[GOLBEUR EN SÉRIES] Semaine 29 ; Bilan N°1

Un épisode plus court qu'à l'accoutumée. On y parle de Hannibal, de The Newsroom et, surtout, on dresse le premier bilan de la saison.

👍👍 HANNIBAL Jouez, hautbois ! Résonnez, musettes ! Je tease un peu, mais il faut reconnaître que la phrase que je m'apprête à écrire n'a pas souvent eu l'occasion d'apparaître dans cette rubrique ces derniers mois. Vous êtes prêts ? Un. Deux. Trois : C'est bien. Mais vraiment bien. Pas sympa. Pas prometteur. Pas ça pourrait être intéressant, il faut voir comment ça évolue. Juste : c'est bien. Dès le premier épisode : c'est bien. Et même : on a envie de voir la suite. Attention : pas, comme le veut désormais la tradition, dans l'attente de se faire une opinion. On a envie de voir la suite parce que - devinez quoi ? C'est bien. Ce n'est certes qu'une demi-surprise : au-delà du fait que ce soit la nouvelle déclinaison de la franchise Hannibal, pas la plus dégueulasse des vingt dernières années si l'on oublie le tragique prequel avec Gaspard "je suis tellement inexpressif que je dois bien pouvoir passer pour un psychopathe" Ulliel, c'est aussi et peut-être surtout la nouvelle production de Bryan Fuller, qui s'il a une fâcheuse tendance à transformer tout ce qu'il touche en four commercial n'est pas connu pour accoler son nom à la première merde venue. Cela n'en reste pas moins relativement inattendu dans la mesure où, Fuller ou pas, l'idée de sortir le tueur cannibale du formol témoigne une fois de plus de la crise d'inspiration inquiétante que traversent les grands Networks américains. Difficile de résister à l'envie d'amorcer un rapprochement avec Bates Motel, qui s'attèle à raconter la jeunesse de l'autre serial killer le plus célèbre de toute l'histoire du cinéma. Pourtant, s'il fallait vraiment comparer Hannibal avec une série contemporaine, ce serait plutôt avec The Following - et c'est peu dire que le match ne tournera pas à l'avantage de cette dernière. Pour ne pas dire que Hannibal, ouvertement nourrie des grandes séries mésestimées que furent Profiler ou Millenium, parvient en seulement deux épisodes à être ce que The Following n'effleurerait jamais en soixante saisons : un show pourvu d'une véritable atmosphère, d'une identité visuelle relativement forte (notons tout de même qu'on a connu Fuller plus inventif et débridé) et dont les grands noms présents au casting se sont déplacés pour un peu plus que toucher le chèque de fin de mois. Mads Mikkelsen, c'est peu de le dire, semble né pour le rôle. Il inquiète en ne rien faisant et mise tout sur sa présence ambiguë et son physique si particulier. De son côté, Hugh Dancy étonne par son charisme et l'intensité de son jeu, pour le moins inhabituelle dans un thriller de Network. Lawrence Fishburne joue pour sa part exactement comme dans CSI, sauf qu'il ne donne pas cette fois-ci l'impression de s'être trompé de série. L'écriture simple et efficace fait le reste, même si les scenarii sont pour l'instant assez prévisibles. Fuller n'a jamais été très doué pour les feuilletons et le suspens ; en revanche, il a parfaitement saisi ce qui a plombé la franchise dans les films de Ridley Scott et Pete Webber, coupables de tellement montrer Lecteur qu'il n'en était plus inquiétant pour deux sous et perdait pratiquement tout des ambiguïtés qui faisaient son attrait (et son... charme). On ajoutera enfin que la série, qui n'est pas un véritable prequel, a l'intelligence de se focaliser sur ce qu'il restait de plus intéressant à raconter et qui, à ce jour, n’apparaissait qu'en filigranes dans le premier volet de Thomas Harris (Red Dragon, incontestablement le meilleur) : la relation complexe, amicale et douloureusement empathique unissant Will Graham et Hannibal Lecter avant le début de la saga. Un terreau fascinant qui pourrait à terme déboucher sur un feuilleton réellement passionnant, pour un peu bien sûr que celui-ci ne soit pas annulé dans dix semaines - on parle tout de même d'un truc produit par Bryan "La Lose" Fuller, hein.

👍 THE NEWSROOM En temps normal, si je commence par préciser que j'ai commencé une série en juin pour n'arriver au bout qu'en avril ne l'année suivante, je n'ai même pas besoin de me lancer dans une chronique. Mais le temps normal, c'est bon pour les séries normales, pas pour les séries d'Aaron Sorkin. Même réfugié sur le câble, même sans sa deuxième tête Thomas Schlamme, Sorkin reste Sorkin, soit donc un des trois ou quatre scénaristes de télés autorisés à se prétendre auteurs sans qu'on leur rie au nez. C'est sa principale qualité et, sans doute, son principal défaut. Quand n'importe qui d'autre va vendre une histoire, Sorkin vient vendre une série d'Aaron Sorkin, écrite par Aaron Sorkin et qui, sous couvert de traiter de sujets ô combien sérieux, ne parle en fait quasiment que d'Aaron Sorkin. C'est pour ça qu'on l'aime, mais c'est aussi pour cela que The Newsroom, plus encore que n'importe quelle autre série de Sorkin, a une capacité impressionnante à taper sur le système (au sens propre comme au sens figuré, en l’occurrence). Encore plus prétentieuse et moralisatrice que toute l’œuvre de Sorkin mise bout à bout, ce qui n'est pas rien, The Newsroom est une bonne série qui passe tellement de temps à se regarder être une bonne série qu'elle oublie un peu souvent d'essayer d'être autre chose - par exemple d'être excellente, ce qui ne lui arrive que par intermittence et très probablement parce que son auteur s'est autorisé une petite sieste de dix minutes. Surtout, c'est moins bien. Moins bien que Sports Night ou la géniale Studio 60. Moins enlevé, moins bien écrit, avec des personnages moins attachant et un casting globalement moins solide. Même les dialogues font moins mouche. Parce que les personnages marchent beaucoup moins qu'à l’accoutumée ? C'était peut-être ça, en fait, le vrai défi de Sorkin : écrire un show dont le héros est un anchor man, un mec qui parle tout le temps, mais assis. Pensée ou pas, c'est à peu près la seule innovation de The Newsroom par rapport à ses glorieuses prédécesseuses. Pour le reste, Sorkin fait son Sorkin, tant et trop que par moment, on se demande si on n'est pas en train de regarder la série d'un jeune auteur essayant d’imiter le maître. Le résultat est plaisant, bien ficelé, efficace. Mais qu'il soit bien clair que la meilleure série de Sorkin du moment, c'est The Good Wife.

SAISON 2012-13 : Bilan N°1

... car mine de rien, la saison régulière approche tranquillement de sa fin. Presque 30 semaines après le début de cette rubrique, il était peut-être temps de faire un premier point. Beaucoup m'ont fait remarquer qu'au bout de 30 semaines, il devenait assez difficile de s'y retrouver dans les multiples préconisations du Golbeur en séries. Voici donc une ébauche de sélection thématique ; pas plus car, outre le fait qu'il y a encore beaucoup de séries que je n'ai pas trouvé le temps de visionner, il est très probable que j'en aie oublié certaines, mes listes personnelles ne prenant note que des "bonnes" saisons et oubliant de répertorier les mauvaises ou simplement médiocres.

Têtes de gondoles

American Horror Story, saison 2 (FX)

Good Cop (BBC One)

The Good Wife, saison 4 (CBS)

Monday Mornings (TNT)

Suits, saison 2 (USA Network)

Utopia (Channel 4)

The Walking Dead, saison 3 (AMC)

De l'art de tenir son rang

Breaking Bad, saison 5 (AMC)

Justified, saison 4 (FX)

Louie, saison 3 (FX)

Parks & Recreation, saison 5 (NBC)

Ecstasy of Cool

A Young Doctor's Notebook (Sky Arts)

Copper (BBC America)

Hell on Wheels, saison 2 (AMC)

Plaisirs plus ou moins coupables

666 Park Avenue (ABC)

Cult (The CW)

Touch, saison 2 (NBC)

Annulations scandaleuses

Boss, saison 2 (Starz)

Don't Trust the B**** in Apt 23, saison 2 (ABC)

French Touch

Ainsi soient-ils (Arte)

Les Revenants (C+)

Bizarrement mieux que d'habitude

Black Mirror, saison 2 (Channel 4)

Modern Family, saison 4 (ABC)

On a passé toute la saison à critiquer, mais en vrai, c'était quand même bien

Louie, saison 3 (FX)

The Newsroom (donc) (HBO)

Treme, saison 3 (HBO)

On a passé toute la saison à critiquer, mais en vrai, c'était pas si mal

Community, saison 4 (NBC)

Doctor Who, saison 7 (BBC One)

Happy Endings, saison 3 (ABC)

Homeland, saison 2 (Showtime)

Hunted (BBC One)

Law & Order : SVU, saison 14 (NBC)

Moins médiocres que prévu

XIII.2 (C+)

Arrow (The CW)

Bates Motel (A&E)

Falling Skies, saison 2 (TNT)

Nashville (ABC)

Much Ado About...

House of Cards (Netflix)

Real Humans (SVT1/Arte)

Tout le monde les a déjà oubliées

Battlestar Galactica : Blood & Chrome

Caïn (France 2)

Last Resort (ABC)

Las Vegas (NBC)

The Following (FOX)

The Neighbors (ABC)

World without End (Channel 4)

Acharnement thérapeutique :

Dexter, saison 7 (Showtime)

Engrenages, saison 4 (C+)

How I Met Your Mother, saison 8 (CBS)

Maison close, saison 2 (C+)

Misfits, saison 4 (Channel 4)

Patients à risques

Burn Notice, saison 6 (USA Network)

True Blood, saison 5 (HBO)

Faut pas non plus pousser mémé dans les orties

Banshee (Cinémax)
The Bible (History Channel)

The Carrie Diaries (The CW)

Derek (Channel 4)

Guys with Kids (NBC)

No Limit (TF1)

Le Transporteur (M6)

Au-delà du réel

The New Normal (NBC)

Revolution, saison 1 (NBC)

Ouf, l'agonie est terminée

Fringe, saison 5 (FOX)

Weeds, saison 8 (Showtime)