il n'y avait pas réellement de bon choix pour un type qui déclara un jour qu'il était encore plus difficile de changer de club que de changer de femme. Ils ont beau jeu (haha) les autres, de dire qu'un grand tacticien doit savoir s'imposer dans plusieurs clubs, voire dans différents championnats. Quand on aime un club, on aime un club, tu le sais d'autant mieux que le Barça, tu t'en es fait jeter sans un "merci" lorsque tu étais joueur, sans que ça t'empêche de revenir des années après en changer durablement l'histoire. C'est étrange, pas très rationnel, mais c'est comme ça. Drôle de monde que celui qui se gargarise de grands discours sur le pseudo-amour du maillot à propos des joueurs, tout en demandant aux entraîneurs de s'imposer partout et tout le temps.
Alors non, il n'y avait pas de bon choix - mais il y en avait de meilleurs. Tu sais bien - tu n'es pas sourd - ce qu'on va te reprocher. D'avoir choisi la facilité, en récupérant une équipe qui tourne toute seule, qui écrase son championnat, cette saison comme jamais... tu auras beau me répondre, je te vois venir, que ton meilleur ennemi Mourinho n'a jamais été cherché des clubs de milieu de tableau et qu'on ne le lui a jamais reproché, je vois mal qui tu pourrais tromper : tu n'es pas Mourinho, tu es son antithèse et, à l'époque où vous jouiez dans le même jardin, tu n'as pas été le dernier à bénéficier en creux de cette image de pur que tu t'es toujours bien gardé de combattre. Ce faisant, tu t'es pris à ton propre piège. C'est précisément parce que tu n'es pas Mourinho que tu n'avais pas le droit de faire un choix aussi falot, aussi anecdotique dans le fond, que celui de partir à Munich. C'est précisément parce que tu es Pep le romantique, Pep qui fait passer le jeu avant la victoire, Pep l'icône du més que un club... que tu ne pouvais pas faire un choix pareil. Mourinho, pour la légende de votre sport, sera toujours un sale con arrogant, cynique, sans foi ni loi. Personne n'irait lui reprocher de choisir un club déjà très performant sur le papier parce que de toute façon, personne n'attendrait autre chose de lui. C'est bien pourquoi, lorsque les médias ont voulu l'un et l'autre vous promettre au PSG à plus ou moins brève échéance, la rumeur Mourinho a immédiatement pris alors que la rumeur Pep s'est éteinte d'elle-même au bout d'une journée. Toi, tu seras toujours et devant l’Éternel le (super)héros positif, calme, intelligent et désintéressé. Tu es celui que l'on veut voir voler au secours d'un Milan à l'agonie. Celui que l'on aime imaginer s'asseyant sur le trône ancestral de Sir Alex. Celui qui va surprendre tout le monde, prendre une équipe en devenir et tout reconstruire de la cave au grenier. Celui qui semblait né pour remporter une Coupe du Monde à la tête du Brésil. Celui qui, dans le pire des cas, allait revenir s'occuper du Barça pendant que ton cher ami Tito soignait son cancer. Tu pourras faire tout ce que tu voudras, changer cent fois de club, te noyer dans les pétrodollars et passer ta vie à te torcher la gueule en boite de nuit – c'est trop tard : tu seras toujours ce mec-là. Non pas le romantique – les gens ne savent même plus ce que cela veut dire de nos jours – mais le romanesque, le chevaleresque, l'altruiste Pep Guardiola. Bien sûr, dans l'absolu, rien ne t'obligeait à aller chercher une équipe de seconde zone pour l'amener sur le toit de l'Europe. Sans doute d'ailleurs n'en aurais-tu pas été plus capable qu'un autre (aux dernières nouvelles, le Trap n'a toujours rien gagné en cinq ans avec l'Irlande et, scoop toujours : ne gagnera probablement jamais rien avec elle). Personne ne t'aurait ouvertement demandé un truc pareil mais qu'il soit dit une fois pour toutes qu'au fond d'eux, c'est bien tout ce dont tes admirateurs rêvaient. Or ce rêve, c'est toi qui le leur a suggéré, sinon vendu. Sans même t'en rendre compte, à chaque fois tu énonçais tes préceptes, à chacune de tes interviews. Finir par échouer au Bayern, c'est entrer dans une forme de déni de légende. C'est quoi, le projet sportif du Bayern ? Réussir à – enfin – gagner une cinquième Ligue des Champions ? Remporter la Bundesliga pour les vingt-quatrième, vingt-cinquième et vingt-sixième fois ? Et encore : avec cette annonce prématurée, de quoi auras-tu l'air si, dans le laps de temps qu'il lui reste à la tête de l'équipe, le décidément mésestimé Jupp Heynckes ramène cette horrible coupe aux grandes oreilles ? Non, Josep. Malgré tout le respect que je te dois – à cause de tout le respect que je te dois – je ne peux pas accepter un truc pareil d'un homme à qui l'on doit le fameux « Ne pas prendre de risques est la chose la plus risquée qui soit ». C'est pourquoi je te le demande aujourd'hui solennellement : revient sur cette décision, au nom du panache et de la légende. Prends un vrai risque, remets une fois pour toutes ton titre en jeu. On n'échappe pas à son Destin : le HAC te tend les bras.
En plus, ton sweat a déjà les bonnes couleurs. Ne pas avoir besoin de refaire sa garde-robe, pour un "dandy" comme toi, ce n'est pas le moindre des arguments.
Et il franchit le Rubicon...
RépondreSupprimerHaha
Supprimerwunderbar!
RépondreSupprimerHoho
Supprimerah ah ah, excellent papier, et la chute est juste énorme!
RépondreSupprimerHihi
SupprimerN'empêche qu'on signe où pour Guardiola au Hac? Ca aussi c'est un club avec "une histoire"^^
SupprimerSoyons lucides : un club qui a dit non à Dhorasoo n'est pas prêt pour Guardiola ^^
Supprimer(désolé pour ces commentaires mais j'ai usé tous mes mots dans d'autres débats aujourd'hui ^^)
RépondreSupprimerGuardiola à l'AJA!
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerSoyons lucides : un club qui vient d'enchaîner Fournier, Wallemme et Casoni n'est pas prêt pour Guardiola ^^
Supprimermalheureusement...
RépondreSupprimerExcellent billet, beaucoup plus pertinent que ce que son ton léger laisse croire.
RépondreSupprimerUne remarque néanmoins : le Bayern n'a gagné la Bundesliga que 22 fois.
Je sais, tu te doutes que j'ai vérifié. Mais bon, vu leur niveau cette saison et leur actuelle avance, je pense que ce n'est pas extrapoler des masses que de considérer que le 23e titre est d'ores et déjà acquis.
SupprimerBon, si là on n'a pas la preuve définitive que Le Golb pourrait raconter n'importe quoi on le lirait quand même ;)
RépondreSupprimerGnagnagna. Retourne à ton sport tout nul, sans intensité et dont personne ne comprend les règles. Na !
SupprimerOh là là, mais c'est un aimant à trolls, cet article ! ^_^
RépondreSupprimerBon courage quand arriveront les fans du Barça t'accusant d'être pro-Real, et les fans du Real d'être pro-Barça :-)
On n'est pas sur le site de So Foot, hein. La golbitude protège de tout ;-)
SupprimerHeynckes part de lui-même donc je ne vois pas trop ce que le recrutement de Guardiola y change...
RépondreSupprimerSinon article très sympa (quand même)
Oh mais je sais bien, ce n'était pas le sens de ma réflexion. J'ai toujours trouvé que le travail d'Heynckes était largement sous-estimé, alors qu'il a tout de même redressé une équipe en (relative) difficulté, l'a amenée en finale de LDC en développant - à mon sens - le plus beau jeu de l'exercice 2011-12... et qui bon an mal an, est encore là pour six mois, devrait très probablement lui ramener cette année son premier titre depuis trois ans, en faire à nouveau l'une des équipes les plus impressionnantes de LDC... tout ça d'ores et déjà éclipsé par le nom de son célèbre successeur. Et je ne parle même pas des conséquences sur le vestiaire lui-même ; l'équipe ne sera pas nécessairement déstabilisée mais annoncer le nom du prochain entraîneur aussi longtemps en amont, il me semble que ce n'est pas une information neutre agissant de manière indifférente sur l'inconscient des joueurs (même s'ils savaient que leur coach actuel s'en irait en fin de saison quoiqu'il arrive).
SupprimerVoilà, en espérant avoir été plus clair.