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Tandis que la rentrée voit les Networks dérouler leur cohorte de nouveautés plus au moins palpitantes, et alors que des communautés de critiques en rut et de fans en délire s'apprêtent à enterrer ce qui fut (parfois de loin) l'une des meilleures séries des dernières années, d'autres shows continuent leur bonhomme de chemin sur la pointe des pieds, sans trop attirer la lumière, les couvertures ou les têtes de gondoles de sites spécialisés. C'est le cas de Copper, qui vient brillamment de conclure sa seconde saison dans un relatif anonymat, et dont il y a fort à parier que le très bon final, coincé entre les épilogues de Dexter et de Breaking Bad, n'aura pas mobilisé les foules - d'autant qu'on savait déjà depuis plusieurs jours que la série ne serait pas renouvelée l'an prochain. Dommage, car il y a(vait) chez elle à peu près tout ce que le spectateur demande à un feuilleton réussi (a fortiori l'été, quand les grilles de programmes sont presque complètement exemptes de shows intelligents1) : du suspens, du rythme, et des personnages charismatiques qu'on a du mal à lâcher une fois l'épisode terminé.
La vérité, c'est peut-être tout simplement que Copper a été desservie par des séries qui peuvent lui ressembler de prime abord, et n'ont pas particulièrement la réputation d'être accessibles et scotchantes. Des drames en costumes racontant de manière directe ou métaphorique les fondements de la mythologie américaine, il y a en quelques uns à l'antenne ces dernières années, et il faut bien reconnaître que Boardwalk Empire ou Hell on Wheels ne sont pas, malgré des qualités qu'on ne remettra pas en question, les séries les plus catchy et addictives du monde. Raison de plus pour insister : Copper n'a rien à voir avec la plupart des shows à ambitions "historiques" qui inondent les ondes depuis quatre ou cinq ans maintenant. Formellement, elle s'apparente bien plus volontiers aux productions Michael Hirst (avec beaucoup... beaucoup, beaucoup moins de cul), soit donc une approche résolument moderne dans l'écriture et la réalisation, et surtout un sens du feuilleton (donc du rythme) la rendant particulièrement plaisante à suivre au-delà du seul aspect historique de son propos (que celui qui ne s'est jamais assoupi devant un épisode de Hell on Wheels me jette la première pierre... s'il existe). C'est encore plus vrai au terme d'une impeccable seconde saison, qui consolide les (bonnes) bases de la première tout en rectifiant la plupart des travers (notamment ce côté un peu factice qui dérangeait surtout dans les premiers épisodes), pour s'autoriser désormais quelques épisodes ou scènes un peu plus fantasques et/ou spectaculaires. C'est permis, puisque le spectateur sait désormais où il est : Copper, pour ceux qui auraient malheureusement manqué le début, détourne habilement les codes du cop show en les implantant en pleine guerre de sécession, qui sert de toile de fond inquiétante à des intrigues mêlant soap (un peu), politique (beaucoup) et enquêtes policières (avec modération). Le tout pour s'attacher, au final, à tous ces personnages dont l'histoire ne parle pas, parce qu'ils ne sont pas partis sur le champ de bataille (les femmes, les enfants...), ou en sont revenus prématurément - ce qui est le cas de son trio de héros totalement dissemblables que leur expérience commune des horreurs de la guerre a changé en frères, même s'ils se croisent finalement peu sur l’ensemble d'une saison : Corky, le flic idéaliste toujours triste, Morehouse, l'héritier hédoniste en quête de reconnaissance, et Matthew, le médecin black qui tente de se faire une place dans un monde préférant très nettement les médecins aux Blacks.
Si la première saison s'articulait en grande partie autour de l'enquête de Corky pour découvrir ce qui était arrivé à sa femme et à sa fille tandis qu'il était au front, le tout entrecoupé de moult manœuvres politiciennes, la dernièreen date aura réussi le pari des intrigues multiples et croisées sans jamais perdre le spectateur en marche, véritable rareté pour une série devenue de plus en plus chorale dans sa dernière ligne droite. Précisons-le, Copper est une production Fontana dont Tom Fontana lui-même s'est assez peu occupé ; comprendre par-là qu'elle en réunit la plupart des qualités (très beau casting, image soignée, thèmes parfois osés - nous en avions donné un exemple ici), sans ce côté théâtral et hystérique qui fait la marque de fabrique de l'auteur et fonctionne de manière très aléatoire selon le show (très bien dans Oz, à peu près dans Borgia, pas du tout dans quasiment tous les autres). On a d'ailleurs assez peu communiqué sur sa présence au générique, mais il est vrai qu'on a de manière générale peu communiqué sur ce qui était, tout de même, la première création originale de BBC America - et non des moins prometteuses.
Enfin, sauf pour les audiences.
1. Reconnaissons toutefois que cela a tendance à changer depuis quelques années... en partie justement grâce à Breaking Bad et à la décision d'AMC de diffuser sa série vedette au mois d'août, entraînant chez la concurrence une saine - mais modeste - émulation.
Tandis que la rentrée voit les Networks dérouler leur cohorte de nouveautés plus au moins palpitantes, et alors que des communautés de critiques en rut et de fans en délire s'apprêtent à enterrer ce qui fut (parfois de loin) l'une des meilleures séries des dernières années, d'autres shows continuent leur bonhomme de chemin sur la pointe des pieds, sans trop attirer la lumière, les couvertures ou les têtes de gondoles de sites spécialisés. C'est le cas de Copper, qui vient brillamment de conclure sa seconde saison dans un relatif anonymat, et dont il y a fort à parier que le très bon final, coincé entre les épilogues de Dexter et de Breaking Bad, n'aura pas mobilisé les foules - d'autant qu'on savait déjà depuis plusieurs jours que la série ne serait pas renouvelée l'an prochain. Dommage, car il y a(vait) chez elle à peu près tout ce que le spectateur demande à un feuilleton réussi (a fortiori l'été, quand les grilles de programmes sont presque complètement exemptes de shows intelligents1) : du suspens, du rythme, et des personnages charismatiques qu'on a du mal à lâcher une fois l'épisode terminé.
La vérité, c'est peut-être tout simplement que Copper a été desservie par des séries qui peuvent lui ressembler de prime abord, et n'ont pas particulièrement la réputation d'être accessibles et scotchantes. Des drames en costumes racontant de manière directe ou métaphorique les fondements de la mythologie américaine, il y a en quelques uns à l'antenne ces dernières années, et il faut bien reconnaître que Boardwalk Empire ou Hell on Wheels ne sont pas, malgré des qualités qu'on ne remettra pas en question, les séries les plus catchy et addictives du monde. Raison de plus pour insister : Copper n'a rien à voir avec la plupart des shows à ambitions "historiques" qui inondent les ondes depuis quatre ou cinq ans maintenant. Formellement, elle s'apparente bien plus volontiers aux productions Michael Hirst (avec beaucoup... beaucoup, beaucoup moins de cul), soit donc une approche résolument moderne dans l'écriture et la réalisation, et surtout un sens du feuilleton (donc du rythme) la rendant particulièrement plaisante à suivre au-delà du seul aspect historique de son propos (que celui qui ne s'est jamais assoupi devant un épisode de Hell on Wheels me jette la première pierre... s'il existe). C'est encore plus vrai au terme d'une impeccable seconde saison, qui consolide les (bonnes) bases de la première tout en rectifiant la plupart des travers (notamment ce côté un peu factice qui dérangeait surtout dans les premiers épisodes), pour s'autoriser désormais quelques épisodes ou scènes un peu plus fantasques et/ou spectaculaires. C'est permis, puisque le spectateur sait désormais où il est : Copper, pour ceux qui auraient malheureusement manqué le début, détourne habilement les codes du cop show en les implantant en pleine guerre de sécession, qui sert de toile de fond inquiétante à des intrigues mêlant soap (un peu), politique (beaucoup) et enquêtes policières (avec modération). Le tout pour s'attacher, au final, à tous ces personnages dont l'histoire ne parle pas, parce qu'ils ne sont pas partis sur le champ de bataille (les femmes, les enfants...), ou en sont revenus prématurément - ce qui est le cas de son trio de héros totalement dissemblables que leur expérience commune des horreurs de la guerre a changé en frères, même s'ils se croisent finalement peu sur l’ensemble d'une saison : Corky, le flic idéaliste toujours triste, Morehouse, l'héritier hédoniste en quête de reconnaissance, et Matthew, le médecin black qui tente de se faire une place dans un monde préférant très nettement les médecins aux Blacks.
Si la première saison s'articulait en grande partie autour de l'enquête de Corky pour découvrir ce qui était arrivé à sa femme et à sa fille tandis qu'il était au front, le tout entrecoupé de moult manœuvres politiciennes, la dernière
Enfin, sauf pour les audiences.
👍 Copper (saison 2)
créée par Tom Fontana & Will Rokos
BBC America, 2013
1. Reconnaissons toutefois que cela a tendance à changer depuis quelques années... en partie justement grâce à Breaking Bad et à la décision d'AMC de diffuser sa série vedette au mois d'août, entraînant chez la concurrence une saine - mais modeste - émulation.
Ouais, elle était cool cette saison de Copper ça devient rageant à la longue cette manie d'annuler les bonnes séries et de maintenir les mauvaises. Des fois on dirait un complot.
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Supprimer(mais j'ai aps vu Cooper que je vais dl dès ce soir!)
On ne citera pas de nom, mais j'ai une pensée pour quelques titres... annulés ou maintenus, bien sûr ;-)
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