[GOLBEUR EN SÉRIES] Semaines 22 & 23

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C'est le moment annuel où le Golbeur en séries commence à s'essouffler. Depuis la rentrée scolaire, il a dû s'avaler une bonne soixantaine de titres (sans compter les oldies et autres trucs en retard). En toute logique, il cale un peu dans les côtes au moment d'escalader la rentrée du câble, qui lui offre sur un plateau tout un tas de séries très sérieuses dans lesquelles, si les acteurs sourient, c'est certainement qu'ils s'apprêtent à faire un truc louche. Oui, le mois de février, c'est le moment où les chaînes sortent l'artillerie lourde, celle qui a pour but secret d'atomiser toute velléité critique. House of Cards (dont les journalistes n'ont apparemment contractuellement pas le droit de dire qu'il s'agit d'un remake), The Americans (où l'on se rappelle que la Guerre Froide, c'est aussi le second âge d'or du soap), Southland (mais si : le remake de Homicide réalisé avec un caméscope par un type atteint de Parkinson), Vikings (ou le retour de Michael Hirst, le mec qui a inventé la série en costumes à la cuisse légère avant que tout le monde ne lui pompe ce fabuleux concept) Legit (la série qui veut faire du Ricky Gervais sans Ricky Gervais), Derek (la série qui plagie les séries qui copient Ricky Gervais, avec Ricky Gervais dans le rôle principal) ou encore Justified (le show où les personnages complotent et s'envoient des vannes pendant très longtemps avant de se mettre à mort... euh, non, pas celui om ils le font en armures : celui où ils le font avec des chapeaux de cowboys)... tout ce beau monde - et plein d'autres encore - seront bien évidemment évoqués dans les semaines qui viennent sur Le Golb. Libre au lecteur de considérer cet épisode comme un filler. Ce serait d'autant moins faux que le hasard a fait que la plupart des séries visionnées durant ces semaines 22 et 23 auront droit à leur article à part entière.

👍 BLACK MIRROR (saison 2) Étonnante deuxième trilogie, qui prend le parti de se démarquer clairement de la précédente, voire parfois de carrément se trahir. On ne sait du coup s'il faut féliciter ses auteurs pour leur courage ou au contraire leur jeter des tomates, d'autant que la première saison n'avait pas déchaîné les passions de ce côté-ci de la blogosphère (j'aime ce mot so 2007). D'un côté, Black Mirror renonce à cet aspect tape-à-l’œil qui la rendait régulièrement irritante ; de l'autre, elle revendique clairement une forme de didactisme un peu couillon, tout particulièrement dans son dernier épisode. On aurait bien du mal à synthétiser le propos général, qui se veut politique mais tape pas mal dans le vide passé le très bon épisode inaugural. Cependant, il faut reconnaître qu'à force de surprendre et de muter constamment, Black Mirror en est en train de gagner ses galons de série qui compte, de celles auxquelles on peut être relativement hermétique tout en leur reconnaissant d'indéniables qualités. Vu comme la première trilogie m'avait tapé sur le système, le seul fait d'écrire cette phrase en dit plus qu'un long discours sur lesdites qualités.

✋ COMMUNITY (saison 4) Après une entrée en matière atroce, inconséquente et auto-parodique, genre de concentré de tout ce que les nouveaux showrunners ne devaient surtout pas faire en arrivant aux commandes... après ce moment éprouvant, donc, la série retrouve petit à petit un niveau honnête et parvient même à faire rire de plus en plus souvent. Difficile toutefois d'être tout à fait enthousiaste, du moins pour l'instant. On se doutait que le départ de Dan Harmon allait se faire sentir d'une manière ou d'une autre, mais on n'aurait pas parié que ce serait de manière aussi brutale et immédiate. Si Community conserve de nombreux atouts, il est assez clair qu'elle ne sera plus jamais comme avant. Apparemment, certains s'en félicitent, qui trouvaient la fin de l'ère Harmon poussive et plus conceptuelle que franchement drôle. Mouais. On ne peut pourtant pas dire que le côté exagérément prétentieux du show ait disparu avec son créateur ; la grosse différence, et l'utilisation actuelle du personnage d'Abed en est l'illustration la plus criante, c'est qu'on est passé d'une série à l'ambition arrogante à un show pétant occasionnellement plus haut que son cul, jamais si drôle que lorsqu'il se contente d'être une comédie classique. Il faut vraiment ne jamais rien avoir entravé à Community (sinon à l'art en général) pour envisager que, efficacité comique mise à part, on ait pu y gagner au change. Du moins en l'état actuel des choses - il va sans dire que nous aurons l'occasion d'y revenir dans les semaines et mois qui viennent.

👍 LAW & ORDER : SVU (saison 14) Les grands clubs de foot ne meurent jamais ; les vrais grands procedural non plus. Depuis quelques semaines, sans faire de bruit et quasi sans guests clinquants (une prouesse par rapport au début de l'exercice), SVU renoue avec une forme de constance après son début de saison catastrophique. Et comme après chaque écart de niveau depuis quatorze ans, la rédemption vient en suivant trois axes simultanés : a) resserrer les intrigues autour de faits divers sordides à souhaits ; b) réanimer la partie judiciaire, qui a tendance à disparaître tous les dix épisodes pour mieux revenir en forme et en force ; c) faire reposer Olivia Benson et se rappeler de l'existence de ce que l'on appelle des "personnages secondaires", souvent excellents dans la série, comme le sont aujourd'hui le procureur Rafael Barba (Raul Esperanza), le droopyesque Bayard Ellis (André Braugher, toujours impeccable) ou l'increvable Dr Olivet (qui traîne sa classe aux quatre coins de la franchise depuis 1991, rien que ça). Dans ces conditions, on supporte bizarrement mieux la tête d'enterrement de Mariska ou le face à face vintage totalement surréaliste entre Mike Tyson et Ice-T (sans doute un concours de mec qui joue le mieux mal). Alors si en plus ce brave Capitaine Cragen se met à faire des blagues meta sur Cold Case...

👎👎 MISFITS (saison 4) Le premier épisode est tellement nul qu'il faut une certaine abnégation pour avoir envie d'aller plus loin. Le deuxième épisode est tellement médiocre qu'il faut ajouter à l'abnégation une pincée de courage. Le troisième est tellement quelconque que la folie s'en mêle. Le quatrième retrouve (un peu) le souffle des deux premières saisons, mais lorsque l'on comprend que l'on s'apprête à perdre Curtis, dernier personnage originel, c'en est trop. Je n'ai pas vu la suite, mais j'imagine que de toute façon elle oscille entre le nul, le médiocre, le quelconque. Sans Curtis pour rappeler aux scénaristes et aux spectateurs qu'il n'y pas si longtemps, Misfits était une toute autre série.

👎👎 WEEDS (saison 8) Excellente surprise que cette ultime saison de ce qui était probablement devenu une des pires séries en activité. Du rythme, de l'humour, de bonnes idées... aussi invraisemblable que ça puisse paraître, Weeds, qui n'avait plus rien à dire depuis le début de sa saison trois, est parvenue à sortir par la grande porte. Nan, j'déconne. C'est toujours aussi médiocre, même si en étant totalement objectif, ce dernier chapitre n'était sans doute pas le plus mauvais. Le temps du premier épisode, plutôt plaisant, j'ai même hésité à écrire (enfin) un article entier sur la série, du genre "10 bonnes raisons de regarder Weeds jusqu'au bout, même si c'est à chier". Las... comme souvent avec les bonnes résolutions, les miennes se sont rapidement envolées. Passé cette bonne entrée en matière, la huitième saison de Weeds est d'une mollesse et d'une platitude sans nom, dont les héros passent des heures à tourner en rond sans but en attendant le prévisible retour à Agrestic. Comme en plus la dernière qualité de la série - sa (relative) amoralité - s'est envolée pour essayer de nous vendre une Nancy repentante voulant avoir une vie normale PUIS devant assumer les conséquences de ses actes... j'ai bien peur de devoir vous avouer qu'il n'existe en fait aucune bonne raison de se forcer à regarder la huitième saison Weeds.

Mieux vaut tard que jamais

✋ UNDERBELLY Il s'en est fallu de peu pour que cette presque vieillerie australienne (toujours en cours dans son pays d'origine, où elle est un immense succès) ne devienne une excellente série. Il aurait juste fallu ré-hausser un peu le niveau du scénario. Et remplacer une petite moitié du casting. Et essayer de faire autre chose que copier bêtement Les Soprano. Bon, d'accord : en fait, Underbelly première du nom est une série de mafia plutôt moyenne, ni franchement convaincante dans le registre du polar, ni franchement enthousiasmante dans celui de la comédie. Cependant, le show ayant la particularité d'être rebooté à chaque saison pour raconter une autre histoire vraie du crime organisé australien, il n'est pas exclu que je jette à un oeil à ses suites (qui n'ont apparemment de "suites" que le nom). Pas dans l'immédiat, cependant, cette première occurrence étant tout de même suffisamment barbante pour susciter ma méfiance.