dimanche 15 septembre 2013

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Ce mois-ci, j'ai reçu tellement d'albums que je ne sais même plus quoi écouter. Le pire, c'est qu'aucun n'a provoqué ne fût-ce qu'un vague frémissement dans l'estomac du chroniqueur, pourtant toujours prompt à tresser couronnes ou potences. Aussi, en attendant le retour du CDG pour la fin du mois, et histoire de fêter dignement la rentrée, je vous propose tout simplement de venir assister au grand ménage de septembre du Golb. Ne me remerciez pas, c'est gratos (et ça le sera toujours, comme dirait Zuckerberg).

Babyshambles (Sequel to the Prequel) Si on m'avait dit il y a dix ans qu'en 2013, je me retrouverais à chroniquer un nouvel album de Pete Doherty, j'aurais ri aux éclats. Et pourtant aussi incroyable que cela puisse paraître, Pete(r) est encore vivant, productif, et on ne parle quasiment plus de lui dans les tabloïds. Ceci expliquant sans doute cela, Sequel to the Prequel s'avère logiquement un album absolument insipide (et odieusement long de surcroît) passé sa première chanson, la jouissive "Fireman". Oh et soit dit en passant : il faudra vraiment qu'un jour quelqu'un se dévoue pour dire à Pete(r) d'arrêter de nous coller sur chaque disque soit un reggae de supermarché, soit un jazz d’ascenseur.

à écouter éventuellement si... vous n'avez jamais entendu parler des Libertines. Ou si vous trouvez que le son de Down in Albion est vraiment trop cradingue.

Mark Kozelek & Desertshore J'ai une infinie admiration pour Mark Kozelek, et je n'arrêterai sans doute jamais de recommander le superbe album qu'il a publié avec Sun Kil Moon l'an passé. Sauf que Mark, à un moment, il va bien falloir se dire les choses : ce n'est plus possible. Tu ne peux pas continuer ainsi à publier chaque trimestre le même album de gueule de bois tout en espérant être encensé sur Le Golb. Il va falloir faire un truc, je ne sais pas, arrêter de boire, par exemple - ou arrêter d'écrire les lendemains de cuite. Tu me plombes le moral, et Dieu sait que je n'en ai pas besoin.

à écouter éventuellement si... il/elle vous a plaqué(e) après vous avoir trompé(e) avec votre meilleur(e) pote ET vous avoir refilé le sida à tous les deux.

The Moondoggies (Adios, I'm a Ghost) Un album de rock psyché un peu garage franchement cool. C'est tout ? Bah oui, c'est tout. C'est bien fichu mais nom de Dieu : combien de fois l'avons-nous entendu depuis quatre ans, ce foutu disque ? Pour vous dire, en le balançant en shuffle dans Songbird, l'autre fois, j'ai cru que c'était le dernier Ty Segall. Tiens d'ailleurs : parlons-en, du mec le plus surcoté de sa génération. Est-ce que c'était vraiment trop demander d'essayer de publier un deuxième disque consécutif qui me plaise ? Pour quoi je passe, après ? Ils sont chiants, ces songwriters hyper-prolifiques. On a à peine le temps de célébrer la réconciliation qu'il faut déjà pleurer la rupture.

à écouter éventuellement si... vous êtes au chômage (ou en arrêt maladie) depuis peu.

Nine Inch Nails (Hesitation Marks) Lui au moins, on ne pourra pas lui reprocher d'être trop prolifique. Trent Reznor a mis cinq ans à faire mieux que le très médiocre The Slip - bravo à lui. Reste qu'il est assez triste, pour ne pas dire pire, de s'apercevoir un beau matin qu'un de vos artistes préférés n'a absolument plus rien à dire au (ni du) monde qui l'entoure. Parfois parcouru de jolies fulgurances, Hesitation Marks n'est jamais un mauvais album. Juste un album vain, invraisemblablement jovial, signé par un quadra que la vie a tellement gâté qu'il ne sait plus où il a foutu ses glandes. Il y a des légendes des seventies qu'on a brûlées pour moins que ça.

à écouter éventuellement si... vous avez adoré Nine Inch Nails durant votre jeunesse rebelle. Et que vous êtes devenu trader.

MGMT Soyons sport cependant : il n'y a pas que les vieux artistes qui peuvent perdre leur modjo. Il y a aussi quelques jeunes pour péter leur boussole, ce qui est le cas de MGMT. Critiqué et moqué avant de devenir respectable grâce au splendide Congratulations (probablement l'un des tous meilleurs disques des dernières années), le duo new-yorkais a passé le difficile cap du troisième album (comme on dit aux Inrocks) en réécoutant quatre cents fois Kid A pour essayer de comprendre comment on fait pour faire du glam-rock électro-neurasthénique. Sans surprise, ça n'a pas marché. Sans doute MGMT se bonifiera-t-il avec le temps ; il semble avoir assez de souffle et renfermer assez d'idées pour mériter qu'on y revienne à l'occasion, mais il est très probable qu'on ne se départisse jamais totalement de cette impression bizarre qu'il n'est pas tout à fait fini, et que suite à une tragique erreur industrielle plusieurs pistes ont été pressées à l'état de démos. C'est con, parce que certains bouts de chansons sont vraiment excellents.

à écouter éventuellement si... vous êtes au lit avec votre amoureuse. Et que sa conversation est beaucoup trop intéressante pour que vous en entendiez plus que des bribes (de l'album, hein - pas de la conversation).

Crocodiles (Crimes of Passion) Quatrième album de Crocodiles et de toute évidence, le groupe de San Diego n'a pas renoncé à imiter BRMC en train d'imiter les Jesus & Mary Chain. En toute logique, à force de pomper la copie de l'imitateur, ça commence à sévèrement sentir le rance, et les Crocos de se retrouver à pomper les mauvais albums de BRMC - donc les meilleurs d'Oasis (sauf que ça fait moins classe à placer dans une chronique de Libé). On ne sait pas trop à quoi rime tout ça, tout ce qu'on peut affirmer avec certitude c'est qu'en 2013, un morceau intitulé "Marquis de Sade" ce n'est ni rock'n'roll, ni effrayant, ni même vaguement sexy.

à écouter éventuellement si... vous n'avez jamais entendu parler des Jesus. Cela dit si c'est le cas, je vous conseille quand même d'écouter les Jesus avant (juste par curiosité). Le revers de la médaille c'est que plus de la moitié des disques que vous trouviez originaux depuis 2007 vont subitement baisser dans votre estime.

Mark Lanegan (Imitations) ... dans lequel la plus grande voix du rock des vingt-cinq dernières années reprend Nick Cave et John Cale, mais aussi Chelsea Wolfe pour faire branché, mais encore Gérard Manset pour faire rire, mais bien sûr Weill pour faire comme tout le monde. C'est très joli, et délicieusement intemporel. Pas tellement à cause des interprétations que parce que ça fait tout de même un petit quelque chose de tomber sur le dernier artiste vivant à encore croire que publier des disques permet de gagner de l'argent pour payer ses dettes de dope (nostalgie du grunge, quand tu nous tiens).

à écouter éventuellement si... vous aimez Mark Lanegan. Quand même.

Yuck (Glow & Behold) Les débuts d'Yuck avaient été à l'époque salués dans ces pages. Je ne vous remets pas lien, parce que quand je vois ce que ce groupe est devenu dès son deuxième album, un vague sentiment de honte me submerge.

à écouter éventuellement si... vous voulez bien vous foutre de ma gueule.

The Obits (Beds & Bugs) Un jour, quelqu'un a décidé que les Obits étaient un bon groupe qui envoyait trop grave du pâté. Autant vous dire que sa tête a été mise à prix depuis longtemps et que le gars change de planque avant chaque nouvel album de ces gens aussi passionnants qu'une anecdote sur des puces de lit.

à écouter éventuellement si... vous trouvez que le garage-rock c'est mieux que le sexe, mieux que la vie et même mieux que la musique.

22 commentaires:

  1. Le Mark Kozelek m'a pas semblé si plombant que ça (bon allez à part Brothers).

    C'est plutôt le précédent avec Jimmy LaValle qui me plombe le moral (pauvre Gustavo :()

    D'ailleurs je trouve ce Mark Kozelek & Desertshore son disque le plus réussi cette année, parce qu'il y a tout ce qui était magnifique dans Perils From the Sea en beaucoup plus resserré. Donc plus agréable à écouter.

    Mais bon les 3 premières chanson de Perils From the Sea me mettent toujours par terre.

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    1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    2. Pour être tout à fait honnête, tout ce que Kozelek a sorti depuis dix mois m'est sorti de la tête. Ou pas loin. A part son album de reprises.

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  2. ha ha ha, c'est plus une chronique c'est du ball trap :D

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  3. C'est violent mais super justifié. Du moins pour ceux que j'ai entendus...

    Le Baby shambles dès le départ j'en avais rien à carrer mais j'ai jeté une oreille par curiosité, peut-être par nostalgie... au moment du reggae c'etait plus la peine.

    Ty Segall: agréable première écoute, à la cinquième c'est bon, l'orange est pressée, il n'y a pas plus à tirer d'une réécoute, et c'est très dommage (mais j'attends plus du Fuzz que du Ty Segall cette année - le dernier single semblerait le confirmer)

    MGMT: ils ont du dépenser tout le budget quand ils sont arrivés sur la fin de la face A. La face B ressemble a rien, faut creuser, et la seule mélodie qu'on pourrait y retenir, c'est une scie... Qui finit par partir dans un atroce marasme. What the fuck. Assez déçu... Meme si l'impatience d'entendre le nouveau était moins forte depuis la découverte de Foxygen...

    Yuck pour une fois porte bien son nom.

    Obits, jamais compris l'engouement. Du tout. Vraiment. J'en ai un à la maison, celui que tout le monde avait adoré, j'ai jamais du réussir à passer la plage 5. Peut-être que si je deviens un vieux punk réac j’arriverai à voir un intéret à ce bruit. mais une part de moi espère que ce jour n'arrivera jamais.

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    1. Le Obits que j'ai adoré (que j'ai aussi) était quand même pas mal, dans mon souvenir (j'avoue que, soit, je ne l'écoute jamais).

      Sinon nous sommes encore d'accord sur un disque de Ty, ça devient inquiétant ;-)

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  4. si c'est des reprises alors je vais écouter le lannegan,
    quand je l'ai entendu dans des compos je me fait chier à mourir, mais là au contraire ça devient tentant :-)

    et sinon le côté chamboule-tout de cet article me botte bien :-D

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    1. Franchement, tu vas te faire du mal, il est très paresseux, ce Lanegan...

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  5. J'adore le dernier Nine Inch Nails, enfin un retour à leurs valeurs musicales, oubliant un peu leur côté métal que je n'appréciais pas trop.
    Et pour les avoir vus cet été, je les adule dorénavant !

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    1. Leurs valeurs musicales ? Le rock-pop alternatif funky ? Tu es sûre qu'on parle du même groupe ??? ^^

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  6. Marrant, j'ai beaucoup lu sur NIN des commentaires comme celui de Gridou, mais je ne comprends pas trop: il me semble que "Year Zero", sans oublier "Ghost", étaient des albums beaucoup plus électroniques que "metal". Et que, au contraire, le classique "ultime" du groupe, "Downward Spiral", est son disque le plus metal/hardcore. Je ne suis pas spécialiste des genres musicaux, mon étonnement est sincère, je précise.

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    1. Je n'ai pas tellement lu ça, cela dit je suis globalement d'accord avec toi. Je n'ai pas non plus l'impression que NIN ait effectué un virage super metal à un moment donné ; The Fragile était un album extrêmement planant (malgré deux-trois trucs assez bourrins), With Teeth est peut-être le disque le plus pop de Reznor, Year Zero est très électronique, Ghosts également... après j'avoue que je n'ai quasiment aucun souvenir de The Slip, j'ai donc peut-être manqué un épisode :D

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  7. Hé mais grâce à toi je viens de découvrir Moondoggies ^^

    Bon, sinon je suis d'accord, une rentrée pourrie de chez pourrie, avec des vieux qui tiennent pas leur rang et des jeunes qui ne tiennent pas leurs promesses.

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    1. Ah non mais il est sympa, cet album des Moondoggies. Je sanctionne juste son manque criant de personnalité, mais sinon ce sont plutôt de bonnes chansons.

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  8. Tu es sévère avec Sequel to the Prequel. C'est quand même le meilleur album de Snow Patrol depuis longtemps :-)

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    1. Je suis sévère mais toi, tu es cruel ;-)

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    2. Je ne trouve pas. Snow Patrol a écrit quelques bonnes chansons RTL2 friendly... ce qui semble être l'objectif de cet album !

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  9. Ouais, le NIN ne sert à rien malheureusement. Dommage, le vinyle étais beau...

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    1. Hé non! au prix où il était, je me suis dis que j'allais quand même écouter avant, surtout que ça fait un moment que NIN ne m'excite plus vraiment.
      Du coup je l’achèterai pas, d'où mes (petits) regrets...

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  10. C'est vrai que le premier Yuck, finalement, il n'était qu'à moitié bon. Dommage qu'ils se soient inspirés de la mauvaise moitié pour pondre ce deuxième disque. Frustrant parce qu'il y a un son, des idées, mais bon... pas l'ombre d'une chanson.

    J'ai pas écouté le Ty Segall mais écouté de loin le Fuzz et ca a l'air pas mal. Par contre y a moyen que ca soit lassant sur tout un album...

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  11. Je pense qu'il va falloir se faire une raison : c'est Ty Segall qui est lassant, tout court ^^

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