...
[Taux de spoil : 20 %] Rick, Carl et Michonne sont dansun bateau une voiture. La route est déserte. Un type sort de nulle part, des bois je crois - on s'en fout. On s'en fout parce qu'il les hèlera et qu'eux ne ralentiront même pas. Quelques kilomètres plus loin, il parviendra à les rattraper alors que leur véhicule s'est embourbé. Sans un regard, ils redémarreront. Le type sera réduit à un tas de chair purulente lorsqu'il repasseront à cet endroit sur le chemin du retour. Cela ne les émouvra pas plus que cela, mais ils n'oublieront pas de s'arrêter pour récupérer son sac à dos.
Ces trois courtes scènes extraites de l'épisode "Clear" (3x12) ne doivent guère excéder les cinq minutes mises bout à bout ; elles suffisent pourtant à dire, mieux que des dizaines d'articles et des heures de conversation, le chemin parcouru en l'espace de trois saisons - tant par les héros The Walking Dead que par la série elle-même.
Toute la démarche de The Walking Dead, ses atouts comme ses - de plus en plus rares - faiblesses peut sans doute tenir dans la manière dont sa troisième saison traite le personnage du Gouverneur. L'être terrifiant de la BD, dont la nature monstrueuse est évidente dès la première case, a été remplacée par un individu plus charmeur, plus ambivalent, plus complexe, qui préfère la manipulation subtile au règne de la terreur. Certains fans se sont étranglés en voyant cela : une preuve parmi d'autre que la version télé sera décidément toujours petit bras par rapport à son homonyme papier. On peut les comprendre, mais c'est confondre une erreur (critiquable) et un parti pris (discutable) ; le problème n'est nullement que le Gouverneur apparaisse plus humain voire attachant, car le Gouverneur tel qu'on le connaissait jusqu'ici était sans doute un personnage beaucoup trop grossier et caricatural pour être transposé littéralement. Même un chef-d’œuvre comme The Walking Dead (et particulièrement cette époque de Walking Dead) ne peut s'élever au-delà des limites techniques du genre auquel il appartient, et ce qui est parfaitement acceptable pour un lecteur de comics ne serait pas du tout reçu de la même manière pour un spectateur de télé. Le problème de ce traitement, dans l'absolu assez inspiré, c'est plutôt que les scénaristes n'en font rien : dès le première épisode où il apparaît, sa nature sociopathe éclate au grand jour, ce qui fait que les ambiguïtés auront été préservées pour finalement bien peu de choses.
Toute la saison trois de The Walking Dead, disais-je, tient donc là-dedans. Les nombreuses libertés prises avec l’œuvre originale sont souvent justifiées et aisément défendables, mais elles n'aboutissent pas toujours à des résultats passionnants, souvent faute de pouvoir s'enfoncer dans l'horreur avec la même liberté et la même radicalité que lorsque c'est Charlie Adlard qui dessine - ce que dans le fond on ne peut pas vraiment reprocher à cette version télé (ce n'est après tout que de la... télé). La période Woodbury, supposée se terminer en apocalypse, aura pu paraître parfois un peu tendre, avec des méchants bien mignons, des zombies auxquels on coupe les quenottes durant les spectaculaires combat à mort, et un ignoble méchant qui, plus inquiétant que terrifiant, préfère brutaliser la jolie poupée à tête de victime plutôt que de torturer et violer l'héroïne supposément indestructible. Woodbury, dans l’œuvre originale, consiste en six tomes suffocants dans lesquels les valeurs sont renversées en permanence. Plus les héros se croient en sécurité, plus ils tombent comme des mouches. Réfugiés dans une prison devenue synonyme d'espoir, il trouvent une forme de paix mais ne réalisent que tardivement que l'enfermement est en train de les détruire psychologiquement (pulsions diverses, suicides en série... toutes choses absolument absentes de l'adaptation1).
Et pourtant : c'est bien. Très bien, même. A défaut de réellement s'élever à la hauteur de son modèle, ce qui est de toute façon devenu impossible après d'aussi longues hésitations, The Walking Dead a trouvé sa voix... ou plutôt l'a perdue, puisque l'une de ses principales initiatives de cette saison aura été de redonner leur place aux silences (voir le formidable épisode inaugural, probablement l'une des choses les plus enthousiasmantes de la dernière rentrée). Conscients de l'importance de la dimension psychologique dans leur récit, les scénaristes ont parachevé les derniers réglages entamés en saison deux : ils ont enfin cesser de poser leurs personnages dans un coin et de les laisser se bouffer le nez comme s'ils étaient dans une cour d'école. Rick Grimes est redevenu lui-même (c'est-à-dire un type franchement malsain n'ayant du proverbial cowboy que le chapeau... et encore, même plus), tandis que ses petits camarades de jeu ont tous suffisamment gagné en épaisseur pour qu'à moins d'une incroyable mauvaise foi ou d'un effondrement subite, ils ne soient plus jamais nominés aux WGTC Drawas (la mort de l'insupportable Lori et de l'inutile T-Dog2 faisant office de derniers ajustements). Tout ceci fait et bien fait, The Walking Dead peut enfin devenir ce qu'elle aurait dû être dès le départ (et fut d'ailleurs brièvement, le temps de ses deux ou trois premiers épisodes) : une série réduite à l'os, tendue à l'extrême et d'un pessimisme finalement bien plus difficile à soutenir que des élans gores devenus rapidement aussi banals pour le spectateur qu'ils le sont pour nos héros. C'est d'ailleurs peut-être bien la dernière marche qui reste à gravir pour que la série puisse enfin prétendre à tous les podiums de fin d'année : qu'elle cesse de se reposer sur ses chers zombies3 et accepte une fois pour toute qu'ils ne sont que prétexte à une réflexion plus vaste - et autrement plus passionnante - sur la nature humaine, la solitude, l'individualisme ou encore la confiance. Elle l'a désormais compris, ce qui est en soi un progrès considérable après deux saisons à suivre des personnages aussi inconstants qu'imprudents, changeant d'avis plus souvent que de chemises (apocalypse oblige...) et aux psychés faiblardes entre deux morceaux de bravoure. Elle n'a plus qu'à entériner une fois pour toutes ce constat.
1. Il est vrai, à la décharge des scénaristes, que le groupe qui s'installe dans la prison dans la BD est bien plus important que la petite bande de bras cassés de la série.
2. Sans déconner mais POURQUOI ont-ils inventé ce personnage de toute pièce, alors qu'ils n'ont jamais paru savoir qu'en faire ?
3. Détail révélateur de cette ultime faiblesse : la saison consacrée à la prison et à Woodbury aura été, dans la version télévisée, la plus riche en rebondissement et la plus surpeuplée en zombie, quand précisément, dans les comics, elle est l'un des premiers temps morts et contient même - si ma mémoire ne me trahit pas - le premier tome totalement exempt et d'attaques de zombies, et de morts tout court.
[Taux de spoil : 20 %] Rick, Carl et Michonne sont dans
Ces trois courtes scènes extraites de l'épisode "Clear" (3x12) ne doivent guère excéder les cinq minutes mises bout à bout ; elles suffisent pourtant à dire, mieux que des dizaines d'articles et des heures de conversation, le chemin parcouru en l'espace de trois saisons - tant par les héros The Walking Dead que par la série elle-même.
Toute la démarche de The Walking Dead, ses atouts comme ses - de plus en plus rares - faiblesses peut sans doute tenir dans la manière dont sa troisième saison traite le personnage du Gouverneur. L'être terrifiant de la BD, dont la nature monstrueuse est évidente dès la première case, a été remplacée par un individu plus charmeur, plus ambivalent, plus complexe, qui préfère la manipulation subtile au règne de la terreur. Certains fans se sont étranglés en voyant cela : une preuve parmi d'autre que la version télé sera décidément toujours petit bras par rapport à son homonyme papier. On peut les comprendre, mais c'est confondre une erreur (critiquable) et un parti pris (discutable) ; le problème n'est nullement que le Gouverneur apparaisse plus humain voire attachant, car le Gouverneur tel qu'on le connaissait jusqu'ici était sans doute un personnage beaucoup trop grossier et caricatural pour être transposé littéralement. Même un chef-d’œuvre comme The Walking Dead (et particulièrement cette époque de Walking Dead) ne peut s'élever au-delà des limites techniques du genre auquel il appartient, et ce qui est parfaitement acceptable pour un lecteur de comics ne serait pas du tout reçu de la même manière pour un spectateur de télé. Le problème de ce traitement, dans l'absolu assez inspiré, c'est plutôt que les scénaristes n'en font rien : dès le première épisode où il apparaît, sa nature sociopathe éclate au grand jour, ce qui fait que les ambiguïtés auront été préservées pour finalement bien peu de choses.
Toute la saison trois de The Walking Dead, disais-je, tient donc là-dedans. Les nombreuses libertés prises avec l’œuvre originale sont souvent justifiées et aisément défendables, mais elles n'aboutissent pas toujours à des résultats passionnants, souvent faute de pouvoir s'enfoncer dans l'horreur avec la même liberté et la même radicalité que lorsque c'est Charlie Adlard qui dessine - ce que dans le fond on ne peut pas vraiment reprocher à cette version télé (ce n'est après tout que de la... télé). La période Woodbury, supposée se terminer en apocalypse, aura pu paraître parfois un peu tendre, avec des méchants bien mignons, des zombies auxquels on coupe les quenottes durant les spectaculaires combat à mort, et un ignoble méchant qui, plus inquiétant que terrifiant, préfère brutaliser la jolie poupée à tête de victime plutôt que de torturer et violer l'héroïne supposément indestructible. Woodbury, dans l’œuvre originale, consiste en six tomes suffocants dans lesquels les valeurs sont renversées en permanence. Plus les héros se croient en sécurité, plus ils tombent comme des mouches. Réfugiés dans une prison devenue synonyme d'espoir, il trouvent une forme de paix mais ne réalisent que tardivement que l'enfermement est en train de les détruire psychologiquement (pulsions diverses, suicides en série... toutes choses absolument absentes de l'adaptation1).
Et pourtant : c'est bien. Très bien, même. A défaut de réellement s'élever à la hauteur de son modèle, ce qui est de toute façon devenu impossible après d'aussi longues hésitations, The Walking Dead a trouvé sa voix... ou plutôt l'a perdue, puisque l'une de ses principales initiatives de cette saison aura été de redonner leur place aux silences (voir le formidable épisode inaugural, probablement l'une des choses les plus enthousiasmantes de la dernière rentrée). Conscients de l'importance de la dimension psychologique dans leur récit, les scénaristes ont parachevé les derniers réglages entamés en saison deux : ils ont enfin cesser de poser leurs personnages dans un coin et de les laisser se bouffer le nez comme s'ils étaient dans une cour d'école. Rick Grimes est redevenu lui-même (c'est-à-dire un type franchement malsain n'ayant du proverbial cowboy que le chapeau... et encore, même plus), tandis que ses petits camarades de jeu ont tous suffisamment gagné en épaisseur pour qu'à moins d'une incroyable mauvaise foi ou d'un effondrement subite, ils ne soient plus jamais nominés aux WGTC Drawas (la mort de l'insupportable Lori et de l'inutile T-Dog2 faisant office de derniers ajustements). Tout ceci fait et bien fait, The Walking Dead peut enfin devenir ce qu'elle aurait dû être dès le départ (et fut d'ailleurs brièvement, le temps de ses deux ou trois premiers épisodes) : une série réduite à l'os, tendue à l'extrême et d'un pessimisme finalement bien plus difficile à soutenir que des élans gores devenus rapidement aussi banals pour le spectateur qu'ils le sont pour nos héros. C'est d'ailleurs peut-être bien la dernière marche qui reste à gravir pour que la série puisse enfin prétendre à tous les podiums de fin d'année : qu'elle cesse de se reposer sur ses chers zombies3 et accepte une fois pour toute qu'ils ne sont que prétexte à une réflexion plus vaste - et autrement plus passionnante - sur la nature humaine, la solitude, l'individualisme ou encore la confiance. Elle l'a désormais compris, ce qui est en soi un progrès considérable après deux saisons à suivre des personnages aussi inconstants qu'imprudents, changeant d'avis plus souvent que de chemises (apocalypse oblige...) et aux psychés faiblardes entre deux morceaux de bravoure. Elle n'a plus qu'à entériner une fois pour toutes ce constat.
👍👍 The Walking Dead (saison 3)
créée par Frank Darabont, d'après l’œuvre de Robert Kirman & Charlie Adlard
AMC, 2012-13
1. Il est vrai, à la décharge des scénaristes, que le groupe qui s'installe dans la prison dans la BD est bien plus important que la petite bande de bras cassés de la série.
2. Sans déconner mais POURQUOI ont-ils inventé ce personnage de toute pièce, alors qu'ils n'ont jamais paru savoir qu'en faire ?
3. Détail révélateur de cette ultime faiblesse : la saison consacrée à la prison et à Woodbury aura été, dans la version télévisée, la plus riche en rebondissement et la plus surpeuplée en zombie, quand précisément, dans les comics, elle est l'un des premiers temps morts et contient même - si ma mémoire ne me trahit pas - le premier tome totalement exempt et d'attaques de zombies, et de morts tout court.
J'ai vraiment pris mon pied pendant toute cette saison. Peut-être un peu moins durant les derniers épisodes, qui étaient moins tendus (enfin quoique), mais sinon quel kiff, c'était vraiment super.
RépondreSupprimerJ'ai trouvé également que ça se relâchait (un peu) sur la fin.
SupprimerOui, c'était super bien cette saison 3. Un peu déçu par le final quand même qui montait en puissance pour un peu rien (mais c'est peut-être que partie remise puisque le gouverneur n'est pas mort : je ne serai pas surpris que pas mal de trucs écartés de l'adaptation se retrouvent du coup dans la prochaine)
RépondreSupprimerJe suis assez d'accord, je me suis senti un peu volé par ce final également. Mais tu as sans doute raison, ils vont faire deux saisons sur la prison et donc le grand final attendu aura plutôt lieu dans la quatrième...
SupprimerLa révélation de la saison 3, c'est que les scénaristes de la série sont plus à l'aise avec les personnages qu'ils inventent de toutes pièces qu'avec ceux qui existent dans les comics. La mort de X dans le final, après la mort surprenante de Dale dès la 2e saison ou celle de Lori, tôt dans la 3e, confirme cette tendance.
RépondreSupprimerPar contre, tu parles de T-Bag, mais il y a Beth aussi, qui ne sert à rien, et survit inexplicablement.
Je n'avais pas vraiment aimé les premières, mais là, il faut reconnaître que c'est très bien. Je n'ai pas trouvé le final décevant, c'était un bon épisode si on oubliait les comics. La qualité de cette saison est de nous les faire oublier souvent. Vraiment curieux de voir comment la série va évoluer, les derniers plans laissant penser qu'on va encore plus s'éloigner du modèle. Si l'idée m'aurait inquiété il y a deux ans, elle me fait plaisir aujourd'hui...
Je ne sais pas si les scénaristes sont vraiment plus à l'aise avec les uns ou les autres. Ils se sont pas mal démerdés avec le Gouverneur, ils démerdent bien avec Hershel ou Glenn, l'utilisation de Carl commence à devenir vraiment intéressante, Maggie est mieux que dans la BD (c'est pas dur)... donc il me semble que c'est assez relatif.
SupprimerD'ailleurs T-Dog est le contre-exemple parfait à ce que tu avances ;-)
SupprimerQuant à Beth, il est évident pour moi qu'ils la gardent juste en guise de futur agneau sacrificiel. Je ne me rappelle pas bien si le personnage existe tel quel dans la version papier, mais je me rappelle en revanche qu'à l'exception de Maggie et de Billy tous les autres enfants de Herschel ne sont là que pour mourir dans d'atroces souffrances et faire de leur père un martyr ^^
Pardon, pas T-Bag. T-Dog :-)
RépondreSupprimerBouh le vilain lapsus ^^
SupprimerCe que la série a bien négocié, surtout, c'est que tous les trucs un peu ridicules des saisons d'avant ont disparu. Même Andrea, dans ce contexte, devient très supportable. Mais Lori est déjà moins horripilante durant sa brève apparition. Et Andrew Lincoln, on croirait que ce n'est plus le même acteur! Comme quoi, c'était bien un problème d'écriture, avant tout.
RépondreSupprimerTout à fait d'accord.
SupprimerJe l'ai dit dans le dernier Golbeur en séries mais pour moi c'est là que les scénaristes voulaient toujours aller et ils ont volontairement étiré les prémices pour que l'espoir diminue petit à petit et que ça devienne de plus en plus sombre. Après ils ont sûrement trop étiré le truc (j'avais lu une vanne super marrante - peut-être de toi d'ailleurs - qui disait que la saison 2 était la meilleure série jamais écrite sur le camping :D)
RépondreSupprimerPar contre puisque ça parle aussi des comics, je suis le seul à trouver qu'ils sont de moins en moins bons?
Non. Depuis le début de la période Alexandria, c'est effectivement moins bien, voire beaucoup moins bien. Cela dit j'ai trouvé personnellement que les derniers épisodes redressaient un peu la barre. Ça reste bien fichu, voire très bien fichu, avec une capacité à prendre le lecteur à revers que je trouve très supérieure à la moyenne.
SupprimerOuais ben voilà on pense à peu près pareil.
SupprimerJe ne crois même pas que ce soit un point de vue, à ce stade ^^ A part quelques fans hardcore, je crois que tout le monde pense plus ou moins pareil.
SupprimerTout à fait d'accord avec l'article!
RépondreSupprimerQuoi ? Ils sont pas encore tous morts ?
RépondreSupprimerParce que je m'étais forcé à regarder la 1ère saison jusqu'à la fin et leur avais souhaité de vite se faire bouffer tellement ils étaient misérables !
Rassure-toi, beaucoup sont morts quand même ^^
SupprimerJe ne connaissais pas. Je viens de voir quelques images de la BD, c'est terrible.
RépondreSupprimerTu aimes bien avoir peur ?
Kim Jong-un est là ! Alors, heureux ?
Totalement. J'adore le petit Kim, je trouve que c'est un garçon plein d'avenir.
SupprimerJe pense que je n'arriverais jamais vraiment à comprendre pourquoi la plupart d'entre vous êtes si critiques avec les deux premières saisons. La saison 3 est excellente, mais je trouve les précédentes aussi réussies (il n'y a peut-être qu'un épisode de la première saison qui m'a semblé un peu décevant).
RépondreSupprimerAttention, spoilers en pagaille !
A mon sens, ce n’est pas que le personnage de Rick est mieux "pensé" ou "écrit" dans cette saison, il était parfait dans les précédentes, il fallait un héros particulièrement bon, humain, presque "pur" afin de servir de repère au spectateur dans cet univers cauchemardesque où tout le reste fout le camp, et c'est encore plus fort de le voir ainsi basculer dans la saison 3 (à la fin de la 2, en fait), comme n'importe qui pourrait basculer dans des situations critiques. C'est plus fort et plus subversif pour une série télé, idem, comme tu le dis, pour ce personnage du gouverneur qui souffle en permanence le chaud et froid, et que l'on peut parfaitement comprendre sur certains points. Ceux qui avaient lu la bd savent qu'il est "mauvais", mais pour les autres, comme moi, c'est moins évident, même si dès le début on le voit avec son groupe abattre des hommes de sang-froid. Il y a ensuite de nombreux moments où on le comprend, et où il est plutôt sympathique... d'autant plus que Rick lui-même se met à agir au fil des épisodes un peu comme le gouverneur, tuant (ou laissant mourir) des individus simplement de manière préventive. La scène que tu cites en intro de l'article est en effet remarquable (avec en plus une excellente chanson de Jamie N Commons pour l'accompagner). Le gouverneur, c'est un "miroir" de ce que pourrait devenir Rick… A moins qu’il soit devenu comme Morgan si, comme ce dernier lui suggère, sa femme et son fils avaient subi le même sort que les siens. Autre scène forte, celle où Carl justifie son « meurtre », expliquant froidement que si son père avait plus souvent tué par prévention, Lori, comme bon nombre de leurs compagnons disparus, serait toujours en vie. Une logique terrible, mais après tout tellement « normale » de la part d’un enfant qui apprend et évolue dans un tel univers.
The Walking Dead, c’est aussi une série politique bien plus passionnante que Borgen. Oui, je sais, dire de The Walking Dead que c’est « Une série politique bien plus passionnante que Borgen » ça doit en faire bondir quelques-uns, et tant mieux j’aime ça^^ Et ça mérite quelques explications, bien sûr. Borgen, c’est une série très sympathique, que je suis avec beaucoup de plaisir. Les personnages sont attachants, l’héroïne est une femme politique quasi-parfaite, toujours humaine, prenant chaque fois les bonnes décisions (et la journaliste est intègre, pugnace, etc.) Des bons très bons, et des méchants très méchants. Comme le salopard de rival politique devenu éditorialiste populiste, ou, pire encore, le leader d’extrême-droite. Manipulateur, mesquin, et, surtout, moche comme un poux… ou plutôt comme un gros porc, avec en plus des chicots pourris, des rictus atroces… il ne lui manquait plus que des cornes et une fourche, les accessoiristes ont pas dû en trouver. Mais on ne les a pas prévenus que le diable n’est jamais aussi dangereux que lorsqu’il est charismatique et séduisant ? Ils feraient bien de s’inspirer du personnage du gouverneur… La limite de Borgen, et grosse limite, malgré toutes ses qualités, c’est qu’elle reste bien trop manichéenne pour une série qui se veut politique et réaliste. Ca reste une image idéalisée de la politique, où l’on donne au public ce qu’il a envie de voir d’une personnalité politique, la première ministre idéale, la journaliste idéale, et où l’on veut lui faire croire qu’il y a moyen de toujours s’en tirer en restant humain, intègre etc. The Walking Dead, c’est une réflexion beaucoup plus rude, dérangeante et ambitieuse, sur la morale, l’humanité et le pouvoir. Et plus encore sur l’inhumanité du pouvoir. Sur comment, lorsqu’on nous délègue un pouvoir, lorsqu’on a des individus sous notre responsabilité (et que la situation est difficile), on est obligé de perdre une part d’humanité. Rick est un type bien, c’est même l’archétype du type bien. Qui de mieux qu’un Rick Grimes (celui de la série, surtout) comme chef ? Solide, droit, humain, compatissant, dévoué, réfléchi, courageux, il a toutes les qualités. Mais même un chef idéal comme lui, même un type aussi bien, pour protéger ceux dont il a la responsabilité, est obligé de prendre des décisions « inhumaines ». D’apprendre à être froid, insensible, calculateur, violent. De rejeter des gens qui implorent son aide, voire de les laisser crever, voire même de les buter, par mesure de prévention, pour protéger les siens. Borgen montre au public ce qu’il veut voir d’une personnalité politique, The Walking Dead n’hésite pas à montrer au public ce qu’il ne veut pas voir d’un héros et d’un chef. Il n’y a qu’à comparer les discours de fin des 2° saisons de Borgen et The Walking Dead. D’un côté, la première ministre dans un beau discours, emphatique et idéaliste… de l’autre, Rick qui explique à son groupe qu’il n’y a pas de démocratie qui tienne, qu’on lui obéisse, et basta, ceux qui ne sont pas d’accord n’ont qu’à se barrer et affronter seuls des hordes de zombies…
SupprimerLe pouvoir qui corrompt, la solitude du pouvoir… thèmes récurrents dans les œuvres, on connaît la chanson. Mais on parle beaucoup moins du pouvoir qui déshumanise. Si ce n’est pour montrer un « mauvais » homme politique, pour pointer du doigt certains actes politiques scandaleux. Mais, peut-être parce qu’on ne veut pas le voir, on ne montre pas assez la déshumanisation naturelle du pouvoir, les choix qui ne se font pas entre une bonne solution, humaine, et une mauvaise, inhumaine et nuisible. Dans Borgen, il y a quasiment toujours un « bon choix », et c’est celui que prend systématiquement la première ministre, et elle peut chaque fois repartir la tête haute. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Dans The Walking Dead, Rick doit, lui, prendre des décisions beaucoup plus difficiles, hésiter entre deux solutions qui auront chacune sans doute des conséquences mortelles, et il devra vivre avec ce choix. Un peu comme cette problématique très actuelle : que faire face aux prises d’otages par des terroristes ? Payer la rançon pour sauver les otages français dont le gouvernement a la responsabilité ? Et ainsi contribuer à financer des groupes terroristes qui, voyant que ça rapporte bien, vont encore plus développer leurs activités, et mettre en danger la vie de nombreux autres innocents ? Ou refuser de payer, et laisser froidement crever des gens qu’on a les moyens de sauver ? Il n’y a pas de bonne solution, pas de solution « humaine ».
RépondreSupprimerJusqu’où peut-on aller pour protéger les siens ? Jusqu’à quel point peut-on risquer la vie, le bien-être ou l’intégrité des siens, pour aider des étrangers ? The Walking Dead, remarquable série politique, qui revient à la base du « comment s’organise une communauté humaine », « comment s’organise le rapport avec d’autres communautés dans une situation critique ». Lorsque tout le vernis de la civilisation disparaît, les lois, la technologie, les institutions etc. lorsque nous nous retrouvons livrés à nous-mêmes, comment, revenus à un état « originel », pouvons-nous vivre ensemble, et comment notre morale évolue lorsque nous ne devons répondre de nos actes qu’à notre conscience et à nos proches ? Ca nous ramène à Lost, à laquelle TWD a pas mal emprunté, mais elle va encore plus loin, met son héros et ses protagonistes dans des situations encore plus critiques, où les choix sont encore plus difficiles. Et tout ça, c’est déjà bien évoqué dans la saison 2, dans le rapport Shane-Rick, dans l’évolution de Rick et du groupe, lorsque seul Dale refuse qu’on abatte froidement le jeune qui « pourrait » informer son groupe sur leur emplacement, dans la cohabitation entre le groupe de Rick et la famille d’Hershel etc.
Les anti-héros, on connaît, les héros-voyous (The Shield, Soprano), dont les actes sont ceux… qu’on attend d’eux, on connaît aussi. Mais, à mon sens, TWD va encore plus loin dans la déconstruction du héros, puisqu’elle nous propose un vrai héros, un vrai type bien, et le met face à des situations où il aura à agir de manière froide et inhumaine, ce qui est beaucoup plus rare dans la fiction. Il y avait un peu ça dans 24, mais pas autant, Jack Bauer reste un héros, prend certes quelques décisions limites, mais fait toujours le choix qui sauvera et protègera des innocents, et le paiera. TWD va la aussi plus loin, parce qu’il ne s’agit pas tant de « protéger la veuve et l’orphelin » que de simplement protéger les siens, même au détriment de la vie d’innocents. Bon, j’ai livré un peu en vrac, et comme ça me venait, ce qui fait pour moi de TWD une grande série, mais je vais m’arrêter là, sinon, j’en aurais encore pour des plombes^^
Les reproches récurrents faits à la série sont pourtant faciles à vérifier et ce sont toujours un peu les mêmes depuis le début. 1) manque de tension. On sent pas assez le danger, du coup les conflits des personnages sont moins crédibles. C'est surtout vrai sur la saison 2 d'où la blague que je citais sur "la meilleure série jamais écrite sur le camping". Durant des dizaines d'épisodes on a juste des types qui campent dans un champ et s'engueulent pour tout et rien, jusqu'au twist avec la mort de la gamine qui arrive assez tard dans mon souvenir pas un seul personnage ne meurt ou n'est même en réel danger et le principal sujet de conversation est la grossesse de Lori. Pour moi c'est assez ridicule, la série s'est bcp trop éternisée dans la ferme d'Herschell et a étiré sans fin un truc qui n'est qu'une petite péripétie dans les comics.
RépondreSupprimer2) La gestion de persos: inutilité de certains (t-dog, la gamine), caractères grossiers (Lori et presque tous les persos dans la saison 1) ou horripilants et moralisateurs (Dale et Andrea). Des choses qui comme dit par les autres plus haut se sont nettement arrangées dans la saison 3 mais qui pour moi étaient rédhibitoires sur certains épisodes.
3) incapable de soutenir la comparaison avec l'original. Une adaptation peut être pareille ou différente mais si elle trahit parfois complètement l’œuvre adaptée pour moi elle a plutôt intérêt à proposer du haut niveau ce qui n'a pas toujours été le cas (voir les point 1 et 2)
4) série ultra-bavarde dont les personnages passent leur temps à déballer ce qu'ils ont sur le cœur et donnent l'impression d'avoir aucune intériorité.
Après sur les thèmes etc je suis d'accord donc je vais peu discuter, mais je pense quand même que à la fois les comics et d'autres séries (Shield, Sopranos) montrent de manière bien plus fine et perturbante toutes ces questions sur "jusqu'où peut-on aller pour défendre les siens". Je ne trouve pas TWD dérangeante, je la trouve même des fois très pathos et moralisatrice avec ses grands discours sur l'importance de la solidarité et on est une famille, etc. La volte face de Rick en fin de saison 2 a donné de grands moments dans la 3 mais elle était brusque et mal amenée. Et on a bien compris que c'était déjà fini, il a fait ses excuses avec des trémolos dans la voix et organisé un vote et maintenant on accueille 80 inconnus à bras ouverts alors que cinq épisodes avant il chassait Tyreese et ses copains à coup de pied dans le derche. Typiquement le genre de connerie dont les scénaristes de TWD ont le secret.
Voilà le résumer :D
Serious Moon : Il va sans dire que je ne suis pas du tout d'accord...
RépondreSupprimer1. Le pathos et le côté moralisteur, d'ordinaire, je n'aime pas ça, mais là, c'est, contrairement à ce que tu dis ce qui donne à TWD ce côté dérangeant et, plus dérangeant à mon sens que The Shield ou Les Soprano (deux séries que pourtant j'adore)... justement parce que le décalage entre l'humanité, la morale, la sensibilité des personnages et les choix qu'ils sont amenés à faire est d'autant plus grand. De la même manière qu'il est bien plus transgressif de voir le Rick Grimes de la série être prêt à buter un type juste "au cas où", que de voir le Rick Grimes de la bd, plus sauvage, faire de même. Ou que de voir un Vic McKay ou un Tony Soprano éliminer un type.
2. On n'a pas vu la même saison 2. Moi, elle m'a scotché du début à la fin, je n'y ai pas vu de temps mort, la tension psychologique était omniprésente. Le discours de Rick Grimes à la fin ne tombe pas comme un cheveu sur la soupe, il est dans la logique de ce qui s'est passé avant, Rick commence à basculer tout du long de cette saison 2, à devenir plus pragmatique etc.
Je n'ai commencé à lire la bd qu'après la saison 2, je n'en ai lu que les 4 premiers tomes et... je préfère la série... Certes, je ne suis pas un grand fan de bd (la preuve, je n'avais jamais entendu parler de The Walking Dead avant que la série n'arrive), et ce n'est pas la même chose de la découvrir après coup... mais tout comme certains qui ont lu la bd avant sont très déçus de ne pas retrouver certaines choses dans la série, je suis souvent déçu de ne pas trouver dans la bd certaines choses de la série. Notamment le fait que la bd nous montre comment des individus "lambdas" peuvent basculer lorsqu'ils se trouvent dans une situation critique... alors que la série est pour moi plus transgressive puisqu'il est question d'individus particulièrement "bons" face à des choix terribles...
Pour reprendre plus directement vos commentaires, je vois, GT, ce que tu essaies de dire, mais je ne suis tout de même pas totalement d'accord. Je n'ai pas le sentiment que les grandes saillies moralisatrices soient là pour créer un contraste quelconque et j'ai bien peur qu'elles soient à prendre au premier degré. Ce n'est pas grave lorsque ce sont celles de Dale dans la saison 2, qui finit... comme il doit finir. Ici, la série et la BD sont pour moi à égalité, elles disent la même chose : dans ce monde-là, sans règles, sans justice, seuls les forts survivent et le Dale de la série fait clairement partie des faibles. Il n'est pas capable de comprendre que le monde a changé et est donc l'un des premiers à y passer. Les deux versions de la même histoire (qui est en fait de moins en moins la même) jouent aussi à armes égales sur la question des limites à poser à ce constat "le monde a changé". L'un des passages les plus marquants de la BD reste, pour moi, l'épisode (tome 3 je crois) où Rick établit la règle "you kill ? you die" pour finalement constater que cette règle n'a aucun sens et que dans ce "nouveau" monde, la morale est exactement inverse. La série reprend totalement cette idée, même si de manière un peu moins claire car il y a manifestement une volonté parfois un peu maladroite des scénaristes de produire quelque chose de moins outrancièrement droitier que ce qu'est la BD, sans doute parce qu'ils se disent - à raison ? - que cela passerait beaucoup moins bien à l'écran. Bref, sur les thèmes, les deux versions se rejoignent globalement.
SupprimerEn revanche, c'est sur la forme que je tique. On en a déjà parlé et la saison 3 me l'a confirmé, il y a malgré tout un lissage général de l'histoire, des situations et des personnages qui à force me laisse un peu sceptique. Tout est beaucoup moins choquant et brutal dans la version télé. Les morts sont moins sanglantes et on les voit beaucoup plus souvent venir ; le gouverneur, même si je comprends l'idée, est un ange à côté du monstre qu'il est dans la BD, qui lime les quenottes des zombies dans ses arènes... mais à quoi bon ? Qu'est-ce que cela apporte de modifier ce détail ? Rien, ça n'apporte rien mais en revanche cela dit tout du décalage d'ambitions (ou de possibilités, car un scénariste télé a d'autres contraintes). D'une manière générale, j'ai remarqué que le gore, s'il est très présent dans la série, frappe avant tout les zombies et très peu les humains, et je crois que toute la nuance est là. Dans la BD, le sentiment d'insécurité est palpable, en permanence ; il y a au moins un mort dans chaque tome, ou alors au moins un type torturé/violé/humilié... ce qui rend les situations beaucoup plus extrêmes et les tensions beaucoup plus exacerbées, quand dans la série il peut se passer plusieurs semaines sans que quiconque soit jamais en danger. Un exemple parmi d'autres : dans la BD, le passage de la prison est celui où les personnages comprennent que finalement, les zombies ne sont pas un si grand danger une fois qu'on a compris comment ils fonctionnaient. Ils commencent à les gérer de plus en plus facilement et apprennent à vivre à leur côté en s'en foutant, de fait on commence à les voir de moins en moins, ou juste comme des éléments du décor. On retrouve un peu cela dans la série, mais c'est moins marqué et les deux ou trois grands épisodes épiques de la saison 3 (celui où Lori meurt, l'assaut du gouverneur et la mort de Merle) sont malgré tout marqués par des attaques de zombies et les morts qui vont avec.
Bref, ce qui me gène dans la série (quoique de moins en moins, hein), tient juste en une formule : je ne peux pas m'empêcher parfois de trouver que c'est une version canada dry de l'histoire d'origine. Je peux comprendre qu'en ayant découvert la série avant la BD on puisse préférer la série, mais pour moi c'est - toutes proportions gardées bien sûr :-) - comme si tu me disais que The Paradise, la série de la BBC adaptée d'Au bonheur des dames, c'est mieux que le bouquin de Zola ^^ Surtout, je trouve que la série manque terriblement de subtilité dans sa forme. J'ai beaucoup de mal à l'imaginer rivalisant avec les Soprano ou the Shield, car pour moi toute la différence entre une très bonne œuvre et une grande œuvre, c'est la capacité de cette dernière à jouer avec le non-dit. Pour moi, à l'heure actuelle, The Walking Dead n'est pas une grande série parce que le non-dit n'y existe pour ainsi dire pas. Tout est dit, tout le temps, et de manière assez insistante. Comme dirait l'autre : Show, don't tell! Tu parles de la scène avec Carl, qui est effectivement assez forte, mais j'aurais 1000 fois préféré ne jamais voir cette scène qui ne fait que surligner quelque chose qui devrait être évident. Dans la BD d'ailleurs, cette scène n'existe pas plus que celle où quelqu'un compare explicitement Rick au Gouverneur : on assiste juste à la descente aux enfers de ces personnages, au reniement progressif de leurs valeurs, tout cela en sourdine et d'ailleurs de manière beaucoup plus progressive que dans la version télé. Je trouve cela bien plus fort et bien plus bouleversant qu'une tirade comme on en a jamais (ou rarement) dans les Sopranos, The Shield ou même dans 24, que tu cites également. Les jeux de miroirs dans TWD, par exemple, Rick/Shane, Rick/Le Gouverneur, sont toujours exprimés à un moment ou un autre par une phrase. JAMAIS le jeu de miroirs entre Vic et Shane n'est exprimé de manière aussi évidente, et c'est tant mieux.
SupprimerBon, je t'en veux un peu car tu me fais dire du mal de TWD alors que j'ai trouvé cette saison de très bonne facture. Tu es vraiment un fripon ;-) Mais bref : pour moi la série est en bonne voie, mais il lui reste tout de même encore du chemin à parcourir pour figurer sur mes podiums de fin d'année, même si je l'ai trouvé vraiment brillante par instants cette année.
Petite précision (désolé, je suis crevé et un peu décousu) sur ce que je dis des "limites" : je voulais dire par-là que, la BD le démontre assez clairement et je pense qu'à terme la série fera pareil, l'argument "le monde a changé" que Rick se répète pour justifier certains de ses actes est aussi l'argument que se répètent tous ses antagonistes, argument qui ouvre la porte sur toutes les choses les plus abjectes.
SupprimerBen c'est surtout que les comics reposent beaucoup sur l'idée que comme il n'y a plus de règles tout est permis or finalement les personnages, gentils ou méchants, se permettent peu pour l'instant dans la série. Voir ce que tu écris toi même sur le gouverneur et le viol:)
SupprimerConcernant la scène du meurtre de Carl, je n'ai pas ressenti la même chose... quand on le voit abattre le jeune gars, on se dit (en tout cas, moi) "Carl est dans un environnement violent, il devient de plus en plus violent". Rien de nouveau sous le soleil, c'est pas une idée particulièrement intéressante... voilà pourquoi il me semble nécessaire d'avoir son explication, qui est beaucoup plus forte et flippante.
RépondreSupprimerQuant aux morts, c'est vrai qu'elles sont plus brutales, rapides et inattendues dans la bd. Mais je les trouve bien plus tristes et douloureuses dans la série... il y a un côté "jeu de massacre" dans la bd, on s'en amuse presque, je trouve... alors que dans la série, elles me semblent toujours plus dures à encaisser. Autre point de désaccord, j'aimais bien le personnage de Lori... et j'ai été profondément attristé par sa mort... comme ma compagne, on était après cette épisode à se dire "c'est pas possible, ils ont pas osé, ils ne peuvent pas faire ça..." On avait beau voir venir les morts de Shane et Merle, j'ai tout de même espéré jusqu'au bout qu'ils s'en sortent... le salauds, ils ont osé tué Shane puis Merle... et puis quoi encore ? Ils vont tout de même pas buter aussi le gouverneur ! ^^
Evidemment, pour ceux qui ont lu la bd avant, la perception ne peut pas du tout être la même, ils savent que Shane doit mourir, il meurt même très vite dans la BD, donc tout ce temps, dans la saison 1 et 2, avec Shane doit leur sembler plus long, trop long, alors que ce n'était pas du tout mon cas, je trouvais le personnage de Shane remarquable, et j'espérais que Rick et Shane trouvent un moyen de cohabiter.
Bon, je vais arrêter de défendre la série, ça va encore te pousser à en dire du mal^^
:-)
SupprimerOn ne sera vraiment pas d'accord sur cette scène avec Carl, parce que pour moi la réaction de Herschell et Beth au moment où il abat ce gamin se passe des commentaires de l'intéressé. Surtout, je trouve que cette évolution de Carl arrive un peu trop rapidement. Pour moi, c'est aussi un dommage collatéral du choix d'avoir rapidement tué Sophia. Je comprends que les scénaristes aient pris cette décision, et puis ç'a donné un des meilleurs épisodes de la saison 2, mais dans le même temps le fait qu'elle ne meure pas dans la BD permet un parallèle assez intéressant avec Carl. Il n'est pas le seul enfant à grandir dans ce monde (il y en a même d'autres puisqu'il y a aussi les jumeaux, qui n'existent pas dans l'univers télé), à vivre des choses aussi horribles et, finalement, l'évolution de Carl est beaucoup plus troublante avec ce petit jeu de miroirs. Ce sera d'ailleurs peut-être rectifié dans la saison 4, car je ne doute pas que les scénaristes utilisent l'afflux massif de personnages du dernier épisode pour exploiter des choses qu'ils avaient dû renoncer à adapter faute d'en avoir suffisamment sous le coude dans la 3.
Je vois ce que tu veux dire sur le "jeu de massacre", mais je ne l'ai jamais ressenti comme ça. La BD n'est vraiment pas fun pour deux sous et je ne l'ai jamais lue en me disant "mais qui va mourir dans le prochain tome ?", plutôt "pourvu qu'aucun de mes personnages préférés ne soit tué dans le tome suivant". En fait, pour moi, c'est surtout une différence de format : avec une BD, tu ne peux pas vraiment te permettre une longue scène un peu pathos (mais bien faite, je ne dis pas le contraire) comme la mort de Lori version télé. Enfin si, tu peux, mais ce serait super chiant ^^ Les morts de la BD sont souvent plus brutales, mais elles sont surtout plus rapides dans leur mise en scène. C'est aussi pour cela que paradoxalement, même si on sait que plein de gens vont mourir quasiment à chaque volume, on les voit pourtant moins facilement venir. Par exemple sans trahir son contexte, la mort de Lori dans la BD est extrêmement brutale, une page elle est vivante et pouf, c'est fini, elle est morte. Dans la série, on le voit quand même venir, il y a cinq ou six scènes avant qui laissent entendre que c'est assez mal barré pour elle :-) En fait dans la BD, Kirkman est un vrai sadique, car en général lorsqu'il prend le temps de s'acharner longuement sur l'agonie d'un personnage... il ne meurt pas et en sort généralement traumatisé ou mutilé :-D Mais cela fait partie de ce que j'ai toujours apprécié dans la BD, qui prend le contrepied de presque tout ce qui se fait ailleurs : il n'y a pas de sacralisation des morts, de mystique, etc. Il y a juste la mort, conne et presque banale, à force. Si un personnage disparaît au cours d'une attaque de zombie, on ne le revoit plus, on ne trouve pas de traces, c'est fini, voilà tout. Comme dans la "vraie vie" si j'ose dire ^^
En revanche, et là je comprends très bien en quoi la première version qu'on découvre prend inévitablement l'ascendant, une fois que l'on connaît l'une des deux on est fatalement conscient que dans l'univers de TWD, tout le monde peut mourir à n'importe quel moment, qu'aucun personnage hormis Rick n'est immunisé contre une mort brutale et injuste. Ce n'est pas un grand spoiler que de dire que dans la BD, qui existe depuis déjà dix ans, une large part de la team de héros de départ est morte et enterrée depuis un bail. Une fois qu'on sait ça, il est difficile d'être choqué par les morts des personnages de la série (même si celle-ci a l'intelligence de ne pas forcément tuer les mêmes). Et inversement : une fois qu'on a vu la série tuer en moins de deux saisons des personnages aussi importants que Shane ou Dale, il est assez clair quand on attaque la BD que le tarif sera au moins équivalent. On ne peut pas le percevoir de la même manière, ou du moins on ne peut plus, et je crois qu'on ne pourra plus jamais. A la rigueur, en attaquant la BD après la saison 1, où aucun personnage emblématique n'est tué... mais sinon, depuis, je crois qu'il est devenu quasiment impossible de découvrir l'un sans connaître avant l'autre, et donc d'avoir un a priori.
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