...
D'accord, d'accord : novembre est déjà entamé depuis une semaine. La liste des galères ayant retardé la publication de cet article étant trop longue pour être couchée sur le papier virtuel, je vous propose de nous concentrer de suite sur la sélection du mois. Dernier. C'est bon, n'en rajoutez pas.
Portage Back to Land - Wooden Shjips Parce que ne pas avoir de Nintendo 3DS est le drame de ma vie, et qu'on compense comme on peut. Oui parce que c'est un peu ça, dans le fond, Wooden Shjips : l'équivalent musical de ces portages d'anciens jeux d'anciennes consoles, recréant des formules à succès avec une technologie démente et deux-trois ajouts de bon aloi. Le jeune public s'ébaubit, les vieux hochent la tête d'un air entendu... au final, le rock est sans doute nettement plus mort que le jeu vidéo, mais on ne peut s'empêcher de se dire qu'à ce niveau de maîtrise, le savoir-faire vintage est presque un genre à part entière.
P'tite bébête qui monte, qui monte... Blue Record - Unknown Mortal Orchestra Parce que mine de rien, les Néo-zélandais au patronyme tout pourri sont en train de faire leur trou, confirmant avec ce ravissant EP que le très bon II, paru en février, n'avait rien d'une illusion auditive. Cinq titres, dont trois versions acoustiques de morceaux déjà connus, n'importe quel groupe peut se coller à l'exercice mais rares sont ceux parvenant à le rendre suffisamment pertinent pour qu'on l'écoute comme s'il s'agissait d'un ouvrage à part entière. Si ça, ce n'est pas la marque de futurs grands...
Promu à l'ancienneté Cockroach - Jay Jay Johanson Parce qu'il est là, le Jay Jay. Parce qu'il continue à faire son truc dans l'indifférence générale, publiant tous les deux ou trois ans le même bon album métissant jazz, electro et lounge, sans génie, mais pas sans talent. Parce qu'au bout d'un moment, l'acharnement paie.
Figure imposée Drag the River - Drag The River Parce qu'un CDG sans son disque étiqueté alt-country mais cachant de la bonne vieille power-pop FM dégoûlinante, ce ne serait pas vraiment un CDG. Comme souvent dans ce genre d'album absolument inutile, donc totalement indispensable, c'est la voix qui fait la différence. Virile, rêche, d'un lyrisme par moment indécent... elle a tout pour plaire et soutenir des morceaux dont un bon tiers n'a aucun intérêt, mais dont les deux autres donnent envie d'allumer une cigarette et de rouler toute la nuit en chantant à tue-tête des niaiseries. Impec'.
Le-gen-da-ry The Essential - Tammy Wynette Parce que c'est probablement la compile de l'année, qui vient enfin réhabiliter une immense chanteuse de country qui n'avait rien à envier aux Dolly Parton et compagnie mais qui, moins charismatique, n'a pas bénéficié de la même postérité en dehors de son pays. "Another Lonely Song", "Woman to Woman", "The Wonders You Perform"... tout y est, y compris d'ailleurs des choses plus tardives et moins passionnantes. Peu importe : le temps d'un CD et demi, tout amateur de country/folk qui se respecte sera aux anges.
Hip hop de rockers, c'est marqué dessus J'aime pas Mascarade - Mascarade Parce que les gens nageant à contre-courant sont toujours très sympathiques et que dans le genre, ceux-là font fort. Il en faut de sacrées tout de même, pour faire ce genre de fusion rap-rock qui tache en 2013, soit donc pas loin de vingt ans après la mode. Le pire, c'est que c'est foutrement bien fait. Dommage que le dernier quart de l'album perde un peu en impact, car tout ce qu'il y a avant est à la limite du jouissif.
Efficace Last Night on Earth - Lee Ranaldo & The Dust Parce que même si on a toujours su que Lee était le plus cool (et le moins chiant) des désormais ex-membres de Sonic Youth, ça fait sacrément plaisir de le voir le prouver une fois pour toutes. Rock, planant, tordu, son nouveau projet a tout du produit de substitution après l'improbable split, mais il a le bon sens de ne jamais oublier que le rock'n'roll est affaire de chansons. Au final, Ranaldo publie un très bon album de... Stephen Malkmus. Après tout, pourquoi pas ?
Indie-pop Pop Obskura - The Low Frequency In Stereo Parce que certaines mues laissent perplexes autant qu'elles peuvent séduire. On avait laissé les Norvégiens sur un post-rock excité sous perfusion Sonic Youth ; on les retrouve quatre ans plus tard réincarnés en corbeaux new wave, faisant leur miel d'une pop parfois carrément pêchue et plus distordue que vraiment "obscure". Soyons honnêtes, il y a sans doute un petit coup d'air du temps là-dedans, même si le très bon Futuro brandissait déjà certaines influences communes (impossible notamment de ne pas penser à Stereolab). Peu importe, dans le fond, puisque ça marche : "Colette" ou "Cybernautic" font déjà partie des chansons les plus entêtantes de l'année, et c'est bien là l'essentiel.
Pop du grenier Secret Songs - Nobunny Parce que la dernière livraison de Nobunny est le genre de truc qu'on n'attend pas forcément avec impatience, mais qu'on retrouve toujours avec plaisir - a fortiori lorsque, comme celle-ci, elle s'avère fun et bondissante. Et si certains regretteront peut-être (à raison) que le garçon ait abandonné une forme de (relative) noirceur qui lui allait plutôt au bien au teint, difficile de faire la fine bouche tant cette qualité de songwriting est devenue rare, dans le garage, depuis la disparition de Jay Reatard.
Rock marécageux Wooden Wand & The World War IV - Wooden Wand & The World War IV Parce que même s'il ne s'agit pas officiellement d'une trilogie, on n'est pas tellement de surpris que Wooden Wand, après la folk et le blues, revienne au rock le temps d'un album. Et quel rock ! Pesant, hypnotique, ce nouvel opus est encore une réussite, qui pousse à se demander si le gars qui vient de publier deux des meilleurs disques de l'année en l'espace de quelques mois est bien le même qui, il n'y a pas si longtemps, enquillait les albums foutraques parfois difficilement audibles. Enfin, ce n'est pas comme si la réponse importait vraiment face à des chansons du calibre de "Sometime This Child Wild Die" ou "McDonald's on the Moon"...
D'accord, d'accord : novembre est déjà entamé depuis une semaine. La liste des galères ayant retardé la publication de cet article étant trop longue pour être couchée sur le papier virtuel, je vous propose de nous concentrer de suite sur la sélection du mois. Dernier. C'est bon, n'en rajoutez pas.
👍👍 How to Stop Your Brain in an Accident - Future Of The Left
Le grand méchant Andy Falkous nous devait une revanche. L'an dernier et alors qu'on n'en pouvait plus d'attendre le successeur de Travel with Myself & Another, l'un des meilleurs disques de rock énervé des dernières années, son Plot Against Common Sense avait surtout paru ligué contre tout ce qu'on aimait habituellement chez l'ex-McLusky - sa rage, son nihilisme, son talent pour vous donner l'impression qu'il vous colle une mandale à chaque ligne de couplet. Un peu trop sage, sûrement trop travaillé, le Future Of The Left millésime 2012 semblait vouloir marquer un tournant (changement de line-up, de label...) mais ne tenait pas franchement la route dans les virages, ne fonctionnant finalement (aveu d'impuissance ou naturel revenant au galop, c'est dans le fond la même chose) que lorsque le groupe se contentait de faire ce qu'il a toujours fait : balancer la purée en hurlant les réponses plutôt qu'en se posant des questions.
A peine plus d'un an plus tard, surprise : revoilà Falkous, pourtant plutôt du genre à laisser traîner les années entre les LPs, et il va bien - merci pour lui. Est-ce le fait de s'être fait co-financé par ses fans ou tout simplement le nouveau groupe qui a trouvé ses marques, aucune idée, mais toujours est-il que cette chronique pourrait tenir en une phrase : la revanche est prise, tout va bien, vous pouvez dormir sur vos deux oreilles en sachant que Falkous en est toujours incapable. Certes, ce nouvel opus au titre too much (il semble que ce soit devenu une tradition) souffre du même principal défaut que son prédécesseur, à savoir une longueur n'excluant par conséquent pas les fausses notes. Mais il n'est de toute façon pas nécessaire d'arriver au terme de ces quatorze nouveaux morceaux pour constater que Falco a retrouvé son modjo, qui alterne comme dans les meilleurs moments des premiers FOTL gouaille pamphlétaire directement chipée chez Jello Biafra (dont il est assurément l'héritier le plus digne) et agression noise gratuite, donc efficace. Les titres les plus inhabituellement calmes, "French Lessons" ou "Something Happened", n'apparaissent que plus convaincants dès lors qu'ils sont encadrés par quelques coups de latte typiques de la maison ("The Male Gaze", "Bread, Cheese, Bow & Arrow" ou l'excellente "Johnny Borrell Afterlife"). Autant dire qu'on salive d'avance à l'idée d'entendre ça sur scène, domaine de prédilection d'un crâneur qui, Lou Reed mort et enterré, semble un outsider convaincant pour le titre de Plus Affreux Jojo du Rock Contemporain.
Les Autres disques du mois (... dernier...) et leurs inévitables parce que...
Portage Back to Land - Wooden Shjips Parce que ne pas avoir de Nintendo 3DS est le drame de ma vie, et qu'on compense comme on peut. Oui parce que c'est un peu ça, dans le fond, Wooden Shjips : l'équivalent musical de ces portages d'anciens jeux d'anciennes consoles, recréant des formules à succès avec une technologie démente et deux-trois ajouts de bon aloi. Le jeune public s'ébaubit, les vieux hochent la tête d'un air entendu... au final, le rock est sans doute nettement plus mort que le jeu vidéo, mais on ne peut s'empêcher de se dire qu'à ce niveau de maîtrise, le savoir-faire vintage est presque un genre à part entière.
P'tite bébête qui monte, qui monte... Blue Record - Unknown Mortal Orchestra Parce que mine de rien, les Néo-zélandais au patronyme tout pourri sont en train de faire leur trou, confirmant avec ce ravissant EP que le très bon II, paru en février, n'avait rien d'une illusion auditive. Cinq titres, dont trois versions acoustiques de morceaux déjà connus, n'importe quel groupe peut se coller à l'exercice mais rares sont ceux parvenant à le rendre suffisamment pertinent pour qu'on l'écoute comme s'il s'agissait d'un ouvrage à part entière. Si ça, ce n'est pas la marque de futurs grands...
Promu à l'ancienneté Cockroach - Jay Jay Johanson Parce qu'il est là, le Jay Jay. Parce qu'il continue à faire son truc dans l'indifférence générale, publiant tous les deux ou trois ans le même bon album métissant jazz, electro et lounge, sans génie, mais pas sans talent. Parce qu'au bout d'un moment, l'acharnement paie.
Figure imposée Drag the River - Drag The River Parce qu'un CDG sans son disque étiqueté alt-country mais cachant de la bonne vieille power-pop FM dégoûlinante, ce ne serait pas vraiment un CDG. Comme souvent dans ce genre d'album absolument inutile, donc totalement indispensable, c'est la voix qui fait la différence. Virile, rêche, d'un lyrisme par moment indécent... elle a tout pour plaire et soutenir des morceaux dont un bon tiers n'a aucun intérêt, mais dont les deux autres donnent envie d'allumer une cigarette et de rouler toute la nuit en chantant à tue-tête des niaiseries. Impec'.
Le-gen-da-ry The Essential - Tammy Wynette Parce que c'est probablement la compile de l'année, qui vient enfin réhabiliter une immense chanteuse de country qui n'avait rien à envier aux Dolly Parton et compagnie mais qui, moins charismatique, n'a pas bénéficié de la même postérité en dehors de son pays. "Another Lonely Song", "Woman to Woman", "The Wonders You Perform"... tout y est, y compris d'ailleurs des choses plus tardives et moins passionnantes. Peu importe : le temps d'un CD et demi, tout amateur de country/folk qui se respecte sera aux anges.
Hip hop de rockers, c'est marqué dessus J'aime pas Mascarade - Mascarade Parce que les gens nageant à contre-courant sont toujours très sympathiques et que dans le genre, ceux-là font fort. Il en faut de sacrées tout de même, pour faire ce genre de fusion rap-rock qui tache en 2013, soit donc pas loin de vingt ans après la mode. Le pire, c'est que c'est foutrement bien fait. Dommage que le dernier quart de l'album perde un peu en impact, car tout ce qu'il y a avant est à la limite du jouissif.
Efficace Last Night on Earth - Lee Ranaldo & The Dust Parce que même si on a toujours su que Lee était le plus cool (et le moins chiant) des désormais ex-membres de Sonic Youth, ça fait sacrément plaisir de le voir le prouver une fois pour toutes. Rock, planant, tordu, son nouveau projet a tout du produit de substitution après l'improbable split, mais il a le bon sens de ne jamais oublier que le rock'n'roll est affaire de chansons. Au final, Ranaldo publie un très bon album de... Stephen Malkmus. Après tout, pourquoi pas ?
Indie-pop Pop Obskura - The Low Frequency In Stereo Parce que certaines mues laissent perplexes autant qu'elles peuvent séduire. On avait laissé les Norvégiens sur un post-rock excité sous perfusion Sonic Youth ; on les retrouve quatre ans plus tard réincarnés en corbeaux new wave, faisant leur miel d'une pop parfois carrément pêchue et plus distordue que vraiment "obscure". Soyons honnêtes, il y a sans doute un petit coup d'air du temps là-dedans, même si le très bon Futuro brandissait déjà certaines influences communes (impossible notamment de ne pas penser à Stereolab). Peu importe, dans le fond, puisque ça marche : "Colette" ou "Cybernautic" font déjà partie des chansons les plus entêtantes de l'année, et c'est bien là l'essentiel.
Pop du grenier Secret Songs - Nobunny Parce que la dernière livraison de Nobunny est le genre de truc qu'on n'attend pas forcément avec impatience, mais qu'on retrouve toujours avec plaisir - a fortiori lorsque, comme celle-ci, elle s'avère fun et bondissante. Et si certains regretteront peut-être (à raison) que le garçon ait abandonné une forme de (relative) noirceur qui lui allait plutôt au bien au teint, difficile de faire la fine bouche tant cette qualité de songwriting est devenue rare, dans le garage, depuis la disparition de Jay Reatard.
Rock marécageux Wooden Wand & The World War IV - Wooden Wand & The World War IV Parce que même s'il ne s'agit pas officiellement d'une trilogie, on n'est pas tellement de surpris que Wooden Wand, après la folk et le blues, revienne au rock le temps d'un album. Et quel rock ! Pesant, hypnotique, ce nouvel opus est encore une réussite, qui pousse à se demander si le gars qui vient de publier deux des meilleurs disques de l'année en l'espace de quelques mois est bien le même qui, il n'y a pas si longtemps, enquillait les albums foutraques parfois difficilement audibles. Enfin, ce n'est pas comme si la réponse importait vraiment face à des chansons du calibre de "Sometime This Child Wild Die" ou "McDonald's on the Moon"...
C'est bien vrai qu'il était un peu poussif le précédent FOTL, d'ailleurs du coup j'ai même pas écouté le nouveau mais je vais y remédier :-)
RépondreSupprimerFuture of the left album du mois, je l'avais pas vu venir ça :)
RépondreSupprimerMoi j'aurais mis Wooden Wand (et je pensais que toi aussi te connaissant). Plus qu'à écouter Future of the left alors!
J'avoue que j'ai pas mal hésité, et que je partais même plutôt pour Wooden Wand moi aussi. Et puis en réécoutant le FOTL le jour-même du classement, j'ai changé d'avis.
SupprimerMoi je l'aime bien le précédent FOTL. Pas encore acheté le nouveau mais ça ne saurait tarder...
RépondreSupprimerSinon mon album du mois d'octobre c'est le Superman Revenge Squad Band (ou alors le Dante...). Hein ? Quoi ? On ne m'avait rien demandé ?
Ah mais si, on est toujours content d'avoir ton avis, voyons !
SupprimerTrès cool ce Drag the River! :D
RépondreSupprimer;-)
SupprimerSalut tous!
RépondreSupprimerEn cette rentrée largement déceptive (tout les disques majeurs de 2013 sont déjà sortis depuis longtemps-et il y en a beaucoup!), je sauverais l'excellent "Performance" de Outfit qui me rappelle les meilleures heures de lansing Dreiden et du 1er ep de Violens. Et le Son Lux, bien barré, n'est pas mal non plus...
Carton rouge à MGMT en revanche, ratage de l'année haut la main!
Voilou...
Le premier ep de Violens ?
SupprimerJe dis peut-être une bêtise mais il ont pas déjà sorti genre 1 ou 2 albums ?
Exact, mais vous ne parlez peut-être pas du même groupe.
SupprimerSinon je pense qu'on sera tous d'accord sur le fait que la deuxième moitié de l'année 2013 manque vraiment de disque palpitants à quelques exceptions (Jef Barbara, Forest Fire...) près.
Tiens, il faut que j'écoute le Son Lux.